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verser avec les grands de la terre. Un prélat distingué, gouverneur de Pérouse, l'ayant choisi pour confesseur, Van Outers ne se rendait jamais au palais sans y être appelé expressément, et n'y restait que le temps nécessaire pour remplir son devoir. Le prélat fut touché d'une si grande humilité. Sur le point de quitter Pérouse, il se rendit à l'ermitage pour remercier son confesseur et lui faire ses offres de service. Van Outers répondit humblement au prélat qu'il n'avait à lui demander qu'une seule chose; c'était de vouloir se souvenir de lui dans ses prières. Du reste, le serviteur de Dieu ne s'entretenait jamais avec personne sans faire la même recommandation. Jugeant toujours les autres meilleurs que lui et plus agréables à Dieu, il avait une telle estime pour son prochain qu'il se prosternait parfois devant des ermites laïques pour leur demander la bénédiction'.

CHAPITRE VIII.

LA PERSÉVÉRANCE DE VAN OUTERS.

- DONS EXTRAORDINAIRES DONT IL FUT GRATIFIÉ.

Le vénérable Van Outers persévéra dans les voies sublimes de la perfection chrétienne jusqu'à la fin de sa vie sans jamais se lasser ni s'attiédir. Il n'est pas étonnant que Dieu ait voulu récompenser son serviteur en le comblant déjà ici-bas de faveurs exceptionnelles. Outre les extases et les ravissements que nous avons mentionnés au chapitre VI de cette notice, des dons insignes de l'ordre surnaturel et des prodiges inexplicables

1) Perusina, nn. 115 à 118.

ont été constatés dans le cours de sa vie. Les témoins de son procès attestent qu'il fit souvent des prédictions qui se réalisèrent, et que, par ses prières, il obtint des guérisons miraculeuses. Aussi, n'y avait-il qu'une voix pour proclamer la sainteté de Van Outers. Toutes les classes de la société, les riches aussi bien que les gens du penple, les prêtres comme les laïques, faisaient l'éloge du grand serviteur de Dieu. Les Pérusins recouraient à lui dans tous leurs maux et le nommaient la colonne de leur cité. Quand il passait dans les rues, on accourait en foule pour lui baiser la main et demander la bénédiction. Les évêques de Pérouse euxmêmes ne faisaient point exception dans ce concert d'admiration et de confiance. Ils investirent le vénérable de la direction de plusieurs couvents, le consultèrent sur les affaires les plus délicates et le visitèrent lorsque la maladie l'empêchait de sortir de son ermitage.

La renommée de la sainteté de Van Outers se répandit bientôt dans les pays voisins. Presque tous les jours, disent les témoins de son procès de canonisation, l'on voyait arriver à Pérouse des étrangers venus de loin pour s'entretenir avec lui'.

CHAPITRE IX.

DERNIÈRE MALADIE DU VÉNÉRABLE. -SA MORT ET SES FUNÉRAILLES.

Van Outers tomba malade le 19 octobre 1729. Il ressentit ce jour-là les premières atteintes d'une fièvre, causée par un violent catarrhe. Le lendemain et le

1) Perusina, n. 125.

surlendemain, il célébra encore la sainte messe, distribua la communion aux fidèles, fit son action de grâces et, s'étant remis au lit, entendit plusieurs confessions. A 2 heures de l'après-diner, le mal s'aggrava. On manda le médecin, à qui Van Outers annonça sa mort prochaine. Le 22, il voulut se lever pour célébrer les saints mystères, mais il tomba en syncope. Étant revenu à lui, il entendit la messe que célébra son confesseur. Le mal s'étant accru, le saint fut pris de vomissements, à tel point qu'il lui fut impossible de recevoir le saint Viatique. On lui administra l'Extrême Onction, qu'il reçut avec les sentiments de la plus vive piété, répondant lui-même aux prières liturgiques. Après la cérémonie il se recueillit de plus en plus. Le médecin survint ensuite et s'informa de la santé du malade." Je dois mourir," dit Van Outers. Il répondit la même chose au curé de sa paroisse et lui raconta avoir communié en viatique dans la messe qu'il avait célébrée la veille1.

Vers minuit, l'état du malade devint fort grave. Il perdit l'usage de la parole et passa le reste de cette nuit et la matinée du lendemain dans une continuelle méditation. Il faisait souvent le signe de la croix, élevait les yeux vers le ciel ou les tenait fixés sur le Crucifix qu'il serrait amoureusement contre son cœur2.

A midi, on commença la récitation des prières des agonisants. Elles étaient à peine terminées, que Van Outers rendit sa belle âme à Dieu. Ce fut le dimanche 23 octobre 1729. Il était âgé de 90 ans, 6 mois et 9 jours.

1) Le curé Vetterini a consigné lui-même cette particularité dans l'acte de décès de Van Outers.

3) Perusina, n. 126.

A peine la nouvelle de sa mort fut-elle répandue dans la ville et aux environs, que le peuple accourut pour baiser la main glacée du saint et s'approprier quelque relique. On plaça d'abord le corps dans la chambre du rez-de-chaussée où Van Outers avait coutume de recevoir ceux qui venaient le consulter. Mais, vers le soir, la foule devint si compacte qu'on fut obligé de l'exposer dans une chapelle de l'église, en fermant la grille pour empêcher qu'on ne le dépouillât de tous ses vêtements.

Les obsèques furent célébrées le lendemain par le curé de la paroisse assisté des autres curés de la ville. La foule était plus pressante encore que la veille. L'évêque, craignant quelque désordre, ordonna que l'inhumation eût lieu le jour même. L'acte de décès, inscrit sur les tablettes mortuaires de l'église de SainteÉlisabeth, constate qu'on mit le corps de Van Outers dans deux cercueils en bois, dont l'un fut scellé, sur les quatre côtés, avec le sceau de la confrérie de SaintSébastien-et-de-Saint-Roch.

Le tombeau du saint se trouve devant le maîtreautel de l'église de l'ermitage, à côté de celui de Charles de Lodi. La pierre qui le couvre porte l'inscription suivante P. FRANCISCUS VAN OUTERS H. S. E. A. D. MDCCXXIX, c'est-à-dire Pater Franciscus Van Outers hic sepultus est anno Domini MDCCXXIX.

:

CHAPITRE X.

MONUMENTS ÉRIGÉS EN L'HONNEUR DE VAN OUTERS. CULTE DONT IL EST L'OBJET. MIRACLES OPÉRÉS PAR SON INTERCESSION.

PROCÈS DE BÉATIFICATION.

La mort ne fit qu'augmenter la vénération dont Van Outers avait été l'objet pendant sa vie. On fit graver

son portrait dont les riches comme les pauvres décorèrent et, encore aujourd'hui, décorent respectueusement leurs demeures1.

:

Le curé de Sainte-Élisabeth inscrivit l'éloge du saint sur le registre mortuaire de la paroisse. Nous y lisons Vir omni virtutum genere instructus, pietate in Dei amorem, humilitate in se, atque morum integritate insignis, ope, verbo ac exemplo animarum saluti subvenit per annos fere 60.

Dans la cellule qu'il occupait à l'ermitage, et dans celle que, vers la fin de sa vie, il convertit en chapelle, on retrouve encore plusieurs objets qui ont été à son usage, tels que l'autel sur lequel il célébrait les saints mystères, le lit dans lequel il couchait, son capuchon et son manteau. Ces derniers sont souvent portés chez les malades. On conserve, en outre, dans la sacristie un buste en plâtre, modelé sur le masque pris peu après la mort, et un portrait peint à l'huile, qui porte l'inscription suivante :

FR. FRANCISCUS EX NOBILI FAMILIA VAN OUTERS DE BRUXELLA, EREMITA S. SEBASTIANI, BIBLIOTHECAM AUGUSTAM SELECTIS CODICIBUS EX LEGATO RELICTIS LOCUPLETAVIT. OBIIT A. D. CIDCCXXIX. DIE XXIII OCTOBRIS NON SINE MAGNAE PROBITATIS FAMA, AETATIS SUAE LXXXXI, MENS. VI, DIES XII.

Les habitants de Pérouse et des environs ne se bornèrent pas à inscrire sur des monuments les témoignages de leur vénération; ils vouèrent aussi à Van Outers un véritable culte de dulie. Son tombeau fut assiégé par la foule. On invoqua le vénérable dans les calamités privées et publiques, et Dieu confirma la sainteté de son serviteur par des grâces et des bienfaits extraordi1) Nous possédons la photographie de ce portrait.

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