Page images
PDF
EPUB

Cela posé, examinons rapidement les convenances principales que réclament les diverses constructions de ce genre.

SECTION PREMIÈRE.

ARTICLE PREMIER.

§ 1. De l'économie dans les constructions.

Par économie nous n'entendons pas cette parcimonie que l'on met trop souvent dans l'exécution des constructions rurales et qui est une cause prochaine d'augmentation dans leur dépense d'entretien, mais bien cette circonspection sage et éclairée au moyen de laquelle on parvient au but avec le moins de frais possible, sans compromettre la solidité ou la convenance d'aucune des parties du travail. C'est là une vérité qui doit être évidente pour tout homme qui veut se livrer à l'amélioration de ses propriétés. L'économie doit s'étendre: 1° au nombre et à l'étendue des bâtiments que peut exiger chaque espèce d'établissement rural; 2o au choix des matériaux disponibles et à la manière de les employer, sans nuire à la solidité des constructions; 3° à la convenance de leur décoration, et 4° à la dépense de leur entretien.

[ocr errors]

Il faut donc observer avec attention le climat du pays, , les mœurs et les occupations de ses habitants, enfin les matériaux qu'il peut fournir.

Après avoir mûrement déterminé le nombre et la grandeur des bâtiments d'une exploitation rurale, il faut examiner la manière la plus économique de les construire.

Ces différentes constructions n'ont pas toutes be

soin d'une égale solidité, et cette solidité ne doit être que relative à leur destination.

§ 2. Du nombre et de l'étendue des bâtiments.

Les constructions rurales comprennent l'habitation du propriétaire ou du fermier, la demeure des agents subalternes de l'exploitation, les bâtiments destinés aux animaux domestiques, ceux qui servent à la conservation et à la multiplication des végétaux, ceux dans lesquels on réunit les divers objets utiles aux besoins journaliers de la culture ou du ménage, ceux qu'on destine à la préparation, à la formation ou à la conservation de différentes récoltes; ceux qui n'ont souvent d'autre but que la décoration des jardins ou des parcs, et que l'on a réunis sous le nom de fabriques; enfin les travaux d'art qui se rattachent immédiatement aux besoins de l'économie rurale.

[ocr errors]

On peut considérer les constructions d'abord isolément, sous le point de vue de leur convenance particulière, puis collectivement, sous le rapport de leur arrangement entre elles. Isolément, elles doivent être saines, commodes, construites avec solidité, propreté et économie. Collectivement, il faut qu'elles soient calculées, en nombre et en étendue, d'après la nature et l'importance de chaque exploitation; qu'elles soient situées les unes relativement aux autres et toutes ensemble, relativement à la propriété entière, de manière que les communications soient aussi faciles et aussi promptes que possible, pour éviter tout surcroît de travail et toute perte de temps; enfin, il convient qu'elles soient distribuées avec cette régularité et cette élégance modeste qui plaisent à la raison au

tant qu'à l'œil, parce que sans nuire à l'économie et à la durée, elles sont un indice certain d'aisance et de bien-être.

Il est de l'intérêt bien entendu du propriétaire de doter tout établissement rural du nombre et de l'étendue de bâtiments nécessaires à tous les besoins de son exploitation. S'il y avait insuffisance, il ne retirerait pas de sa propriété un fermage aussi élevé que celui dont elle serait susceptible, parce que le fermier ne pourrait pas y exercer toute son industrie. Si les bâtiments étaient trop nombreux et trop étendus, la condition du propriétaire deviendrait également désavantageuse, parce que les bâtiments superflus lui occasionneraient annuellement une augmentation de dépense d'entretien et, quelquefois, de reconstructions qui diminuerait d'autant le fermage qu'il en obtient.

Ainsi, tout le nécessaire, rien que le nécessaire est la maxime qu'il faut admettre dans les constructions que l'on se proposé d'édifier ou d'entretenir. Mais pour pouvoir la pratiquer en toutes circonstances, il faut connaître dans le plus grand détail les besoins ordinaires de chaque classe de cultivateurs, et même ceux qui seraient occasionnés par des cultures particulières. Les nécessités de culture une fois connues, il n'est pas difficile de projeter avec précision le nombre et l'étendue des bâtiments qu'il faut assigner à un établissement rural.

[ocr errors]

Pour y parvenir sûrement et sans rien oublier, il faut suivre l'ordre naturel des besoins de l'établissement; on peut le fixer ainsi : 1o habitation; 2o logements des animaux domestiques; 5° bâtiments nécessaires pour serrer les récoltes et

les fourrages; 4o ceux destinés à conserver les grains ainsi que les autres productions de la terre.

§ 3.

-

De la disposition des bâtiments.

La salubrité étant une question très-importante pour l'établissement d'un bâtiment rural, c'est d'elle que nous devons nous occuper d'abord.

La salubrité dépend: 1° de l'emplacement; 2o de l'orientement; 3° de l'ordonnance et de la distribution des divers bâtiments, et 4° des moyens dont on peut disposer pour combattre les influences délétères.

Quant à l'emplacement, on n'est pas toujours le maître de choisir celui qui serait le plus convenable pour y construire une habitation: souvent on est obligé de s'en tenir à un terrain donné ; le plus souvent on est réduit à améliorer des constructions existantes.

Si l'on est à même de choisir, il faut bien étudier le site eu égard au climat, la nature du sol, la position des sources, les vents dominants, les chemins environnants et la situation des terres que l'on veut exploiter.

L'on cherchera, autant que possible, à l'établir au centre de l'exploitation et sur une pente douce, afin que l'écoulement des eaux et le transport des fumiers puissent s'opérer facilement et à peu de frais. Une chose essentielle est de se trouver à proximité d'une source ou d'une fontaine qui puisse suffire aux besoins de l'habitation et des animaux domestiques, ou dans un endroit qui permette de construire un puits à peu de frais.

Cependant, si les sources et les fontaines se trouvaient dans des lieux bas, ces lieux étant sou

vent insalubres, il faudrait que les bâtiments fussent établis à une certaine distance et dans une position un peu élevée. Faute de prendre ce soin, la difficulté du renouvellement de l'air et la stagnation des eaux, qui sont le partage des localités basses, feraient bientôt sentir leur fâcheuse influence; les miasmes et l'humidité, en se développant, auraient pour résultat, surtout dans les années fort pluvieuses, d'engendrer des maladies pour les êtres organisés et d'entretenir dans les bâtiments une humidité permanente.

Pour obtenir aussi complétement que possible ce grand bienfait de la salubrité sans renoncer aux autres avantages de position centrale et de minimum de transport, etc., on a aujourd'hui deux moyens 1o choisir, toutes les fois qu'on le peut, une situation naturellement saine; 2° recourir, dans le cas contraire, à la puissante ressource du drainage qui procure à coup sûr cet assainissement là où il n'existait pas.

Si l'air, sans être assez mauvais pour empêcher que les bâtiments ne soient habitables, n'a pas toute la pureté désirable, il faut en combattre les effets par divers moyens. Il faut interposer un rideau d'arbres entre les bâtiments et les marécages, placer toutes les ouvertures du côté opposé aux sources du mauvais air, s'asseoir aussi près que possible des eaux courantes, s'il y en a à proximité; garantir les issues par des châssis, voûter les différentes pièces de l'habitation et donner de l'épaisseur aux murs pour éviter les variations de température et par suite la précipitation des miasmes, enfin prendre toutes les précautions hygiéniques recommandées tant pour les hommes que pour les animaux.

« PreviousContinue »