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qui s'avançait par la route, était suivi, à une certaine distance, du 3° et du 4 hussards, qui marchaient en bataille dans les plaines à droite et à gauche. Ce régiment ayant engagé la charge, l'ennemi se retira avec précipitation dans le bois de Roth, où se trouvait une batterie de canons, protégée par deux bataillons d'infanterie.

Quand le 2o hussards arriva près de l'entrée du bois, il reçut une décharge à mitraille. Il avança cependant et mit en déroute plusieurs pelotons de cavalerie, qui avaient essayé de s'élancer sur lui. Le feu de l'infanterie, succédant aux décharges de l'artillerie, lui causa le plus grand mal et ne lui permit pas de passer outre. Ney prévint alors Championnet, qui, au bruit du combat, était accouru avec de l'infanterie. On retira le 2o hussards, que remplacèrent bientôt deux bataillons légers, et l'on dirigea le 3o hussards sur Driedorf, pour tourner les Autrichiens par leur gauche. Ce mouvement détermina l'évacuation du bois de Roth. Les troupes ennemies qui s'y étaient embusquées allèrent prendre position à Hirschberg. Ney, avec le 4o hussards et un détachement d'infanterie, les y suivit, les en chassa et les rejeta sur Fleisbach. L'ennemi s'établit sur les hauteurs qui dominent cette ville; mais le 4o hussards, où Pajol combattait avec sa bravoure habituelle, étant survenu, le désordre se mit dans les corps autrichiens, qui repassèrent tous la Dill et se rendirent à Wetzlar par la grande route de Herborn.

Nos hussards ne lâchèrent pas prise: ils franchirent aussi la Dill à Sinn et continuèrent la poursuite jusqu'à Aslar, où la nuit les força de s'arrêter. Ney avait fait suivre le mouvement du 4° hussards par un de ses régiments, qui avait aussi marché sur la rive gauche de la Dill, tandis que l'autre longeait la rive droite. En sorte que la division entière des hussards campa, le 20 avril au soir, à Aslar, Werdorf et Berghausen. Toute l'infanterie de l'aile gauche vint se placer un peu en arrière;' tandis que la division Olivier, marchant par Rennerod, Mengerskirchen et Beilstein, s'établissait entre Edingen, Greifenstein et Katzenfurth.

Ce même jour, l'armée de Rhin-et-Moselle avait franchi le Rhin. Moreau entrait donc en ligne; Latour ne pourrait porter secours à Werneck, dont Hoche aurait facilement raison, et

qu'il parviendrait peut-être à envelopper. Werneck avait compris le plan de son adversaire; il s'était prudemment échappé, par Wetzlar et Giessen, vers Francfort. Les combats du 20 avaient été livrés entre arrière-gardes autrichiennes et avant-gardes françaises. Il devait encore en être de même le lendemain.

Le 21, Championnet se remit à la poursuite de l'ennemi, qu'on lui avait dit en retraite sur Francfort. Il avait envoyé la division Olivier à Wetzlar, où elle était entrée sans difficulté; avec le reste de ses forces, il s'était porté vers Giessen. La division des hussards de Ney faisait l'avant-garde et ne devait s'approcher de Giessen qu'avec la plus grande précaution, cette ville étant gardée par un corps assez nombreux, aux ordres du général-major Elsnitz.

Ney se porta d'abord, avec ses trois régiments réunis, d'Aslar à Blasbach, puis à Haina. De là, il gagna Vetzberg, où ses éclaireurs rencontrèrent une centaine de cavaliers autrichiens envoyés à Gleiberg pour avertir de l'arrivée des Français. On eut vite chassé cet avant-poste, qui se replia sur Giessen. Des hauteurs de Gleiberg, Ney reconnut que plusieurs escadrons ennemis se trouvaient placés en bataille sur la rive droite de la Lahn, en avant du pont qu'il faut traverser pour aller à Giessen; il découvrit en outre d'autres escadrons dispersés entre Badenburg, Giessen et Klein-Linden, dans le but évident de garder les gués de la Lahn, qui sont assez nombreux entre ces points. Il prit immédiatement ses dispositions d'attaque, sans attendre l'infanterie, qui était à plus de trois lieues de là, tant les chemins étaient difficiles. Il envoya 50 cavaliers à Wissmar pour observer les gués de Badenburg et de Lollar; il porta ensuite toute sa cavalerie de Gleiberg sur le pont de Giessen directement, faisant attaquer les Autrichiens qui gardaient ce pont par deux escadrons, soutenus à peu de distance par quatre autres escadrons. Les cavaliers ennemis ne purent résister aux charges des hussards; ils repassèrent la Lahn en toute hâte et rentrèrent à Giessen. Ney les suivit, à la tête du 4o régiment, jusqu'aux portes de la ville.

Pendant ce temps, Championnet et le général Salm, avec deux régiments de dragons, franchissaient le gué d'Altzbach pour tourner les positions de l'ennemi par la gauche; tandis

que le général Klein, à la tête de deux régiments de dragons, passait le gué de Wissmar, afin de se porter sur Steinberg.

Ces deux mouvements tournants et les succès de Ney déterminèrent le général-major Elsnitz à abandonner Giessen et à aller prendre position à Steinberg. Ney, marchant toujours avec le 4° hussards, où Pajol a déjà fait des prodiges de valeur, l'y suit sans s'arrêter, et le combat recommence, sur ce point, avec une nouvelle ardeur.

Elsnitz a déployé ses troupes sur un mamelon qui s'étend entre Steinberg et Grüningen. Les hussards attaquent immédiatement, malgré une fusillade et une canonnade très-vives; ils enlèvent 400 hommes d'infanterie et deux pièces de canon dans le village de Steinberg. Ney se dispose ensuite à gravir les hauteurs; mais la difficulté des chemins et le feu des bataillons autrichiens l'en empêchent. Ses escadrons escarmouchent ainsi pendant deux heures en avant de Steinberg. Alors seulement des renforts arrivent, et il peut porter un escadron sur Lutzellinden, ce qui force l'ennemi à se replier à Gross-Linden.

Le 4° hussards essaya de nouveau d'escalader les hauteurs. Il fut successivement chargé par les hussards de Blankenstein et par les dragons de Cobourg. Il résista aux premiers, mais il dut céder aux autres, et fut contraint de se retirer à la droite de Steinberg, en arrière du ruisseau. Ney, qui avait cherché à maintenir ce régiment et à conserver une pièce de canon imprudemment mise en batterie, se vit entourer par les hussards de Blankenstein, et, son cheval s'étant abattu, il fut fait prisonnier.

Cependant le 4o hussards avait vu le danger que courait le général; ranimé par la voix de ses chefs, par le commandant Pajol entre autres, il était revenu à la charge. Ney avait déjà été emmené au milieu des lignes ennemies. Sur ces entrefaites, Championnet arriva sur le champ de bataille avec de l'infanterie et des dragons; il fit relever les hussards et obligea les Autrichiens à se replier jusqu'à Grüningen, d'où ils décampèrent pendant la nuit, pour se mettre à l'abri derrière la Nidda.

L'aile gauche de l'armée de Sambre-et-Meuse se trouvait donc, le 21 avril au soir, entre Giessen et Steinberg. La division de hussards, dont le général Salm prit le commandement en l'absence de Ney, était à Steinberg.

Le lendemain 22, Hoche arrivait à Giessen; il laissa, dans les environs de cette place, la plus grande partie de l'infanterie de Championnet, et se porta, avec la division de cavalerie du général d'Hautpoul et la division de dragons, en avant de Lich; il rapprocha la division de hussards de Grüningen.

C'est alors que Hoche reçut du général Bonaparte l'avis que les préliminaires de la paix avaient été signés à Leoben, le 18 avril, et qu'il y avait lieu de suspendre les hostilités partout, aussi bien sur le Rhin qu'en Italie. Cette nouvelle arrêtait l'armée de Sambre-et-Meuse au moment où elle allait recueillir le fruit de ses efforts; car si Hoche, avec l'aile gauche, arrivait près de Francfort, Lefebvre et Grenier touchaient déjà aux portes de cette ville, après avoir chassé du pays compris entre la Lahn et le Mayn tous les corps ennemis chargés de s'opposer à leur marche.

Dans ces conjonctures, Hoche s'empressa de gagner Friedberg, et, le 23 avril, son aile gauche se trouvait disposée de la manière suivante :

1° Division d'infanterie, à Bellersheim, Inheiden et Hungen; 2o Réserve de cavalerie, à Lich et Laubach;

3o Division de dragons, en arrière de la Nidda et de l'Horlof, la droite à Staden et la gauche à Gettenau;

4° Division des hussards, en arrière de la Nidda, depuis Okarben jusqu'à Wickstadt.

Le 23, les premiers parlementaires autrichiens arrivèrent à Friedberg. Hoche convint avec eux qu'on ouvrirait des conférences, à l'effet de déterminer la ligne de démarcation entre son armée et celle du général Werneck. Ces conférences eurent lieu, le lendemain 24, à Ilbenstadt; il fut convenu que le cours de la Nidda servirait de ligne de séparation entre les deux armées.

La notification de la paix sauva Werneck; car, au moment où les hostilités furent suspendues, Lefebvre, avec environ 18,000 hommes, arrivait à Rödelheim; Grenier, avec 15,000 hommes, à Usingen et Homburg; Hoche, avec 5,000 chevaux, entre Friedberg et Assenheim; enfin Championnet, avec 18,000 hommes, pouvait se rendre facilement de Hungen à Nidda, puis sur les flancs de l'armée autrichienne. Il ne restait donc plus à Wer

neck d'autre ligne de retraite que la route de Francfort à Würtzburg; il était, dans tous les cas, séparé de Latour, que Moreau occupait sérieusement à ce moment.

La campagne se trouvait ainsi terminée, sous le rapport des opérations offensives. Hoche distribua son armée dans les cantonnements les plus favorables pour faire bien vivre hommes et chevaux. Il laissa aux avant-postes la division des hussards, qui fut répartie le long de la Nidda, sur la rive droite, entre Assenheim et Schotten.

Ney fut renvoyé, le 6 mai, au quartier général de l'armée française, sur sa promesse qu'il ne reprendrait son service qu'après avoir été régulièrement échangé. L'échange eut lieu trois semaines plus tard, lorsque le Directoire mit en liberté le général-major O'Reilly.

Jusque-là, le général Salm continua de commander les hussards, qui ne firent, pendant tout ce temps, que des mouvements insignifiants, motivés par la nécessité d'étendre ou de resserrer la ligne des avant-postes.

Ainsi, le 4 hussards se trouvait, du 30 avril au 6 mai, l'extrême gauche de cette ligne, occupant Schotten, Betzenrod, Rainrod, Eichelsdorf, Ulfa, Einartshausen et Bobenhausen; du 7 au 18 mai, il s'étendit encore à gauche, et s'installa à Schotten, Götzen, Ulrichstein, Betzenrod, Engelrod, Almenrod et Lauterbach.

Mais bientôt le 2o régiment de hussards ayant été envoyé au corps devant Castel ('), commandé par le général Barbou, il ne

(') Castel ou Cassel, sur la rive droite du Rhin, devant Mayence. Le général Custine, après la prise de Mayence, le 21 octobre 1792, voyant la rive droite du Rhin non fortifiée, ordonna la construction d'une grande tête de pont, qui, à l'aile droite, fut reliée au fort de Mars, qu'on trouva déjà construit. Le colonel Augoyat ne dit pas si ce fort de Mars n'était pas primitivement désigné sous le nom de Cassel ou Castel.

1793. La capitulation de Mayence, par les Français, le 23 juillet, entraîna tout naturellement la reddition du fort de Castel.

1797. L'occupation de Mayence par les troupes du général Hatry, le 30 décembre, entraîna celle du fort de Castel, en exécution des conditions portées dans les préliminaires de paix de Leoben.

1801. Démolition des fortifications du fort, en exécution de l'article 6 du traité de Lunéville du 9 février. (Voir la correspondance de l'armée gallo-batave. 17 juin 1801. Procès-verbal de démolition.)

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