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dans ce crâne, où elle a dû être placée à dessein et avec effort.

Dans une fosse suivante gisaient plusieurs squelettes réunis, entre autres celui d'un vieillard, dont le crâne était très-bien caractérisé. Plusieurs os semblaient avoir été dérangés de leur place.

Plus loin, nous avons trouvé des têtes excessivement petites et déprimées; une particulièrement ne présentait presque pas de front.

La fosse suivante avait été ouverte et fouillée dans sa partie supérieure, et quelques ossements enlevés ; mais la partie inférieure, restée intacte, et remplie de terre, a été explorée par nous avec la plus grande précaution; il s'y trouvait deux squelettes; la tète de l'un était placée près des pieds, ce qui dénoterait évidemment que l'individu aurait eu la tête tranchée.

En voyant ces restes humains si éloignés de toute habitation, dans ce lieu agreste et élevé, on éprouve un intérêt, une curiosité indicible; on désirerait pouvoir s'éclairer sur l'époque où ces ossements, revêtus de chairs et d'organes, formaient des hommes vivants; on désirerait savoir ce qu'ils ont pensé, ce qu'ils ont dit, ce qu'ils ont fait, comment ils sont morts ; et pourquoi ils ont été ensevelis dans cette terre sau e. Mais nos fouilles ne nous ont rien appris; elles n'ont servi qu'à rendre nos doutes plus accablants, et à ouvrir un vaste champ à toutes les conjectures.

Tous les peuples ont déposé les morts dans des tom

beaux. Les Romains en ont fait de terre cuite; ils en ont creusé dans le marbre et dans une espèce de pierre qui avait la propriété de consumer promptement les cadavres, tout en conservant les os; c'est de là qu'est venu le nom de sarcophage, qui signifie mange-chair. La pierre de grès qui forme le sarcophage dont j'ai parlé plusieurs fois, ne serait-elle pas de cette nature? Cependant je dois dire que ce tombeau a beaucoup d'analogie avec ceux qui ont été trouvés dans l'église de St-Jean-de-Maisel, après le fatal incendie qui a dévoré cet édifice et donné la mort à tant de victimes; or ceuxci ne pouvaient remonter à une époque bien éloignée.

D'un autre côté, la position de nos tombeaux, sur le sommet de la montagne, loin des lieux habités, n'est-elle pas un indice d'antiquité? Ne voit-on pas que les Gaulois enterraient souvent les morts dans des lieux élevés; qu'ils formaient des fosses de pierres non cimentées, qu'ils les recouvraient de laves? Or, la découverte dont il est question présente des dispositions analogues; il ne serait donc pas impossible qu'elle nous vint de ce peuple.

Ne peut-on même pas supposer que ces débris humains sont des restes de sacrifices humains, puisqu'on trouve des têtes séparées des troncs, et très-souvent deux ou trois individus, hommes, femmes, enfants, dans la même fosse?

On peut encore penser que ce sont des victimes des guerres de ces temps reculés.

Peut-être ne devons-nous pas, Messieurs, nous laisser aller au découragement, et abandonner entièrement nos recherches. Tant que nous n'aurons pas exploré à peu près complètement le flanc de ce coteau, nous pourrons croire que la terre renferme des objets destinés à nous révéler des faits intéressants.

Si la Société est arrêtée par la perspective des dépenses nécessaires pour ces fouilles, ne devrait-elle pas réclamer auprès du conseil général, et même auprès du gouvernement, des fonds pour les continuer, jusqu'à ce qu'elle soit fixée sur ce qu'elle désire savoir, ou jusqu'à ce qu'elle ait reconnu l'impossibilité matérielle de rien découvrir?

N. COUTURIER,

Directeur de l'Ecole de Dessin.

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L'un des plus grands services que l'on puisse rendre à la science de l'antiquité, dit M. Raoul-Rochette ', c'est, sans contredit, de l'enrichir de monuments numismatiques. Il n'est pas d'enfouissement de ce genre dont l'étude consciencieuse ne puisse faciliter l'explication de quelques faits nouveaux ; aussi l'annonce d'une découverte est-elle une bonne fortune.

Cette observation du savant archéologue m'engage à vous donner quelques courtes notices sur de nombreuses monnaies, que les immenses travaux exécutés depuis quelques années dans notre ville restituent journellement. Pour atteindre ce but, j'ai dû faire des recherches dans les meilleurs ouvrages qui traitent de la numismatique ; j'ai pris quelques documents dans la collection précieuse des mémoires de différents au

Journal des Savants, 1836, folio 449.

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