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moyen 15 kilogrammes; mais si le mouton pèse 500 kilogrammes, alors il n'en soulève que 12. Les sonneurs (on nomme ainsi les ouvriers qui travaillent aux sonnettes) agissent ordinairement dix heures par jour, battent dans leur journée cent vingt volées de trente coups chacune, et élèvent le mouton à une hauteur moyenne de 1m20.— Une volée dure ordinairement trois à quatre minutes, y compris les intervalles de repos; le reste du temps est employé au transport, à la mise en fiche d'un pieu et au déplacement de la sonnette.

Les sonnettes à déclie ont un mécanisme à l'aide duquel on peut élever un mouton très-pesant par l'action d'un petit nombre d'hommes; on les nomme à déclie, parce qu'elles doivent être munies d'une détente ou d'un déclie dont l'office est de lâcher le mouton lorsqu'il est parvenu à une certaine hauteur et à lui permettre de descendre librement par son propre poids.

Il est arrivé qu'une pièce de bois qui ne s'enfonçait plus sous le choc d'un mouton pesant, tombant d'une grande hauteur, recommençait à pénétrer dans le terrain lorsqu'on le rebattait avec un mouton plus léger, élevé moins haut. - L'explication de cette anomalie apparente est dans l'accroissement de la réaction que développe une force vive exagérée.

Dans un terrain argileux qui se comprime difficilement, on ne peut enfoncer qu'un certain nombre de pilots; passé ce terme, les nouveaux pieux font ressortir ceux premièrement battus. Pour éviter cet effet, on a quelquefois pris le parti de les enfoncer le gros bout en avant.

La tête d'un pilot doit être coupée carrément, et en chanfrain au pourtour, afin qu'elle n'éclate

pas dans la percussion; on la cercle aussi d'une frette en fer qu'on enlève après le battage.

Lorsque le terrain ferme est très-dur, on arme la pointe du pieux d'un sabot en fer (fig. 2).

Il faut, dans ce cas, que la pointe du pieu, recépée carrément, repose immédiatement sur le culot inférieur du sabot, afin qu'il ne déverse pas et n'arrache pas les clous qui attachent ses branches au pieu.

Les moyens que nous venons de citer pour fonder sur n'importe quel terrain, ne sont que trèsrarement nécessaires dans les constructions rurales. On peut, dans le plus grand nombre de cas, suppléer à ces pilotages coûteux par ce que l'on appelle une fondation à pieux perdus, dans laquelle des bois sans sujétion, appointés et durcis au feu, sont simplement enfoncés à la masse, les intervalles garnis de pierres chassées au maillet, et les fondations établies sur une première couche de libages reposant sur le bois et posés à sec.

Une autre méthode consiste à creuser la fondation, à la remplir de sable sur une hauteur de 0m80, à mouiller le sable pour lui faire prendre tout son tassement, et à bâtir dessus, après l'avoir damé longtemps et à petits coups. L'effet de ce procédé est dû à la communication latérale des pressions que le sable transmet à la manière des liquides.

Il résulte de cette transmission que le développement des parois de la fouille s'ajoute au fond pour augmenter l'empâtement.-On peut prendre l'empâtement directement, en donnant aux fondations un grand excès de largeur sur l'aplomb des murs; dans ce cas, pour être sûr de l'égale réparti-` tion des pressions sur toute la surface de l'empâtement, il est à propos de substituer à la maçon

ARCHITECTURE RURALE.

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nerie ordinaire, ou même à la pierre sèche, employée souvent dans les fondations, une bonne maçonnerie hydraulique, et mieux encore un béton dont toutes les parties sont homogènes et solidaires. Ce procédé de fondation en sable est, en général, peu avantageux; je l'ai cité plutôt pour le déconseiller que pour le recommander.

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Toutes les fois que dans les fouilles pour fondations on ne trouve pas d'eau, ces fouilles sont faciles; seulement, à moins que le terrain ne soit d'une solidité reconnue, on doit étançonner la fouille avec soin, dès que sa hauteur dépasse 1m40. Cet étançonnement consiste en planches appliquées horizontalement contre les parois et assujetties par des pièces horizontales qui partent d'une paroi à l'autre; quelquefois, lorsque le terrain a une grande poussée, il ne faut pas faire porter directement les étrésillons sur les planches, mais bien sur des traverses verticales qui s'appuient sur les planches. Si l'on rencontre de l'eau, il faut s'en débarrasser pour continuer les fouilles. Le procédé le plus simple consiste à faire communiquer par une rigole le fond des fouilles avec un niveau inférieur. A défaut de ce moyen, on peut se débarrasser des eaux, soit à l'aide d'un simple baquetage, soit avec un chapelet mis en jeu par un manége, soit enfin au moyen de la vis d'Archimède; mais l'emploi de ce dernier appareil suppose une quantité d'eau considérable.

Souvent les épuisements entraînent dans des dépenses élevées. Le choix des moyens à employer dépend de plusieurs considérations.

La première est, sans doute, d'obtenir le plus grand effet possible avec la moindre force motrice; mais on se tromperait étrangement si l'on supposait qu'elle est la seule qui doit influer sur le choix.

Il est, au contraire, des cas où la machine la plus avantageuse sous ce rapport doit être rejetée et céder la prééminence à une autre machine bien moins productive, mais d'un établissement moins coûteux et d'un transport plus facile.

Les autres considérations qui doivent déterminer le choix sont : 1° l'importance et la durée des travaux; 2° les déplacements plus ou moins fréquents que doivent éprouver les machines; 5° la grandeur et la disposition des emplacements où elles doivent agir; 4° la quantité d'eau que l'on doit extraire; 5° le degré d'activité exigé dans le travail des épuisements.

§ 5. Machines servant aux épuisements.

Les machines destinées à être fréquemment déplacées doivent avoir peu, de poids, peu de volume, être faciles à établir et assez solides pour n'éprouver aucun dommage par le choc et les se

cousses.

La configuration, la grandeur et la disposition de la machine, doivent évidemment être en rapport avec le local qui lui est destiné.

Les moyens les plus usités pour effectuer les épuisements que les fondations exigent, sont: 1° le baquetage; 2° le chapelet vertical; 3o le chapelet incliné; 4o la vis d'Archimède; 5° les pompes.

On donne le nom de baquetage au travail des ouvriers qui puisent l'eau avec des seaux ou baquets d'une forme quelconque. Ce moyen est simple

et économique lorsque la hauteur où l'eau doit parvenir est petite.

D'après Perronet, le produit moyen journalier du travail d'un baquetier, dont la durée est de 12 heures, est équivalent à un poids de 22,500 kilogrammes, à près de 2 mètres de hauteur.

On se sert quelquefois avantageusement d'un van mù par deux hommes pour vider les batardeaux, lorsque la distance entre la surface de l'eau et le point le plus élevé où on veut la faire parvenir n'excède point deux mètres. S'il s'agit de puiser l'eau à une profondeur d'un mètre et de la lancer à deux mètres de distance, une écope suspendue à la hollandaise offrira un moyen aussi facile qu'avantageux. Ce n'est autre chose qu'une pelle creuse suspendue par une corde à trois pièces de bois en forme de pyramide; un homme prend le manche de l'écope, et par un mouvement d'oscillation il puise et verse l'eau au dehors.

Le chapelet vertical est une machine dont on se sert fréquemment, parce qu'elle n'occupe que peu de place; elle se compose d'une chaîne sans fin, garnie de plateaux à distances égales, lesquels, en parcourant un tuyau de même diamètre à peu près, font monter dans une rigole soupirant l'eau qu'ils ont puisée dans le réservoir où le bout inférieur est immergé. D'après Gauthey, un homme peut élever dans un jour, au moyen d'un chapelet vertical, cent vingt à cent vingt-quatre mètres cubes d'eau à un mètre de hauteur; ce qui donnerait un produit d'environ un cinquième plus fort que le baquetage. Soger a observé que dans un chapelet dont la manivelle fait vingt à vingt-cing tours par minute, le volume d'eati élevé est à celui qui serait obtenu, s'il n'y avait point de pertes entre les

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