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ont une dureté et une dessiccation naturelles qui les rendent très-propres à ce genre de conservation. Cet usage était aussi particulièrement approprié aux mœurs des peuples nomades et guerriers, qui, comme les Arabes, ne construisaient pas de villages et avaient un grand intérêt à soustraire à la vue de leurs ennemis les dépôts de grains, formant leur principal moyen de subsistance.

Aussi découvre-t-on encore fréquemment de ces anciens silos, dont quelques-uns sont remarquables par leur grande dimension, en Espagne et en Afrique, pays longtemps possédés par ce peuple culti

vateur.

Les silos étant, comme les meules, un moyen assuré de conserver les récoltes sans le secours de bâtiments proprement dits, qui diminuent par leur grande dépense les ressources toujours insuffisantes de l'agriculture, doivent être regardés comme une excellente pratique; et le gouvernement ne pourrait mieux faire que d'encourager les recherches tendantes à y apporter des perfectionnements.

Un procédé qui conserve les grains en parfait état sans le secours des bâtiments et de la main d'œuvre, qui l'un et l'autre sont des causes de dépense, est assurément digne d'un grand intérêt. Dans les temps où de notables variations ont lieu sur le prix des céréales, c'est là une précieuse ressource pour les réserves de prévoyance comme pour la spéculation. Aussi les constructions de ce genre sont nombreuses tant dans les pays de grande production que dans les ports qui se livrent à ce genre de commerce. C'est ce qui se voit particuliè rement aux environs de Marseille, principal entrepôt des grains du midi de la France.

Peu de mots suffiront pour faire comprendre que

l'utilité des silos ne réside pas dans leur mode de construction. Comme c'est surtout dans la privation du contact de l'air que consiste leur efficacité, peu importe de quelle manière ce résultat soit obtenu. Aussi trouve-t-on des différences notables dans les procédés qui ont été adoptés depuis les temps anciens jusqu'à nos jours. Tantôt des constructions voûtées, d'une grande dimension, ont été en usage, ainsi que cela se faisait principalement dans l'ancienne Egypte. En d'autres lieux, des masses considérables de blé ou d'autres céréales ont été conservées, à la manière des Arabes, dans de simples fosses sans revêtement, dont on se contentait de dessécher fortement les parois en y brûlant un combustible quelconque ; puis des nattes ou même une couche de paille parfaitement sèche, interposées entre le sol naturel et le blé recouvert d'une simple butte de terre, suffisaient pour assurer sa conservation pendant un temps illimité, mais, toutefois, après la dessiccation préalable du grain.

La température à peu près constante, qui, pour notre climat, est d'environ 7 à 8 degrés dans les excavations de profondeur moyenne, étant bien plus que suffisante pour déterminer la germination du grain, ce n'est que par la privation absolue du contact de l'air que l'on peut éviter son altération dans les silos, à moins que, comme cela avait lieu chez les anciens, l'on n'ait pris la précaution de luj faire perdre sa qualité germinative par une dessiccation complète, sous l'action d'une haute température. Cette condition serait de nature à accroître considérablement les frais de ce procédé de conservation; mais il vaudrait encore mieux y recourir que de s'exposer à des chances à peu près certaines

de pertes ou de dommages, si des silos qui pourraient être d'ailleurs parfaitement établis et assainis, laissaient le moindre accès au contact de l'air.

La méthode des silos s'applique avec le plus grand avantage à la conservation des produits alimentaires autres que les céréales; mais comme ceux-là sont tout à fait insignifiants sous le rapport de la construction, nous n'en parlerons, comme procédé spécial de conservation, qu'aux articles concernant ces produits, au nombre desquels figurent principalement les pommes de terre, betteraves, carottes fourragères, etc.

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Les grains, après avoir échappé aux intempéries des saisons, ne sont pas encore en sûreté lorsqu'ils sont battus. L'humidité, la chaleur, la poussière, les souris ou les charançons peuvent en dévorer la substance, ou en altérer la qualité, si les magasins ne sont pas convenablement construits et si les grains n'y sont pas entretenus avec tous les soins que leur conservation exige.

Les blés nouvellement battus conservent toujours une humidité qui les dispose à la fermentation, et qui les ferait effectivement fermenter si on les entassait sur une trop grande épaisseur dans les chambres à blé.

D'ailleurs, toute humidité locale est contraire à la conservation des grains; une chaleur trop grande leur est également nuisible, parce qu'elle favorise la multiplication des insectes destructeurs. On ne doit donc pas resserrer les blés dans les rez-dechaussée des bâtiments, ni même dans les greniers ; ils sont très-bien placés dans les étages inter

médiaires, et surtout au-dessus des hangars, des remises, des buchers, parce que l'on peut y établir des ventilateurs. On ne les placera jamais au-dessus des écuries et des étables; ils se ressentiraient de la mauvaise odeur et des exhalaisons humides des animaux.

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Les ouvertures des chambres à blé doivent être à l'exposition du nord ou nord-est, parce qu'elle leur procure la température la plus sèche et la plus froide. Si pour la facilité du remuage des grains, il était nécessaire d'en percer quelques-unes au midi, il· faudrait en borner le nombre au strict nécessaire et avoir soin de les garnir de volets intérieurs et extérieurs, afin de les fermer aussitôt l'opération terminée.

Lorsque la situation des chambres permet de les aérer avec des ouvertures ou trappes placées près. des murs et éloignées de 3 à 4 mètres les unes des autres, il faut faire attention d'en alterner la posi← tion dans les planchers, afin de pouvoir renouveler l'air plus promptement et sur une plus grande surface à la fois.

Le blé tient beaucoup de place parce qu'on ne peut le disposer en couches épaisses à cause de sa pesanteur et de l'humidité qu'il contient; ensuite, des propriétaires connaissent bien la capacité qu'ils doivent donner à leurs greniers d'après l'étendue de leur exploitation, en supposant, pour terme moyen, que lés blés puissent être entassés sur 0m50 d'épaisseur.prop9,

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Un grenier à blé doit être placé sur des poutres armées ou sur une voûte pleine, et alors on peut sans crainte pousser la puissance des couches jusqu'à un mètre d'épaisseur.

Beaucoup de systèmes ont été proposés pour la

conservation des grains; ces moyens peuvent être rangés en deux classes principales: les silos et les greniers mobiles. Les silos sont fondés sur ce principe, que l'égalité de température et l'absence complète de lumière suffisent pour prévenir toute fermentation et toute végétation; et on atteint ce but soit en enfouissant les grains à une certaine profondeur au-dessous du sol, soit en les scellant dans des caveaux voûtés et parfaitement rejointoyés.

Les greniers mobiles consistent quelquefois en trémies fixes avec soupape à la face inférieure. Cette soupape sert à vider les grains contenus dans la trémie, et chaque quantité que l'on tire imprime à la masse un mouvement général. Ce mouvement qu'on peut, du reste, rendre plus fréquent et plus considérable en écoulant de temps en temps une partie des grains qu'on reverse sur la trémie par son ouverture supérieure, suffit pour empêcher la fermentation et la formation de ces champignons vénéneux qui altèrent d'une manière si fâcheuse la qualité des farines.

§ 5. Greniers perpendiculaires.

Nous allons indiquer un système à la fois simple et ingénieux de construction de greniers. Nous avons signalé les difficultés à vaincre pour le placement des grains: la première est la grandeur de la surface nécessaire, puisqu'on ne peut avant leur dessiccation complète les amonceler à une hauteur de plus de 0m35; la seconde réside dans les soins minutieux qu'exige leur remuement et dans la perte de temps que cette opération réitérée occasionne. Ces inconvénients sont très-heureusement surmontés dans les greniers à forme dite perpendiculaire, dont nous

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