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ter au grand-duc pour empêcher que le tribunal criminel ne fût saisi de l'affaire, l'arrivée d'un détachement de dragons, envoyé d'une ville voisine, vint donner le change à leurs espérances, et la justice put avoir son cours.

Le gouvernement prit cette année, une mesure de bonne politique, provoquée d'ailleurs par les états euxmêmes, en décidant que les membres de l'ordre français de la Légion d'Honneur, décorés de cet insigne en qualité de sujets du grand-duché à l'époque de l'administration française, jouiraient, à dater du 1er janvier 1839, d'une pension viagère égale à celle que les légionnaires reçoivent actuellement en France. Toutefois, les titulaires seraient tenus de renoncer aux arrérages jusqu'au commencement de l'année courante.

SAXE.

Le royaume de Saxe partageait les préoccupations de toute l'Allemagne. Dès 1837 (voir l'Annuaire), la représentation de ce pays avait hautement manifesté ses sympathies pour les populations du Hanovre, remuées si profondément par le coup-d'état du roi Ernest. Ce grave incident, qui n'avait pas encore parcouru toutes ses phases, occupa de nouveau les Chambres saxonnes, comme il avait attiré l'inquiète attention des autres états constitutionnels.

Le roi Frédéric-Auguste, sans faire directement allusion à un sujet qui agitait néanmoins tous les esprits, crut devoir cependant, dans le discours d'ouverture des Chambres (10 novembre), entretenir l'assemblée de ses intentions personnelles. Successeur de deux rois qui avaient beaucoup fait pour le bonheur de la Saxe, le souverain actuel, pouvait-il ne pas accepter l'héritage de leurs vertus?

Si le développement favorable de nos relations à l'extérieur me fortifient, disait S. M., dans la résolution de rester fidèle aux principes de gouvernement que j'ai suivis jusqu'à prèsent, j'attends aussi de vous, Messieurs, que vous n'aurez jamais en vue que le bien du pays, et que plein de confiance en moi et d'accord entre vous, vous terminerez promptement et utilement les affaires qui vous sont soumises. »

Le surplus des paroles royales se rapportait uniquement aux affaires intérieures du royaume.

Après avoir exprimé les regrets que lui avait fait éprouver la perte récente du prince Maximilien, son père, le roi jeta un regard sur les travaux accomplis durant la session dernière. S. M. en jugeait les résultats heureux et consolants. Elle espérait d'ailleurs que les lois votées et mises en vigueur, justifieraient l'attente qu'on en avait conçue. Les finances ne présentaient pas un état moins rassurant. Le roi le reconnaissait, et prévoyait les avantages que cette prospérité, ainsi que les modifications introduites dans le système des monnaies, devaient produire dans l'avenir; il en résulterait nécessairement que l'on pourrait mettre à exécution de nouvelles entreprises, et procurer quelque soulagement aux contribuables, en continuant à percevoir la plus grande partie des impôts d'après leur valeur nominale antérieure.

Le chemin de fer de Leipsig à Dresde rapprochant la résidence royale de la ville la plus commerçante du royaume, S. M. ne pouvait omettre d'en parler. A ses yeux, l'exécution de cette grande entreprise était l'événement le plus heureux de l'époque.

Le président de la première Chambre répondit au discours de la couronne : il crut pouvoir promettre au gouvernement le concours des Etats.

Toutefois, dès la première séance, un député, M. Eisenstück, lut une proposition écrite sur l'affaire du Hail s'agissait surtout d'attirer l'attention sur la dernière résolution de la diète germanique.

novre;

Le ministre combattit l'utilité de cette proposition par des motifs analogues à ceux même qui avaient dicté le juge. ment de l'assemblée de Francfort. Néanmoins, le travail de M. Eisenstück fut renvoyé à une commission extraordinaire chargée de l'apprécier et de faire un rapport à ce sujet. Cette circonstance fit ajourner, par la première Chambre, une autre proposition qui se rattachait, par voie de conséquence, à cet important débat. Deux membres de cette assemblée auraient voulu que l'on plaçât sous la protection spéciale de la Confédération, la constitution saxonne, du 4 septembre 1831 (voir l'Annuaire). On ne pouvait témoigner plus clairement les craintes qu'inspiraient les conjonctures où se trouvait le Hanovre, bien que les précédents du gouvernement de Dresde, et les paroles d'ailleurs si franches, du prince qui le dirigeait, fassent de nature à rassurer les plus timorés.

Quoi qu'il en soit, la proposition n'eut point de succès; il fut décidé qu'on attendrait le travail de la commission de l'autre Chambre, à la suite duquel il serait sans doute fait, à la première, une communication politique.

Tel était l'état des esprits, et il y avait tout lieu d'espérer que l'on persisterait dans la voie d'amélioration civile et politique ouverte sous les deux derniers règnes.

CRACOVIE.

La situation de cette république n'était point changée : l'espèce de chartre-privée dans laquelle on l'avait placée se prolongeait. Le 24 juin, les trois puissances mirent le comble aux mesures déjà adoptées contre la loi fondamentale en déclarant au sénat que la Chambre des représentants ne se réunirait plus, comme par le passé, tous les trois ans, mais seulement lorsque le sénat le jugerait convenable, et toutefois avec l'assentiment des puissances; qu'elles seules

aussi, et non plus la Chambre, nommeraient à l'avenir les sénateurs aussi bien que les juges ordinaires, sauf, en ce qui touche ces derniers, la sanction ultérieure du sénat. Les résidents, représentant les trois puissances, annonçaient ensuite des modifications au régime judiciaire actuel suppression du tribunal de troisième instance; abolition de la publicité en matière criminelle; en un mot, substitution du système autrichien à celui qu'avait établi la loi fondamentale. Au surplus, la liberté individuelle n'était pas respectée davantage; les arrestations se multipliaient. Il suffirait pour justifier cet exposé, de citer l'incarcération du neveu d'un sénateur, pour de prétendues relations avec l'étranger. Le sénateur lui. même ne fut point couvert par sa dignité; il avait eu dans sa bibliothèque des livres dont on défendait la lecture; il fut, à raison seulement de ce délit, déchu de son titre.

Ilétait difficile, en présence d'un semblable état de choses, que la voix des citoyens ne s'élevât point pour faire appel aux sympathies du dehors. Ainsi s'expliquerait une pétition dont il fut beaucoup parlé, et dont au surplus l'authenticité fut contestée, pétition dans laquelle les notables habitants de la république auraient exposé à la GrandeBretagne leurs nombreux griefs et sollicité son intervention pour en tarir la source.

Ann. hist. pour 1839.

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CHAPITRE III.

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DANEMARCK. Mort de Frédéric VI.

Avénement du prince Christiern. Allocutions.-Des fonctionnaires. - Des étudiants. — De la société de la liberté de la presse. Lettres patentes du roi. du pays.

SUÈDE ET NORWEGE.

Etat

Ouverture du Storthing.-Propositions soumises à cette assemblée. Réponse du roi aux députés de l'armée. vaux de l'armée.

RUSSIE ET POLOGNE. — Politique du pays.

Tra

Continuation de la guerre du Caucase. - Proclamation du général Rajewski. — Réponse des habitants de No kuhatch. Mollah-Schemil chez les Desghiens. — DéclaRéunion des Grecs-Latins à ration de guerre au Khan de Chiva. l'église grecque. Réscrit impérial en faveur des Juifs. — Emancipation de 5,518 serfs. · Progrès des lettres, des sciences, des arts, de l'industrie, de l'agriculture. Organisation d'un district scolaire à Varsovie. Défense aux évêques catholiques de communiquer avec le Saint-Siége. Révocation de la nomination de Skrzynecki, au généralat dans l'armée Belge.

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DANEMARCK.

La mort de Frédéric VI est le grand événement de cette année. Ce prince était né le 28 janvier 1768. Nommé corégent de son père, en 1784, il lui avait succédé on 1808.

Le roi actuel, fils du prince héritier mort en 1808, est né le 15 décembre 1786. Élu roi de Norwège en 1834, il abdiqua ce titre le 18 août de la même année. Les nécessités de la politique lui imposaient cette grave résolution; car, dès le 14 janvier précédent, un traité conclu avec l'Angleterre et la Suède, plaçait la Norwège sous la domination de cette dernière puissance.

C'est au règne de Frédéric VI, surtout à ses dernières années que commence, pour le Danemarck, un progrès plus sensible dans l'esprit de la nation, que dans ses lois.

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