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DES ARMOIRIES

DE LA VILLE DE CHALON-SUR-SAONE,

ET

DE SES DIFFÉRENTS NOMS.

Quis non Cabillo aurea dicat........?

P. D'HOGES, Sylvarum Reg. apud Cab.
Præfectus, et urbis Cab. quartum Consul.

L'origine de la ville de Chalon et celle des différents noms qu'elle a portés, sont restées obscures, en dépit ou peut-être en raison des nombreux commentaires dont elles ont été le sujet; car, en histoire comme en philosophie, les conjectures, naissant de l'incertitude, multiplient inévitablement les doutes.

Dans l'impuissance de résoudre la question, et par respect pour les vieux historiens de la cité, qui ont accepté avec confiance et reproduit dans leur pittoresque langage tant de poétiques traditions, l'auteur de cette notice ne tentera ni de dissiper ni même d'éclairer les ténèbres héroïques que chaque siècle épaissit autour de cette double origine. Il n'aura pas non plus la hardiesse de s'aventurer dans ce dédale que l'on appelle science étymologique, où le fil conducteur se rompt si fréquemment. Prenant de toutes mains et dans tous les livres, citant les textes sans les

discuter, il ne parlera des noms de Chalon qu'incidemment, et dans leurs rapports avec les armoiries de cette ville. Entre les versions différentes ou contradictoires, le lecteur décidera sous sa propre responsabilité.

Première version donnée par le P. Berthaut. «< .... Si je n'estois plus fortement piqué de la gloire d'un véritable historien que d'un fabuleux panégyriste : je dirois, que l'origine de Chalon a quasi touché les premiers siècles du monde....... Appuyé sur ce dict de Xénophon, que l'Asie est arrousée d'un fleuve nommé Chalon. Sur quoy les autheurs ont esté persuadez qu'aux premières irruptions que les Gaulois firent dans les régions estrangères, les habitants de la ville d'Orbandale, qui estoit Chalon, pénétrant plus avant que tous les autres dans la vaste estendue de l'Asie, établirent leur demeure sur le rivage de ce fleuve Chalon....... Pour en perpétuer la mémoire aux siècles futurs, leur postérité retournant ès Gaules, et reprenant (jure post liminij) l'ancien héritage de leurs pères, donnèrent le nom de ce fleuve à leur chère ville'.... >>

Je reproduis avec la même réserve que le P. Berthaut, ce récit où la vérité traditionnelle des migrations Galliques et Kimriques est mêlée aux fables d'un retour improbable. S'il en coûte à notre amour-propre

Histoire ancienne et moderne de la ville et cité de Chalon. Pages 6 et 7.

de ne pouvoir nous arrêter avec certitude à une origine si flatteuse et si remplie de poésie guerrière, le docte et pacifique rabbin David Kimnhi nous console, en nous laissant entrevoir, en quelques mots, les riantes images d'une félicité plus solide que la gloire. « Le nom de Chalon, dit-il, est dérivé du mot hébrieu schalom, qui signifie en cette langue la paix et l'abondance de toutes sortes de biens'...... » Ce mot schalom, dit aussi Claude Perry, a tant de rapport avec le mot de Chalon, qu'il peut, sans lui faire violence, justifier cette proposition.

« Finalement, le beau nom de Chalon est encore dérivé du grec exxλov 2; ce que M. Durand preuve et appuye sur le témoignage de Theseus Ambrosius3. » J'en passe et des meilleurs.

C'en est assez, j'espère, pour contenter notre orgueil de citadins. Le P. du Chesne, André Fodéré, SaintJulien de Balleurre, dom Planchet et dix autres, ne feraient qu'augmenter l'embarras d'un choix, et varier nos prétentions à l'origine antique. Je tairai aussi le Cabillo romain, le Kaбαλλvov grec, le Cablono moyen-âge, les étymologies phéniciennes, hébraïques ou celtiques de MM. Thierry et Devoucoux, toutes celles

1 Cité par M. Durand. Illust. Orband.

2 Je copie textuellement, quoique je ne sache aucun dialecte dans lequel xzxov, signifiant beau, belle, se soit écrit Exx.v.

3 Défence pour la préséance de la ville et cité de Chalon, en l'assemblée des estats du duché de Bourgongne, etc.

qu'ont trouvées et que trouveront encore d'ingénieux savants, pour donner, avec quelques commentaires, le nom qui se rapporte le mieux aux armoiries de Chalon : d'azur à trois annelets d'or (de 1477 à 1815). Voy. Pl. II, no 2.

« Le premier nom dont fut honoré Chalon fut celuy d'Orbandale; car, bien que les titres et que les autheurs qui le témoignent ne soient pas des plus anciens, il ne faut pas tenir pour cela leurs authoritez suspectes'.

>>

Remarquons, d'abord, que le mot latin orbis veut dire cercle, anneau; et chacun saisira, sans autre explication, les rapports des emblèmes et du mot Orbandale. Perry, du reste, va s'énoncer clairement : « Ses murailles (de Chalon) estoient massonnées de brique et de pierre quarrée avec trois ceintures dorées qui les entouroient d'où vient que la ville porte en ses armoyries trois cercles d'or en champ d'azur2. »

Mais cet auteur consciencieux pense que le nom poétique d'Orbandale a été imaginé après coup, et attribué à la ville de Chalon par allusion à ses armoiries. Ce qu'il y a de certain, c'est que les monuments anciens s'accordent à les dépeindre ou à les reproduire toujours identiques, au moins quant aux pièces principales, les trois annelets d'or. Et si quelques auteurs voient dans cette forme circulaire « un illustre symbole

Voy. Illustre Orbandale, page 12.

2 Hist. de la cité de Chalon.

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