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Fère, Courmont, la forêt de Riz, Dormans, ancien oppide Soissonnais très-vraisemblablement.

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Chemin de Soissons à Laon, par Crouy. La voie monte la côte derrière le village, passe à la ferme de la Perrière, à l'Ange gardien, traversait l'Ailette au Pont-Auger, gagnait Vouël, Etouvelles, Chivy, Sémilly et Laon par l'ancienne rampe.

A partir de Chavignon un autre chemin se dirigeait sur Ribemont, par le Voyau, Comporté, Chaillevois, Chaillevet, Royaucourt, Mons-en-Laonnois, la ferme de Thieret, Luniscourt, Molinchart, Cerny, Couvron, Monceau, Pont-à-Bucy, Luy-leNoyé, le Calvaire de Lucy et Ribemont.

De Chavignon un troisième embranchement se rendait à Nizy-le-Comte, prenait les plateaux à Monampteuil, passait à Mont-Berant, à l'arbre de Martigny, Montchalons, près du camp du Vieux Laon, descendait à Saint-Erme, Hamecourt, longeait les fermes de Joffécourt, arrivait au lieu dit la Justice, au sud de Nizy-le-Comte. On croit que ce chemin est un reste de la vieille voirie gauloise présentant dans certaines parties des débris d'empierrement et de cailloutés fort solides.

Il nous semble qu'on peut encore faire figurer au nombre des vieux chemins ceux de Laon à Guise, de Laon à Nizy-le-Comte, de Neufchâtel à Fismes. La plupart sont regardés comme des chemins militaires du Moyen-Age; mais il est certain qu'ils doivent remonter bien plus haut. Le premier descendait de Laon par la ruelle de la Grange-L'Evêque se dirigeait en ligne droite vers Longue d'eau, Crécy-sur-Serre, Pargny, Landifay et Guise. C'était un grand chemin de 18 à 20 mètres de large. Le second descendait par la rampe de la Valise à Vaux, gagnait Athis, Marchais, Sissonne, Macquigny, la Selve et Nizy. On en retrouverait encore les traces près de Marchais. Le troisième venait de Fismes à Neufchâtel, par Courlandon, les hauteurs du faite, descendait le bois de Louvoie près de Guyencourt, passait à la croix des quatre chemins, longeait Bouffliquereux, rejoignait le chemin de la borne départementale, traversait Berryau-Bac pour remonter au chemin de Prouvais, où il rencontrait la vieille voirie de Soissons, qu'elle suivait jusqu'à Neufchâtel par le chemin des Rouliers qu'on voit encore au dessus de Menneville.

En Thiérache on remarque aussi beaucoup de tronçons de vieux chemins. Témoin celui qui va de Bellevue par les vallées, Hirson, Mondrepuis, Clairfontaine, la Flammengris, jusqu'au

Nouvion et Fesmy. Un autre qui de Vervins se rend à Maquenoire par la Bouteille, le Chaudron, Terva, Eparcy, Sangland et Saint-Michel.

Le Vermandois a aussi une foule de voies de ce genre. On compte d'abord celle de Saint-Quentin à Vervins par Homblières, Origny-Sainte-Benoîte, Landifay, Sains, Morfontaine, Rougeries, Franqueville, Cambron et Vervins. Puis celle de Saint-Quentin au Cateau, par Lesdins, Sequéhart, Brancourt et Prémont. Un autre se dirige vers Etrængt par Homblières, Marcy, Vadencourt, Lesquielles, Iron, Dorengt, et le Nouvion. Un petit embranchement se détachait enfin d'Iron, vers la Capelle où il rejoignait la grande chaussée de Reims à Bavai. Il faut noter que la voie qui s'acheminait vers Guise empruntait le chemin d'Homblières jusqu'à Marcy, pour gagner Bernot, Hauteville et Macquigny.

Enfin un autre chemin conduisait de Saint-Quentin à Noyon, en sortant d la ville par une chaussée aujourd'hui noyée sous les eaux des étangs qui lui servait à franchir les marais du hameau de Labiette; elle pénétrait à Gauchy et Grugies; puis elle poursuivait sa course vers Castres et Clastres pour gagner Annois, Villeselve et Noyon.

Tout en relatant un aussi grand nombre de chemins, nous sommes loin, croyons-nous d'avoir épuisé la matière. Il en est sans doute que nous avons omis bien qu'ils puissent montrer les caractères dont nous avons parlé, et qu'il sera facile à chacun de reconnaître après ce que nous avons dit.

En commençant ce chapitre, nous n'avions pas pour but spécial de faire l'énumération de tous les chemins que notre contrée possédait de toute antiquité, mais seulement de montrer avec quelle énergie et quelle puissance, les Romains, vainqueurs de la Gaule avaient cherché à conserver ces provinces fruits de leurs victoires, en établissant partout, au sein de leur conquête, un réseau aussi habilement conçu que grandement exécuté. Un enseignement ressort aussi de ce que nous venons de raconter, c'est que quand un peuple vaincu a affaire à un maître qui comprend si bien ses succès et qu'il fait couler à pleins bords une civilisation inconnue et enchanteresse, il est bien difficile de lui résister. Et il semble que la Gaule pendant les deux premiers siècles, siècles de splendeur et d'ivresse, avait oublié ses défaites ou du moins ne songeait plus à les venger.

On est du moins autorisé à tenir ce langage en lisant sur les

A. P.

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tables Claudiennes, découvertes à Lyon en 1528 sur le versant de la colline de Saint Sébastien et placées aujourd'hui sous le portique du palais des arts, le discours de l'Empereur Claude (1).

Nous y voyons constaté que les Gaulois, après avoir soutenu pendant 10 ans une guerre acharnée contre Jules-César, ont montré depuis une fidélité constante et une soumission plus qu'éprouvée dans un grand nombre de circonstances critiques. Le prince assure même que pendant que Drusus, son père soumettait les Germains, les Gaulois ont maintenu la paix par leur tranquillité dans les pays qu'il laissait derrière lui; Il va jusqu'à dire même lorsque dans l'ardeur d'un travail alors nouveau et inusité dans les Gaules: la recherche des revenus publics et la base sur laquelle il fallait les établir, on avait conçu des craintes, ayant été rappelé pour soutenir cette guerre. Il n'eut qu'à s'applaudir du bon esprit de ces nations conquises.

Tacite dit de son côté, en rapportant le discours de Claude, pour obtenir en faveur des Autunois, la faculté d'être admis aux charges de la Républiqne.

«Toutefois, si on passe en revue toutes les guerres, nullé » n'a été plus promptement terminée que celle contre les Gaulois. Depuis lors, paix constante et solide. Déjà confondus > evec nous par les mœurs, les arts, les alliances, ils nous ap> portent leur or et leurs richesses plutôt que d'en jouir seuls. >> Tout ce que nous croyons de plus ancien P. C. a été nou» veau... ce que je propose vieillira également ; et ce que nous » soutenons aujourd'hui par des exemples se classera parmi les » exemples. Omnia quæ nunc vetustissima creduntur nova fuêre.. Inveteréscet hoc quoque : et quod hodia exemplis tuemur, inter exempla erit.

Cette situation pacifique affirmée par le César Claude plus d'un siècle après la conquête, semble s'être continuée jusque vers le milieu du IIe siècle, permettant ainsi à la puissance Romaine de développer en Gaule son système d'occupation ainsi que sa luxueuse civilisation. Mais le temps de troubles et d'épreuves ne devaient pas tarder à se montrer des bruits sinistres, avant conreurs des invasions germaniques, circulaient dans les provinces longtemps asservies. Les vainqueurs craignaient avec raison aussi bien le réveil de l'esprit national, jaloux de recou

(1) Ces tables, gravées sur cuivre, ont été publiées en fac simile par M. de Commormond, antiquaire distingué. Lyon.

vrer son ancienne indépendance, que les attaques incessantes des hordes teutoniques cherchant à s'implanter sur le territoire de la Gaule. Ces appréhensions fondées vont nous expliquer la création de ces camps nombreux dont nous parlerons dans le chapitre suivant.

CAMPS ROMAINS.

CHAPITRE IV.

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DESCRIPTION DE

CAUSES ET ORIGINE DE CES CAMPS. DIFFÉRENTES ESPÈCES DE CAMPS, EMPLACEMENT ET FORME DES CAMPS. LÉGIONS, LEUR ORGANISATION. PLUSIEURS CAMPS, PRÉSUMÉS ROMAINS, OBSERVÉS DANS LE DÉPARTEMENT DE L'AISNE, COMPOSÉ DU LAONNOIS, DE LA THIÉRACHE, DU VERMANDOIS ET DU SOISSONNAIS.

Les premiers siècles de la domination romaine furent donc prospères, ainsi que nous l'avons vu, et Marc Aurèle pouvait dire de Jules César: « Voyez cette Gaule, qui nous envoya les » Cimbres, cultivée aujourd'hui comme l'Italie; des communi> cations nombreuses et sûres sont ouvertes de l'une de ses » extrémités à l'autre ; la navigation est libre et animée, non> seulement sur la Somme et le Rhin, mais sur la Loire et la » Meuse jusqu'à l'Océan. >

Mais rien n'est stable en ce monde, où les institutions comme les hommes ont leurs destinées si mobiles. Dès la fin du Ie siècle, les soulèvements périodiques de la Germanie vinrent troubler les Gaules, dont les aspirations guerrières semblaient avoir cédé aux prestiges et aux avantages de la civilisation romaine.

Causes et origine de ces camps. On pense que c'est à Probus, dont l'histoire dit qu'il fit bâtir des forts et des retranchements en divers lieux pour arrêter ou prévenir, dans les provinces de l'Empire, les désordres arrivés déjà sous les règnes précédents, qu'il faut faire remonter l'origine des camps si nombreux répandus sur notre territoire.

Déjà les princes, pour surveiller ces invasions continuell es (285), avaient été contraints en les repoussant de fixer leur séjour à Trèves. Mais bientôt (292) ils se sentent hors d'état de faire face aux barbares qui inondaient chaque année les pro

vinces de la Belgique; alors on créa partout et surtout sur les points les plus menacés des oppida et des castra.

Avons-nous besoin d'ajouter que les divisions intestines de l'Empire, en ruinant le principe d'autorité, contribuaient, de leur côté, à ouvrir la porte aux envahisseurs, dont l'avidité s'emparait de tout. Il ne servait à rien que le général de l'infanterie gauloise, Silvanus, se fut rendu, à travers la Belgique, par Reims jusqu'à Cologne, puisqu'il n'avait pu préserver cette province d'être ravagée en 356. Enfin, malgré les victoires de Valentinien en 365 et de Jovin qui défit, dans les plaines de Châlons, les bandes germaines, les Romains n'en voyaient pas moins; leur domination s'affaiblissait de jour en jour dans les Gaules, en sorte que sur la fin du ive siècle (388), les Francs, sous la conduite de leurs princes, ne craignirent pas de forcer les frontières de la Belgique et d'en ravager les plus gros pâturages. Repoussés et mis en fuite dans la forêt Charbonnière, ils n'en reparurent pas moins avec une nouvelle audace en 406, donnant ainsi à Stilicon l'occasion de remporter une nouvelle victoire sur le territoire du Cateau, près d'un camp dont on aperçoit encore l'enceinte,

Mais ces succès partiels ne pouvaient sauver l'empire attaqué de tous côtés par des ennemis audacieux et sans cesse renaissants. Il faut dire aussi que la discipline des légions romaines s'était singulièrement relâchée au contact des jouissances de la conquête, et que d'un autre côté les populations gauloises vaincues à leur tour par des habitudes de bien-être et de luxe n'avaient plus conservé cette ardeur belliqueuse qui avait rendu autrefois leurs pères si redoutables.

En présence d'une situation si compromise par la mollesse des uns et la sauvage énergie des autres, le temps semblait venu où il ne serait plus possible aux Romains, malgré leur puissante organisation, de résister aux assauts et à l'impétuosité des Barbares. Aussi ces derniers après avoir subjugué les provinces de l'extrême Belgique commencèrent-ils à s'y établir et finirent par y jeter les fondements de la Monarchie française. On dit même que Pharamond le vieux chef de la monarchie mérovingienne aurait été enterré entre Reims et Laon, plaçant ainsi son tombeau dans une terre dont ses enfants devaient bientôt faire la conquête durable (1).

(1) On ignore encore aujourd'hui si c'est en qualité de vassal ou de conquérant que Pharamond possédait ce territoire, puisque Jornondès,

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