cas, à moins qu'on ne cherche à s'éclairer par quelques tâtonnements. --De cette manière, si le calcaire de la localité ne fournit qu'une chaux peu hydraulique, on pourra toujours, en y ajoutant de l'argile, se procurer la chaux telle qu'on la désire.

EXTINCTION DE LA CHAUX.

L'extinction de la chaux peut se faire de diverses manières :

1° L'extinction ordinaire: elle s'opère en plaçant de la chaux vive dans une cuve en bois, et on la réduit en pâte épaisse en y versant de l'eau. La matière porte en général, après cette opération, le nom de chaux coulée, parce qu'on la fait couler de la caisse dans un trou creusé dans le sol.

2° L'extinction par immersion: elle consiste à plonger un panier rempli de chaux en morceaux dans l'eau pendant quelques secondes, à le retirer ensuite et à en verser le contenu.

5° L'extinction par aspersion.- La chaux, disposée en tas plus ou moins volumineux, est arrosée au moyen d'un arrosoir ordinaire, et réduite ainsi en poudre. - Quelquefois, et cela vaut mieux; on en forme de petits tas d'environ 1/4 de mètre cube, qu'on recouvre de sable, et on les arrose de la même manière. Si l'on a soin de boucher avec du sable les fissures qui se forment à la surface de ces mottes par suite du gonflement de la chaux, et de s'opposer ainsi à l'échappement de la vapeur, on obtient une chaux parfaitement éteinte et réduite en poudre très-fine.

Le rendage des chaux éteintes par l'un des deux procédés décrits en dernier lieu est :

Pour les chaux grasses, de 1,50 à 1,70 pour 1;

Pour les chaux hydrauliques, de 1,80 à 2,18 pour 1.

Les matières sont mesurées en poudre avant comme après l'extinction.

4° L'extinction spontanée: elle consiste à laisser la chaux exposée à l'air atmosphérique dont elle attire peu à peu l'humidité.

Les chaux hydrauliques peuvent être éteintes indifféremment par le procédé ordinaire ou par immersion. L'extinction spontanée ne doit jamais être employée pour ces sortes de chaux, elle en altère la qualité.

Pour les chaux grasses, l'extinction par immersion et ensuite l'extinction ordinaire.

La méthode d'extinction influe peu sur la qualité d'un mortier à chaux grasse lorsqu'on emploie une pouzzolane énergique; mais dans le cas où l'on ne peut employer que des matières peu ou point énergiques, l'extinction a une grande influence sur la qualité du mortier.

CONSERVATION DE LA CHAUX.

On conserve les chaux grasses vives en les plaçant dans des fosses peu perméables à l'humidité, où elles sont recouvertes ensuite d'une couche de 0m25 à 0m50 de sable ou de terre.

Éteintes, en poudre, par immersion, ou spontanément, elles se conservent pendant un temps trèslong dans le même état, quand on les place dans des futailles, ou sous des hangars, dans des encaissements recouverts de toile ou de paille. On peut se dispenser, d'après ce qui a été reconnu que l'extinction spontanée convenait aux chaux grasses, de prendre de grandes précautions pour

leur conservation, il suffit seulement de les préserver de la pluie.

On peut conserver les chaux hydrauliques en les éteignant par immersion et en les renfermant ensuite dans des sacs de toile ou des barriques bien bouchées; de cette manière elles peuvent se garder pendant assez longtemps et sans altération bien sensible.

On peut encore conserver cette chaux vive pendant 3 à 6 mois en s'y prenant de la manière sui

vante :

On en étend une couche de 15 à 20 centimètres d'épaisseur, éteinte par immersion ou par aspersion, sur le sol d'un hangar qui doit être bien sec; on empile sur cette couche la chaux vive en la tassant, et l'on recouvre tout le monceau d'un revêtement de chaux éteinte de la même épaisseur que celle qui a servi pour la base. - Cette chaux éteinte, remplissant les interstices, empêche l'accès de l'air humide.

Les ciments dont nous allons parler au S 19, s'altérant plus encore à l'air que les chaux hydrauliques, ne peuvent se conserver que dans des barriques bien bouchées.

La conservation des pouzzolanes factices ou naturelles, dont nous parlerons tout à l'heure au § 15, exige peu de soin : les dernières sont en effet exposées naturellement à toutes les vicissitudes de l'atmosphère. Une pouzzolane nouvellement fabriquée et bien sèche ayant cependant une influence sur la vitesse de prise des mortiers, il faudra conserver les matières à l'abri de l'humidité, dans des hangars.

Des substances que l'on mêle à la chaux pour en former les mortiers.

Les substances que l'on mêle à la chaux pour en former les mortiers se divisent en inertes et énergiques.

Les matières inertes sont celles qui ne communiquent aucune propriété particulière à la chaux avec laquelle on la mélange tels sont les sables, les graviers, le gré pilé, etc.

:

Les matières énergiques sont celles qui, mélangées à la chaux grasse, donnent au mortier des propriétés hydrauliques.

§ 14. Des Sables.

Les sables se divisent, quant à leur composition, en sables siliceux, calcaires ou argileux, selon leur propre nature, et aussi suivant les matières avec lesquelles ils sont mélangés.

Quant à la grosseur et à la forme de leurs grains, les sables se divisent encore en :

Sables proprement dits, formés de petits grains sphériques;

Graviers dont les grains, de formes irrégulières, peuvent aller jusqu'à avoir un volume de centimètre cube;

Arènes comprenant les variétés intermédiaires. entre les sables et les graviers.

Le sable sert dans les mortiers à diviser la chaux, à rendre ainsi les mortiers plus poreux et à faciliter les réactions de l'acide carbonique ou de l'eau, auxquels on doit attribuer, selon toute apparence, leur solidification.-Il faut les choisir d'une

grosseur moyenne trop gros, ils ne divisent pas suffisamment la chaux; trop fins, ils ne rendent le mortier assez poreux.

pas

Voici comment on pourrait les classer selon l'ordre de mérite de leur emploi :

1° Avec les chaux éminemment ou simplement hydrauliques 1° sables fins; 2° sables à grains inégaux (arènes); 5° gros sables (graviers).

2o Avec les chaux moyennement hydrauliques : 1° sables à grains inégaux; 2° sables fins; 3° gros sables.

5o Avec les chaux grasses: 1° gros sables; 2° arènes; 5° sables fins.

Il faut, en général, employer des sables purs. M. Treussart a trouvé que l'emploi de sable lavé donnait au mortier une résistance double de celle qu'il avait quand on faisait usage de sable non lavé.

On nomme pouzzolane naturelle une substance minérale qui a subi l'action du feu et que l'on trouve dans les contrées volcaniques. Cette substance prend son nom de la ville de Pouzzol, en Italie, d'où on la tirait anciennement. Elle est très-poreuse et extrêmement légère. Mêlée avec de la chaux, elle a une cohérence très-intime avec la pierre, et le tout devient, en peu de temps, d'une dureté extraordinaire. On la trouve dans plusieurs contrées de l'Italie, en France et sur les bords du Rhin, aux environs d'Andernach.

Les lieux d'où se tire la pouzzolane étant peu nombreux, et cette substance étant rare et chère, on a cherché à s'en procurer artificiellement.