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On donne le nom de pierre calcaire ou de pierre à chaux à toute matière minérale renfermant au moins la moitié de son poids de carbonate de chaux et qui, après avoir été calcinée, jouit de la propriété d'absorber l'eau avec ou sans dégagement de chaleur, de se déliter en passant à l'état d'hydrate et de se solidifier au bout de quelque temps d'exposition à l'air ou sous eau.

On appelle chaux grasse celle qui, par l'extinction pratiquée à la manière ordinaire, double de volume et au delà, et dont la consistance, même après plusieurs années d'immersion, est toujours la même que lorsqu'elle a été employée. Elle supporte dans la fabrication du mortier une forte quantité de sable, et durcit lentement à l'air.

Cette chaux ne durcissant point et se dissolvant entièrement dans l'eau fréquemment renouvelée, ne peut être employée dans les constructions immergées ou exposées à l'humidité.

On nomme chaux maigre celle qui, par l'extinction, n'augmente que peu ou point de volume, et ne durcit pas sous l'eau; elle diffère de la précédente, d'abord par son foisonnement, et ensuite parce qu'elle ne se dissout que partiellement dans l'eau en laissant un résidu sableux sans consistance et sans cohésion. Elle ne prend que peu de sable pour former le mortier, et acquiert à l'air une certaine dureté en peu de temps.

On appelle chaux hydrauliques celles qui, réduites en pâte forte et employées ou mélangées à des matières inertes, c'est-à-dire qui ne peuvent modifier leurs propriétés, telles que le sable, le gravier, etc., dans des ouvrages exposés à l'humidité ou immergés, durcissent en peu de temps.

Elles ne foisonnent que peu ou point par l'extinc

tion à la manière ordinaire; on les divise en moyennes, ordinaires, ou fortes, selon leur vitesse de prise.

Leschaux moyennement hydrauliques durcissent sous l'eau après une quinzaine de jours d'immersion; elles se dissolvent en grande partie, quoique avec difficulté, dans une eau fréquemment renouvelée.

Les chaux hydrauliques ordinaires font prise après six ou huit jours d'immersion.

Les chaux éminemment hydrauliques font prise du deuxième au quatrième jour d'immersion : après un mois elles sont déjà très-dures et entièrement insolubles; au sixième mois, elles ont la consistance des pierres calcaires, et par le choc elles donnent des éclats dont la cassure est écailleuse.

La couleur de la chaux est très-variable et n'influe en rien sur ses qualités, elle ne peut donc donner d'indications certaines.

On dit que la chaux a fait prise lorsque, éteinte à la manière ordinaire, réduite en pàte forte, et immergée sans mélange, elle peut supporter sans dépression sensible un poids de 26 kilogrammes

par centimètre carré; en cet état, la matière résiste à la pression du doigt poussé avec la force moyenne du bras, et ne peut changer de forme sans se briser.

Pour essayer la chaux, on l'éteint, puis on la réduit en pâte forte que l'on pilonne bien; on introduit cette pâte dans un vase quelconque, dans un verre ordinaire, par exemple, que l'on remplit jusqu'aux deux tiers environ; on la tasse fortement en frappant le fond du vase qui la renferme avec la main, et on la plonge dans l'eau en notant le moment de l'immersion. En la visitant de temps à autre, on

pourra s'assurer du moment où elle aura fait prise et la classer dans une des catégories indiquées cidessus.

Il est toujours facile de reconnaître à quelle classe appartiendrait la chaux que l'on pourrait obtenir d'un calcaire donné, sans devoir soumettre celle-ci à la calcination.

Le calcaire à chaux grasse étant composé de carbonate de chaux, son mélange 'se dissoudra entièrement dans les acides azotique (eau-forte) ou chlorhydrique (acide muriatique ou esprit de sel) étendue d'eau.

Le calcaire à chaux hydraulique laissera un dépôt composé d'argile qui pourra être plus ou moins mêlée de sable. La quantité plus ou moins forte d'argile indiquera le plus ou moins d'hydrauliquité de la chaux. Pour connaitre la vitesse de la prise de la chaux qui résulterait de ce calcaire, le moyen le plus facile serait de le calciner et de traiter. la chaux comme nous l'avons indiqué précédemment.

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Les chaux maigres sont données par les calcaires contenant la silice à l'état de mélange. Les chaux hydrauliques sont données par les calcaires qui la contiennent à l'état de combinaison avec l'alumine ou à l'état d'argile.

Des expériences faites en France par M. Vicat, en 1818, en Belgique par M. M. Carez, ingénieur des ponts et chaussées, en 1844, il résulte que toute influence hydraulisante doit être attribuée à la présence de l'argile. Voici dans les trois classes de chaux hydrauliques les quantités qu'ils ont trouvées sur cent parties de calcaires à l'état naturel :

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Après cuisson complète de ces calcaires, les chaux qui en résultent contiennent 100 parties de chaux pure, respectivement 44, 36 et 22 parties d'argile.

La magnésie communique également à la chaux des propriétés hydrauliques, mais son influence est beaucoup moindre que celle de l'argile; elle doit se trouver combinée dans la proportion de 40 à 50 pour %.

Les localités qui contiennent des calcaires à chaux hydrauliques sont assez nombreuses en Belgique; on en a trouvé dans les provinces de Luxembourg, de Namur, de Liége, de Hainaut, et dans certaines parties du Limbourg.

CHAUX HYDRAULIQUE ARTIficielle.

Par les expériences faites, il a été constaté, comme nous l'avons déjà dit, que la propriété hydraulique provenait d'une certaine quantité d'argile en combinaison avec la chaux dans les calcaires qui la produisent.

Dans les localités qui ne présentent pas le calcaire propre à donner la chaux hydraulique, on a essayé de la former de toutes pièces en combinant les éléments, c'est-à-dire les chaux grasses à l'argile. Ce procédé a parfaitement réussi.

On fait un mélange de chaux grasse éteinte et d'argile dans les proportions propres à donner la

quantité de chaux désirée; ce mélange réduit en pâte est moulé en briques sèches qui sont mises à la cuisson. La chaux quien provient donne de bons résultats dans l'application: on l'appelle chaux artificielle de double cuisson.

Le prix de revient de cette chaux étant très-élevé à cause de la quantité de combustible employé pour calciner d'abord le calcaire et ensuite le mélange de chaux et d'argile, on a cherché à les combiner plus directement.

On prend pour cet usage les calcaires tendres, tels que la craie, que l'on réduit en poudre; on la forme en pâte en y incorporant une certaine quantité d'argile, on la moule et on la calcine ensuite dans des fours. (Préalablement il est bon de faire un essai sur une certaine quantité de calcaire pour en connaître le rendement en chaux.)

Les quantités de chaux ou de calcaire et d'argile à employer varient suivant le résultat qu'on veut obtenir.

Une partie d'argile et neuf parties de chaux (ou une quantité de calcaire équivalente) donnent une chaux moyennement hydraulique.

Une partie d'argile et quatre parties de chaux donnent une chaux fortement hydraulique.

Le feu pour la calcination de ces matières doit être mené avec beaucoup de soin ; il doit être assez soutenu pour que la calcination soit complète, mais il faut qu'il ne soit pas trop violent: il pourrait faire éprouver un ramollissement ou un commencement de fusion aux matières qui y sont soumises et qui, dans ce cas, seraient perdues.

Si le calcaire que l'on emploie est déjà mélangé d'argile, il est évident que la quantité à ajouter diminuera. L'analyse chimique doit guider dans ce

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