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de LA FONS, baron de MÉLICOCQ. Ce recueil a cessé de paraître. Les volumes publiés renferment d'excellents articles. Nous citerons ceux de M. Goze sur la galerie de M. le comte d'Estourmel, sur l'église de Namps-au-Val, sur les familles illustres de Picardie; le parallèle des cathédrales de Beauvais et d'Amiens les portraits historiques du château de Rambures et le voyage à Compiègne du même auteur. — M. Dusevel a fourni plusieurs articles entre autres: L'abbaye de Berteaucourt, Mystères et Jeux de personnages au xv. siècle, Tombeaux historiques de l'arrondissement de Montdidier, Recherches historiques sur Corbie. Ce recueil renferme en outre divers articles de MM. de La Fons baron de Mélicocq, E. de Chauvenet, comte de Boubers, Ch. Vaquette, Chandon, J. Jouancoux, etc.

Mémorial Historique et Archéologique du département du Pas-de-Calais, par M. HARBAVILLE. Cette publication se compose d'intéressantes notices sur les communes du Pas-de-Calais. Au nombre des plus curieuses nous avons remarqué celles d'Arras, Boulogne, Calais, Hesdin, Sangatte et Saint-Omer. Les notices sont précédées d'une introduction qui révéle une véritable portée historique. Le style est pur, animé, souvent élégant. Le livre de M. Harbaville a soulevé d'amères critiques. Il y a sans doute ici, comme dans tous les travaux de ce genre, quelques omissions importantes, quelques erreurs à signaler. Le Mémorial du Pas-de-Calais n'en restera pas moins un excellent ouvrage. On le consultera souvent et celui qui écrit ceci y a souvent puisé de bonnes et consciencieuses indications.

Coutumes de l'ancien bailliage d'Amiens, publiées par M. BOUTHORS. Ce livre s'applique plutôt à la jurisprudence des anciens temps qu'à l'histoire proprement dite. Mais il renferme des notes curieuses et des aperçus historiques dans lesquels M. Bouthors a su réunir la force de la pensée à un style correct et élevé. Cette publication pourra n'être pas populaire; mais elle fera honneur à M. Bouthors et à la Société des Antiquaires de Picardie qui a pris l'ouvrage sous son bienveillant patronage.

Histoire de la ville de Beauvais, publié par M. DOYEN. Le livre de M. Doyen fait suite à l'histoire que M. Edouard Lafontaine avait entreprise. M. Doyen a puisé aux sources originales; il a consulté les registres aux délibérations de la ville et il en donne, soit dans le texte soit dans les notes, d'intéressants extraits. Nous sommes loin d'ailleurs de partager les opinions émises par l'auteur dans le cours de sa publication; mais nous constatons volontiers les recherches aprofondies auxquelles il s'est livré.

Noblesse et Chevalerie du comté de Flandre, de l'Artois et de la Picardie, publié par M. P. ROGER. On lit dans la Gazette de Flandre et d'Artois, journal de Lille : Nous devons recommander un nouvel ouvrage dû à la plume de M. Roger d'Amiens. C'est pour nous une obligation d'autant plus rigoureuse de parler de son livre, que les matières qu'il contient, les faits historiques qui y sont rapportés, et les recherches archéologiques dont il fait connaître le résultat s'appliquent spécialement aux provinces d'Artois, de Flandre et de Picardie, dont la Gazette, par son titre et son institution, est particulièrement l'organe.

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>> Nous dirons d'abord que M. Roger est, comme habitant Amiens, mieux placé qu'aucun autre auteur pour parler utilement et convenablement des faits qui se rattachent à l'histoire des provinces du nord de la France. C'est sur les lieux mêmes que cet estimable écrivain est venu s'inspirer; c'est dans les dépôts publics, dans les collections particulières et dans les archives de ces anciennes provinces qu'il a puisé ou vérifié ses renseignements.

>> Evidemment, sous ce rapport, M. Roger a sur ses rivaux un immense avantage. Bon nombre de publications du même genre apparaissent chaque jour; mais ces ouvrages, dressés au sein de la capitale sur de simples mémoires de famille ou sur divers documents isolés, doivent inévitablement contenir et contiennent en effet une foule d'erreurs.

>> Pour écrire utilement sur cette matière, il faut habiter la province, explorer les archives des diverses localités, étre doué de beaucoup de patience, d'un esprit investigateur, laborieux, d'une grande pénétration, et par-dessus toutes choses, d'une probité incorruptible. Toutes ces conditions se retrouventelles chez les écrivains qui, aujourd'hui, s'occupent des choses relatives à la noblesse? Nous n'osons répondre à cette question; mais nous dirons que M. Roger semble les réunir. La publication qu'il a faite l'an passé : Archives Historiques et Ecclésiastiques de la Picardie et de l'Artois, est là pour le témoigner; et si cet intéressant recueil n'est pas à l'abri de tout reproche, si quelques erreurs involontaires et légères ont échappé à l'attention de son auteur, elles sont, sans aucun doute, le résultat inévitable d'un travail de ce genre.

>> Le nouvel ouvrage de M. Roger, au surplus, ne se compose pas seulement d'archéologie nobiliaire; la partie historique proprement dite y occupe une large part, et l'auteur se propose de mettre au jour une foule de documents précieux qu'il a recueillis avec soin. Son prospectus donne le détail complet des matières diverses et multipliées dont se composera l'ouvrage dont nous parlons; nous ne croyons pas devoir reproduire ici cette analyse, mais nous dirons que presque toutes ces matières offrent un grand intérêt, et que ce livre deviendra nécessaire à toutes les personnes qui veulent connaître l'histoire des provinces du nord de la France, les mœurs, les lois, les usages, les coutumes des temps anciens; et si les récits de M. Roger sont circonscrits dans la spécialité du sujet qu'il traite (conséquence nécessaire du plan de l'ouvrage), les divers chapitres qui le composent n'en offrent pas moins un attrait vif et puissant.

» La publication que fait cet historien des enregistrements des lettres de la noblesse, ou des titres d'honneur qui se trouvent aux archives de l'ancien Conseil d'Artois, sera précieuse pour beaucoup de familles, et les autres parties de son ouvrage ne sont pas moins intéressantes. Un coup-d'œil sur l'origine de la noblesse, une description des mœurs féodales, une dissertation sur les blasons, devises, cris de guerre, joûtes, tournois et passes d'armes ; le catalogue des chevaliers de l'Artois, de la Flandre et de la Picardie qui allèrent en Palestine; les récits des batailles de Bouvines, d'Oisy, de Courtrai, de Saint-Omer, de Rosebecque, d'Azincourt et de Mons-en-Vimeu; les

recherches sur les tombeaux ou principaux mausolées des églises de ces provinces; un armorial complet de Picardie; des notices exactes sur les anciennes familles nobles, et enfin une foule d'actes et de documents précieux, pour servir de pièces justificatives; voilà en substance ce que M. Roger nous promet; et si, comme il y a lieu de le croire, cet auteur tient parole et réalise nos espérances, nous lui prédisons un grand succès et une gloire historique méritée.

La première livraison du recueil dont nous parlons, éditée avec un grand luxe typographique, a déjà paru et nous a fait éprouver une vive satisfaction. Au mérite d'une diction pure et souvent élégante, M. Roger sait allier celui d'une incontestable bonne foi; il examine, discute et raconte les faits avec impartialité et érudition. L'opinion qu'il exprime, les déductions qu'il tire des grands enseignements de l'histoire, sont remplies d'idées saines et philosophiques. Nous engageons l'auteur à poursuivre la carrière qu'il a déjà parcourue une fois avec tant de distinction. »

Une Cité Picarde au Moyen-Age, ou Noyon et le Noyonnais, aux XIV. et XV. siècles, par M. DE LA FONS, baron de Mélicocq, auteur des Recherches historiques sur Noyon. Tout ce que publie M. de la Fons dénote une véritable érudition. M. de la Fons compulse avec ardeur les archives des vieilles cités et met en lumière les documents les plus curieux. On doit désirer que M. de la Fons continue à publier le résultat de ses intelligentes et actives recherches sur notre histoire locale.

Les Stalles de la Cathédrale d'Amiens, par MM. JOURDAIN et Duval, << On n'a fait jusqu'à présent que des descriptions générales de la cathédrale » d'Amiens. C'est aussi par là qu'il fallait commencer. Cependant les progrès >> de la science archéologique ou du moins la juste importance qu'elle acquiert » de jour en jour marquent le temps d'arriver aux études des détails et de >> leur donner tout le développement qu'elles méritent. En prenant la boiserie >> du chœur plutôt que toute autre partie de l'édifice pour sujet de leur tra>> vail les auteurs ne veulent que témoigner de leur timidité et de leur re>> serve à aborder la science si vaste et si mystérieuse encore du moyen-âge. » Ce préambule du livre de MM. Jourdain et Duval nous dit tout d'abord le but qu'ils se sont proposé; et on peut l'affirmer, ce but a été atteint! Nous ne tenterons pas d'expliquer tout ce qu'il a fallu de recherches, de difficultés, de choses obscures à éclaircir pour mener une telle œuvre à bonne fin. L'ouvrage révéle d'ailleurs des connaissances bibliques peu ordinaires même parmi les ecclésiastiques. Dix-sept planches ont reproduit avec une extrême fidélité les sujets traités dans cette savante et consciencieuse publication.

P. ROGER.

DE L'IMPORTANCE

DES

ARCHIVES COMMUNALES D'AMIENS

ET DE

LA NÉCESSITÉ DE LEUR CLASSEMENT.

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'EXTRÊME importance des archives communales d'Amiens est généralement reconnue. Peu de villes en France ont conservé aussi intacts leurs registres aux chartes, aux délibérations et aux comptes. A partir du XIII. siècle, les annales d'Amiens sont écrites jour par jour dans ces registres, et l'on peut à l'aide des documents qu'ils fournissent reconstituer, pour ainsi dire, la vie passée de cette ancienne cité, de cette bonne ville du moyen-âge où se sont succédés tant d'événements divers.

REGISTRES AUX CHARTES.

Les registres aux chartes, au nombre de 12 ou 15 volumes in-fol. et in4., sur parchemin plus ou moins bien conservé, renferment entre autres pièces intéressantes la charte de commune octroyée par Philippe-Auguste à la ville en 1209; des lettres de confirmation et d'interprétation de plusieurs articles de cette charte émanées des rois Louis VIII et Philippe-le-Long; diverses lettres de Philippe-le-Bel et de Philippe de Valois pour la cession à la mairie de la justice de la prévôté d'Amiens; des transactions intervenues en 1226, 1369 et 1376 entre le maïeur, les échevins et l'évêque, touchant les droits que ce dernier prétendait pouvoir exercer sur les jeunes mariés et sur les biens de tous ceux qui mouraient sans avoir fait de testament. Nous citerons aussi les lettres par lesquelles Gui de Châtillon, comte de Saint-Pol et lieutenant du roi en Picardie, reconnaît que c'est sans préjudicier aux droits et aux usages de la ville d'Amiens qu'il a déposé le maïeur et les échevins de cette ville et qu'il en a nommé d'autres. Le procès-verbal des formalités

observées lors de la remise faite au roi par le duc de Bourgogne de la ville d'Amiens, engagée à ce dernier par le traité d'Arras; le procès-verbal contenant la relation de ce qui se passa à la prise de possession d'Amiens par le comte de Charolais; la ratification faite par les bourgeois de cette ville, le 2 janvier 1482, du traité de paix conclu entre le roi de France et Maximilien d'Autriche; le procès-verbal du 1." février 1503 contenant les détails du cérémonial observé lorsque le seigneur du Pont-Remi, Antoine de Créquy, vint se faire recevoir bailli d'Amiens; le procès-verbal de ce qui eut lieu le 7 mars 1517 à la naissance du dauphin, fils de François I.; des lettres de Charles IX du 6 octobre 1569, autorisant le maire et les échevins à contraindre les habitants à monter la garde tant de jour que de nuit, en cas de nécessité, en temps de guerre ou de stérilité.

Il est fâcheux que ces registres aux chartes qui portent les lettres A, B, C, D, E, F, G, H, etc., ne conservent pas l'ordre chronologique, c'est-àdire que le registre c, par exemple, renferme des documents d'une date plus ancienne que le registre B et vice-versà; parfois, aussi, une charte, une ordonnance, un réglement se trouve transcrit dans des registres différents. Pour éviter la confusion, il serait nécessaire qu'un bon inventaire établit l'ordre chronologique de ces précieux documents.

REGISTRES AUX DÉLIBÉRATIONS DE L'ÉCHEVINAGE.

Ces registres forment plus de 80 volumes petit in-folio et renferment des documents historiques du plus grand intérêt. Ils commencent eu 1406, offrent mille détails sur les principaux événements survenus en Picardie, en Artois et dans les pays voisins, depuis le xv. jusqu'au xvm. siècle. Ici se trouvent retracés plusieurs épisodes du siége de Compiègne sous Charles VI; là il est question des tentatives faites par les Anglais contre Boulogne. Plus loin on voit quels furent les secours fournis par la ville d'Amiens pour s'emparer du Crotoy que détenaient les Anglais. On trouve dans ces registres la relation de l'arrivée de Charles d'Orléans à Amiens lorsqu'il revint d'Angleterre après une captivité de vingt-cinq ans ; le récit de la prise d'Arras par les Bourguignons ; celui du blocus soutenu par les Amiénois contre les soldats du comte de Charolais, etc.

Les registres plus modernes nous ont conservé plusieurs particularités relatives à l'arrivée de Louis XII à Amiens; aux diverses expéditions qu'il concerta dans cette ville contre les Anglais; aux précautions prises par les Amiénois pour se garder pendant la captivité de François I. et au temps de la Ligue; on y retrace les dégâts commis par les Royalistes et les Ligueurs aux environs d'Amiens, les pillages, les incendies et les destructions de châteaux qui eurent lieu alors.

Ces registres renferment aussi des lettres fort curieuses écrites par les rois de France, les princes et les chefs d'armée pour annoncer à l'échevinage des succès ou des revers, pour lui demander des secours ou lui recommander de veiller à la sûreté de la ville. Tantôt c'est Charles VI qui prie les habitants d'Amiens de lui faire parvenir des secours pour continuer le siége du château

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