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Des précautions à prendre pour la vidange des fosses fixes.

Pour prévenir de fâcheux accidents lors de la vidange d'une fosse, il est nécessaire de s'assurer qu'elle ne contient pas de gaz capables d'asphyxier les personnes qui y descendront. Pour cela on jette dans la fosse d'aisances de la chaux vive réduite en poudre délayée dans un peu d'eau; on l'introduit dans la matière en l'agitant avec une perche, afin de faciliter le dégagement du gaz méphitique qui se trouve ordinairement sous une croûte qui se forme à la surface des matières fécales. La proportion de chaux dépend de la masse des matières et de la cessation du méphitisme.

Les fosses d'aisances pour le simple habitant de la campagne ou pour les ouvriers et domestiques exigent moins de précautions que les autres, parce qu'elles doivent être nettoyées tous les quinze jours. Le coin d'une cour dans la partie la plus reculée du terrain; un mur léger par devant, une porte et une toiture légère suffisent. Une planche large et épaisse de 5 à 6 pouces doit recouvrir un petit mur, ou mieux encore une séparation en planches fortes. Le fond de ce cabinet d'aisances, ainsi que la circonférence des murs, sera garni deterre glaise bien corroyée, afin d'empêcher l'infiltration. La fosse aura un mètre au plus de profondeur et sera aussi large que le cabinet; elle sera recouverte par des planches mobiles qui porteront par leurs extrémités sur des chevrons fixés au mur. -Cette fosse sera remplie de mauvaisse paille jusqu'à la moitié de la hauteur pendant l'été, et tous les quinze jours ou trois semaines le fumier sera en

levé. — Le point qui indique le moment de le faire est lorsque la paille parait bien humectée, et il convient même, en la jetant dans la fosse, de l'arroser de quelques seaux d'eau.

ART. VIII.

§ 28.

Des

Des arrosements en grandes cultures. engrais liquides. Cause et origine des arrosages en grand.

Quand La Fontaine se riait si spirituellement du métayer de Jupiter, il ne se doutait certainement pas qu'en plein xixe siècle de vrais cultivateurs voudraient tenter de se mettre dans des conditions sinon identiques, au moins analogues à certains égards. - L'exemple qu'il citait n'était pourtant pas encourageant pour les novateurs.

Au lieu d'échouer, les novateurs ont réussi à quintupler leurs récoltes. Il est vrai qu'ils ne sont pas placés précisément dans les conditions de l'homme de la fable; car, s'ils peuvent à volonté faire la pluie sur leurs champs, ils sont, quant à présent, obligés de se contenter du temps qui vient, absolument comme le commun des martyrs. Quant au moyen mis en usage, et c'est là ce qui nous intéresse le plus, nous pouvons affirmer de la manière la plus positive qu'il est déjà vulgarisé en Angleterre et qu'il peut être appliqué avec succès dans tous les pays agricoles. Il est par conséquent inutile d'ajouter que la Belgique ne pourrait manquer d'en obtenir les plus heureux résultats.Maintenant, examinons les raisons qui peuvent nous faire espérer qu'actuellement cette innovation ne

rencontrera pas la résistance qu'elle aurait pu éprouver jadis.

Aujourd'hui heureusement, la valeur fertilisante des engrais liquides, et notamment de ceux qui、 proviennent des déjections animales (depuis les urines jusqu'aux eaux-vannes), a cessé d'être contestée. Depuis longtemps on a pu se convaincre, par une observation plus attentive, que les plus belles touffes qui se rencontrent dans les champs ensemencés, et qu'on attribuait autrefois aux fèces ou crottins des chevaux, sont spécialement dues à leurs déjections urinaires. Ceci est le premier pas fait vers le progrès que nous espérons; car, toute simple qu'elle peut paraître, cette découverte a eu cet avantage de déraciner un préjugé chez une classe d'hommes dont les croyances ne cèdent jamais qu'à l'évidence la plus manifeste, et encore pas toujours.

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Cependant les cultivateurs du nord de la France, mettant à profit cette observation, ou se basant sur d'autres faits de ce genre, ont non-seulement recueilli les liquides fertilisants jusqu'alors inutilisés, mais ils en ont encore artificiellement fabriqué. -En délayant les matières solides avec les liquides, ils ont obtenu ce qu'ils appellent gutte, lizier, et ils ont eu tout lieu de s'applaudir des applications qu'ils en ont faites.

D'après la marche actuelle des améliorations agricoles, on pourrait espérer une rapide propagation de ces méthodes déjà très-avancées dans nos grands pays de culture. Cependant, on voit encore, même aux environs des grandes villes, le jus précieux des fumiers aller se perdre sans emploi sur les chemins, dans les mares ou dans les fossés.

On peut donc désirer encore pour le pays cet

amour du progrès, cette initiative, ce feu sacré du métier, qui distinguent si éminemment les agriculteurs d'outre-Manche. Aujourd'hui, il faut accélérer les bonnes tendances et se montrer plus difficile que par le passé, car les dernières applications pratiques dont nous allons parler viennent de mettre entre nos voisins et nous une distance considérable. Il nous faut absolument chercher à la diminuer.

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Un mot d'abord sur l'origine de la découverte.

A Port-Dundass, près Glascow, se trouve depuis 1843 une vacherie monstre, contenant mille vaches, et dirigée par M. Harvey, qui la possède encore aujourd'hui. Une vache, en moyenne, absorbant quotidiennement 60 kilogrammes d'eau, rendant de 8 à 10 kilogrammes d'urine et de 28 à 30 kilogrammes de déjections fécales, on peut calculer la masse immense d'engrais qui était produite: c'étaient 10,000 kilogrammes, soit 40 pièces bordelaises par jour ou 146,000 par année.

Bien que le canal calédonien servît à la consommation de la ville, M. Harvey y laissait couler le précieux liquide, par suite d'une tolérance monstrueuse, analogue à celle qui permettait, il y a peu d'années encore, quand la clarification des eaux était relativement dans l'enfance, aux eaux de Montfaucon de se décharger en amont de la Seine.

Cependant, l'administration municipale de Glascow signifia un jour à M. Harvey, dans un intérêt de salubrité publique, qu'il eût à changer de système ou à porter son exploitation ailleurs. - La vacherie de M. Harvey était alors en plein rapport; il plaçait fructueusement tout le lait de ses vaches, sans avoir besoin de faire ni beurre, ni fro

mage; cette branche de son industrie suffisait à elle seule, on le conçoit, à la prospérité de l'établissement. En présence de cette nouvelle mesure, il prit son parti résolument et se décida à utiliser sur ses propriétés la matière qu'emportait le canal, sans se douter alors qu'elle dût décupler sa fortune et apporter à l'agriculture une des plus importantes révolutions qu'elle ait subies de nos jours après le drainage.

Ses terrains ayant une faible pente et se trouvant encaissés par de petits coteaux, on disposa sur les crêtes principales de vastes cuves qui communiquaient par des tuyaux souterrains avec un réservoir général dans lequel sont aujourd'hui encore recueillies toutes les urines du nombreux troupeau de M. Harvey. Une pompe, mue par une machine à vapeur de la force de douze chevaux, fut destinée à monter le liquide dans les réservoirs, auxquels s'adaptent des tuyaux en fer mis simplement bout à bout en gobelets d'escamoteurs et qu'on peut allonger ou raccourcir à volonté.

Les choses étant ainsi disposées, quand il veut arroser ses prairies, M. Harvey se contente d'ajuster un tube de gutta-percha d'une longueur de 2 à 3 mètres, que terminent d'un côté une douille à vis et de l'autre une lance ordinaire, comme celle des pompes à incendie. Un homme ouvre à un signal donné le robinet de la cuve qui communique avec le tube articulé, et l'arrosement s'effectue avec une grande facilité; on laisse tomber le liquide presque à fleur de terre. Pour les mouvements circonscrits peu éloignés, le grand tuyau est traîné sur le sol. Lorsqu'il devient nécessaire de le transporter plus loin, à une autre cuve, on ferme le robinet, et on laisse le tube s'égoutter.

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