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Pour qu'une substance soit propre à donner de la pouzzolane par la calcination, il faut que sur neuf parties d'argile environ, elle en contienne une de chaux. Tels sont certaines argiles calcareuses, les schistes calcaires, certaines marnes, etc.

Les pouzzolanes se divisent en énergiques, ordinaires ou faibles, suivant la vitesse de prise des mortiers dans lesquels elles entrent; celui qui renferme les premières fait prise au bout de un à cinq jours.

On n'emploie, en Belgique, qu'une seule espèce ́de pouzzolane naturelle qui est très-énergique. -C'est la matière connue sous le nom de trass d'Allemagne, ou de trass de Hollande, laquelle est le produit d'une roche volcanique qui s'exploite dans les environs d'Andernach, sur le Rhin, et qui est réduite en poudre par des moyens mécaniques.

Parmi les pouzzolanes artificielles, les plus généralement employées sont :

La brique ou le tuileau pilé ;

Les scories de forges et les cendres de houille;
La cendrée de Tournai.

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La cendrée de Tournai provient du mélange des cendres de houille qui ont servi à cuire une espèce de chaux maigre (que l'on fabrique avec un calcaire très-dur) avec des parties de cette chaux.

Ce mélange forme un mortier excellent pour le revêtement des citernes, conduits d'eau, etc.— Il est trop peu abondant pour pouvoir être employé dans les grandes maçonneries.

ARCHITECTURE RURALE.

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L'expérience a fait connaître que toutes les cendres de houille qui ont servi à calciner la chaux et qui sont mêlées de particules de celle-ci, sont plus ou moins propres à former des mortiers hydrauliques.

La cendrée de Tournai s'emploie seule pour les conduits et les rejointoyements; on la mélange avec une petite quantité d'eau et on la pilonne fortement et à plusieurs reprises.

Mélangée au sable, dans la proportion de 1 à 3 de cendrée pour 1 de sable, elle forme le mortier de cendrée.

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On appelle mortier un mélange de chaux et de sable, pouzzolane ou ciment, de manière à former une pâte qui ait la propriété d'adhérer fortement aux pierres ou aux briques sur lesquelles on l'applique et de durcir à l'air ou sous l'eau.

Rien ne contribue autant à la solidité des maçonneries que la bonne qualité des mortiers qu'on y emploie, laquelle dépend elle-même de la qualité des substances qui les composent, des proportions de chacune d'elles et des manipulations qu'on leur

fait subir.

Les mortiers, d'après leur emploi, se divisent en deux classes :

1o Les mortiers employés sous l'eau ou dans les lieux humides, qui doivent acquérir en peu de temps une dureté assez grande, et dont les principes constituants doivent ne pouvoir se dissoudre dans l'eau.

2o Les mortiers employés dans les maçonneries exposées à l'air et qui doivent durcir assez promp

tement et résister à l'action des pluies, des gelées et des fortes chaleurs.

Dans les mortiers, la chaux très-hydraulique doit être mêlée à des substances inertes, telles que le sable pur la chaux grasse doit être mêlée aux pouzzolanes très-énergiques ou à un mélange de ciment et de sable.

En général, l'énergie des matières à mêler à la chaux pour former les mortiers doit être en raison inverse de l'hydraulicité de la chaux employée.

MORTIERS DE LA PREMIÈRE CLASSE.

Pour obtenir, dans les lieux humides, une grande solidité en peu de temps, les proportions suivantes (en partie) ont, d'après un grand nombre d'expériences, paru les meilleures : chaux grasse (en pâte), une partie; pouzzolane très-énergique, deux à trois parties; chaux moyennement hydraulique, une partie, et peu énergique, deux à trois parties; chaux fortement hydraulique, une partie. Dans les murs immergés, pour une partie de chaux en pâte on en emploie une à une et demie de sable. -Dans les terres humides, la proportion du sable peut aller jusqu'à deux parties et demie.

Le mortier à employer dans les maçonneries doit être en pâte bien forte, de la consistance de l'argile propre à faire les briques; le pilon est préférable au rabot généralement employé. Les mortiers à chaux grasse, corroyés pendant longtemps, acquièrent quelque amélioration; les mortiers à chaux hydraulique ne doivent point subir de manipulation trop prolongée, elle en altérerait la qualité.

MORTIERS DE LA DEUXIÈME CLASSE.

Le sable qui doit entrer dans la composition de ces mortiers doit être fin, c'est-à-dire que les grains ne doivent pas avoir plus de 1 millimètre de diamètre.

On donne aussi le nom de mortier à un mélange bien malaxé de certaines argiles avec de l'eau. Si cette matière n'est pas, après son emploi, soumise à une chaleur suffisante pour lui faire éprouver au moins un commencement de fusion, elle ne formera jamais qu'un mortier très-mauvais qui se ramollira sous l'action de l'eau et même de la simple humidité.

On nomme encore mortier le plâtre gâché avec de l'eau et réduit en une pâte qui a la propriété d'adhérer fortement aux matières avec lesquelles elle est mise en contact et de durcir ou de faire prise rapidement.

Ce mortier est loin de valoir les mortiers de chaux, parce qu'il se détériore à l'eau et à l'humidité, et parce qu'il augmente de volume en vieillis

sant.

§ 18. Des Bétons.

Le béton est un mélange de gravier ou de pierres cassées et de mortier hydraulique; il est employé dans les fondations à l'eau ou à l'humidité, pour l'empâtement des fondations dans les terrains compressibles, pour la construction des bassins, des citernes.

La propriété essentielle du béton est de se durcir dans l'eau ; la bonne qualité des matières avec les

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quelles on le fabrique, est la cause qui aide le plus à sa grande solidification.

Lorsqu'on veut élever un bâtiment, on creuse souvent à de grandes profondeurs sans trouver la solidité nécessaire pour établir les libages. Fréquemment il arrive que des courants d'eau s'opposent à la continuation des fouilles; ce qui nécessite l'emploi de pierres ou pilotis et entraîne souvent à des dépenses considérables.

Le béton est un moyen facile pour remplir les conditions de stabilité et obvier aux inconvénients de l'enfoncement des pieux.

En effet, quelle que soit la nature du sol, on peut créer avec le béton un terrain artificiel beaucoup plus solide, plus compacte et moins compressible que la terre franche la plus dure; seulement, il faut avoir soin de donner sous les constructions le plus d'empâtement possible à la couche du béton qu'on y étendra.

Pour fabriquer le béton, on prend de la chaux vive, la plus récemment tirée du four; on l'étend dans un bassin proportionné à sa quantité. Ce bassin n'est autre que la matière et le sable mêlés qui doivent l'une et l'autre entrer dans la composition du béton et que l'on a disposés circulairement pour contenir l'eau et la chaux.

Dès que la chaux est éteinte, et encore chaude, on mêle à l'aide du rabot les diverses matières qui l'environnent. Lorsque cette opération est terminée, on doit de suite employer le mortier. — On donne à la couche de béton l'épaisseur convenable, suivant la nature du terrain et le poids des constructions à supporter; on a soin de battre et de fouler cette couche avec des maillets ferrés disposés pour cet usage. Bientôt, par la promptitude et

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