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L'utilité veut que l'on dispose un édifice de telle sorte que rien n'entrave l'entière liberté de son usage et que chaque élément soit mis en son lieu. -Enfin, la beauté, pour être accomplie, demande que la forme soit agréable et élégante par la juste proportion de toutes les parties.

Pour bien ordonner un bâtiment, il faut rechercher scrupuleusement cette proportion entre les diverses parties isolées et ensuite entre ces parties et l'ensemble de l'ouvrage. Jamais une construction ne sera bien composée si cette relation est méconnue et s'il n'existe entre ses divers éléments et son ensemble, quelque chose d'analogue à l'harmonie que l'on remarque, par exemple, d'abord dans les différents membres, ensuite entre les membres et l'ensemble d'un corps humain bien constitué.

L'art des constructions exige la connaissance de trois sujets spéciaux :

1° Celle des matériaux ;

2o Celle de leur mise en œuvre;

3° Celle de l'objet auquel les bâtiments à élever sont destinés.

Le présent ouvrage sera donc consacré à l'étude de ces trois points.

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D'ARCHITECTURE

RURALE.

CHAPITRE PREMIER.

DES MATÉRIAUX..

La première partie de la science des constructions est la connaissance des matériaux employés à les élever.

Dans toutes les localités on ne trouve pas toujours tous les matériaux dont on aurait besoin, ni les meilleurs d'entre eux. Quelquefois on manque totalement des uns ou des autres. Ici, les forêts sont éloignées et les bois de construction rares et chers; là, c'est la pierre de taille dont on ne trouve des carrières qu'à de grandes distances, et dont il faut se passer faute de moyens suffisants; ailleurs, on manque même totalement de moellons, ainsi que de sable ou de gravier, et leur transport deviendrait onéreux. Il faut donc, lorsqu'on veut bâtir, avoir soin de s'informer quels sont les matériaux à portée, de leur prix, de celui des transports, de leur fabrication, et s'instruire enfin de la meilleure manière d'employer les uns et les

autres.

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SECTION PREMIÈRE.

DES PIERRES NATURELLES ET FACTICES ET DES SUBSTANCES PROPRES A LES CIMENTER.

ARTICLE PREMIER. Des Pierres naturelles.

Chaque pays produit des matériaux différents dont il est impossible d'embrasser ici la généralité. La Belgique est riche en pierres à bâtir, et dans quelques provinces, le mode de construction en maçonnerie de moellons avec mortier est le plus usité pour les bâtiments ruraux.

Les pierres que nous appelons naturelles sont celles que l'on extrait de la terre et qui, pour être employées, n'ont besoin d'aucune altération dans leur nature.

Considérées sous le rapport de la maçonnerie, elles peuvent former quatre classes :

1o Les pierres quartzeuses ou siliceuses; id. argileuses;

2o

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3o

4o

id. calcaires;

id. gypseuses.

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Les pierres quartzeuses ont la propriété de donner des étincelles lorsqu'on les frappe avec le briquet; elles ne font point effervescence avec les acides, le silex pyromaque; les granits et les grès, la meulière, les basaltes et les pouzzolanes peuvent être rangés dans cette catégorie.

Le granit est tendre ou dur, suivant le plus ou moins de quartz dont il est composé.

Les grès sont durs ou tendres. La première espèce sert au pavage, et on en fait des meules à aiguiser; les pierres à filtrer se font avec la deuxième l'adhérence des mortiers avec les grès étant difficile, leur emploi dans la construction est

rare.

On se sert de la pierre meulière pour faire les meules de moulin, lorsqu'elle a de grandes dimensions; sous la forme de moellon, elle fournit une excellente maçonnerie.

§ 2. Des Pierres argileuses.

Elles ont pour base une terre alumineuse ordinairement mélangée avec la silice et l'oxyde de fer. Elles sont douces au toucher. Sous le nom

de schistes, on désigne les pierres argileuses composées de lames superposées, susceptibles d'être divisées, et que l'on emploie comme ardoises, carreaux d'appartements, etc.

L'argile, combinaison de silice et d'alumine, et que l'on appelle vulgairement terre glaise, est une terre grasse dont quelques variétés ont beaucoup de ténacité. Lorsqu'elle est pure, on s'en sert pour en faire les parois des bassins, des citernes, pour éviter les infiltrations des eaux; mêlée avec de certains sables propres à cet usage, on en fait de la brique, de la tuile, des carreaux et des poteries.

La terre à four est aussi une argile dans laquelle il entre beaucoup de sablon : cette terre, humectée, s'emploie comme mortier dans la confection des fours, des fourneaux des usines, et en général de

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