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L'effectif de nos combattants avait aussi considérablement augmenté : l'armée d'Italie avait rejoint Napoléon, après avoir écrasé le corps de l'achiduc Jean à la bataille de Raab, le 14 juin; l'armée de Dalmatie, conduite par Marmont, arrivait sans avoir rencontré d'obstacles sérieux.

L'Empereur avait fixé au 5 juillet le commencement du mouvement qui devait porter toutes ses forces sur la rive gauche; il avait rappelé vers Ebersdorf les Wurtembergeois, les Saxons, l'armée d'Italie, celle de Dalmatie et le corps de Davout. Avec ces troupes, auxquelles il faut ajouter la garde et les corps de Lannes et de Masséna, il allait se présenter devant les Autrichiens, qui, de leur côté, n'avaient rien négligé pour se mettre en état de soutenir la lutte et de nous disputer la victoire.

1809

IV

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Réunion de toutes les forces françaises dans l'île Lobau, le 4 juillet. Passage du Danube par les corps de Masséna, de Davout et d'Oudinot. Première position de ces troupes sur la rive gauche. — Mouvement en avant des lignes françaises.— Montbrun et Pajol envoyés vers l'extrême droite, à la découverte de l'archiduc Jean. Position de toute l'armée française, le 5 juillet à six heures du soir. - Montbrun couvre le flanc droit de Davout. Attaque des positions du Russbach, à sept heures du soir. — Préparatifs des deux armées pendant la nuit du 5 au 6 juillet. Bataille de Wagram (6 juillet). Premiers succès de l'aile droite autrichienne. Formation de la fameuse colonne Macdonald. Lutte entre Davout et Rosenberg. — Engagements nombreux de notre cavalerie de l'extrême droite avec la cavalerie ennemie. — Charges brillantes de la brigade Pajol. Succès de Davout. — L'armée française prend vigoureusement l'offensive. Retraite des Autrichiens. La cavalerie de Montbrun renforce le corps de Marmont, lancé à la poursuite de l'ennemi sur la route de Nikolsburg. Marche de Marmont sur Laa et Znaïm. — Concentration de l'armée autrichienne autour de Znaïm. Attaques de Marmont et de Masséna. Armistice de Znaïm (12 juillet). Cantonnements de l'armée française. La division Montbrun rentre au 3e corps. La brigade Pajol portée entre Brünn et Olmutz. nisation de la cavalerie légère. - Les régiments de Pajol portés vers Göding. Conférences d'Altenburg. L'Empereur passe en revue la brigade Pajol, à Göding, le 17 septembre. La paix est signée le 14 octobre. - L'Empereur rentre Corps de Davout formant l'arrière-garde.

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en France, où l'armée le suit. Le cercle de Brünn est évacué le 3 novembre; Vienne, le 20 novembre; l'Autriche, le 15 décembre.- La brigade Pajol cantonnée à Enns, le 31 décembre 1809.

L'armée française, forte de 150,000 hommes environ, allait commencer à franchir le dernier bras du Danube, seul obstacle qui la séparait de l'armée autrichienne, égale en nombre et établie dans des positions fortifiées. Napoléon avait arrêté avec le plus grand soin tous les détails de cette difficile opération; rien ne fut laissé au hasard, soit pour l'établissement des ponts, soit pour la disposition des troupes avant et après le passage. Un ordre général très-détaillé assignait à chaque corps d'armée les

points où il devait traverser le fleuve et les moyens qu'il devait employer.

Le 4 juillet, vers huit heures du soir, toutes nos troupes furent réunies dans l'île Lobau, et chaque corps prit position vis-à-vis de l'endroit où son pont devait être établi : le corps d'Oudinot, à l'extrémité orientale de l'île Lobau, en face de l'île Haust-Grund; celui de Davout, composé de quatre divisions d'infanterie, de la division de cavalerie légère Montbrun (brigades Pajol et Jacquinot) et des divisions de dragons Grouchy et Pully, vis-à-vis de la Maison-Blanche; enfin le corps de Masséna, en face de l'intervalle qui s'étend de l'île Lannes à l'île Alexandre; il devait débarquer au-dessous d'Enzersdorf.

Ces trois premiers corps avaient l'importante mission d'établir les ponts et d'éloigner ensuite l'ennemi qui pouvait tenter de s'opposer au passage; ils seraient suivis par les troupes de Bernadotte, de Marmont, de l'armée d'Italie et de la garde.

L'archiduc Charles, qui s'attendait depuis plusieurs jours à ce mouvement, pensait que les ponts seraient jetés au même endroit que le 21 mai, et il avait d'abord rapproché tous ses corps de ce point; mais, le 3 juillet, il avait changé son plan et établi ses troupes à une assez grande distance de l'île Lobau. Elles occupaient, le 4 au matin, l'espace compris depuis Stamersdorf jusqu'à Markgrafneusiedl, et leur avant-garde était postée à Aspern et à Essling. Les divers corps étaient ainsi répartis : le 5° (prince de Reuss), à Stamersdorf et le long du Danube; le 4o (Kollowrath), à Hagenbrunn; les grenadiers, à Gerasdorf; le 6o (Klenau), depuis le Spitz jusqu'à Essling; la cavalerie de réserve, à Raschdorf, Breitenlee, Sussenbrunn et Aderklaa; le 1er corps (Bellegarde), le 2o (Hohenzollern) et le 3° (Rosenberg) bordaient les positions de la rive gauche du Russbach, de Wagram à Markgrafneusiedl; enfin le corps de Nordmann, extrême avant-garde, était à Enzersdorf, étendant ses postes jusqu'à Orth.

Pendant la nuit du 4 au 5 juillet, malgré une pluie torrentielle, l'Empereur fit ouvrir, par toutes ses batteries de l'île Lobau, un feu des plus vifs, et donna l'ordre de jeter les ponts. Oudinot, s'étant emparé de l'île Haust-Grund, établit immédiatement le sien, qui s'appela pont de l'Embouchure, fit passer tout son monde et se porta sur Mühllenten, qu'il occupa facile

ment. Davout et Masséna exécutèrent leur opération avec le même bonheur. A quatre heures du matin, les trois corps se trouvaient, en grande partie, sur la rive gauche du Danube. La cavalerie de Pajol avait passé en tête du 3° corps et s'était dirigée sur Wittau, pour replier les postes que Nordmann avait de ce côté.

A cinq heures et demie du matin, Masséna était établi perpendiculairement au Danube, où il appuyait sa gauche, faisant face à Enzersdorf; Davout avait sa droite dans Wittau même, et sa gauche était reliée à Masséna par les dragons de Grouchy; tandis que la cavalerie de Montbrun et de Lasalle, s'étendant à l'extrême droite, éclairait le flanc de l'armée et chassait les escadrons ennemis qui voulaient reconnaître nos mouvements.

Vers huit heures, le corps d'Oudinot, arrivant à Mühllenten, releva les dragons, prit place entre le 3o et le 4o corps, et chassa l'ennemi du poste de Sachsengang. Masséna s'était aussi emparé d'Enzersdorf; et notre première ligne se trouva tout à fait constituée. Napoléon la porta en avant vers dix heures : Masséna dépassait Enzersdorf, appuyant toujours sa gauche au Danube; Oudinot suivait son mouvement et se plaçait à sa droite; Davout exécutait une légère conversion et appuyait sa droite à Rutzendorf; Bernadotte, avec les Saxons, venait occuper l'intervalle entre Oudinot et Davout; Montbrun, dirigé sur Schönfeld, envoyait des reconnaissances aussi loin que possible, à la découverte de l'archiduc Jean, qu'on craignait de voir arriver de Presburg.

A midi, l'armée du vice-roi, la garde et le corps de Marmont se trouvaient en seconde ligne; les réserves de cavalerie, en troisième ligne. A ce moment, le corps de Nordmann, composé de quelques bataillons de chasseurs des régiments Stipeitz et Hesse-Homburg-Hussards, nous avait cédé le terrain, et s'était retiré vers Pysdorf; notre gauche arrivait en face des troupes de Klenau, formées vers Essling et dans les ouvrages de fortification élevés de ce côté.

A midi et demi, Napoléon porta toute son armée en avant: Masséna marcha sur Essling et Neuwirtshaus; Bernadotte, sur Raschdorf; Oudinot, sur Baumersdorf; Davout, vers Glinzendorf et la tour de Markgrafneusiedl; Grouchy et Montbrun, sur Leopoldsdorf. L'armée du vice-roi suivit d'abord le mouvement

de Davout et d'Oudinot; dès qu'elle trouva l'espace nécessaire, elle s'établit en première ligne entre ce dernier et Bernadotte. La garde, Marmont et les réserves de cavalerie étaient derrière le centre de la ligne, vers Pysdorf. Ce mouvement prenait à revers les fortifications de l'archiduc, qu'évacuèrent les troupes de Klenau.

Nordmann, battant également en retraite, voulut s'arrêter à Grosshofen; mais Davout le fit déborder par les divisions Morand et Puthod, qui l'obligèrent, après lui avoir fait éprouver de grandes pertes, à se retirer dans Markgrafneusiedl.

A deux heures, la portion de l'armée autrichienne qui occupait la rive gauche du Russbach prit les armes et nous attendit dans ses positions; Klenau restait toujours seul dans la plaine devant Masséna et Bernadotte, qui l'avaient repoussé.

A six heures du soir, Masséna occupait Breitenlee, Kagaran, Leopoldau et Sussenbrunn; Bernadotte tenait Aderklaa; le vice-roi était sur la rive droite du Russbach, entre Wagram et Baumersdorf; Oudinot, à sa droite, de Baumersdorf à Markgrafneusiedl; Davout, entre Grosshofen et Glinzendorf. Les dragons de Grouchy et de Pully, après avoir chassé l'ennemi de Leopoldsdorf, avaient bordé le bas Russbach; enfin la cavalerie légère de Montbrun, lancée au-delà de ce ruisseau, battait le pays vers OberSiebenbrunn et recueillait des renseignements sur la marche de l'archiduc Jean.

Vers sept heures, Napoléon fit attaquer les positions du Russbach. Baumersdorf fut incendié par l'artillerie du vice-roi. Macdonald lança une colonne de sept bataillons contre ce vil'lage, où l'ennemi tint bon, résistant aussi aux attaques d'Oudinot. Davout, beaucoup plus éloigné, ne put repousser efficacement les tentatives faites à sa gauche; cependant deux de ses divisions se portèrent par la rive gauche du Russbach contre Markgrafneusiedl, que ses deux autres divisions essayaient d'emporter par la rive droite; et Montbrun, avec les brigades Pajol et Jacquinot, déboucha d'Ober-Siebenbrunn, repliant vivement la cavalerie ennemie.

Toutes ces attaques furent commencées trop tard et faites sans ensemble. Bernadotte ne put se porter à temps sur Wagram, qu'il parvint cependant à occuper un moment, lorsque Macdo

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