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ce que l'expérience a fait connaître dans la superposition d'une couche de paille épaisse de 2 centimètres, enflammée et consumée sur un toit ignifuge. Cette épreuve a été réitérée quatre fois sur le même fragment, où il n'est survenu que quelques légères fissures qu'un nouveau colorage a réparées.

6o Les bois les plus communs et par conséquent les moins chers, tels que le peuplier, le tremble, le platane, etc., peuvent servir et être réduits d'épaisseur pour former les charpentes destinées à recevoir les panneaux; tandis qu'il est indispensable d'employer le chêne et le sapin pour les couvertures d'ardoises et de terre cuite.

7° Un ouvrier couvreur peut dans sa journée de douze heures de travail attacher au moins 28m00 de panneaux et y appliquer l'enduit; le même ouvrier ne pourrait couvrir dans le même espace de temps que 2000 en pannes, 16m00 en tuiles et 8m00 en ardoises.

8° La paille dont se composent les panneaux se trouve abondamment dans toutes les campagnes. Les cultivateurs l'ont en tout temps à leur disposition puisqu'ils la récoltent eux-mêmes; ils peuvent employer à la confection de ces tissus, surtout dans les longues soirées d'hiver, les femmes, les enfants de 12 ans, ainsi que les domestiques de la ferme, ce qui réduit de beaucoup le prix. Les matériaux constitutifs de l'une ou de l'autre espèce d'enduit sont également dans toutes les localités.

9o Enfin, un dernier avantage qui doit être d'un grand poids dans l'économie agricole est celui de pouvoir convertir en fumier et en engrais pour l'amélioration des terres les 5/6 de la paille ou du

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chaume que l'on emploie journellement aux couvertures de l'ancien mode.

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Espérons que la réunion des avantages que nous avons cités n'échappera pas à la sollicitude des propriétaires et des agriculteurs. Ils ne tarderont pas à reconnaître les bénéfices qu'ils peuvent retirer d'une découverte faite entièrement dans leur intérêt, et dont le mérite, outre son extrême simplicité, est de détruire peu à peu la cause des incendies qui ont si souvent désolé nos campagnes. On verra se tarir d'elle-même la source d'un fléau qui compromet journellement la fortune publique et fait gémir l'humanité.

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Un simple feu de cheminée peut facilement causer un grand incendie, soit par la flamme et les flammerons qui s'échappent au haut de la cheminée et que le vent peut porter au loin, soit que cette cheminée, qui peut être vieille et presque toujours bâtie avec peu de mortier (surtout dans les campagnes), laisse ordinairement beaucoup d'issues à la flamme comme à la fumée dans les chambres ou les greniers de la maison même où le feu se manifeste. Il est donc important d'étouffer promptement ce commencement d'incendie, et l'on ne doit rien négliger pour y parvenir.

Dès qu'on s'aperçoit que le feu a pris dans un tuyau de cheminée, on doit aussitôt jeter dans le foyer allumé trois ou quatre poignées de soufre réduit en poudre. - On bouche immédiatement après le devant de la cheminée en y plaçant un bouchon ou un drap mouillé qu'on a soin de tenir fortement, de manière que l'accès de l'air soit impossible.

Lorsque le tuyau de la cheminée est garni à sa partie inférieure, vers la gorge, d'une trappe à bascule, il suffit de la fermer pour intercepter tout passage à l'air et étouffer le feu allumé dans ce tuyau.

§ 76. Appareil pour donner l'éveil partout où le

feu vient à se manifester.

Cet appareil, inventé par M. Colbert, physicien à Londres, consiste en une certaine quantité de mercure qu'il renferme dans un tube et sur lequel on met un piston flottant qui s'élève ou s'abaisse au gré de ce fluide. A la partie supérieure du tube est un levier qui est fixé à la verge du piston de telle manière que lorsque le levier est soulevé, il fait jouer une espèce de cliquette dont le bruit sert à donner l'éveil dans la maison.

Cet appareil, renfermé dans un étui, se place ordinairement dans un corridor au sommet d'un escalier. Si le feu se manifeste, la fumée par sa direction ascendante va agir sur le mercure et fait monter le piston jusqu'au point où le ressort met la cliquette en mouvement. Alors chacun s'éveille et peut courir au feu.

§ 77. De la manière d'éteindre très-promptement toute sorte d'incendies sans aucune pompe et sans eau, particulièrement à la campague.

Dans les campagnes, nous regardons comme impraticable, en général, l'emploi des pompes incendie, parce qu'on ne peut compter sur ces utiles appareils que lorsqu'on a une ou plusieurs personnes affectées à leur entretien, pour ainsi dire

journalier. Or, les moyens pécuniaires manquent dans bien des localités pour satisfaire à cette né

cessité.

D'un autre côté, l'éloignement et la difficulté des communications apportent nécessairement un long retard à l'arrivée des pompes de la ville voisine, pour combattre les effets d'un incendie, dans un village, et les plus éloignés sont toujours sûrs d'être les plus malheureux; de plus, l'eau nécessaire à l'alimentation des pompes se trouve souvent trop éloignée et trop rare, surtout dans la belle saison, et les bras n'y sont point assez nombreux pour former des chaines suffisamment longues. Donc, avec la meilleure volonté du monde, les sapeurs-pompiers arrivent toujours trop tard, ou sont inutiles pour combattre un incendie à la campagne. Toutes ces raisons nous déterminent à publier un moyen simple, peu coûteux, à la portée de tout le monde, et particulièrement des simples villageois, d'éteindre facilement en très-peu de temps toute sorte d'incendies.

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Ce moyen qui n'est pas nouveau et dont l'emploi sera toujours prompt et facile, c'est de se servir de terre. On comprend que partout où elle pourra être jetée et maintenue en quantité suffisante sur des substances en ignition, surtout sur des planchers, elle étouffera la flamme et empêchera l'émission de la fumée.

Voici de quelle manière on doit opérer : Lorsqu'un incendie s'est déclaré, les autorités compétentes placent d'abord des travailleurs qui s'empressent à creuser un ou plusieurs trous près de la maison où le malheur est arrivé, en même temps que d'autres se mettent à couper, à tailler et à abattre les parties enflammées.

Les échelles sont placées à l'instant; des grapins ou crochets à long manche servent à atteindre et à retirer du feu les effets; les hommes, les enfants même, portent sur le dos des hottes pleines de têrre et les versent sur le feu. L'ordre étant le meilleur expédient, tout le monde observe le plus grand silence, afin de ne pas s'étourdir, et il ne faut que peu de temps pour le commencement et la fin d'un incendie.

On voit que dans ces circonstances il ne faut user d'aucun ménagement, abattre, culbuter, détruire, et partout couvrir la partie enflammée du bâtiment, d'un tas de décombres, de matériaux et de terre. Par cette diligence et ce travail forcé, on endommagera une maison, mais on sauvera souvent tout un village.-Nous disons même qu'en interceptant le contact de l'air, on occasionne bien moins de dégâts que si on cherche à éteindre le feu avec des pompes, qui l'éteignent d'un côté, mais ne l'empêchent pas d'aller presque en même temps reprendre ailleurs. Il n'en est pas ainsi des matières sans fluide; elles demeurent où on les jette et éteignent sur-le-champ et complétement le feu. Elles permettent de s'introduire dans la maison embrasée, puisqu'elles détruisent la fumée aussi bien que les flammes, tandis que l'eau jetée sur le feu augmente cette fumée et empêche les personnes de se voir, de s'entendre et de se porter d'utiles secours.

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Dans un lieu fermé, l'air continuellement aspiré, expiré et, de plus, altéré par les émanations

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