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On voit donc que cette dépense est extrêmement modérée, puisqu'elle n'est qu'égale à celle d'un pavage dans les conditions ordinaires. Quant aux avantages du système en lui-même, ils sont incontestables, notamment pour les moutons, sous le rapport de la conservation des laines fines, dont la qualité doit être intacte pour les teintures délicates. Après ce premier essai, dont les résultats ont été constamment satisfaisants, nous avons employé un autre mode plus économique encore et qui atteint exactement le même but. Il consiste, en conservant les supports distants de 1 mètre de milieu en milieu et élevés de 0-30 au-dessus du sol de la bergerie, à laisser aux planches de chêne leur dimension entière, sans les recouper, ni les refendre, ni les clouer, attendu que sur la longueur de 400 elles se maintiennent très-bien par leur propre poids.

Ces planches de 0m20 à 0m23 de largeur, simplement juxtaposées et laissant entre elles un léger intervalle, sont percées de trous de tarière, de Om010 à 0m012 de diamètre, espacés arbitrairement; de cette manière elles ne laissent point séjourner d'urine. Quant aux déjections sèches, on doit les balayer chaque matin en été, deux fois par jour en hiver, en sorte que le plancher soit toujours sec et propre quand les moutons veulent s'y coucher.

Ce dernier mode de construction ne donne lieu qu'à une dépense d'environ francs 2 60 par mètre superficiel. Il a l'avantage de laisser presque intactes les planches dans leur longueuret leur largeur primitives. Dès lors, en cas de changement de destination, elles pourraient servir à d'autres usages; ce qui n'a pas lieu dans le second cas, puisque les planches sont coupées et refendues.

Faisons remarquer seulement que cette modification n'est applicable qu'à la stabulation des moutons, mais ne le serait pas à celle du gros bétail pour lequel on ne peut éviter d'avoir les planchers mobiles disposés en panneaux barrés et solidement cloués

Quant au résultat final du système Huxtable, il est indépendant de ces variantes et nous semble présenter sur tous les autres une supériorité incontestable, mais particulièrement pour les moutons, en ce qui concerne la conservation de la qualité des laines fines, si facile à altérer.

Pour rendre notre expérience tout à fait comparative, une dernière objection restait à résoudre, et nous l'avons prévue. En effet, on pourrait croire que les moutons ne restent que parce qu'ils y sont contraints sur ces planchers où ils trouvent un repos bruyant et inusité pour eux.

Pour éclairer ce doute d'une manière positive, nous avons fait réserver près de chaque compartiment de plancher, et de l'autre côté du râtelier, des espaces entièrement semblables, non planchéiés et garnis de bonne litière. Or, les moutons, brebis et agneaux ayant ainsi la plus complète liberté d'option, ont toujours préféré le plancher à la litière.

C'est la preuve que si le système est favorable à la conservation de la qualité des laines, il ne l'est pas moins à la santé des animaux; de sorte qu'il répond complétement aux avantages que l'on pourrait en attendre.

Ayant ainsi décrit avec les détails nécessaires les divers modes de stabulation qui ont été le plus récemment appliqués et dans lesquels l'industrie rurale peut trouver désormais de précieuses res

sources, il nous reste à reprendre, pour la traiter à fond, la même question en ce qui touche les écuries, étables et bergeries de l'ancien système; car, dans l'état actuel des choses, ces constructions constituent encore la presque totalité de celles qui servent à l'exploitation du bétail dans toutes les contrées du monde.

§ 63.

Divers modes de pavage et d'écoulement des urines dans les écuries, étables, cours de ferme, etc.

Le sol des étables, ainsi que celui des écuries, doit être nécessairement revêtu d'une couche imperméable et présenter, en outre, des pentes convenablement distribuées pour assurer l'écoulement des urines, qui se produisent en très-grande abondance, notamment avec les vaches laitières auxquelles on fait consommer des fourrages verts pendant la plus grande partie de l'année; autrement le terrain, bientôt détrempé, resterait constamment boueux et imprégné de matières putrescibles dont les émanations ne seraient qu'en partie évitées par l'interposition de la litière.

Un pavage quelconque est donc indispensable; mais il y a presque toujours un choix fort important à faire entre divers systèmes, attendu que, à solidité égale, il y a de très-grandes différences dans le chiffre des dépenses, ainsi qu'on peut le voir par les détails que nous donnons. Ces dépenses peuvent varier dans le rapport de 1 à 4; or, l'économie, si désirable et même si indispensable dans toutes les branches de l'architecture rurale, n'est jamais mieux placée que quand elle s'obtient sans compromettre en rien la durée d'un ouvrage; et c'est ce qui a lieu ici.

L'ignorance des ressources variées que présentent diverses natures de matériaux pour la confection des pavages, tant intérieurs qu'extérieurs, dans les exploitations rurales, donne lieu souvent à des dépenses superflues, d'autant plus regrettables que ces excédants de dépenses eussent pu être reportés avec beaucoup d'utilité sur d'autres articles restés en souffrance dans l'ensemble de l'exploitation.

Ces considérations justifient le développement donné à la matière de ce paragraphe.

Le genre de pavage à préférer dépend principalement des ressources du pays en matériaux propres à cette destination. Depuis le pavé d'échantillon de la plus forte dimension jusqu'à une mosaïque faite en petits cailloux enchâssés dans un ciment convenable, on peut employer des matériaux de toute grosseur; mais la préférence doit être donnée au système qui concilie le mieux la solidité ou la longue durée avec l'économie dans les frais d'établissement.

Nous parlerons d'abord du pavage proprement dit, dans les conditions où il peut convenir aux écuries et étables.

On distingue, dans la pratique, quatre espèces de pavage, savoir: 1° le gros pavé cubique d'échantillon, qui a 0m22 sur toutes les faces; 2o le petit pavé également d'échantillon, et ayant en largeur 016 sur 022 et 0-22 de hauteur; 5° le pavé bȧtard, composé de divers échantillons de 016, 0°18, 0-22 `d'équarrissage, de manière à n'être appareillé que dans une seule rangée; 4o enfin il y a une quatrième espèce de pavage plus économique que les précédents et suffisamment solide pour l'usage dont il s'agit. On y emploie des pavés dé

doublés, résultant de la refente ou des principaux éclats obtenus, en carrière, dans la taille des pavés d'échantillon. C'est pourquoi il est nommé vulgairement pavé de deux ou pavé dédoublé.

Dans les pays voisins des carrières de grès, c'està-dire qui n'en sont pas éloignés de plus de 20 à 30 kilomètres, le prix des pavés d'échantillon n'est pas très-élevé, et si ces carrières fournissent des grès passablement durs, le pavage bien confectionné est presque inusable dans les cours de ferme, où il est beaucoup moins fatigué que sur les grandes routes. Cela a lieu à plus forte raison dans les écuries.

Mais il est très-rare que pour l'usage qui nous occupe on ait besoin de recourir à un mode de pavage aussi dispendieux. Les pavés d'échantillon ayant 0-22 d'équarrissage n'ont reçu une dimension aussi massive que pour résister sur les routes à la fatigue du gros roulage et des voitures publiques; mais elle est trop forte pour l'usage des écuries, étables, et même aussi pour les cours de ferme.

L'économie qui semblerait devoir résulter de l'emploi des pavés de moindre grosseur est souvent illusoire, par la raison que plus l'échantillon est petit, plus la pose comporte de sujétions. Ainsi, le pavé régulier de 016 sur 0m16 avec 020 à 022 de hauteur, ne coûte que 22 francs le cent au lieu de 50 francs. Mais il en faut 36 au mètre au lieu de 16, et ensuite, comme il est d'usage de poser ce genre de pavé par rangées diagonales, il en résulte plus de sujétions et de main d'œuvre; de sorte que, à conditions égales, il revient à quelque chose de plus que le précédent, c'est-à-dire à environ 10 francs le mètre.

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