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le tuyau de la fumée deux fois autour de la chaudière, on augmentera l'économie du combustible, toutefois, on ne devra le faire que pour les chaudières contenant au delà de soixante pintes.

Le couvercle d'une chaudière est ordinairement en bois de chêne doublé de fer-blanc. Le bois sert à contenir la chaleur; le fer-blanc empêche le bois de pourrir. Deux trous ronds dans le couvercle servent, l'un à passer le manche d'une spatule, souvent utile pour remuer les aliments, l'autre à donner issue à la vapeur.

Enfin, il est à propos de construire au-dessus de la chaudière un manteau en bois ou en métal pour recevoir la vapeur qui s'élève lorsqu'on découvre la chaudière et que l'eau est en ébullition; cette vapeur, qui pourrait incommoder si elle restait dans la chambre, est entraînée par ce moyen dans le tuyau de la cheminée.

En réunissant toutes les conditions que nous venons d'indiquer pour la construction des fourneaux en général, on est assuré d'obtenir une grande économie de combustible soit pour la cuisson des aliments, soit pour les autres usages auxquels ils sont destinés.

§ 63. Moyen de prévenir les incendies.

On ne peut douter que la malveillance et le défaut de soins ne soieut les deux causes de beaucoup d'incendies. - C'est aux agents de l'autorité, et surtout aux propriétaires, à y veiller de près, à y tenir la main, et à se défier sans cesse des enfants, des domestiques, des gens de journée et subordonnés.

Cependant, quelque précaution et quelque soin

que l'on ait pour nos intérêts, il est des circonstances qu'on ne peut prévoir, des accidents dus au hasard, qui, venant à surgir pendant notre absence ou notre sommeil, peuvent tout à coup faire éclater chez nous ou chez nos voisins un incendie qui devient d'autant plus dévastateur que l'air est plus froid et le vent plus violent. — Alors nos habitations, nos meubles, nos provisions, nos bestiaux, tout notre avoir, et souvent même notre vie, sont en péril.

Parmi les précautions à prendre, nous mettrons en première ligne le choix des matériaux avec lesquels on peut construire nos habitations et leurs dépendances, ensuite la préparation qu'on peut leur faire subir, puis la manière dont il faut les employer. - Or, de tous les matériaux dont on peut se servir dans nos bâtiments, il n'y en a certainement point de plus susceptible d'incendies que les bois dont on les fait et la paille dont on les couvre dans bien des endroits.

L'expérience a prouvé que les bois imprégnés d'une décoction d'ail ou d'une dissolution de sels, de carbonate de potasse, et surtout d'alun, ne prenaient pas feu, où au moins brûlaient sans flamme.

Ainsi, tous morceaux de bois, soit poutres ou solives, planches, portes ou fenêtres, etc., qui par leur position ou leur usage peuvent être exposés à étre brûlés, devraient donc être imprégnés d'une de ces substances qui reviennent également à bon marché.

Pour en enduire les bois, on prendra la quantité d'eau nécessaire pour couvrir les surfaces qu'on se propose de passer à cette détrempe; on y fera dissoudre de l'alun ou de la potasse jusqu'à complète saturation, ou, ce qui est plus

simple et revient à peu près au même, on fera avec de bonnes cendres tamisées ce qu'on appelle une forte lessive dont on se servira pour donner une première couche à tous les bois, etc., et ensuite on délayera cette lessive avec un peu d'eau dans laquelle on fera macérer de l'argile ou, ce qui est préférable, de l'oxyde de fer (rouille), soit de l'ocre colorié. On ajoutera une portion de lait crêmé ou de colle afin d'unir fortement ensemble toutes les parties qui composent cette détrempe: on s'en servira pour donner successivement deux ou trois couches ou davantage aux bois qu'on veut mettre à l'abri de la combustion.

Ce moyen suffit sinon pour arrêter, au moins pour retarder les progrès du feu dans l'intérieur des bâtiments, de manière à pouvoir y faire pénétrer les secours, sauver les personnes, les meubles, les effets qui s'y trouveraient.

Il s'agit donc moins par ce procédé d'empêcher que de restreindre les ravages d'un fléau destructeur de la fortune publique.

Le feu a souvent fait perdre en peu d'heures au laborieux cultivateur les fruits de plusieurs années de travaux et d'économie. Cet élément a tout détruit, sa maison, ses granges, ses moissons, ses bestiaux, et parfois la flamme n'a pas même épargné le vieillard infirme et l'enfant au berceau.

Ces malheurs, comme nous l'avons dit, ont eu pour cause la malveillance ou l'inimitié; mais plus souvent ils ont été la suite de l'imprudence et de l'incurie de l'habitant des chaumières : il a suffi d'un peu de cendres mal éteintes ou d'une étincelle enlevée par le vent à la pipe d'un fumeur, pour porter l'incendie dans toute l'étendue d'un village. Tous les jours ces accidents sont signalés; tous

les jours on déplore les funestes effets du feu, et cependant ils se reproduisent, et cependant celui dont la ferme a été embrasée la reconstruit et ose la couvrir encore d'un toit de paille.

Si de semblables désastres sont ruineux pour ceux qui en sont immédiatement les victimes, ils refluent nécessairement sur les propriétaires dont l'âme souffrirait, sans doute, d'exiger des fermages et des redevances de celui qui a tout perdu; ils refluent également sur le trésor public, par la raison qu'un gouvernement paternel ne saurait prétendre à des contributions de la part de celui qu'une force majeure a ruiné, et qui, sans asile comme sans pain, se touve réduit à implorer la commisération publique pour procurer à sa famille une existence précaire et misérable.

Profondément affligé de la fréquence des incendies dans les campagnes, et jugeant qu'ils prenaient leur source dans l'usage pernicieux des toits de paille ou de chaume, une société savante avait mis au concours la recherche des moyens les plus économiques de suppléer le chaume dans les couvertures des constructions rurales, ou au moins de faire disparaître les dangers et les inconvénients de cette espèce de couverture.

Ce problème fut résolu avec succès par M. Legavriau par son projet de toitures ignifuges remplissant les trois conditions qui doivent les faire admettre dans les constructions rurales; elles sont à la fois solides, légères et économiques. - Elles présentent, outre leur mérite principal qui est de s'opposer à la naissance et à la propagation des incendies, beaucoup d'autres avantages qui se trouvent détaillés ci-après. Elles consistent en paille arrangée de la manière que nous allons décrire et

recouverte d'un enduit particulier que nous indiquerons tout à l'heure.

§ 65. Toitures ignifuges.

ATELIER POUR FABRIQUER LES PANNEAUX.

Dans un local quelconque, un cellier, une grange ou un hangar, on fera sceller dans les murs, à un mètre du sol et à environ 0m80 les uns des autres, des crochets en fer dont l'extrémité recourbée en demi-cercle et la pointe tournée vers le mur formeront une broche aiguë de 0-30 de longueur. — Ainsi, un bâtiment qui aura 16 mètres de muraille suffira pour 20 travailleurs dont chacun occupera une broche.

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On forme avec toute espèce de paille, mais de préférence avec celle de seigle, qui ordinairement ne sert pas à la nourriture ni à la litière des bestiaux, des cordes de la grosseur d'environ un pouce et de la longueur nécessaire pour couvrir, de milieu en milieu, trois chevrons de la charpente, de manière que la corde présentée au centre du premier chevron s'étende jusqu'au milieu du quatrième.

On rend les cordes d'épaisseur égale dans toute leur étendue en croisant l'une sur l'autre, en sens opposé, chaque moitié du faisceau de paille que l'on a pris pour les former, et on lie dans son milieu ce faisceau, afin que les deux parties croisées ne se séparent point.

Cela fait, on entoure l'une des extrêmités du faisceau et on la serre fortement avec une espèce de lien flexible, tel que la tille (seconde écorce du

ARCHITECTURE RURALE.

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