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Après l'altercation qui a eu lieu entre nous mardi matin devant votre maison, et à la suite de laquelle je conviens que je vous ai manqué de la manière la plus formelle, je pensais que vous m'enverriez un appel. N'en voyant point venir malgré le temps qui s'est écoulé, je retourne en France. Je pense que, comme j'ai fait le voyage de Londres, vous pourrez bien faire celui de Paris ou d'Ostende, ou de tout autre endroit de la France ou de la Belgique qui pourra vous couvenir, où je serai toujours prêt

a vous rencontrer.

Signé, EM. LAS-CASES.

26. Constantinople. Réception diplomatique.. L'audience donnée hier à M. le baron d'Ottenfels, nouvel internonce autrichien, est remarquable dans les fastes diplomatiques de l'empire, par les honneurs et les égards extraordinaires dont elle a été accompagnée. On sait que la Porte choisit ordinairement pour cette cérémonie le jour du paiement de la solde des troupes, comme pour faire parade de sa richesse. On avait accumulé à cet effet, dans la salle d'attente, 14,000 bourses de cuir qui contenaient environ 7 millions de piastres. Mais on abrégea pour lui les formalités ordinaires; on servit les tables dans la salle du divan, et il prit place à celle du grand visir.

Après le repas, consistant en trente plats, dont un assaisonné de musc et d'ambre est envoyé par le Sultan luimême à l'ambassadeur, l'internonce fut invité à se rendre à la troisième porte du sérail; et là, où jusqu'ici les ministres étaient obligés de se contenter d'un simpie banc, on porta à M. d'Ottenfels le riche tabouret. Quelques minutes après, l'internonce fut revêtu d'une très-belle pelisse de zibeline. On distribua aux antres personnes de la légation six pelisses de zibelines, huit d'hermine, et onze surtous.

A peine un quart d'heure s'était écoulé, que l'internonce fut invité à se présenter devant S. H. Le ministre s'avança entre deux haies formées par les sulfli baltadgis, magnifiquement habillés, et les gardes de l'intérieur du palais, jusqu'au seuil de la salle du trône. Les capidgis

bâchis ne tenaient point l'internonce sous les bras, mais seulement par la pelisse, et voulaient le faire arrêter à la distance ordinaire. Alors le Sultan Mahmoud fit un mouvement, regarda fixement en face M. l'internonce, et lui dit à haute et intelligible voix : « Monsieur le ministre, approchez. » L'internonce s'étant avance de quelques pas, et les capidgis bâchis faisant encore quelque difficulté pour le laisser aller plus loin, le Sultan fit un sigue de la main, répéta les mots qu'il avait déjà prononcés, et y ajouta ceux-ci: « Encore plus près. » Alors M. d'Ottenfels s'approcha si près du trône impérial, qu'en étendant le bras il aurait pu y déposer ses lettres de créance; puis il prononça son discours en langue turque, lentement, à haute et intelligible voix. Le Sultau l'écouta avec beaucoup d'attention, prit la parole, au grand étonnement de tous les assistans, et dit d'une voix forte et sans hésitation:

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Les rapports d'amitié entre les deux empires étant solidement établis, mon vœu impérial et ma ferme volonté sont que, conformément aux traités existans, ils se consolident toujours de plus en plus. »

Le sultan regarda alors le visir, comme s'il eût voulu lui dire qu'il était temps de développer dans un loug discours la pensée qu'il venait d'exprimer; mais SalihPacha, soit que sa mémoire l'abandonnat dans ce moment, soit qu'il eût été déconcerté par ce qui venait de se passer d'extraordinaire, se troubla tellement, qu'après avoir à peine prononcé le titre du Grand-Seigneur, il resta court; alors le Grand-Seigneur lui répéta deux fois son petit discours à haute voix, et il en pronouça surtout fortement les derniè res paroles. Le Sultan ayant alors aperçu les lettres de créance entre les mains de M. l'internonce, sans qu'aucun des grands de l'empire, stupéfaits de ce qui ve nait de se passer d'extraordinaire dans cette scène, fit mine de vouloir les prendre, S. H. montra de la main la place du trône où elles devaient être placées. Alors seulement le miri-alem, ou le plus ancien des capidgis bâchis, les prit des mains de M. d'Ottenfels et les remit au grand-visir; celui-ci les plaça sur le trône, et le Grand-Seigneur les toucha de sa main en témoignage de sa satisfaction. Après avoir fixé pour la troisième fois l'internonce, il fit signe au grand-visir de le congédier, mais ses regards le suivirent jusqu'à la porte de la salle du trôue.

M. l'internonce se retira. On le pria de

se reposer dans l'appartement des chambellans, pour qu'il ne se trouvât point gêné par la foule des milices qui s'en retournaient avec leurs bourses. Au bout de trois quarts d'heure, il monta à cheval avec toute sa suite. Euviron dix minutes après, le grand visir passa à cheval; tout le cortege se joiguit à lui : on parcourut dans le plus grand ordre toutes les rues. à travers une foule immense, au milieu de ses acclamations, et l'on rentra vers trois Leures après midi au palais de la légation à Péra.

Le sultan a fait dresser un rapport particulier de l'audience, et l'a fait envoyer à l'historiographie de l'empire, avec ordre de l'insérer dans la chronique de l'empire, avec les circonstances particulières qui ont accompagné cette audience. Il n'y a point d'exemple, dans l'histoire, que le Sultan ait lui-même pris la parole dans une papeille circonstance.

27. Saumur. Assassinat. Hier, M. Woelell (lieutenant de gendarmerie, qui a arrêté le général Berton), étant de service de ronde et passant dans une ruelle vers dix heures du soir a été frappé d'un coup de poignard qui a heu reusement été arrêté par la boucle de son porte épée. Il n'a pas reconnu l'assassin, mais il lui a paru qu'il était bien

vêtu.

30. Londres. Mise en liberté de M Hunt. -Aujourd'hui le fameux Henri Hunt est sorti de la prison d'llchester. Une multitude rassemblée dès le matin, l'attendait pour le saluer par des acclamations; on annonça le moment de la sortie du prisonnier par des pétards et des coups de canon; des feux de joie avaient été allumés, pendant la nuit précédente, dans les villages voisins. A huit heures du matin, sir Charles Volsley et M. Northmore sont venus à la prison, en sont sortis peu après accompagnés de M. Hunt, avec lequel ils se sont placés dans une voiture découverte qui les attendait. Une foule immense s'était portée au-devant de M. Hunt, dont la voiture fut traînée par le peuple; beaucoup de personnes portaient des rubans verts et blancs autour de leur chapeau, avec cette devise: Hunt à jamais! La voiture étant arrivée à la porte de la maison où l'on avait préparé un déjeuner. M. Hunt s'est levé et a prononcé un discours dans lequel, en rappelant les persécutions qu'il a sout fertes, il a promis au peuple de continuer à soutenir sa cause, à faire réparer ses griefs, à poursuivre la réforme par

lementaire ; il a terminé son discours en annonçant qu'on devait abattre la prison d'llchester; et quelques dames étant entrées dans la salle où l'on déjeûnait, il leur a dit en leur serrant les mains: « Vous êtes venues voir le lion qui est sorti de sa cage, et tout aussi prêt que jamais à dévorer ses ennemis.»

NOVEMBRE.

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1. Canton (Chine). Incendie.-Aujourd'hui le feu ayant pris pendant la nuit, dans les faubourgs de la ville, à la distance d'un mille et demi derrières les factoreries européennes, tous les agens de la compagnie anglaise furent à l'instant sur pied et les pompes en jeu; on espérait l'arrêter; mais la violence du vent et l'impossibilité superstitieuse des Chinois ont rendu complétement inutiles tous les efforts pour éteindre les flammes qui, s'avancant avec une rapidité inexprimable, menacèrent bientôt toutes les factoreries enropéennes. On évait évacué en hâte les magasins de la compagnie, mais comme les factoreries ne pouvaient être sauvées d'une destruction certaine qu'en abattant quelques maisons environnantes qui appartenaient à des Chinois, on fit trois demandes officielles aux mandarins et au vice-roi pour faire donner l'ordre d'abattre ces maisons, comme le seul moyen de sauver les propriétés précieuses qui étaient si dangereusement menacées.

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Les mandarins et le vice-roi ne firent aucune attention à ces prières; aussi à neuf heures du matin, les magasins de la compagnie, et toutes les factoreries du voisinage étaient eu flammes. Il a été impossible d'en arrêter la violence; le quai entier a été brûlé; c'est la compagnie qui a le plus souffert; elle avait dans ses magasins des laines pour des sommes considérables: on calcule qu'elle a perdu pour 307,000 livr. sterl. de gros drap seulement (près de neuf millions de francs), d'après le prix de vente en Chine. Les Chinois ont aussi essuie des pertes énormes. D'après le rapport des commissaires chargés de constater les dommages, il y a eu 15,000 maisons brûlécs, 100 Chinois tués, parmi lesquels un grand nombres de femmes; la plupart ont été foulés aux pieds. On estime la perte générale à 5 millions de livr. sterl. (120 millions de francs), et la perte de la compagnie à 600,000 livres sterl. (environ 18 millions de francs): heureusement aucun Européen n'a péri.

1. Verone. Aspect de cette ville durant

le congrès. Il n'y a peut-être aucun endroit au monde où l'on parle moins de politique qu'à Vérone; il y a tant à voir et à dire qu'on n'en a pas le temps. Les mesures que l'on a prises d'avance pour maintenir l'ordre et la sûreté générale surpassent tout ce qu'on peut désirer dans ce geure. Les marchés sont richement approvisionnés, et le prix des comestibles n'a que peu augmenté. Mais les logemens sont extrêmement chers, et l'on peut à peine trouver place daus les auberges. Pour faciliter aux étrangers les moyens de se loger, on a établi un bureau où l'on peut prendre à cet égard les arrangemens nécessaires. Au bureau des postes, on tient tous les jours 400 chevaux prêts pour la prompte expédition des courriers et des voyageurs. Il est défendu aux voiturins (velturino) de conduire ceux-ci.

Les étrangers éprouvent quelques difficultés pour leur séjour ici, à moins qu'ils n'en puissent prouver exactement le but, et constater l'idendité de leur personne; autrement la police les fait repartir, toutefois avec des formes civiles, et en motivant cette mesure, que personne ne pourra blâmer, pour peu qu'on rapproche les circonstances et les localités. Les Italiens sont ceux qu'on surveille le plus. On est plus indulgent envers les Allemands et les Anglais.

«De tous les diplomates et personnages, marquans, les Russes sont ceux qui figurent le plus magnifiquement. Plusieurs donnent souvent de grands diners. Les Anglais se rassemblent ordinairement chez le duc de Wellington, et les Français chez M. de Montmorenci, où M. le comte Achille de Jouffroy paraît jouir d'une sorte d'influence, sans être ostensiblement accrédité. Il y a tous les jours beaucoup de monde à dîner chez le prince de Metternich, et le soir une assemblée géné

rale.

Dans les jours ordinaires, les individus qui se trouvent à Vérone étalent peu de faste sur leurs personnes on y voit peu d'uniformes, peu de décorations d'ordres. La plupart des personnages d'un haut rang sortent en simple habit bourgeois. Cette circonstance seule a heureusement allégé le poids de l'étiquette. Même à la grande soirée qu'a donnée l'empereur d'Autriche, on a vu un grand nombre de princes et de grands seigneurs paraître en simple habit noir. L'empereur d'Autriche et son aimable épouse contribuent beaucoup à faire régner cette agréable simpli

cité. Le peuple voit avec enthousiasme cet auguste couple se promener saus suite, et s'arrêter pour examiner tous les objets remarquables dans notre ville.

Il dine presque tous les jours en famille avec l'archiduchesse Marie-Louise, l'archidne Reynier et son épouse. Tous les ministres des puissances, excepté ceux de France, ont été présentés et font souvent leur cour à la première.

A propos de cet incognito modeste où vivent les souverains, on raconte une anec. dote intéressante, si elle est vraic. Le 25 octobre, au matin, un grand bel homme entre dans l'antichambre du duc de Wellington; il portait un frac couleur olive, un grand pantalon bleu, un gros cha peau rond, et demandait à être tout de suite annoncé et introduit. Les domestiques, surpris, lui disaient : Qui êtes-vous? il n'y a que le quaker M. Allen qui a l'ha bitude de venir ainsi saus façon. L'empereur Alexandre se nomme, on vole auprès de l'aide-de-camp, qui accourt aussitôt, et conduit le monarque auprès du duc. Il y est resté trois heures de suite.

Mais il y a pourtant des occasions où l'on déploie beaucoup de magnificence. On donne des spectacles, des courses de chars, des bals, des fêtes brillantes où il ne manque rien que la gaieté. Le 23 octobre on a donné grand spectacle, où les dames faisaient assaut de parures, et les hommes de décorations. Voici ce qu'en écrit un témoin oculaire :

A sept heures, l'enceinte du théâtre fut complétement remplie, et les brillantes clartés d'un nombre infini de flambeaux de cire éclairèrent la riche dorure et les maguifiques décorations préparées pour cette occasion solennelle. Les loges avaient reçu tout ce que la haute société pouvait fournir de personnages remarquables. Des princes, des ducs, des marquis, des comtes, des barons, saluaient d'un air de connaissance des maréchaux, des généraux, des colonels et des majors; et ceuxci s'inclinaient avec révérence devant les ministres d'État, les ambassadeurs, les envoyés et les secrétaires des légations.

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Quant aux rubans et aux crachats, on pourrait presque dire qu'il eût été impossible de les compter, tant ils étaient multipliés. Chaque habit (et il y en avait de toutes les formes, de toutes les dimensions, de toutes les couleurs, de toutes nations), chaque habit était orné sur la poitrine de quelques signes distinctifs, parmi lesquels on en remarquait deux ou trois plus somptueux et plus éclatans que

les autres. Le prince de Metternich portait trois ou quatre étoiles entourées de diamans, qu'on ne peut camparer qu'à ceux dont feu le marquis de Londonderry aimait à se parer dans les fêtes de cour. Ce prince était dans la même loge que lord Wellington, qui portait son uniforme de grand-maître de l'artillerie, chamarré de tous ses ordres. Les diplomates civils étaient habillés à la mode de leurs pays respectifs, et dans cette classe, les Français et les Russes attiraient spécialement l'attention.

Les Prussiens, les Napolitains, les Piémontais étaient un peu dans l'ombre; mais il est juste de dire qu'ils avaient fait de grands efforts pour soutenir la concurrence. Quant aux dames, celles de la première volée n'avaient pas mis un moindre zèle à rivaliser de goût et de magnificence. L'archiduchesse Marie-Louise portait une robe très-riche de dentelle de Bruxelles sur un transparent de satin blanc; une guirlande d'œillets entourait sa tête et retenait ses cheveux de manière à laisser paraître un diadême de l'éclat le plus vif, d'où s'échappaient les tresses de sa chevelure. Vous parler en détail de toutes les parures qui pourraient intéresser vos personnes à la mode (fashionables) serait une tâche au-dessus de mes forces. Qu'il vous suffise de savoir que les marchandes de modes les plus habiles et les coiffeurs les plus expérimentés avaient épuisé dans

cette occasion toutes les ressources de leur génie; chaque loge étincelait de pierres précieuses; les yeux en étaient éblouis.

<«< A huit heures moins un quart les souverains ont fait leur entrée. Des acclamations retentirent aussitôt dans toutes les parties de la salle, auxquelles les monarques répondirent par un salut affectueux. Ils avaient l'uniforme autrichien, et l'emreur Alexandre portait le costume d'un colonel de régiment hongrois; son visage est maintenant plus haut en couleur et d'une expression plus marquée que lorsque vous l'avez vu à Londres. On jouait l'opéra d'Arminius, et vous coucevez aisément que les acteurs ont cherché à se surpasser eux-mêmes. Mais on faisait peu d'attention à la scène, et les spectateurs formaient eux-mêmes tout l'intérêt du spectacle. Aussitôt que le premier acte fut fini, les trois monarques firent un nouveau salut à l'auditoire, et se retirèrent, précédés de leurs grands-officiers, portant à la main des flambeaux allumés. L'impératrice l'Autriche, qui était dans une autre loge, s'est réunie aux souverains au mo

ment où ils se retiraient; elle a pris le bras de l'empereur Alexandre, et le roi de Prusse a donné la main à l'archiduchesse Marie-Louise jusqu'à son carrosse.

5. Paris. Il y a eu ce soir un diner de deux cent cinquante couverts chez monseigneur le duc de Bordeaux, dont les enfans des dames de la cour faisaient partie. Les jeunes convives étaient réunis par dix à chaque table, qui se trouvaient au nombre de vingt-cinq. Après le dîner, il y a eu spectacle. On avait élevé un théâtre dans la salle des Gardes de monseigneur le duc de Bordeaux, où le célèbre Séraphin a représenté différentes pièces qui ont beaucoup amusé l'enfantine société.

6. Londres. Découvertes. Le Traveller contient, sous le titre de La Guerre et le commerce, l'article suivant, qui a tout l'air d'une mystification.

« On estime, dit-il, à plus d'un million de boisseaux d'ossemens humains et autres, les importations de ce genre faites l'année dernière, du continent d'Europe dans le port de Hull. Les environs de Leipsick, d'Austerlitz, de Waterloo, et de toutes les places où, durant les dernières guerres sanglantes, les principales batailles furent livrées, ont été dépouillés des ossemens des héros et des coursiers qu'ils montaient. Ainsi réunis de divers côtés, ces ossemens ont été envoyés dans le port de Hull, et de là dirigées vers différens atéliers du comté d'Yorck, où ils sont réduits en poudre. Dans cet état, on les adresse à Doncastre, l'un des plus grands marchés agricoles du comté, où ils sont vendus aux fermiers pour marner leurs terres. L'expérience a prouvé que ce genre d'engrais est un article de commerce très-avantageux, et que les bous fermiers de Yorkshire lui doivent en quelque sorte leur existence. Il est assez. singulier que la Grande-Bretagne ait envoyé une si grande multitude de soldats pour soutenir sa cause sur le continent d'Europe, et qu'elle importe ensuite leurs ossemens comme un article de commerce pour fertiliser son sol!»

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7. Paris. Mesaventure conjugale. L'exemple donné par M. Barbaud a trouvé des initateurs. Hier, uu tailleur nommé Barillet, a traduit sa femme sur les bancs de la police correctionnelle, comme coupable d'adultère, de compli cité avec un sieur Carat, garçon tailleur, qui travaillait chez lui. Deux circoustances que la loi exige pour preuves, le

flagrant délit et les lettres, ont été établies aux débats. La femme Barillet s'était évadée du domicile conjugal, et des recherches faites par son mari avaient fait retrouver ses traces. Un procès- verbal fait par un des commissaires de police du faubourg Saint-Marceau constate qu'à cinq heures du matin, heure de la visite faite dans la chambre de la prévenue, on avait trouvé dans le lit deux oreillers, deux places où les matelats étaient affaisés, et qui étaient encore chaudes. Le lit du sieur Garat, qui logeait dans le même hôtel, était intact. Une correspon dance fort nombreuse existait. Les deux prévenus ont été condamnés chacun à un an de prison; Carat en outre a été condamné à 100 fr. d'amende.

9. Paris. (Police correctionnelle). Traits de filouterie. Le sieur Imbault, marchand de volailles, venait de recevoir une somme de 500 francs chez le facteur de la Vallée. Il est accosté par un jeune homme, qui, sous divers prétextes, lie avec lui conversation. Il l'invite à l'accompagner à la place Vendôme où, disait-il, on fusillait sept soldats. Le crédule marchand consent à le suivre, et ils font route ensemble. Dans le chemin ils sont accostés par un individu qui, en baragouinant le français, leur demande où est la caserne des soldats vêtus de rouge. Le compagnon de route d'Imbault, la lui indique avec détails, et offre de l'y conduire, cette caserne se trouvant sur leur chemin. L'étranger reconnaissant tire de sa poche une pièce de 20 fr., et la lui remet pour prix de sa complaisance, en ajoutant qu'il a beaucoup de petites pièces jaunes qu'il voudrait changer pour des pièces de 5 francs. Chemin faisant, la conversation s'engage sur le danger qu'il y a à Paris de se rendre dans des endroits où la foule se rassemble, quand on a de l'argent sur soi. Imbault leur déclare qu'il est porteur d'un somme assez considé rable. On l'engage alors à la déposer dans un trou, et pour mieux le tromper, ses deux compagnons y déposent les premiers plusieurs pièces d'argent et des rouleaux, qu'ils disent contenir des pièces d'or. Imbault trop crédule les imite, et continue son chemin. Cependant, le faux étranger baragoninant un peu moins, Imbault conçoit des soupçons; il retourne précipitamment au trou dans lequel il avait mis son argent, mais il n'y trouva que le gite. Les renseignemens donnés par Imbault ont mis la justice sur les traces des deux escrocs.

Nancluse et Piron ont été traduits pour ces faits devant la justice. Ce dernier a nié tous les faits qui lui étaient imputés. Nancluse a déclaré qu'il n'aurait jamais pensé à faire des dupes, s'il n'avait eu le malheur (ce sont ses expressions), de quitter la bande d'un agent de police, sous les ordres duquel il servait depuis huit mois. Le tribunal n'a point admis cette excuse, d'autant plus que Nancluse était traduit devant la justice pour la septième fois. Il a été condamné à cinq ans de prison, et son complice à deux ans.

Dans la même audience, ce tribunal a condamné à sept ans d'emprisonnement et seize francs d'amende, une jeune fille âgée de dix-huit aus, convaincue de plusieurs vols et escroqueries, et qui déjà se trouvait dans le cas de récidive.

Cette fille, nommée Pétronille Caron, d'une mise soignée et avec un extérieur assez agréable, s'annonçait auprès des personnes à petite fortune, comme étant chargée par une dame de charité de distribuer des secours. Elle s'adressait particulièrement aux femmes âgées, et trouvait ainsi le moyen de gagner leur confiance et de s'introduire dans leur demeure. C'est ce qu'elle voulait. Là, elle visitait leurs effets, ouvrait les tiroirs et scrutait partout. S'il n'y avait rien à prendre, la fille Caron se retirait en faisant de belles promesses; mais pour peu qu'elle aperçût quelque argent, elle savait profiter adroi tement de la distraction de ces bonnes femmes pour leur enlever leur petit pécule. C'est ainsi qu'en moins d'un mois elle est parvenue à voler, en six ou sept endroits différens, et dans des quartiers de Paris tout opposés, une somme de 1,400 fr.

Cette fille a tout avoué devant ses juges, et elle fondait en larmes lorsqu'on lui à prononcé son jugement.

10. Boston. Cadran domestique. — Un de nos concitoyens vient de faire une découverte qui doit abolir on diminuer l'emploi des sonnettes d'appartement.

Vous avez dans la salle où vous vous tenez habituellement un cadran, dont le contenu marque vos besoins les plus ordinaires. A l'un des points de la circonférence se trouve écrit le verre d'eau, à l'autre les savattes; un quart du cercle est destiné à votre bonnet de nuit, à votre bois, à votre bougie, à votre tasse de the, etc., etc. Une aiguille dont vous dirigez la pointe vers le désir que vous voulez satisfaire, correspond à une aiguille qui va prendre la même place sur

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