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SOMMAIRE.

Les dispositions de la loi. — Les frayères naturelles et artificielles. Les échelles à poissons.

Le mode de réempoissonnement le plus efficace, celui qu'on pourrait appeler la pisciculture vraie, favorise la reproduction des poissons par eux-mêmes et dans leurs frayères naturelles.

En dehors des mesures de police dont nous avons parlé à l'article II, rien, ou à peu près rien, n'avait été prévu dans ce sens par le Code de 1829. Les premières mesures de quelque importance sont dues à l'initiative du service des ponts et chaussées; elles sont insérées dans la loi du 31 mai 1865, dont les principales dispositions en faveur du réempoissonnement sont les sui

vantes :

Création de réserves dans lesquelles toute pêche est interdite pendant une période qui ne peut excéder cinq ans, mais renouvelable; installation d'échelles à poisson (art. 1 et 2).

Autorisation de prendre et de transporter les poissons destinés à la reproduction; cette faculté est étendue au frai fécondé et à l'alevin (art. 6 et 8).

Puis vient le décret de 1875 dont l'article 10, reproduit par le règlement de 1897, interdit de pêcher avec tout autre engin que la ligne flottante tenue à la main dans l'intérieur des ouvrages d'art établis sur les cours d'eau et à 30 mètres en amont et en aval.

Enfin, le décret du 2 avril 1880 qui défend de laisser vaguer les palmipèdes domestiques dans l'étendue des réserves affectées à la reproduction des poissons.

Ces deux dernières dispositions se passent de tout commentaire.

Le décret du 22 décembre 1899 réglemente la situation des réserves pour une période de cinq ans à partir du 1er janvier 1900. (Voir Appendice.) Ce décret est accompagné d'un état descriptif des parties des fleuves et rivières réservées où toute pêche est absolument interdite. (Journal officiel des 22 et 23 décembre 1899.) A la question des réserves se rattache celle des frayères.

Ces frayères sont des endroits des cours d'eau plus favorablement disposés par la nature et dans lesquelles les femelles viennent déposer leurs œufs.

Au point de vue de leur reproduction, les poissons peuvent être classés en deux catégories :

1o Ceux dont les œufs sont adhérents ou disposés en chapelets. Le plus souvent, ces espèces frayent au printemps; elles se rassemblent alors dans des frayères de leur choix, où leur nombre attire les braconniers qui peuvent les détruire en grandes masses. Ces lieux sont bien connus de quiconque fréquente les rives des cours d'eau; aussi les gardes doivent les surveiller jour et nuit depuis le moment de la pose jusqu'à l'éclosion. A ce compte, l'alevin ne manquera jamais pour assurer la reproduction ;

2o Les poissons dont les œufs sont libres. Ceux-ci, qui appartiennent à la famille des salmonides, frayent par couple, en hiver; ils déposent leurs œufs dans les fonds graveleux, vers les sources des eaux claires et

courantes.

Que les œufs soient adhérents ou libres, ils ne doi

vent pas être dérangés pendant le temps de l'incubation. Alors les fonds, comme les eaux devraient jouir de la plus grande tranquillité; l'emploi des filets traînants, la circulation de la grande batellerie, la fréquentation des animaux sauvages ou domestiques y sont plus nuisibles qu'à toute autre époque. Les grands cours d'eau navigables et flottables, qu'ils soient ou non canalisés, sont particulièrement exposés à ces dangers; aussi, le plus souvent, les frayères naturelles y sont détruites ou troublées. Mais il serait très facile d'en créer d'artificielles en dehors du cours régulier des eaux, dans les noues, les reculées, en y faisant des fascinages, des enrochements et des semis de plantes aquatiques. C'est là de beaucoup la pisciculture la plus économique.

Dans les petits cours d'eau où ils sont déposés, les œufs libres des salmonides sont moins dérangés pendant leur longue période d'incubation; circonstance heureuse, étant donné le petit nombre de leurs œufs et la difficulté de préparer de main d'homme des frayères à leur convenance. Par contre, ces espèces se prêtent beaucoup mieux que les précédentes à l'industrie de la reproduction artificielle.

D'ailleurs, quand les frayères naturelles ou artificielles sont nombreuses et richement ensemencées, rien n'empêche, à l'exemple des Romains ou des Chinois, d'y récolter des œufs fécondés pour les transporter dans les eaux pauvres. Malgré les facilités que donnent des moyens aussi simples pour assurer le repeuplement à peu de frais, les faits sont là pour indiquer combien peu de propriétaires ou d'adjudicataires se préoccupent de la question. L'État Providence a le devoir d'intervenir !

Les échelles à poisson sont des ouvrages fixes construits de façon à permettre aux poissons migrateurs de remonter les cours d'eau en franchissant les obstacles créés au profit de l'industrie ou de l'agriculture, pour chercher vers les parties hautes les eaux constamment aérées qui sont nécessaires à leur reproduction.

Il existe un grand nombre de modèles de ces échelles, chacun étant adapté aux allures du cours d'eau et à l'espèce de poisson qui doit les franchir. A titre de spécimen, nous reproduisons ci-après le type des échelles à plan incliné adopté sur le cours de l'Allier 1.

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Ces échelles sont établies à travers le corps du barrage et débouchent dans le thalweg de la rivière en un point où la profondeur de la rivière à l'étiage est d'au moins 6m,35; elles rachètent des chutes de Im, 19 à 1m,65; leur largeur est de 1,50, leur pente est de 1/6 et 1/8. Les cloisons sont espacées de 1,30 environ, elles sont percées d'orifices en chicane de ,30 de largeur. L'épaisseur de la tranche d'eau qui coule sur ces échelles est d'au moins om,30. Leur débit est de 400 à 500 litres.

1. Léon PHILIPPE, directeur du service hydraulique au ministère de l'agriculture, Les Échelles à poisson. Brochure. Imprimerie nationale, 1897, p. 6.

Quel qu'en soit le modèle, dit M. le directeur Philippe, ces échelles sont nécessaires chaque fois que la hauteur de la chute dépasse 1,50, bien qu'on ait vu souvent des saumons franchir d'un bond au travers d'une nappe liquide des cascades de 4 mètres et plus.

$ 3.

- L'exploitation des eaux closes.

SOMMAIRE. La situation meilleure des eaux closes. - Principes fondamentaux de l'aquiculture: mangeurs et mangés. - Les étangs et les réservoirs. L'aménagement des étangs. Le peuplement. — La pêche et l'assec. - Le transport des poissons. Le revenu. - Les ennemis des poissons et leurs maladies.

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Dans les eaux closes, étangs et réservoirs, où la pêche est exploitée par les propriétaires, la situation est en général beaucoup meilleure que dans les eaux publiques. Cela tient surtout à ce fait qu'elles sont infiniment mieux protégées par la loi; qui poursuit au criminel toute capture de poisson en assimilant le délit à un vol de récolte par application de l'article 388 du Code civil. De plus, exemptes de toutes les charges sociales qui grèvent les cours d'eau servant à la navigation, elles sont le véritable domaine de l'aquiculture.

L'aquiculture nécessite des études préparatoires et des dépenses de mise en valeur souvent considérables. Il faut tout d'abord se rendre compte de la composition et de la température des eaux, des qualités du sol et des ressources de la flore aquatique pour choisir les poissons à cultiver. Certaines espèces, en effet, comme la truite de rivière, exigent des eaux fraîches, limpides et bien aérées, des eaux de montagne enfin. La carpe et la

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