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puis sa majorité ne cessait de prouver par des actes divers toute sa sollicitude pour le progrès de l'enseignement, s'occupa avec ardeur de mettre ce projet à exécution. La pierre fondamentale de l'édifice fut posée le 14 juillet, au milieu des chants du clergé et des acclamations de la cour, de la garnison et du peuple.

Cette institution était d'une haute importance pour l'avenir du pays, et les Grecs parurent le comprendre, en l'accueillant de leurs suffrages, après l'avoir secondée de leurs efforts. Plus tard, les départements concoururent encore par des souscriptions et de nombreux envois de livres, à former la bibliothèque et le cabinet de physique de l'université, au moment même où le conseil académique, informé que plusieurs personnes à l'étranger avaient l'intention de contribuer à cette œuvre libérale, donnait l'ordre aux légations et aux consulats helléniques de recevoir partout ces dons, pour les faire parvenir à l'université.

En même temps, l'attention du gouvernement se portait sur l'industrie; il organisait une sucrerie royale. Le succès de cette entreprise devait reposer sur un privilége exclusif pour tout le royaume, la concession d'une vaste étendue de terre et du combustible nécessaire à l'exploitation, l'importation franche de droits de tous les appareils et ingrédiens que la sucrerie pourrait tirer du reste de l'Europe; et enfin sur les débouchés immenses qu'en raison de sa position géographique cet établissement trouverait nécessairement dans le Levant.

Pendant l'exécution de ces travaux, la tranquillité d'Athènes fut troublée par un incident singulier que nous ne citons que pour les conséquences fâcheuses qu'il pouvait entraîner. Un voyageur anglais qui passait près du temple de Jupiter-Olympien, fut tout-à-coup assailli par un assez grand nombre de soldats grecs, et parvint difficilement à se réfugier à l'ambassade d'Angleterre. Un officier ayant

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voulu punir les coupables, ils se soulevèrent; on fit battre le rappel, et quand les troupes de la garnison se présentèrent, les insurgés firent une décharge de mousquetterie aux cris de meurent les Bavarois. On parvint cependant à comprimer l'émeute, et les soldats grecs, forcés de se rendre, avouèrent qu'ils avaient voulu débarrasser le pays de la présence du docteur Griboue; ils avaient pris pour lui le voyageur anglais.

Au mois de septembre, le baron de Heugel, trésorier du roi, son secrétaire particulier et son premier médecin, recurent l'ordre de quitter la Grèce pour avoir entretenu une correspondance secrète avec un journal anglais, contre leur souverain.

Ce changement dans la maison du roi fut suivi de la démission du ministre des finances. On attribuait la cause de cette retraite à la divergence des opinions du ministre avec celles de M. de Rigny, français de distinction en faveur à la cour. Le portefeuille des finances fut confié, ad interim, au ministre de fustice. Du reste, cette démission n'eut aucun caractère politique; seulement, on pouvait craindre ultérieurement une modification plus ample du Cabinet. En outre, ce fait laissait à penser que l'influence étrangère était encore pour quelque chose dans la direction des affaires de la Grèce. Un événement religieux arrivé à la même époque tendait à confirmer ces présomptions.

Le prêtre Théophilos Kaïris, renommé par son savoir, s'était trouvé naguère exposé à la haine des Russes, et avait été persécuté sous le gouvernement de Capo d'Istria. Après cinq années passées à solliciter les secours pécuniaires qui lui étaient indispensables, il fonda dans l'île d'Andros une école appelée l'Orphanotropheion de la Grèce. Cette institution avait bientôt appelé l'attention de la communion grecque, et le patriarche de Constantino

ple, cédant sans doute aux inspirations de la Russie, après bien des efforts inutiles pour supprimer l'école d'Athènes, comme il avait supprimé celle de Smyrne et d'autres villes de la Turquie, excommunia Kaïris. Mais cette sévérité ne fit qu'augmenter la popularité du prêtre, et le nombre de ses élèves dépassa bientôt trois cents. Le clergé russe irrité, inspira au gouvernement de faire fermer l'école et de mander Kaïris à Athènes, pour répondre devant le saint synode aux accusations d'athéisme. et d'infidélité. A peine l'arrivée et la présence de Kaïris dans le synode, furent-elles connues, que la populace assiégea le palais, réclamant son maître, son père, le sage de la Grèce. Néanmoins, malgré ces démonstrations non équivoques d'une profonde sympathie, le patriarche obtint que Kaï . ris et ses adhérents seraient mis au ban du royaume pour crime d'impiété. Cette affaire produisit dans toute la Grèce une vive sensation.

Ainsi, l'esprit de nationalité exigeait encore quelques concessions; et cependant, il faut le reconnaître, en somme, le peuple était satisfait de l'administration; car le pays avançait sensiblement vers cet avenir qu'il cherche depuis tant d'années et à travers tant de commotions politiques.

CHAPITRE VI.

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SUISSE.-Situation de la république helvétique. Etat des deux Valais. Scission. Un Conseil est établi pour la révision de la constitution. -Vote des dixains occidentaux. - Intervention de la Diète. Une nouvelle constituante est nommée. - Les dixains orientaux refusent d'en faire partie. Constitution du 29 août. Révolution à Zurich. -Actes anti-religieux du gouvernement. Protestation du comité de la foi. Assemblée populaire à Klotten. Chute du gouvernement. Nouveau gouvernement. - Zurich se retire du concordat de 1832.- Révolutiondans le Tessin.- Associations.-Premiers revers du parti libéral. Dissolution de la compagnie des carabiniers. Suspension de la liberté de la presse.- Triomphe du peuple. — Changement de gouvernement - Nouvelles élections. - Etat du pays. SARDAIGNE, Progrès de l'industrie et du commerce. Réforme du système pénitentiaire. - Traité de commerce avec la Turquie. Sympathie du gouvernement pour la cause de don Carlos. - Reprise des relations commerciales avec l'Espagne constitutionnelle. Traité avec les États-Unis. ETATS-ROMAINS.-Affaire de l'archevêque de Posen.- Négociation avec la Russie, au sujet des catholiques de Pologne et des évêques latins, convertis à la communion grecque. Relations avec le Portugal et Naples. Canonnisation.- Amnistie. Frères prêcheurs.

NAPLES. Etat du Pays. Chemin de fer.

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Convention avec le Saint-Siége.

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Flotille dirigée contre Négociation avec l'An

SUISSE.

Les intérêts contraires qui partagent les cantons, la diversité des croyances et des mœurs, et aussi les accidents d'un territoire coupé de torrents et de chaînes de montagnes sont autant d'obstacles qui ont paralysé, jusqu'à ce jour, les efforts si souvent tentés pour la réalisation de l'unité gouvernementale dans la république helvétique. Cette année encore, les mêmes essais de centralisation furent renouvelés, mais avec moins de bonheur que jamais,

En effet, le Valais tendait à une scission définitive,

en deux républiques indépendantes qui d'ailleurs existaient déjà de fait par sa division naturelle en haut et bas pays, l'un allemand, l'autre français, subdivisés en dixains orientaux et occidentaux, protestants et catholiques, se suffisant à eux-mêmes dans les affaires d'administration.

A plusieurs reprises, l'année précédente, on avait vainement essayé la révision de la constitution de 1815, imposée par les puissances étrangères, et acceptée avec répugnance par le bas-pays, aussi bien que par les dixains supérieurs, dont cependant elle consacrait les priviléges, mais sans les reconnaître tous. Le désir commun appelait donc une modification à la loi fondamentale, et la diète cantonnale était entrée elle-même dans ces vues. Suivant son vote, le 14 janvier, devait s'assembler la constituante qui aurait mission de lever le différent, et de proclamer les changements nécessités par la situation; mais sur la résolution du Haut-Valais, de refuser sa participation, le Bas-Valais, seul, envoya des députés à la diète cantonnale, et le 30 janvier, fut votée une nouvelle constitution contre laquelle s'élevèrent naturellement de nombreuses protestations.

Cependant, cinq mois passèrent sur cet ordre de choses sans qu'un pouvoir supérieur interposât son autorité. Mais l'ouverture de la diète, qui eut lieu à Zurich le 1er juillet, réveilla les débats, et souleva des luttes nouvelles. En effet, les représentants de la confédération, ne consentirent point à reconnaître les députés envoyés par l'un et l'autre Valais et résolurent de leur fermer l'entrée du Conseil. En même temps, un projet de reconstitution fut mis en discussion et voté immédiatement. Il portait qu'il serait formé une assemblée dans la proportion d'un membre sur mille âmes de population sans autre condition préalable. Sa tâche consisterait à rédiger une constitution

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