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contact avec la glace la ferait fondre. Mais pour pouvoir effectuer cet écoulement, il faut que le fond du puits se trouve, au moins d'un côté, à un niveau plus élevé que celui du terrain environnant, et à une distance plus ou moins rapprochée; autrement il serait impossible de procurer une pente convenable au conduit souterrain qui doit dégorger les eaux de ce puits. D'un autre côté, ce con

duit établit une communication directe avec l'air extérieur et celui de l'intérieur de la glacière, et cette communication peut quelquefois avoir une influence fâcheuse sur sa température intérieure et conséquemment en faire fondre la glace.

Pour prévenir ce dernier inconvénient, on fera bien de placer dans le conduit un coupe-air pour intercepter toute communication.

Enfin, dans les terrains exposés aux inondations, on ne peut creuser en terre le cône de la glacière, car les eaux y pénétreraient à la longue, malgré les précautions que l'on prendrait pour la préserver de cet accident. Le puits même doit être élevé au-dessus du sol, afin d'assurer l'écoulement des eaux de glace qui s'y réunissent.

Il arrive souvent que la glace fond dans une glacière nouvellement construite, parce que les murs ne sont pas encore secs; mais lorsqu'elle a été bien faite, la glace n'y fond plus la seconde année.

§ 39.

Détails de construction d'une glacière
américaine.

Nous empruntons à l'ouvrage de M. Bordley la description d'une glacière telle qu'on les construit dans le nouveau monde.

En 1771 (c'est M. Bordley qui parle), je con

struisis une glacière sur un terrain plat, dont le niveau était élevé de 500 au-dessus des plus hautes inondations d'une rivière salée, et à 80 mètres de ses bords. J'eus un soin particulier, selon l'usage alors dominant, d'empêcher que l'airn'y pénétrât. La capacité de la fosse étant de 1,728 pieds cubes, on put y arranger jusqu'à 1,700 pieds de glace; mais la glace s'y fondit, même avant l'été, parce que la fosse était trop humide et la glacière trop close. Effectivement, lorsqu'on la creusa, l'on aperçut un peu d'humidité au fond, et, pour une glacière, un peu est trop. La moindre humidité, soit au fond, soit sur les côtés, s'élève en vapeurs aux parois du dôme par l'effet d'une chaleur qui est encore de beaucoup supérieure au degré de congélation; car, dans les puits les plus profonds et les plus frais, le thermomètre marque environ 9 degrés de température au-dessus de zéro, et la glacière étant bien close, ces vapeurs retombent sur la glace, faute de soupirail par où elles puissent s'échapper.

D'où il résulte 1° que si une glacière bien close n'est pas souvent ouverte, elle devient tout à fait chaude et la glace s'y ramollit à la surface comme de la neige; 2° qu'aucune profondeur ne peut préserver la glace de fusion, et même que c'est en voulant donner trop de profondeur à une glacière, qu'elle est plutôt exposée à cette moiteur du sol qui la fait fondre.

Quelques années après, je fis une autre glacière à 150 mètres de la précédente; mais je procédai sur d'autres principes. Mon principal objet fut d'avoir de l'air et de la ventilation, afin d'obtenir sécheresse et fraicheur. Je conçus l'idée d'isoler du terrain la masse de glace, en la mettant dans. une caisse en bois, éloignée d'un pied par le bas et

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de deux pieds par le haut, de la clôture de la glacière. La fosse fut creusée dans un lieu exposé au vent et au soleil, afin de la rendre bien sèche. La profondeur fut de 9 pieds anglais. La cage fut placée dans cette fosse, et le vide entre ses parois et celles de la cage fut rempli avec de la paille bien sèche et bien foulée, comme étant le plus mauvais conducteur de la chaleur. Cette cage contenait à peine 700 pieds cubes de glace, c'està-dire la moitié des glacières ordinaires. Je la couvris d'une petite cloison de planches mal jointes pour la préserver de la pluie plutôt que pour la clore. Les côtés de cette maison étaient élevés de 5 à 6 pieds, et je laissai au faite du toit un soupirail recouvert. Le dessus de la cage fut aussi couvert de paille après l'introduction de la glace.

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L'on usa largement et sans économie des 700 pieds cubes de glace, et cependant elle dura, sans se fondre, aussi longtemps que la quantité double d'une autre glacière placée dans un terrain sec et graveleux, mais qui était fermée selon le principe ordinaire.

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Une autre glacière construite suivant les principes de M. Bordley est celle que nous allons décrire. Le fond de sa caissé est établi à 4 pieds seulement au-dessus du niveau de l'eau, et elle n'est enterrée que de 3 pieds.-Cette glacière présente quelques différences avec celle que nous venons de décrire. 1o Au lieu de la petite maison en planches mal jointes pour enclore la cage, on a remblayé les côtés extérieurs de cette clôture jusqu'à la hauteur du bas de la couverture qui est ici en paille. 2o La cage est recouverte par un toit particulier en planches mal jointes, et cette ouver

ture extérieure n'existe pas dans le premier exemple. Pour le reste, elles sont en tout semblables.

§ 40.

Comparaison des glacières ordinaires avec les glacières américaines.

Quelque opposés que paraissent être les principes qui servent de base à la construction de ces deux espèces de glacières, il n'en est pas moins certain que la glace se conserve bien dans les glacières ordinaires, quoique parfaitement closes, mais que dans les terrains naturellement humides ou exposés aux inondations, leur construction occasionne des dépenses auxquelles l'homme simplement aisé ne pourrait pas toujours se livrer.

D'un autre côté, il est également prouvé, par le rapport des voyageurs, que dans l'Amérique séptentrionale et sous une température analogue à la nôtre, on construit d'excellentes glacières sur des principes absolument différents, et que leur construction devient comparativement d'autant moins dispendieuse que les circonstances locales sont plus défavorables à leur établissement.

En effet, on a vu que dans les terrains les plus secs et les plus imperméables à l'eau, la construction d'une glacière ordinaire n'était pas d'une grande dépense. - Dans les mêmes circonstances locales, celle d'une glacière américaine de même capacité ne serait pas plus coûteuse; mais, dans ce cas même, celle-ci aurait sur la première un grand avantage, car une glacière ordinaire, pour bien conserver la glace, doit avoir une certaine capacité dont le minimum paraît être de 1,400 pieds cubes, tandis qu'une glacière américaine peut être réduite, sans inconvénient, à des dimensions pro

portionnées aux besoins d'un ménage d'une aisance ordinaire, besoins que l'on peut évaluer à 300 ou 400 pieds cubes de glace. Cette facilité de réduire les dimensions de la glacière américaine suivant les besoins doit donc nécessairement diminuer la dépense de construction.

Il résulte de ces rapprochements et de l'agréable utilité de l'usage de la glacière en été, que l'on devrait chercher à imiter en Belgique les glacières américaines. Pour en faciliter les moyens, nous en avons projeté une dont les figures 104, 105 et 106 offrent le plan, l'élévation et la coupe.

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PLAN D'UNE GLACIÈRE AMÉRICAINE

Fig. 104.

A est une cage dont le bâtis est en charpente de 0m12 et 0 18 d'équarrissage et les barreaux en chevrons. Elle est posée dans le fond du trou, sur deux patins de charpente qui l'isolent du point G. -Cet intervalle est rempli par des fagots, pour garantir la glace entassée dans la cage de l'humidité inférieure, et en même temps pour que les

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