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de Bourgogne en 1505; Hugues Fournier, qui lui succéda dans cette dignité en 1515; Humbert et Benoit Fournier, ses frères; Gonsalve de Tolède, médecin de la reine Anne de Bretagne, auquel Humbert Fournier prodigue les éloges; Benoit Court, jurisconsulte, auteur d'un commentaire sur les arrêts de la cour d'amour, d'un traité des jardins et de quelques autres ouvrages; André Brian, médecin de Louis XII; et Symphorien Champier, médecin du duc de Lorraine, célèbre alors par ses écrits.

Dans la suite, Nicolas de Lange, premier président et lieutenant-général du Présidial de Lyon, ayant acheté la maison où l'Académie de Fourvières avait tenu ses assemblées, ou bien, pour concilier les érudits sur ce point, s'il est possible, de Lange ayant acheté une maison près de là, essaya d'y former une nouvelle Académie. Mais l'exil volontaire auquel cet homme, vertueux et savant, se condamna pour ne pas entrer dans la ligue, a laissé une existence si courte et si traversée à cette Académie, appelée angélique, qu'on ignore aujourd'hui jusqu'aux noms de ceux qui la composaient.

Le voyageur Monconys, qui alla chercher en Égypte quelques traces de la philosophie de Trismegiste, parle de l'institution d'une assemblée de physique, dans la ville où il exerca les fonctions de lieutenantcriminel (1). Et si j'ajoute à toutes ces associations.

(1) Voyages de M. de Monconys, t. I, p. 6.

savantes et littéraires les brillantes réunions d'érudits et de gens d'esprit que présidait notre belle Louise Labé, il me sera permis de rattacher à l'Athénée du temple d'Auguste l'Académie de Lyon, fondée en 1700, et de conclure qu'elle fut relevée sur les ruines de cet antique Lycée, où soixante nations des Gaules vinrent, en chœur, rendre hommage aux Filles de mémoire et suspendre à leur autel les dépouilles de l'ignorance et de la barbarie.

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CHAPITRE II.

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PRÉCIS CHRONOLOGIQUE.

(1700 ▲ 1725.)

L'ACADÉMIE de Lyon doit son premier établissement à sept ou huit personnes non moins liées par l'amitié que par leur goût pour les sciences et les belles-lettres. Il faut distinguer parmi elles Brossette, Falconnet et du Puget (1). La liste des Académiciens,

(1) Dans sa lettre à Boileau, en date du 10 avril 1700, Brossette dit que l'Académie n'est composée que de sept personnes, dont les noms sont indiqués en note dans cet ordre MM. Dugas, Falconnet, Brossette, de Serres, du Puget et les PP. de St-Bonnet et Fellon, jésuites. Ce dernier n'est jamais nommé dans les procès-verbaux, et je n'ai trouvė, à son

par ordre de réception, les fera tous connaître dans la deuxième section de ce volume. Leurs noms y seront accompagnés de détails biographiques et bibliographiques qu'il est dès-lors superflu de reproduire dans le cours de mon récit. Quant aux ouvrages qui n'ont pas été imprimés et qui n'existent pas dans la bibliothèque de la ville, dont M. A. F. Delandine a publié le catalogue, ou dans celle de l'Académie, ils paraissent tout-à-fait perdus pour le temps présent et pour la postérité. Il serait sans utilité d'en rappeler le titre, puisque l'homme studieux ne pourrait les consulter nulle part, et le moindre inconvénient de ce travail serait de fastidieuses longueurs.

L'assemblée du 30 mai 1700, regardée comme la première, est remarquable par une circonstance singulière. Elle fut employée à discuter avec soin la fameuse démonstration de Descartes sur l'existence de Dieu, tirée de la propre idée et de la définition du souverain Être, et si connue dans l'école sous le nom de démonstration à priori de l'existence de Dieu. C'est avoir suivi heureusement le précepte à Jove principium.

MM. Falconnet, de la Valette père, le président Dugas et l'intendant de Trudaine, offrirent succes

sujet, aucun renseignement dans les porte-feuilles académiques. Thomas Bernard Fellon est auteur de deux poèmes latins l'un sur l'aimant, et l'autre sur le café. Il fut loué par Boileau. Le P. Fellon avait quitté Lyon en 1701, avant que l'on eût commencé à rédiger des procès-verbaux académiques. Il était né à Avignon le 12 juillet 1672, et il est mort le 25 mars 1759.

sivement un asile à l'Académie naissante. Mais l'archevêque de Lyon, François Paul de Neuville de Villeroi, nommé protecteur en 1715, après le maréchal de Villeroi, gouverneur, l'admit dans son palais, en 1717, et dans celui du gouvernement qu'il habita, lorsque le besoin de réparations lui fit quitter l'archevêché.

Ce prélat, qui approuva les réglements dressés depuis plusieurs années, était fort assidu aux exercices littéraires ; il y prenait une part active et personnelle. A ses propres ouvrages, il faisait succéder des réflexions sur ceux d'autrui. Ainsi, M. Aubert ayant lu, un jour, un discours sur les Vestales à Rome, dont le nombre n'était d'abord que de quatre, et fut porté à six sous le roi Servius, Monseigneur releva une omission qui lui parut importante. Il fit remarquer que lorsqu'une vestale laissait éteindre le feu sacré, elle était punie du fouet par la main même du Grand-Prêtre. Il concourut avec empressement à l'ordre de travail qui fut réglé, en 1717, pour la traduction du Traité de Cicéron sur la nature des Dieux. Deux bureaux furent formés: le premier, pour s'occuper de la traduction; le second, pour examiner chaque mois le travail qui aurait été fait. Les PP. de Colonia et Lombard furent chargés de rédiger les notes. Mgr. l'archevêque, avec le P. Lelièvre, se réserva le soin de revoir l'ouvrage. En 1718, il communiqua un sermon de sa composition; et, quoiqu'il soit nécessaire supposer une part à la flatterie dans l'éloge que

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reçoit un archevêque et un protecteur, ce discours parut touchant et rempli d'une éloquence simple et majestueuse. Il devait être prononcé à la cloture d'une mission faite à l'église de l'Hôtel-Dieu, et avait pour texte: Repleti sunt spiritu sancto et locuti sunt variis linguis. Il faut que ce sermon ne fût pas, en effet, dépourvu de mérite, puisque le P. Lelièvre, qui s'y connaissait, dit : « Mgr. l'archevêque nous a donné le pouvoir de prêcher, aujourd'hui il nous en donne l'exemple. » Enfin, l'archevêque voulant que la protection qu'il accordait à l'Académie, lui procurât de nouveaux honneurs et des avantages solides, offrit d'employer son crédit à l'obtention de Lettres Patentes pour l'établissement de cette Compagnie. Il les obtint. Elles termineront ce chapitre.

De leur côté, les intendants de la Généralité et les Prévôts des marchands de Lyon, demandaient tous à être admis dans le sein de l'Académie, et se placaient, suivant leur vou, dans la classe des associés dont le nombre était illimité, ou, lorsqu'une place devenait vacante, dans la classe des résidents composée d'abord de vingt-cinq personnes. Le premier intendant recu fut M. de Trudaine qui avait conçu le dessein de fonder une Académie, et qui, la trouvant formée, lui fit reprendre chez lui, en 1709, les séances qu'elle avait interrompues. En 1714, M. Méliand, son successeur, expliqua dans une séance plur sieurs usages de la police intérieure de Paris. Ce fut le même jour que Brossette lut son commentaire sur

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