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on y était autorisé par certains manuscrits du 8me et 9me siècle, et, entre autres, par la Bible de Charlesle-Chauve. Ces manuscrits nous fournissent des dessins de vases qui ont quelque analogie de forme avec celui-ci.

Ces vases, dessinés ordinairement au commencement des évangiles, étaient souvent aussi représentés suspendus dans des ornements d'architecture, et toujours en regard d'un autre vase muni d'une anse et d'un goulot. Ces vases paraissent avoir été des lampes, placées comme symbole au titre des évangiles. Ces dessins ont donné à croire que notre vase incrusté pouvait avoir été une lampe de ce genre. Dans ce cas, nous comprenons difficilement la nécessité du couvercle, qui fermait l'ouverture de ce vase; de plus, nous pouvons faire remarquer que toutes les lampes antiques connues avaient au moins deux ouvertures, et souvent plus. Du reste, sa forme s'éloigne trop de celle de toutes les lampes dont les musées sont garnis.

On a pensé aussi, avec plus de vraisemblance, que ce vase avait pu servir à contenir des liquides précieux, des parfums; mais, privé de toutes preuves, il nous est difficile de nous arrêter à cette opinion comme positive. Ne pourrait-on pas penser, avec plus de raison que ce vase, d'un travail riche et rare, était un objet d'art, peut-être rapporté de Byzance, ville réputée par l'habileté de ses orfévres, comme une pièce remarquable à cette époque. On sait que les Romains estimaient

240 SUR UN VASE BYZANTIN TROUVÉ DANS LA SAÔNE.

beaucoup les ouvrages d'art, et qu'ils avaient surtout une grande admiration pour les beaux vases. Ceux qui se distinguaient par la pureté de la forme, la beauté ou la richesse du travail, étaient soigneusement conservés comme objets de luxe et de décoration, sans être affectés à aucun emploi utile. C'est ce que prouvent suffisamment ces nombreux vases peints, qui n'ont jamais eu de fond, et qui par cela n'étaient propres à aucun usage.

Il a toujours été hasardeux de se prononcer sur l'emploi auquel ont dû être affectés les objets antiques, arrivés jusqu'à nous. Aussi croyons-nous difficile de rien affirmer au sujet du vase qui nous occupe; nous dirons seulement, qu'à nos yeux il paraît avoir le double mérite de nous donner un échantillon, très-remarquable et unique dans son genre, du savoir-faire des orfévres du 4me ou 5me siècle, et de nous fournir une nouvelle preuve à l'appui de l'opinion déjà admise, que la plupart des beaux vases, qui nous sont parvenus, étaient des objets de luxe, destinés à la décoration des temples et à l'ornement des palais.

JULES CHEVRIER.

DE PLUSIEURS TOMBEAUX,

A SAINT-JEAN-DE-VAUX,

Canton de Givry (Saône-et-Loire).

LU EN NOVEMBRE 1845.

MESSIEURS,

Je viens vous entretenir d'une découverte faite, à la fin de l'été dernier, presque au sommet de la montagne située entre Givry et Saint-Denis, dans un terrain vague de la commune de Saint-Jean-de-Vaux, dit aux Teux blancs, qui signifie en patois rochers blancs. J'ai visité moi-même les lieux, et je dois vous faire part de ce que j'ai vu et de ce que j'ai pu apprendre. Cette découverte consiste en une grande quantité de tombeaux, contenant des squelettes humains parfaitement conservés ; ces tombeaux sont disposés sur le flanc de la montagne, sur deux rangs peu séparés l'un de l'autre, de manière que la tète des squelettes se trouve plus élevée que les pieds, le corps dirigé suivant la

pente. Ils sont ainsi couchés, la face tournée du côté du sud-est, dans une espèce de tertre, incliné d'environ 20 à 25 degrés, et évidemment formé par un terrain enlevé à peu de distance de là, sur une grande étendue de la surface de la montagne. Ces tombeaux sont à peine recouverts de sept ou huit centimètres de

terre.

Le plus remarquable de ceux qui ont été ouverts (car tous ne le sont pas encore), est une espèce de coffre creusé dans une belle pierre de grès de 2 mètres de long sur 65 centimètres de large vers la tête, et 42 centimètres vers les pieds, c'est-à-dire, que ce tombeau présente une forme prismatique droite, dont les bases sont des trapèzes. Il était fermé par une belle dalle très-mince, très-sonore, d'environ 4 centimètres d'épaisseur, d'un calcaire différent de celui du pays, et qui a été brisée après la découverte.

C'était un spectacle pénible que celui des débris de cette pierre et de ce tombeau vide, les ossements ayant été mutilés et dispersés par les nombreux visiteurs et par les enfants qui ont fait cette découverte. Voici dans quelle circonstance ces derniers ont trouvé ce tombeau.

Occupés à garder des troupeaux qui paissaient sur la montagne, ils aperçoivent et poursuivent une souris qui se réfugie dans un trou ; l'un d'eux y enfonce son bâton, qui disparaît tout entier. Poussés par la curiosité, ils vont emprunter la pioche d'un vigneron

à

qui travaillait près de là. Le vigneron vient lui-même, creuse avec sa pioche, entend résonner une cavité sous les coups de son instrument, et ne tarde pas découvrir la pierre qui recouvrait le cercueil. Il croit être sur la voie d'un trésor; cette pensée redouble son activité. Mais quelle ne dut pas être sa surprise, quand, au lieu du trésor qu'il espérait, il découvrit des ossements humains.

Dans ce tombeau gisaient deux squelettes, celui d'un homme et celui d'un enfant. Plusieurs personnes supposent, je ne sais pour quelles raisons, que le grand squelette était celui d'une femme. Il s'y trouvait aussi, dit-on, une médaille d'argent, qui, des mains du garde-champêtre de Saint-Martin-de-Vaux, serait passée dans celles d'un amateur; mais toutes les recherches auxquelles on s'est livré pour retrouver cette médaille, n'ont amené aucun résultat ; il paraîtrait même constant qu'elle n'a jamais existé.

Les autres tombeaux sont plus simples; leur cavité est formée par des pierres ou des laves non cimentées, qui soutiennent la terre et l'empêchent de s'ébouler dans l'intérieur; ils sont aussi recouverts par une ou plusieurs laves, et dans quelques-uns on a trouvé deux squelettes.

Toutes ces sépultures semblent marquées, du côté de la tête, par une pierre plate, qui dépasse le sol d'environ 3 ou 4 centimètres; car, partout où l'on a fait des fouilles, en suivant l'indication de ces pierres,.

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