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La remarque que nous avons faite plus haut trouve encore ici son application. C'est qu'en comptant les milles indiquées entre chaque distance partielle, la somme totale est loin d'être atteinte, puisqu'en additionnant ces nombres ensemble nous n'obtenons que 80 mille pas au lieu de 89 mille que porte l'énoncé général. Il y a donc dans le décompte une erreur de 9 milles Romains.

La carte Théodosienne de son côté n'accuse que 67 lieues gauloises de Reims à Amiens. Mais il est évident que le parcours n'est pas le même, puisqu'il s'agit ici de localités différentes de celles marquées dans l'Itinéraire.

Luza qu'on croit ici mis pour Isara était donc le passage de la route sur l'Oise, Pont-l'Evêque ou Pontoise, peut être même Sempigny près du Petit Pontoise. Ce passage entre Soissons et Noyon, à 40 kilomètres ou 18 lieues gauloises de la première de ces villes semble contraire au texte qui ne porte que 16 lieues, 35 kilomètres et à 8 lieues ou 20 kilomêtres de Roiglise. Cette différence dans la supputation des distances de Soissons à la rivière d'Oise et de celle-ci à Roiglise Rodium et Roudium ont fait croire à M. Peigne-Delacour que ce passage se trouvait à Bairé où il signale un pont antique du nom de Malemes. Dans tous les cas, cette divergence de tracé nous indiquent qu'il y avait deux routes distinctes entre Soissons et Amiens, l'une plus longue par Noviomagus, celle de l'Itinéraire qui passait à Pont-l'Evêque ou aux environs, l'autre plus courte celle de la Table et du Miliaire ne passant pas à Noyon, mais plus au dessous de cette ville. On trouve dit-on, un fragment de chaussée dans la direction de Roiglise entre Bairi et Ribécourt.

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(3) On pense que Setucis est mis pour Seeuiis, Seevice. Cette localité placée à 10 lieues ou 22 kilomètres de Samarobrina, et à 10 lieues de Rodium, ne pouvait être que vers Cayeux, Beaucourt, Saint-Marc, entre le Quesnel-Fresnoy, Morvil et Tennes.

La table Théodosienne ne mentione pas cette route qui, à 10 kilomètres de Soissons s'embranchait à Pontarcher par Vicsur-Aisne et les hauteurs pour descendre à cuts et atteindre Noyon et Amiens; mais elle nous en donne une autre allant de Soissons à Amiens par Condren, sans préjudice de celle indiquée précédemment par Lura.

Augusta Suessionum

Augusta Veromanduorum.
Samarobriva.

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On voit que d'après ce calcul la distance de Soissons à Amiens, serait de 56 lieues gauloises, mesure que nous croyons assez juste pour l'admettre.

L'Itinéraire d'Antonin est loin d'être complet comme on a pu s'en convaincre en fait de voies romaines, puisqu'il ne nous renseigne que sur les chaussées de Reims à Bavai, de Terouenne å Reims et d'Amiens à Soissons. Heureusement que la Table Théodosienne nous offre un complement précieux qui est à la fois un contrôle utile, et bien que le calcul des distances présente des divergences dans les nombres aussi bien que les termes, elle ne laisse pas d'être un guide et une lumiêre pour interprêter ces rares et insuffisantes notions des âges passés.

Il résulte donc des Itinéraires et milliaires combinés que cinq routes partaient d'Augusta Suessionum. La première sur Augusta Viromanduorum Saint-Quentin; la seconde sur Durocortorum, Reims, par Fines, Fismes; la troisième sur Samarobrina par Lura; la quatrième sur Noviomagus, et la cinquième sur Augustomagus, Senlis, sans parler des routes secondaires, mais três importantes omises comme nous l'avons dit dans ces itinéraires impériaux.

Notice des dignités de l'Empire.

Si l'Itinéraire est une sorte de livre de poste l'Empire Romain, une nomenclature des grandes routes qui s'étendaient jusqu'aux provinces les plus éloignées, avec l'indication des villes, des stations, des gites, des étapes situés sur ces routes, marquant de plus les distances d'un endroit à un autre, la Notice des Dignités de l'Empire, en est comme l'almanach qui nous donne à son tour le dénombrement des corps de troupes tenues en garnison dans la Gaule, des fabriques, des arsenaux et des autels de monnaies. Ce simple exposé nous montre assez

les avantages précieux qu'elle peut offrir à ceux qui veulent être renseignés sur la nature du gouvernement Romain, ses forces, ses ressources.

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En parcourant cette notice, on voit qu'un seul général com mandait la (raule Belgique, et que l'administration de la première et de la seconde Belgique était confiée à des préfets consulaires. Il y avait donc un préfet à Reims et à Trèves. Elle indique aussi la résidence des chefs, des cohortes, échelonnés dans le pays pour la défense des provinces. Le général commandant la Belgique avait sous ses ordres des chefs avec leurs cohortes. Des dix flottes au service de l'Empire, la huitième s'appelait la flotte Sambrique, parce qu'elle avait ses parages sur la Sambre où la Somme nommée Samara.

La notice nous apprend encore qu'il y avait sept arsenaux où on forgeait les armes, Reims, Amiens, Soissons, étaient de ce nombre et possédaient des fabriques d'armes. Reims, outre son grand magasin d'effets militaires administré par un procureur, procurator Gyneciorum, avait une fabrique d'épées larges et longues à deux tranchants et à pointes très effilées, Spataria, Amiens fabriquait également des épées et des boucliers, Spataria et Scutaria. Mais Soissons joignait à ces diverses manufactures, celle bien plus importante de la confection des balistes et des machines à lancer les traits (4), des clibanares, espèces de cuirasses ou plutôt de reseaux maillés dont était couvert le fantassin comme le soldat à cheval; c'était donc l'artillerie et le

(1) Ces machines dont on se servait dans les sièges pour lancer des pierres très pesantes, sont encore à peuprès inconnues dans leurs formes et leurs dimensions. Ni les descriptions des auteurs latins, niles monuments de l'art ne nous mettent en état de nous former une idée nette de la manière dont ces machines étaient construites; et les différentes tentatives qu'ont faites les antiquaires modernes pour en restaurer un modèle, d'après les termes de Vitruve, d'Ammien Marcellin, sont trop incertaines et trop conjecturales pour avoir la moindre autorité. Cependant quelques unes de ces machines appelées majores et minores, suivant leurs dimensions, servaient comme pièces de campagne elles étaient placées sur des voitures et tirées par des chevaux ou des mulets, de telles sortes qu'on les pouvaient transporter sur tous les points du champ de bataille; dela leur nom de Carroballista. Les petits ballistes étaient sans doute des sortes de grands arbalètes avec lesquels on lançait des pierres ou des javelots. Trèves avait aussi une fabrique de ballistes.

harnais du soldat. Fabria, Suessionensis, Scutaria, baistarila et clibanaria (5).

Cet ouvrage qui a du subir bien des modifications et des interpolations, doit être de la fin du IVe siècle ou du commencement du Ve. On croit en effet que sa rédaction actuelle ne peut guères remonter qu'au règne d'Honorius, alors que sous cet Empereur dégradé, l'Empire courrait rapidement à la ruine.

Notice des Gaules.

La notice des provinces et des villes de la Gaule est également un recueil topographique datant du règne d'Honorius. C'est un monument utile à consulter pour la géographie du Ve siècle. Elle est divisée en provinces ou métropoles, et en villes diocésaines pour la plupart. Les métropôles de chaque province sont donc devenues des archevêchés, et les villes capitales des différents peuples ont formé des évêchés suffragants. Cest ainsi que les circonscriptions religieuses ont été calquées sur celles de l'administration romaine existante alors. Car nous pourrions ajouter que le peuple romain avec ce genre pratique qui le distingue, n'avait fait que modifier les anciennes délimitations gauloises, que la plupart du temps il avait jugé à propos de conserver surtout dans la Gaule Belgique qui lui avait présenté une résistance plus vive et plus opiniâtre. On remarque même que ces remaniements administratifs, ne portaient en général que sur les grandes divisions territoriales, sur les provinces dont on augmentait ou diminuait le nombre d'après des calculs politiques qui nous échappent.

On peut donc tirer un grand parti de ce document pour retrouver les limites de ces différents peuples. C'est ainsi que nous avons pu fixer les frontières des Suessiones, des Veromandues et des Remes, dont la circonscription est restée la même jusqu'à la création de l'évêché de Laon, qui n'a été qu'un démembrement partiel de celui de Reims fait au Ve siècle par

(5) Clibanaria, mot employé pour désigner le cavalier couvert entièrement ainsi que son cheval d'une armure défensive, qui le faisait ressembler au dos écaillé d'un crocodile. Le fantassin armé de pied en cap et revêtu d'un casque, d'une cuirasse, de cuissards et de jambières pouvait aussi porter le nom de Clibanares. C'était presque le costume de nos chevaliers du Moyen-Age. Le Clibanus ou Clibanum, consistait donc en un étroit pourpoint et des pantalons de toile matelassée entièrement couverts d'écailles de fer, pour les cavallers, le cheval était enveloppé de son côté dans un caparaçon semblable. Cet usage était emprunté aux Perses et aux Sarmates.

A. P.

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Saint Remi, originaire du Laonnois et dont le père Emilius était comte. Le rang de nos évêchés est demeuré jusqu'au XVIIIe siècle, celui qu'on voit dans la notice des Gaules.

La plupart des villes mentionnées dans cet ouvrage, le sont aussi dans l'Itinéraire et la Table Théodosienne à l'exception de Laon, qui prit dès le IVe siècle une importance qu'elle n'avait pas dans les siècles précédents.

Dans la notice des Gaules comme dans celle des Dignités de l'Empire, les villes sont désignées par le nom du peuple dont elle_formaient les Capitales. Ainsi on disait :

Civitas Rsmerum, Reims.

Civitas Suessionem, Soissons.

Civitas Catuellanorum, Châlons.

Civitas Veromanduorum, Vermandois.

Civitas Atrebatum, Arras.

Civitas Cameracensium, Cambrai.

Civitas Turnacensium, Tournai.

Civitas Silvanectum, Senlis.

Civitas Bellovacorum, Beauvais.
Civitas Ambianensium, Amiens.
Civitas Morinum, Teroueune.

Civitas Bononiensium, Boulogne. (1)

Ces douze Civitates formaient dans la seconde Belgique ou la métropole de Reims. Sans y comprendre alors Laon qui n'était qu'un château, dit Hincmar, avant son érection en diocèse par Saint Remi. Metropoli Remorum indecius civitates sub se habuit, anteqam beatus Remigius espicopum ordinavit in Castello Landunensi. Noyon et Boulogne ne devinrent évèchés qu'après la première ruine d'Augusta Veromanduorum (SaintQuentin). Lorsque Saint Médard, au vie siècle, transféra le Siège épiscopal; la seconde au XVIe siècle seulement lorsque Terouenne fut renversé de fond en comble, et Reims, durocortorum Soissons, Augusta Suessionum; Beauvais, Cararomagui; Amiens, Samarobriva; Saint-Quentiu, Augusta Veromanduorum, échangèrent leurs noms imposés par l'Empire contre celui plus antique et plus national de Civitates;

(1) Dans les temps anciens les Morins avaient deux cités l'une intérieure Terouenné où Tarva, l'autre maritime Gessoriacum ou Benonia Boulogne-sur-Mer, à laquelle on donnait ausei le nom d'Iccius portus.

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