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qui donnent la coupe transversale des ouvrages dans les fonds de moins de 5 mètres.

Les enrochements mis en œuvre dans la rade de Marseille proviennent en majeure partie de la carrière de l'Aiguillon, ouverte dans le massif de calcaire séquanien qui domine la région de la Corbière, en partie d'une carrière voisine de cette batterie, et, pour le surplus, de la carrière dolomitique de Riaux, appartenant à l'État, au voisinage de la tête sud du tunnel de la Nerthe. Ils sont tous amenés par voie ferrée au bassin de la Lave, où ils sont embarqués pour être immergés au moyen de chalands.

Les enrochements des digues de l'étang de Berre ont été pris dans les puissantes assises de calcaire urgonien qui constituent les collines situées au sud de la Mède, dans une carrière appelée carrière du Duc. Ils ont été transportés par voie ferrée jusqu'au lieu d'emploi et immergés, pour la plupart, au moyen d'une grue-titan construite par la Société des Forges et Chantiers de la Méditerranée dans ses ateliers de Marseille. Le volume total

de ces

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Fig. 7. — Coupe en travers de la tranchée de la Mède.

enrochements est de 417.294 mètres cubes et leur

coût de 2.127.176 fr. 34, c'est-à-dire de 5 fr. 10 par mètre cube.

Ce dernier prix qui s'applique, suivant l'usage, au mètre cube plein, pesant en l'espèce 2.700 kilos, mérite d'être remarqué. Il est inférieur à tous ceux qui ont été pratiqués jusqu'à présent pour les plus grosses fournitures d'enrochements faites au port de Marseille et qui ont été successivement, depuis un demisiècle, de 9 fr. 31, 6 fr. 51, 5 fr. 79, 5 fr. 68, 6 fr. 13 et 5 fr. 33. Il a néanmoins laissé aux entrepreneurs une marge satisfaisante de bénéfice.

Des coupures sont ménagées dans la jetée du canal sur quelques points du golfe de Marseille, notamment au droit des petits ports de pêche, tels que le port de l'Estaque, et des anses où s'effectuent des opérations commerciales, telles que l'anse Saumaty, où l'on embarque, au moyen d'appontements, les produits des tuileries avoisinantes. Il existe une communication de ce genre entre le canal et l'étang de Berre au port de la Mède; et, sur les demandes réitérées des pêcheurs de Martigues, l'Administration en fait actuellement étudier une seconde, qui serait située à midistance entre La Mède et Martigues.

La tranchée de la Mède a été exécutée conformément à la figure 7 qui en donne la coupe transversale. Elle a coûté, y compris les batardeaux et les épuisements, qui n'ont donné lieu à aucune difficulté, 154.650 fr. 56, ce qui correspond à 500 fr. par mètre courant de canal.

TRAVAUX PROJETÉS ENTRE MARTIGUES ET BOUC

Entre Martigues et Port-de-Bouc, la question de l'établissement du canal de Marseille au Rhône s'est compliquée de celle de l'aménagement de l'étang de Berre en port de refuge, aménagement qui devait comporter, entre ces deux ports, suivant le programme arrêté par la loi du 2 mars 1901, relative à l'amélioration des ports de guerre et à l'organisation des bases d'opérations de la flotte, la création d'un canal maritime estimé au chiffre

de 6 millions de francs, pour donner accès dans l'étang de Berre aux bâtiments de la marine commerciale et aux petits croiseurs.

Il existe déjà, entre l'étang de Berre et la rade de Bouc, un canal maritime qui a été construit en vertu d'une loi du 3 juillet 1846 et creusé d'abord à 3 mètres sous basse-mer (1856-1864), puis à 6 mètres avec une largeur au plafond de 12 mètres (18651874), moyennant une dépense qui s'est élevée, pour l'ensemble de ces travaux, à 2.500.000 francs environ. Mais son tracé est défectueux à la traversée de Martigues où un navire d'une longueur de 125 mètres au maximum ne saurait suivre le chenal qu'en se hâlant sur des ducs d'Albe établis pour cet usage en 1899.

Il importe de rectifier ce tracé. Une entente est intervenue à ce sujet entre le Ministère de la Marine, chargé de l'aménagement de l'étang de Berre en port de refuge et le Ministère des Travaux Publics: le nouveau canal maritime et le canal de Marseille au Rhône ne feront qu'un entre Martigues et Port-deBouc, en empruntant, à la traversée de Martigues, le canal de la bordigue du Roi ou canal du Roi, et, au delà de Martigues, le canal maritime actuel (fig. 8 et 9).

Pour ce qui concerne la largeur et la profondeur du nouveau canal, la Marine avait envisagé comme dimensions minima, soit 30 mètres sur 7, soit même 40 sur 10: ce sont effectivement ces deux derniers chiffres qui ont été adoptés pour l'établissement du pont tournant du chemin de fer de Miramas à l'Estaque, ouvrage dont l'exécution est actuellement à la veille d'être terminée. Mais, en 1909, lors de la revision à laquelle le Ministre de la Marine, Alfred PICARD, a soumis les prévisions de dépenses de son Département, il n'a été réservé, pour l'aménagement de l'étang de Berre en port de refuge, que ce qui était strictement exigé par les accords antérieurement conclus avec le Département des Travaux Publics, c'est-à-dire une somme de 600.000 francs destinée à payer, d'une part, la moitié du coût d'acquisition des pêcheries privées connues sous le nom de «< Bordigues », la seconde moitié étant à la charge du budget des Travaux publics, d'autre part la totalité de la valeur des immeubles situés dans l'emprise du nouveau canal à la traversée de Martigues.

Ann. des P. et Ch. MÉMOIRES, 1914-VI.

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Les bordigues ont été achetées à l'amiable au cours des années 1907 et 1908, pour le prix global de 610.604 fr. 42. Pour les immeubles de la traversée de Martigues, il a fallu recourir à la

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procédure de l'expropriation: la dépense, qui n'est pas entièrement liquidée, ressort à 300.000 francs environ.

A l'entrée de Port-de-Bouc, le canal de Marseille au Rhône se sépare du canal maritime pour passer d'abord dans un bassin

existant, le bassin Aubran, destiné à devenir le port de navigation intérieure de Port-de-Bouc, et pour rejoindre, au delà de ce bassin, le canal d'Arles à Bouc.

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On

MOUVEMENT DES EAUX ENTRE L'ÉTANG DE Berre et la mer. s'est demandé quelle serait l'influence des travaux projetés sur le mouvement des eaux entre l'étang de Berre et la mer. Dans l'état actuel des choses, le courant qui va de l'étang vers la mer, ou courant sortant, règne un peu plus fréquemment que le courant opposé, ou courant entrant, dans la proportion de 4 à 3, d'après les observations faites depuis 1879 jusqu'à ce jour.

Sa vitesse est généralement assez modérée. On l'a mesurée avec précision trois fois par jour, depuis 1904, tant à la surface qu'à la profondeur de 1 mètre et de 3 mètres en deux points du canal maritime, situés de part et d'autre de l'étang de Caronte, savoir à Martigues, sous le pont tournant, et aux Cèdes ou Sèdes de Bouc, au droit du salin de la Gaffette. Elle est toujours plus faible à la Gaffette qu'à Martigues. A la Gaffette, elle n'a jamais atteint 1 mètre par seconde. A Martigues, elle a dépassé ce chiffre une ou deux fois par an, en moyenne : le maximum a été de 1o 30 et s'est produit le 25 janvier 1910, avec courant entrant; pour le courant sortant la vitesse la plus grande a été de 1m 17 le 15 novembre 1907 1.

Ces maxima sont tout à fait comparables à ceux qu'on a constatés dans le canal de Suez où la plus forte vitesse observée a été de 1m 25 (en 1908, entre le petit lac Amer et Suez, au kilomètre 149, c'est-à-dire à 13 kilomètres du lac Amer et à 6 ou 7 kilomètres de la baie de Suez). Ils sont notablement dépassés dans nombre de chenaux analogues, par exemple : à Bizerte où

1. Cette date marque la fin d'une période de pluies d'une intensité tout à fait exceptionnelle dans le bassin des cours d'eau qui affluent à l'étang de Berre l'Arc, la Touloubre, etc. Au cours de cette période, le 12 novembre 1907, le niveau de l'étang de Berre aux abords de Martigues s'est élevé jusqu'à la cote 0,94 au-dessus de la basse-mer, alors que les observations antérieures indiquaient comme maximum la cote (+ 0,81).

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