Page images
PDF
EPUB

C'est donc un devoir, c'est donc un service à rendre à l'humanité que d'en établir les règles, et c'est dans ce but que les hommes les plus honorables, envisageant cette question, toute philantropique, selon son importance, sont venus engager l'auteur à publier cet Essai. Les bons conseils de ces hommes de cœur, leurs talens, leur coopération consciencieuse, en ont fait de véritables collaborateurs (*), et n'ont plus permis au rédacteur d'hésiter; mais il sera reconnaissant et heureux si les personnes instruites en pareille matière veulent bien lui adresser leurs remarques, leurs observations, et venir l'aider de leurs lumières.

Le Code du duel n'est nullement pour le prêcher, pour encourager de jeunes têtes aux chances funestes d'inutiles combats, mais bien pour apprendre à chacun quels sont ses droits, quand la nécessité l'oblige à y avoir recours; pour apprendre aux témoins, peu habitués à de si importantes fonctions, combien un mot, un seul mot, peut être au détriment de celui qui leur confie sa volonté et

(*) MM. le général comte Excelmans, le comte du Hallay-Coëtquen, le général baron Gourgaud, Brivois, le vicomte de Contades.

sa vie. La moindre imprévoyance, la moindre faute d'un témoin, peuvent compromettre l'une et l'autre. Il est le soutien et le juge de celui qui le choisit; il doit mettre son honneur dans le sien propre, et toute son énergie à ne laisser échapper aucune occasion avantageuse pour celui dont il prend la charge.

Heureux si nous pouvons arriver au but que nous nous proposons, et faire, par la précision et la clarté de nos conseils, que toutes ces affaires, où l'offense n'est que dans l'imagination, n'aient pas de suites sanglantes, et que celles que l'honneur et la nécessité commandent à l'homme de cœur, se passent dans les règles du droit commun à tous!

[merged small][ocr errors][merged small][merged small]

1o Dans une querelle amenée par une discussion, si l'injure arrive, c'est l'injurié qui est certainement l'offensé; mais si l'injure est suivie d'un coup, c'est celui qui reçoit le coup qui est l'offensé. Quiconque touche, frappe. Ainsi, n'établissons pas ici une série de différences. Répondre à un soufflet par un coup qui occasionerait une blessure grave, ne constituerait pas que l'offensé fût celui qui a reçu la blessure, mais bien celui qui, le premier, a été touché.

2° L'injure grave constitue suffisamment l'offense, et bien qu'on ait pu y répondre par une autre injure, c'est le premier qui l'a reçue qui reste l'offensé.

3° Si, à une chose impolie, on répond par une injure, si l'agresseur se prétend offensé, ou si celui qui a reçu l'injure se prétend offensé, il n'y a pas à hésiter à remettre au sort toutes les chances de la rencontre qui doit résulter de ces débats.

4° S'il n'y a pas d'injure, mais qu'à la suite d'une discussion où la règle du savoir-vivre et la politesse ont été suivies à la lettre, l'un des antagonistes demande raison, le demandeur ne prend pas, pour cela, le rang d'agresseur, et celui qui l'accorde celui del'offensé. Toutes les chances, dans cette rencontre,. doivent être soumises au sort.

5° Si l'on envoie un cartel, sans raison suffisante, c'est bien certainement celui qui envoie le cartel qui est l'agresseur, et les témoins, avant de permettre le combat, doivent en demander la raison suffisante.

6o Le fils peut prendre la défense de son père, trop faible pour répondre à une offense, si l'adversaire est plus rapproché de l'âge du fils, que de celui du père, et que ce dernier ait 60 ans au moins; il se met au lieu et place de la personne offensée et profite de ses droits. Le fils ne peut se mêler de l'affaire de son père, si ce dernier est l'agresseur.

7° Il peut y avoir des offenses graves qui entraînent avec elles la nécessité d'une représaille subite; mais, en règle générale, il faut toujours éviter ces prises où la violence seule peut nous entraîner. Il n'y a pas nécessité, pour se battre, d'avoir une lutte, et une lutte entraîne nécessairement un duel à outrance.

8° Il y a différents degrés dans les offenses, que nous classerons ainsi : L'offense. L'offense avec insulte. L'offense avec coups ou blessures. Dans ces trois cas, l'offensé n'a pas les mêmes priviléges.

9° L'offensé choisit les armes, qui deviennent celles de l'agresseur.

« PreviousContinue »