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La première séance publique de l'Académie eut lieu au palais de l'Archevêché, le mardi 12 décembre 1724. M. Brossette y fit lecture des Lettres Patentes que je vais transcrire. M. de Glatigny aîné prononça un discours sur l'origine, le progrès et le rétablissement de la Compagnie. Le P. Follard lut une ode et une fable sur le même sujet. A cette époque, les Académiciens vivants étaient, dans l'ordre de réception, indépendamment de M. le Maréchal de Villeroi et de Mgr. l'Archevêque, MM. Dugas, Brossette, Colonia, Tricaud, de St-Fonds, Aubert, Cheynet, de Glatigny père, Duperon, Laisné de Glatigny fils aîné, de Glatigny fils cadet, Pestalozzy, de Curis, de Fleurieu, Lombard, de Grolier, de Regnault, Michon, Dugas fils, de Billy, de Bussy, Folart et de Faraman. Il manquait un Académicien pour compléter le nombre de vingt-cinq. On nomma M. Dulieu.

LETTRES PATENTES DU ROY,

PORTANT ÉTABLISSEMENT D'UNE

ACADÉMIE

DES SCIENCES ET DES BELLES-LETTRES

ÉTABLIE A LYON

PAR LETTRES PATENTES DU ROY.

Louis, par la grâce de Dieu, roy de France et de Navarre, à tous présens et à venir salut. Nôtre très cher et bien amé cousin le maréchal duc de Villeroy, gouverneur et lieutenant général de notre bonne ville de Lyon, provinces de

T. I.

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Lyonnois, Forest et Beaujolois, nous a très humblement fait remontrer que plusieurs villes de nôtre royaume se sont signalées à l'envi par l'établissement des Académies, qui ont pour objet les Sciences et les Beaux-Arts. La France doit en partie à ces heureux établissemens la grandeur, la politesse et la supériorité qui l'ont renduë l'admiration et le modèle des autres nations de l'Europe. Il y a eu dans tous les temps dans nôtre bonne ville de Lyon, si célèbre par l'étendue de son commerce, des personnes qui se sont distinguées par leurs talens et par le progrès qu'elles ont fait dans les plus nobles exercices, il s'y est formé depuis plusieurs années une Assemblée académique dans laquelle les sciences et les belles-lettres ont été cultivées avec beaucoup de succès. D'autres citoyens de cette seconde ville du royaume, qui ont du goût pour la musique et pour les beaux-arts, s'assemblent aussi depuis long-temps à des jours certains, pour faire des concerts et pour cultiver les connoissances qu'ils ont acquises dans les sciences les uns et les autres ont même commencé à faire construire des bâtimens nécessaires et convenables à des exercices si utiles au public, sur un fonds qui leur a été concédé à cet effet par les Prévôts des marchands et échevins de la même ville; ils ont aussi fait des statuts pour l'une et pour l'autre de ces Académies. Mais comme cet établissement ne pourroit subsister s'il n'étoit soutenu par nôtre autorité, nôtre dit cousin le maréchal duc de Villeroy toujours attentif au bien de nôtre État, et à ce qui peut augmenter la splendeur de la ville de Lyon et donner une juste émulation à ceux qui ont des dispositions pour les sciences, les belles-lettres et les beaux-arts, nous a très humblement suplié d'accorder nos Lettres Patentes pour assurer un établissement si loüable et si utile, et pour autoriser les assemblées de ces deux Compagnies différentes, sous le titre général d'Académic, et les mettre en état de continuer leurs exercices,

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suivant et conformément aux statuts qui ont été dressés à cet effet. A ces causes, de l'avis de nôtre Conseil, voulant favoriser le progrès des sciences, des belles-lettres et des beaux-arts dans nôtre bonne ville de Lyon, nous avons, de nôtre grâce spéciale, pleine puissance et autorité royale permis, aprouvé, autorisé, permettons, aprouvons et autorisons par ces présentes signées de nôtre main lesdites assemblées et conférences, voulons et ordonnons qu'elles soient continuées à l'avenir dans la ville de Lyon sous le nom d'Académie des sciences, des belles-lettres et des beaux-arts; laquelle sera divisée en deux compagnies, l'une sous le nom d'Académie des sciences des belleslettres; l'autre sous celui des beaux-arts: châcune desquelles tiendra ses assemblées séparément et aura ses matières et fonctions différentes, et pour cette fois seulement avons nommé pour protecteur de cette Académie nôtre dit cousin le maréchal duc de Villeroy; laissant dans la suite la liberté d'en élire un autre aux personnes qui la composeront, dont le nombre et les exercices se régleront suivant les statuts et les réglemens arrêtez le premier juillet mil sept cens vingt-quatre ci-attachez sous le contre-scel de nôtre chancellerie, lesquels nous avons confirmés et homologués, confirmons et homologuons. Si donnons en mandement à nos amez et feaux les gens tenans nôtre cour des monnoyes, senechaussée, et siége présidial de Lyon, et à tous autres nos officiers et justiciers qu'il apartiendra, que ces présentes ils ayent à faire enregistrer et exécuter selon leur forme et teneur, pleinement, paisiblement et perpétuellement faisant cesser tous troubles et empêchemens à ce contraires. Car tel est nôtre plaisir. Et afin que ce soit chose ferme et stable à toujours, avons fait mettre nôtre scel à cesdites présentes, aux copies desquelles collationnées par un de nos amez et feaux conseillers, secrétaires; voulons que foi soit ajoutée comme à l'original.

Donné à Versailles, au mois d'août, l'an de grâce mil sept cens vingt-quatre, et de nôtre règne le neuvième. Signé, Louis. Et sur le replis, par le Roy. FLEURIAU, et à côté visa, FLEURIAU, et scellées du grand sceau, et armes de Sa Majesté sur cire verte, attachées avec lacs de soye verte et rouge, et contrescellées.

Enregistrées ez registres du Greffe de la cour des monnoyes de Lyon par le greffier plumitif en icelle soussigné, suivant l'arrêt de ce jour quatre septembre mil sept cens vingt-quatre.

Signé : LEGRAS.

Suivant le jugement cejourd'hui rendu en la senechaussée Chambre du conseil et Présidial de Lyon, au rapport de Monsieur le Président et Lieutenant général sur les conclusions de M. le Procureur du Roy, lesdites lettres ont été enregistrées ez registres du Greffe de ladite senechaussée par moi greffier soussigné, le treizième septembre mil sept cens vingt-quatre.

Signé: PRESTRE.

STATUTS ET RÉGLEMENS.

ARTICLE Ier.

La Compagnie, qui cultivera les sciences et les belleslettres sera composée de vingt-cinq personnes ; elle s'assemblera un jour de chaque semaine conférences pendant deux heures au moins.

II.

et tiendra ses

Au commencement de chaque année, la même Compagnie élira un Directeur qui présidera aux assemblées et les convoquera extraordinairement; il recueillera les voix et prononcera les délibérations. Il portera la parole dans

les occasions qui se présenteront; il veillera au bon ordre et à l'observation des réglemens. En son absence, celui qui aura été Directeur l'année précédente, remplira sa place et fera toutes ses fonctions.

III.

La Compagnie aura un Secrétaire perpétuel, qui tiendra la plume dans toutes les assemblées dont il tiendra le journal.

IV.

Les matières de littérature et de critique seront le principal objet des conférences; néanmoins il sera libre aux Académiciens de choisir telle matière qu'ils voudront pour entretenir la Compagnie, chacun à leur tour.

V.

Les personnes, qui demanderont à être reçues, seront proposées par le Directeur; dans la séance suivante, les suffrages seront donnés par scrutin et en secret, et, huit jours après, le sujet sera reçu à l'assemblée.

VI.

Celui qui sera reçu fera un discours en forme de remercîment, dans lequel il fera entrer l'éloge du Roi, celui du Protecteur de l'Académie et celui de l'Académicien dont il tiendra la place, et le Directeur y répondra.

VII.

Il n'y aura que les Académiciens qui puissent avoir entrée dans les assemblées particulières. Il y aura néanmoins, tous les ans, deux assemblées publiques qui seront les premières après la Saint-Martin et après Pâques.

VIII.

La Compagnie destinée à l'exercice des beaux-arts sera distinguée en trois classes: la première sera composée des

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