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en pavera donc solidement le sol en pierres dures ou en briques de champ, et l'on disposera ce pavé en pente nécessaire pour l'écoulement des urines.

COUPE DE LA MANGEOIRE.
Fig. 159.

Si le bois est commun dans le lieu où l'on construit, ou si l'on ne craint pas la dépense, on placera au-dessus du pavé un plancher percé de trous pour faciliter l'écoulement des urines. Les animaux ainsi placés reposeront mieux; il sera plus facile de les tenir proprement et ce qui n'est pas moins essentiel de les préserver de l'humidité.

Si l'on peut se procurer sans peine de la chaux ou des mortiers hydrauliques, on fera bien d'en employer en plaçant le pavé. Cela évitera tout dépôt intercalaire, conséquemment toute mauvaise odeur permanente; ce qui ne devra pas dispenser de laver ces pavés tous les jours, s'il est possible.

§ 56. Des soins de Propreté nécessaires dans les écuries, étables, etc.

De tous les animaux domestiques, le cheval est celui qui exige le plus de propreté et auquel les

mauvaises odeurs répugnent le plus. Les personnes qui veulent faire beaucoup de fumier mettent une grande quantité de paille sous leurs chevaux et laissent quelquefois la même litière durant des semaines. Le crottin, l'urine, la chaleur de l'écurie, réduisent bientôt en pourriture la paille, de laquelle s'élèvent continuellement des vapeurs trèsnuisibles aux animaux qui les respirent.

En outre, cette chaleur humide occasionne aux chevaux des maux de jambes et de pieds.

Quand le cheval peut se coucher pour dormir, la grande chaleur le force bientôt à se relever; il s'habitue à rester debout, ce qui augmente la fatigue. La même action de la litière fait grossir les sabots; autre effet causant de grands inconvénients.

Mais la pureté de l'air, au contraire, contribue à entretenir la santé et la vie des animaux autant que la bonté des aliments et les soins de propreté. Tout animal bien nourri, bien soigné, et qui respire un air pur, est rarement malade. C'est à l'impureté de l'air qu'il faut attribuer la plupart des maladies auxquelles les bestiaux sont sujets; et ce qu'il y de plus malheureux, c'est que le caractère de ces maladies est d'être contagieuses. L'expérience prouve que c'est souvent du sein d'une seule étable que sont sorties des maladies qui ont ravagé tout un canton, ses alentours, et souvent des provinces entières.

La transpiration si abondante des animaux, cet air brûlant qui sort de leur bouche et de leurs naseaux, leurs excréments, et jusqu'aux herbes dont on les nourrit, corrompent l'atmosphère des lieux où ils sont réunis. L'odeur du foin et de la paille, la poussière qui en sort lorsqu'on les se

coue, contribuent encore à remplir les écuries, les étables, les bergeries, etc., d'un air fort épais; il faudrait donc secouer cette paille dans la grange avant de la donner aux bêtes. Ce sont ces soins que l'on néglige parce qu'ils sont pour des animaux, qui deviennent souvent la cause de grandes incommodités et de grandes pertes: c'est alors que l'œil du maître est souvent nécessaire; aussi la beauté et la santé des animaux dont on tient les écuries propres sont très-remarquables.

Il serait fort utile de laver souvent les étables et les écuries, d'en blanchir les murs à la chaux, de nettoyer les différents ustensiles avec de l'eau un peu vinaigrée, d'enlever la poussière et les toiles d'araignées, de faire périr par des lotions âcres et caustiques les œufs des insectes, d'étriller non-seulement les chevaux, mais les boeufs, les vaches, de changer leurs auges et mangeoires, ou de les tenir nettes, enfin de construire des égouts et des réservoirs pour l'écoulement des urines et des ordures, de manière que les animaux soient très-proprement et dans un lieu bien sec. Il est surtout très nécessaire de les nettoyer souvent et de changer leur litière, car il faudrait mieux les laisser coucher sur un plancher propre que dans une litière pourrie et infecte. Si l'on a une fontaine près des écuries ou étables, on donnera une grande jouissance aux divers bestiaux qui y sont renfermés, en faisant couler l'eau de la fontaine au travers de l'écurie, dans une rigole; en rafraîchissant l'air, elle se purifiera, et ensuite servira aux arrosements des prairies où elle portera de l'engrais par suite de son passage à travers l'étable.

La propreté est un article essentiel sur lequel on ne saurait trop insister, puisque la santé de

l'homme et celle des animaux en dépendent. Une subsistance saine et abondante ne suffit pas, la propreté d'un animal est la moitié de sa nourriture. L'air déjà respiré n'est plus propre à la respiration; si l'air du dehors ne vient pas le renouveler, les animaux ne respireront plus que difficilement.

Il est rare que le cultivateur qui vit dans la fange n'y laisse pas vivre ses bestiaux; ses chevaux sont sales et dégoûtants, ses instruments aratoires en mauvais état; il cultive mal; ses greniers sont remplis d'ordure, et sa famille est dans la misère. Tout s'enchaîne dans les travaux champêtres, et lorsqu'on néglige les petits détails, on aura bientôt des motifs de négliger des soins plus importants.

On ne peut contester l'avantage des rigoles ou canaux qui servent à conduire les eaux d'écurie dans un puisard ou réservoir commun. Non-seutement c'est un moyen sûr de préserver les bâtiments de l'humidité, ainsi que les animaux qui y sont logés, mais aussi on se procurera un excellent engrais. Les cultivateurs ne doivent donc pas négliger d'en construire au moins un dans chaque ferme.

Le pauvre habitant de la campagne se contentera souvent d'enterrer un tonneau derrière son étable pour recueillir cet engrais précieux.

Le bon sens apprend qu'on doit l'éloigner de l'habitation; et cependant il est rare que ce cloaque ne soit pas placé près des maisons et souvent même dans les cours. Qu'arrive-t-il? Les habitants de la métairie gagnent à la longue des physionomies plombées, et ils disent que l'air qu'ils respirent est malsain. Mais pourquoi rejeter sur la qualité de l'air atmosphérique ce qui est l'effet de la pure négligence? Supprimez la cause et le mauvais effet

cessera.

Il existe beaucoup de localités dans les habitations de campagne et dans les villages, même dans ceux qui avoisinent les grandes villes, où l'on trouve une mare fétide tellement située, qu'on serait tenté de croire qu'on a eu l'intention d'infecter de miasmes putrides toutes les maisons du village. Que dire de la paresse et de l'apathie de ceux qui placent leur forme à fumier sous leurs fenêtres, et le plus souvent devant la porte, de manière que pour entrer chez eux il faut marcher dans la fange?

En disposant avec intelligence le local où ils déposent la litière de leurs bestiaux, les habitants d'un village pourraient y porter toutes les immondices qu'ils jettent devant leurs habitations; ils auraient un sol aéré, propre et salubre, une augmentation dans leurs engrais, et par conséquent dans les productions qu'ils cultivent.

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Le succès de l'industrie agricole qui consiste dans l'élève de la volaille dépend, en grande partie, de la bonne disposition et de la salubrité des bâtiments qu'on y destine. La poule craint le froid, la trop grande chaleur, l'humidité et les mauvaises odeurs. Le froid l'engourdit, retarde et diminue la ponte; la chaleur trop vive l'affaiblit; le manque d'air cause la constipation et autres maladies inflammatoires; l'air ou les lieux humides lui donnent des affections goutteuses; une atmosphère infecte la rend languissante. Enfin, si les murs ne sont pas recrépis avec soin, si le sol n'est pas bien carrelé, les rats, les souris, les insectes s'y nicheront, troubleront son repos et l'empècheront de prospérer. Les poulaillers doivent être construits aussi soi

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