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1807

I

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La cavalerie de l'armée d'Italie est réduite. Le 6 hussards, commandé par le colonel Pajol, reste à Pordenone jusqu'aux derniers jours de février. — Le 6o hussards va à Conegliano. — Pajol, nommé général de brigade le 1er mars, rejoint la grande armée d'Allemagne. Son arrivée à Elbing, où se trouvait sa brigade. — Situation et composition de l'armée aux ordres de Napoléon. Préparatifs de Napoléon pour entrer en campagne au commencement de juin. — Benningsen attaque les lignes françaises le 5 juin. - Ney forcé de se retirer derrière la Passarge. - Pajol arrive à Deppen, le 8 juin, avec sa brigade. — Les Russes se retirent à Heilsberg. Napoléon prend l'offensive. Combat de Glottau, en avant de Gutstadt.-Combat de Heilsberg. Mouvement tournant de Napoléon sur l'aile droite de Benningsen. L'armée russe évacue Heilsberg et se retire à Bartenstein. - Napoléon porte ses différents corps sur Eylau.- La brigade Pajol marche aussi sur Eylau, formant la tête de colonne. · Benningsen prend position à Schippenbeil. Pajol marche, avec les troupes de Murat, sur Königsberg. — Il s'empare de Mühlhausen, et poursuit l'ennemi jusqu'à Wittenberg. —Combat contre l'arrièregarde du corps prussien du général Lestocq.

L'armée d'Italie ne paraissant pas exposée, en 1807, aux attaques de l'Autriche, l'Empereur se décida à lui enlever encore des régiments de cavalerie, qui, dans tous les cas, ne pouvaient être d'une grande utilité au milieu des pays coupés, montagneux, boisés, qu'occupaient alors le prince Eugène et le général Marmont.

A la fin de 1806, le 15°, le 19° et le 23 chasseurs avaient été dirigés sur la grande armée d'Allemagne; le 5 janvier 1807, le 3o et le 24° chasseurs reçurent aussi l'ordre de s'y rendre. Ces deux derniers régiments, forts d'environ 800 chevaux chacun, partirent, avec les selles et les harnachements, en laissant par régiment 500 chevaux, qui devaient être distribués entre le 6o hussards, les 6°, 8° et 14° chasseurs.

Le 6o hussards (colonel Pajol), qui était cantonné à Porde

none et aux environs, comprenait seulement, au 8 janvier, 643 hommes et 563 chevaux; le 8 chasseurs (également à Pordenone), qui constituait, avec le 6o hussards, la brigade Lacoste, ne comptait que 602 hommes et 564 chevaux. Ces deux régiments avaient donc grand besoin de recevoir des hommes et des chevaux pour atteindre l'effectif maximum (1,000 chevaux) fixé par l'Empereur.

Dans les derniers jours de février, le colonel Pajol fut placé, avec son régiment, à Conegliano, où arrivèrent successivement, le 1er et le 15 mars, des détachements qui portèrent son effectif à 29 officiers, 701 hommes et 678 chevaux. Le service du 6 hussards était d'ailleurs à peu près nul, et ne comprenait, en dehors des corvées ordinaires de garnison et des exercices, aucune opération militaire. Pajol vivait tranquille à Conegliano, lorsqu'un décret de Napoléon, daté d'Osterode le 1er mars (1), le nomma général de brigade. Avec l'avis de cette promotion, il reçut l'ordre de se rendre immédiatement à la grande armée d'Allemagne, pour y exercer un commandement. Il fit sur-lechamp ses préparatifs de départ, et quitta, dans la première quinzaine d'avril, le 6o hussards, à la tête duquel il se trouvait depuis le 21 juillet 1799.

Pajol se dirigea sur Augsburg par Pieve-di-Cadore, Brunecken, Brixen, Sterzing, Innsbrück, Schongau et Landsberg. D'Augsburg il gagna Berlin par Donauwörth, Nuremberg, Baireuth, Hoff, Plauen, Zwickau, Altenburg, Leipzig, Wittenberg et Potsdam. A Berlin, le général Clarke lui apprit que le quartier impérial était toujours à Osterode, et qu'il devait s'y rendre par Kustrin, Schwerin, Posen, Gnesen, Wilatowo, Inowraclaw, Thorn et Strassburg.

Arrivé à Osterode, le 12 mai, il se présenta à l'Empereur, qui lui annonça qu'il l'avait appelé au commandement de la 1o brigade de la division de cavalerie légère du général Lasalle (2), en remplacement de Latour-Maubourg, promu général

(') Voir Pièces justificatives, no 24.

(2) Lasalle (Antoine-Louis, comte de), né le 10 mai 1775, à Metz, d'une ancienne famille de la Lorraine; sous-lieutenant au régiment d'infanterie (Alsace) le 19 juin 1786; puis sous-lieutenant dans le 24° régiment de cavalerie le 25 mai 1791; fut aide de camp de Kellermann; capitaine le 7 novembre 1796; chef d'escadron au

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de division. Le 13, Berthier mit à l'ordre de l'armée (1) l'arrivée du général Pajol, qui partit pour Elbing, où se trouvait sa brigade.

La composition et la situation de la grande armée d'Allemagne, à laquelle Pajol fut attaché pendant toute la campagne de 1807, présentent des détails importants.

Après la bataille d'Eylau (8 février), l'armée russe s'était ralliée à Königsberg le 10 février. Les corps français restèrent dix jours sur le champ de bataille, pour relever les blessés et les évacuer sur les places fortes en arrière. L'Empereur résolut alors d'attendre le printemps pour continuer les opérations. Dès le 18 février, il replia son armée pour la concentrer sur la Passarge, où elle fut établie, le 20:

1o Le corps de Bernadotte, à Braunsberg, Holland, Saalfeld, et le long de la Passarge, depuis son embouchure jusqu'à Spanden;

2o Le corps de Soult, à Wormditt, Liebstadt, Morungen, Liebemühl, et sur la Passarge, de Spanden à Deppen;

3o Le corps de Ney, à Gutstadt, Allenstein, et sur la route de Liebstadt, entre Gutstadt et Elditten;

4o Le corps de Davout, à Hehenstein et Gilgenburg, envoyant des reconnaissances sur Passenheim et Willenberg, pour se lier au corps de Masséna ;

5° Le corps de Masséna, à Varsovie, Pultusk et Neidenburg; 6o Le quartier impérial, à Osterode;

7o La garde impériale et les grenadiers d'Oudinot, à Osterode, Lobau, Rosenthal et Neumark.

8° La réserve de cavalerie avait été répartie : une division de dragons avec chacun des trois corps de Bernadotte, Ney et Davout; une division à Elbing et sur la route de Holland; la brigade légère Durosnel, à Elbing; les autres brigades de la division

7 hussards le 6 janvier 1797; passe à l'armée d'Orient; colonel du 10e régiment de hussards le 26 juillet 1800; général de brigade le 1er janvier 1805; général de division le 30 décembre 1806; tué à Wagram, à l'âge de trente-quatre ans. Officier de cavalerie des plus remarquables. Un décret du 1er janvier 1810 ordonnait l'érection de sa statue sur le pont de la Concorde.

(') Voir Pièces justificatives, no 25.

Lasalle, à Neidenburg et dans les environs, où elles devaient se refaire.

9o Le parc mobile de l'armée était à Strassburg;

10° Les dépôts de l'artillerie, à Thorn.

Benningsen, qui s'attendait à être poursuivi vigoureusement, se rassura; il quitta Königsberg et porta son quartier général à Landsberg. Son armée fut répartie dans les environs : à Eylau, Gross-Glandau, Hoff, etc.

Le généralissime russe publia alors qu'il avait été vainqueur à Eylau, puisqu'il réoccupait le champ de bataille, après avoir cherché vainement à attirer l'armée française à Königsberg, où il était certain de l'anéantir. Plus tard, les cantonnements de l'ennemi prirent encore de plus grands développements en face des positions de l'armée française, contre lesquelles des attaques sérieuses furent souvent dirigées pendant la première quinzaine de mars. Nos troupes les repoussèrent victorieusement, et il y eut comme une trêve tacite entre les deux armées. La seule opération importante de l'hiver fut le siége de Danzig. Napoléon voulait être maître de cette ville avant de reprendre la campagne. Le siége, confié au maréchal Lefebvre, se termina le 26 mai, par la reddition de la place, que le maréchal Kalkreuth avait défendue avec la plus grande énergie.

Cependant Benningsen avait porté, le 16 mars, son quartier général à Bartenstein et ses avant-postes à Launau, Frauendorf et Petershagen; il avait installé la plus forte masse de son armée à Heilsberg, sur les deux rives de l'Alle, dans une position défensive très-importante et couverte par de nombreuses redoutes. Des renforts considérables avaient rejoint l'armée russe, dont l'empereur Alexandre, arrivé avec le roi de Prusse à Bartenstein dans les premiers jours d'avril, avait pris le commandement supérieur. La seule préoccupation des souverains alliés fut alors de tenter de dégager Danzig. Mais aucun corps ennemi ne put forcer nos cantonnements de la Passarge, formant un rideau impénétrable qui couvrait les travaux du maréchal Lefebvre. Napoléon, du reste, y veillait, en même temps qu'il faisait arriver soit de nouveaux régiments, soit des hommes et des chevaux pour combler les vides des autres. Ses dispositions offensives se

développaient chaque jour, à mesure que la belle saison apprcchait ainsi les maréchaux avaient reçu l'ordre de retirer leurs troupes des villages où elles étaient cantonnées et de les faire camper par division. Les soldats, couchant sous la tente, reprirent promptement leurs habitudes du camp, et toute surprise de nos positions devint impossible.

Jusqu'au 1er juin, on resta en présence sans bouger; mais on s'observait avec le plus grand soin. Cependant les préparatifs redoublaient: Napoléon, débarrassé du siége de Danzig, voulait se porter en avant, et Benningsen se disposait à nous attaquer. Le généralissime russe, qui n'avait pas tenté une action générale pour conserver aux alliés une place très-importante, allait commettre la faute de quitter, pour se jeter contre nos lignes, une position qu'il avait fortifiée.

La division Lasalle avait été très-éprouvée à la bataille d'Eylau. Le 20 février, elle avait été partagée en deux fractions. La première, comprenant les brigades Latour-Maubourg (5° et 7° hussards), Wattier (11° chasseurs et chevau-légers bavarois) et Bruyères (1er hussards, 13° et 24 chasseurs), fut cantonnée à Neidenburg et environs; tandis que la seconde, composée de la brigade Durosnel (7°, 20° et 22° chasseurs), était envoyée à Elbing. Vers le milieu de mars, après les tentatives faites par un corps ennemi pour se glisser entre la gauche de l'armée française et les côtes du Frische-Haff, afin de gagner Danzig, l'Empereur jugea prudent de doubler l'aile gauche de Bernadotte par toute la division Lasalle, qui pouvait surveiller facilement, par ses reconnaissances, le Mehrung, la Nogath et le pays compris entre Braunsberg et Elbing. Cette division fut tirée de Neidenburg, et ses quatre brigades se trouvèrent réunies, le 27 mars, à Elbing et dans les environs.

La première de ces brigades (Latour-Maubourg), dont Pajol allait prendre le commandement, fut augmentée du 3 chasseurs, qui arrivait d'Italie, et que le général Clarke devait diriger sans retard de Potsdam sur Thorn. Ce régiment quitta, en effet, Potsdam, le 1er avril, et passa, le 8, à Pobiedziska; le 9, à Gnesen; le 10, à Kwiezyszewo; le 11, à Inowraclaw; le 12, à Gniewkowo, et, le 15, à Thorn. De cette dernière ville il fut

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