Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

niait ensuite avec force qu'il y eût dans l'ouest des chances de guerre civile, et attribuait au gouvernement le mérite d'avoir à peu près ramené la paix dans ces contrées.

A peine la Chambre avait-elle rejeté le dernier des amendements proposés successivement à l'exemple de celui de M. Chaigneau, qui avait été repoussé d'abord après deux épreuves, qu'une nouvelle discussion incidente s'éleva sur d'autres désordres, dont Grenoble avait été le théâtre dans les journées du 11, du 12 et du 13 mars. Toutefois, comme ce n'est pas ici le moment de nous étendre sur cette affaire qui alors n'était pas encore entièrement éclaircie, nous terminerons l'analyse du budget de la guerre, en mentionnant les efforts tentés par plusieurs orateurs pour savoir si l'occupation d'Alger était définitive. A cet égard, les ministres se tinrent sur une grande réserve, et l'explication la plus positive qu'ils crurent pouvoir donner se bornait à cette phrase de M. le maréchal Soult : « Les dispositions sont prises pour continuer l'occupation d'Alger, et rien n'annonce dans les prévisions du gouvernement que nous devions l'abandonner. >>

Marine.

26, 27 et 28 mars. Ce budget s'est distingué des précédents par un vote plus rapide et plus facile. Favorablement disposée pour le ministre de ce département, qui le défendit avec une supériorité de connaissance, une convenance, une clarté auxquelles tous les partis se sont empressés de rendre hommage, et pénétrée de l'importance d'une force navale imposante, la Chambre repoussa tous les amendements qui ne venaient pas de la commission. Parmi les économies proposées par la commission elle-même, il s'en trouvait une qu'elle faisait résulter du désarmement de deux vaisseaux, et que la Chambre rejeta sur des observations de M. de Rigny tendant à prouver que toute réduction de nos armements était impossible. Appuyé dans cette discussion par plusieurs orateurs et notamment par M. le général Lamarque, le ministre, pour répondre

au vœu de cet honorable député qui avait demandé à être rassuré sur l'avenir maritime de la France, déclara qu'elle avait en ce moment 31 vaisseaux à flot et 18 en construction.

Finances.

2, 3 et 4 avril. La Chambre ayant commencé par voter les dix-sept premiers chapitres de ce ministère, composant la première et la seconde partie du budget, passa immédiatement au chapitre des dépenses de la Cour des comptes, qui subit une réduction de 100,000 fr. proposée par la commission.

Dans cette circonstance on entendit MM. Rihouet et Dupin aîné faire un juste éloge de la cour des comptes, rappeler l'immensité de ses travaux et les services réels qu'elle rendait. Après avoir rejeté un retranchement de 306,000 fr. demandé par M. Auguis, sur le chapitre en discussion, la Chambre, comme pour donner une nouvelle preuve de l'intérêt et de l'importance qu'elle attachait à cette institution, adopta, malgré l'opposition de M. de Schonen, procureur général en cette Cour, un article additionnel présenté par M. Taillandier, en ces termes : « Le rapport dressé chaque année par la Cour des comptes, en vertu de l'art. 22 de la loi du 16 septembre 1807, sera imprimé et distribué aux Chambres. >>

Les dépenses des diverses administrations centrales du ministère des finances furent votées avec plusieurs réductions indiquées par la commission. Elle avait aussi proposé une diminution de 140,000 fr. sur la loterie, dans le but de réunir cette administration à celle des contribution sindirectes. Mais la loterie devait être suppriméé au 1er janvier 1836, et ce n'était pas la peine, disait M. le commissaire du roi, pour deux ou trois années, d'entreprendre de surmonter toutes les difficultés de cette réunion.

Les chapitres des frais de service, bonifications, taxations, remises et traitements fixes des receveurs généraux donnèrent lieu à des débats plus étendus. Ils portèrent principalement sur les bénéfices que recueillaient les receveurs généraux, et qui

se montaient, terme moyen, à 65,190 fr. selon M. Pourrat. Les moins payés recevaient 25,000 fr.; quelques-uns en touchaient plus de 200,000. Il y avait là, disait l'orateur, prodigalité, et pour la Chambre devoir de rapprocher ces traitements de ceux des autres fonctionnaires publics.

Cette discussion toute de chiffres, à laquelle prirent part MM. Duchâtel, commissaire du roi, Teste, Thiers et M. le ministre des finances, pour démontrer que les allocations des receveurs généraux n'étaient pas aussi fortes qu'on l'avait prétendu, ni hors de proportion avec l'utilité des services que l'État en retirait, se termina par le rejet successif de toutes les réductions, autres que celle de 500,000 fr. applicable aux receveurs généraux et celle de 200,000 fr. applicable aux receveurs d'arrondissement, proposées toutes deux par la commission.

Elle avait en outre demandé un retranchement de 250,000 fr. sur le traitement des payeurs généraux ; retranchement auquel M. le ministre des finances s'opposa vivement et qui n'en fut pas moins adopté à une très forte majorité.

La suite de la discussion n'amena aucun incident véritablement remarquable. Cette œuvre immense du budget touchait à son terme. Il ne restait plus qu'à concilier les économies votées avec les faits consommés au moment de la promulgation de la loi. La Chambre y pourvut, en adoptant une disposition additionnelle pour déclarer que les réductions n'auraient leur effet qu'à partir du 1er mai. L'ensemble du budget, soumis ensuite à l'épreuve du scrutin, réunit en sa faveur 205 voix sur 265 votants.

Voici le tableau sommaire du budget tel qu'il résultait de cet ensemble:

Les crédits demandés par le gouvernement avaient éprouvé une réduction de... Elle portait sur les services généraux des ministères pour...

Sur la dette publique pour.......

10,449,242 fr.

8,585,628

797,214

Et sur les diverses dotations pour................

Mais d'un autre côté, des augmentations de dépenses avaient atténué les réductions d'une somme de......

Ainsi les dépenses totales ne paraissaient plus diminuées que de.....

...

Et en définitive le budget provisoire des dépenses ordinaires et extraordinaires de l'exercice 1832 s'élevait à.

...

374,000 fr.

3,559,500

6,889,500

...

1,106,618,270 fr.

CHAPITRE V.

Troubles à Grenoble.

Tel était l'état du pays en 1832, qu'à chaque instant, outre des complots de toute nature tramés de longue main, et sans parler des incursions incessantes de la chouannerie, il a fallu s'attendre à voir des perturbations plus ou moins inquiétantes éclater sur divers points de la France. C'est ainsi que, pendant le mois de mars, et avec une simultanéité remarquable, des scènes tumultueuses, des désordres quelquefois sanglants, des dissentiments entre les gardes nationales et les autorités, des collisions entre les citoyens et les soldats, des rixes amenées par la différence des opinions politiques, affligèrent souvent au milieu des plaisirs du carnaval, les villes d'Alais, de Carcassonne, de Pézénas, de Lunel et de Nîmes. Mais, quelque déplorables que ces troubles aient été, ceux dont Grenoble fut le théâtre à la même époque ont eu un caractère de gravité et un retentissement qui exigent une attention plus spéciale.

Le dimanche 11 mars une quinzaine de jeunes Grenoblois, revêtus de costumes qui parurent à l'autorité une allusion offensante à la personne du roi, aux membres du ministère et à divers personnages politiques, promenèrent le Budget, accompagné de deux Crédits supplémentaires. Le préfet de l'Isère, M. Maurice Duval, ayant été instruit que la mascarade allégorique devait reparaître au bal annoncé pour le soir, voulut prévenir cette inconvenance en défendant ce bal, qui est ordinairement le plus brillant de la saison à Grenoble. A la sortie du spectacle, le théâtre ayant été fermé, des murmures se firent entendre; mais on en resta là pour le moment.

Le lendemain la jeunesse mécontente se rassembla, à la fin

« PreviousContinue »