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Mais il est certain que les refranchements qu'on voit sur la montagne d'Epagny sont antiques, placé sur la crête d'un promontoire fort escarpé qui s'avance en angle presqu'aigu sur la vallée au fond de laquelle est situé le village, il affecte une forme triangulaire. Un parapet en terre l'environne du côté de la vallée et un fossé long de 60 mètres et profond de 4 mètres, le sépare du plateau. Le rempart qui le défend de ce côté, le plus vulnérable et le plus accessible, à encore au dessus du niveau du terrain une hauteur de plus de 5 mètres.

On remarque sur divers points de ce plateau fortifié particulièrement à son extrémité sur la vallée et au sommet de ces pentes latérales, des blocs énormes de pierres d'un grain très dur et serré; les uns comme fichés dans le sens de leur longueur, les autres étendus sur le sol, semblables à des tables druidiques ces monolithes en pierres brisées et recouverts de broussailles et de ronces donnent lieu à un aspect étrange qui dispose l'observateur à lui accorder une origine qui le rapprocherait des premiers temps historiques.

Si on a découvert un casque en fer, un boulet de canon, des médailles de Philippe-le-Bon, preuve que ce camp a été occupé du temps des Armagnancs et des Bourguignons, on y a aussi trouvé une pièce d'or d'Antonin-le-Pieux. Puis il faut ajouter qu'un chemin vert reliant cette position à la route de Reims à Terouanne semblerait indiquer qu'elle fut occupée d'une manière permanente. Ce qui confirmerait cette occupation c'est auprès de ce camp d'un cimetière dans les tombes en pierres à 1 mètre 75 de profondeur renfermant des armes, des poteries, des ornements divers (2).

Camp de Camelin. Au nord de ce village, au lieudit le camp Cerbin, Castrum Cerbini existe un plateau peu élevé, mais circonscrit de tout côté par des chemins creux qu'on regardé comme un ancien poste militaire.

Camp de Pasly. A trois kilomètres de Soissons, sur le plateau occidental qui forme la gorge de Pasly, village devenu depuis longtemps historique et auquel les événements de 1870, ont rendu une nouvelle illustration (3), au lieudit la butte de

(2) La mort de l'instituteur Desbordeaux et d'un autre garde national de la commune, fusillés tous deux sur la montagne de Pasly, où un tombeau a été élevé au dévouement de ces généreux patriotes.

(3) Bulletin de la Société archéologique de Soissons, t. II, p. 48, t. vxi, p. 125, 280, 314, t. xvII, p. 176.

Villé ou Villers on a découvert des morceaux de poterie de l'époque Gallo-Romaine.

Cet emplacement, dit M. de Laprairie, a quelque chose de remarquable. Il est évident qu'il a servi de campement au moins pour quelques instants à des troupes nombreuses. Il se trouve défendu naturellement de trois côtés, au midi, à l'est à l'ouest par les pentes escarpées de la vallée de l'Aisne, et celles des gorges de Pasly et de Pommiers et du quatrième côté, celui de beaucoup le plus petit, par un grand retranchement de 200 mėtres de longueur, fait de main d'homme et qui consiste dans un fossé de 10 mètres de large dont toutes les terres ont été rejetées à l'intérieur pour un parapet qui, à partir du fond du fossé, a encore aujourd'hui 10 mètres d'élévation, du côté du camp le parapet n'a guères que 3 mètres de hauteur.

Il ne parait pas qu'on ait augmenté par des travaux quelconque la défense naturelle offerte par l'escarpement de la montagne surtout les autres de la montagne.

Un peu plus au nord, au delà de Villé, est un lieudit le champ de bataille, ce qui indique bien que sur ces plateaux du Soissonnais se sont livrés à différentes époque, de sanglants combats dont on retrouve partout les souvenirs, aussi bien dans le dolmen de Vaurezis, que dans les plaines de Montecouvez.

Camp de Muret. Dans le parc du château de Muret, sur la partie la plus élevée de la montagne, formant un promontoire, on aperçoit encore à l'arrière les traces d'un vaste retranchement qui ont fait croire à l'abbé Leboeuf et à l'historien de Soissons, Lemoine, que c'étaient les vestiges d'un camp romain. Le nom de Muret donné au pays leur a paru très propre à fortifier ce sentiment. Il est vrai, qu'indépendamment de la force naturelle de son assiette et de son escarpement, ce lieu a conservé au sud ouest un vaste et profond fossé, destiné à sa défense. Rien ne s'oppose à y voir l'emplacement d'un camp romain, si on n'aime mieux y placer un de ces oppides Gaulois dont on recherche les traces incertaines dans l'étendue de l'ancien Soissonnais. Avouons que les creutes de Muret et de Maont-Violaines, ces vieux villages, sont bien propre à accréditer cette opinion.

Sans doute, en parcourant les campagnes, en interrogeant la tradition, le cadastre, les cultivateurs, les forestiers qui sont en communication journalière avec le sol, on retrouverait bien certainement l'emplacement d'autres établissement militaires dont les noms se sont conservés plus ou moins exactement dans la

l'eau coulait et les parois du conduit étaient alors revêtus d'une chape de ciment mêlé de briques pilées.

On a cru aussi avoir reconnu ces sortes d'aqueducs dans certaines ville importantes notamment à Siry-Sulsoyne, et au Pont d'Aucy.

Egouts. Si les romains avaient de nombreux et magnifiques aqueducs pour conduire dans les villes et les campagnes, les eaux dont elles avaient besoin, ils n'étaient pas moins soigneux de créer des canaux souterrains, désignés sous le nom de cloaques, destinés à l'écoulement des eaux inutiles provenant des aqueducs, des eaux pluviales et ménagères dont il fallait chasser les excédants dans les rivières voisines.

A Soissons on a découvert, à différentes reprises, des égouts romains venant de l'intérieur de la ville et se dirigeant vers l'ancienne abbaye de Notre-Dame et de là vers la rivière d'Aisne.

Il y en avait également à Reims; primitivement les eaux étaient reçues dans des puisards et des trous carrés creusés plus ou moins profondément dans le sol, où elles finissaient par disparaître ; mais en exhalant des miasmes délétères. C'est probablement à ce système imparfait et défectueux qu'il faut attribuer ces longs égouts, ces souterrains fantastiques dont quelques-uns ont joué un si grand rôle dans le passé et auxquels l'imagination de nos ancêtres s'est plu à reconnaître une existence fabuleuse.

Ponts -Sous une administration aussi intelligente que l'était celle de Rome : les ponts, ces indispensables liens de communication entre les villes et les vallées traversées de cours d'eau ou de ravins profonds, ne devaient pas être négligés. On dut en construire en bois, en pierre suivant les circonstances et les besoins.

Tout nous porte à croire que les ponts en bois, étaient en grand nombre, ainsi que les bacs, les radeaux et les ponts de bateaux ; mais nous ne nous occuperons pas de ce genre d'établissement; les constructions passagères n'ayant pas laissé de traces nous ne parlerons donc que des ponts en pierres, dont il nous reste à peine quelques débris ; la plupart ont été détruits et ruinés par l'effort des eaux ou rétablis à diverses époques. Il est vrai que nous n'avons jamais possédé chez nous aucune de ces grandes constructions nautiques qui comme celles d'Arles, de Vienne et d'Avignon sont connues du monde entier et pas

A. P.

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sent avec raison comme des monuments de première classe, mais cependant nous pouvons en signaler un assez grand nombre d'un ordre inférieur comme ayant existé dans l'étendue de notre département.

Nous pourrions citer comme datant de cette époque plusieurs ponts sur l'Aisne, l'Oise, la Vesle et la Serre, à Auxuenna le passage de l'Aisne à Evergnicourt, Berry au Bac (1), Pont à Vaire, Pontarcy, Soissons, Vic-sur-Aisne (2) Estrées au Pont, Condren Pontoise, Chateau Thierry où l'on avait établi outre le pont principal sur la Marne, une chaussée percée de vingt deux arches.

Les petites rivières avaient aussi leurs passages, sur la Vesle à la hauteur de Ciry-Salsogne. Ce pont s'est écroulé dans le siècle dernier ; les eaux en ont couvert les débris; mais quand la rivière est basse on en voit des vestiges considérables. Un deuxième pont, celui d'Ancy, est très connu dans le pays. C'était, parait-il, un passage très fréquenté où aboutissait une foule de chemins conduisant dans des directions différentes. On y trouve encore les piles de deux ponts en pierres tous deux à peu de distance de la villa d'Ancy. Un troisième pont, celui deCésar à Bazoches, est tombé en 1848, il consistait en deux petites arches à plein cintre et deux grandes arches qui auraient pu, dit-on, soutenir la comparaison avec le théâtre de Soissons.

La Serre avait aussi les ponts de Chaoinsec et de Pont à Bucy établis sur le traie des deux chaussées romaines allant de Reims à Bavai et à Saint-Quentin.

Quelquefois ces ponts étaient construits sur de très petits cours d'eaux, témoin le pont Auger entre Vriel et Chavignon, Pont-Saint-Mord sur l'Ailette. Le pont Bernard sur l'Ourc au-dessus d'Oulchy. D'autres fois ces ponts étaient jetés sur de simples ruisseaux comme celui de Valruset. Bien qu'endommagés par les siècles et le défaut d'entretien, ce dernier présentait encore lorsque nous l'avons visité tous les caractères d'une belle construction romaine.

Il faut reconnaître cependant que, dans les ponts comme dans les aqueducs, les Romains ont fait usage de tous les appareils

(1) Pous in eo flumine, dit César en parlant de l'Aisne qu'il traversait en cet endroit lorsqu'il s'avança à la rencontre des GauloisBelges.

(2) On a retrouvé naguère les piles de ce pont en aval à quelque distance du pont suspendu.

et de crampons en fer qui réunissaient toutes les pierres entre elles.

Places publiques. Le forum ou agora, place du marché, jouait un grand rôle chez les peuples anciens. Pris dans son sens le plus restreint, le forum n'était qu'un marché couvert, espèce de carré long, entourré de bâtiments et de colonnades, sous les quelles les différents métiers élevaient des boutiques et étalaient leurs denrées ou leurs marchandises. Pris dans son sens le plus large le forum était une vaste place d'un genre à peu près semblable à celle que nous venons de décrire, mais tracée sur une échelle beaucoup plus grande, et destinée aux assemblées publiques qui se tenaient en plein air et au réglement des affaires judiciaires et commerciales. Dans ce cas, elle était habituellement entourée par les pricipaux édifices publics.. comme les temples, les basiliques ou cours de justice, la prison, les greniers d'abondance, et de spacieuses colonnades dans lesquelles s'établissait le commerce.

On pourrait croire que le forum Soissonnais se trouvait sur la place Saint-Gervais entre l'abri de la Cathédrale et l'HôtelDieu. On sait que le forum du moyen-âge était sur ce qu'on appelle la place d'armes ou du grand marché. Mais cette attribution ne pourait lui avoir été définitivement acquise qu'au XIIe siècle, lorsque l'enceinte romaine fut abandonnée et les remparts reculés dans les faubourgs, quant aux assemblés publiques de cette époque qu'on appelait Malls, elles avaient lieu en dehors de la ville dans un endroit qui a conservé le nom de Mail, promenade délicieuse et chérie des Soissonnais surtout dans les siècles antérieurs.

Temples et Basiliques. Le mot basilique, en même temps qu'il signifie une maison royale, désigne aussi un bâtiment somptueux dans lequel les magistrats rendaient la justice à couvert. C'était aussi une espèce de bourse destinée au commerce. Ces établissements d'une grande ressemblance avec nos vieilles églises formaient un carré long avec portique aux extrêmités. Ils se composaient d'une nef centrale et de deux ailes latérales qui en étaient séparées par une galerie intérieure ou une rangée de colonnesque l'on voit quelquefois surmontées de galeries supérieures construites pour la commodité des spectateurs qui pouvaient ainsi assister au mouvement des affaires et aux cours de justice sans y appor

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