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DU

SOULÈVEMENT, DE LA GUERRE

ET DE LA

RÉVOLUTION D'ESPAGNE.

LIVRE PREMIER.

Les révolutions du temps, en semant par le monde la discorde, les agitations et les guerres, avaient ébranlé jusqu'en leurs fondemens d'anciens et célèbres états. Appauvrie, désorganisée, l'Espagne semblait devoir être battue des premières par les furieuses tempêtes qui avaient désolé et bouleversé d'autres nations. Mais, forte du souvenir encore vivant de son ancienne puissance, éloignée d'ailleurs à l'occident, et formant l'extrémité du continent européen, elle avait tenu

bon, et conservé presque intact son vaste et lointain empire. Par malheur, son humiliation même et la basse condescendance de son gouvernement n'avaient pas peu contribué à maintenir son repos. Aveuglément soumis à celui de la France, qu'il fût démocratique, consulaire ou impérial, ce dernier le laissait jouir jusqu'à certain degré d'un calme apparent, pourvu toutefois que les débris des flottes, des armées et des finances de la mourante Espagne restassent à la merci de sa puissante alliée.

Mais, malgré tant de soumission, et au milieu même des bouleversemens et des continuelles vicissitudes de l'époque, jamais la politique de Louis XIV n'avait été mise en oubli par les nombreux et divers gouvernemens qu'eut la France : tous cherchèrent constamment à enchaîner au char de sa destinée celle de la nation espagnole. Forcés, au commencement, de se contenter de traités qui resserrassent l'alliance, ils prévoyaient néanmoins que plus ceux-ci seraient onéreux pour une des parties contractantes, moins ils offriraient à l'autre de conditions de force et de durée.

Il fallait donc, pour leur donner la consistance nécessaire, que les deux nations vinssent à s'unir par un lien de ressemblance dans les formes de leurs gouvernemens, ou par leur fusion sous l'autorité de personnes d'une même famille, suivant les changeinens et les transformations que subissait en France la constitution de l'état. Ainsi, à peine le cabinet français avait-il un moment de répit, qu'il n'était bruit aussitôt que de projets divers; on réunissait des troupes à Bayonne; on envoyait des expéditions contre le Portugal; enfin, de clairs et nombreux indices annonçaient l'intention d'intervenir dans les affaires intérieures de la péninsule hispanique.

Ce désir déjà si vif s'accroissait encore à mesure que

les armes françaises assuraient à l'extérieur la suprématie de leur patrie, et qu'à l'intérieur se rétablissaient l'ordre et la tranquillité. Il commença à éclater au grand jour lorsque Napoléon, plaçant sur son front la couronne de France, pensa avec raison que les Bourbons assis sur le trône d'Espagne, quelque soumis qu'ils se montrassent alors, regarderaient toujours de mauvais œil celui qui portait un sceptre appartenant de droit à la souche dont ils étaient une branche. Ce qui se passa en 1805, lorsque la paix de Presbourg mit fin à la campagne d'Autriche, servit à confirmer les soupçons du monarque français.

Le roi Ferdinand de Naples, frère de Charles IV d'Espagne, venait d'être dépossédé de son royaume, et la cour de Madrid avait refusé pendant quelque temps de donner son assentiment à un acte pareil, et de reconnaître le nouveau souverain Joseph Bonaparte. Quelque juste et naturel que parût ce refus, il n'en offensa pas moins vivement l'empereur des Français, qui peut-être n'eût pas tardé long-temps à faire éclater son courroux, si d'autres soins ne fussent venus fixer son attention et retenir les éclats de sa colère.

En effet, la paix conclue avec l'Autriche était loin d'étendre ses effets à la Russie, et la conduite du cabinet prussien, équivoque et douteuse, inquiétait l'esprit ombrageux de Napoléon. Si de tels motifs étaient un obstacle à ce qu'il qu'il s'occupât des affaires d'Espagne, il y en avait un non moins grand, quoique bien différent, dans les espérances d'une paix générale, que fit naître la mort de Pitt. Napoléon avait constamment imputé la continuation de la guerre à ce ministre, qui mourut au mois de janvier de l'année 1806; et comme la paix était le voeu général, même en France, force fut bien à son chef de ne pas heurter uneop inion tellement accréditée, lorsque le prétexte allégué jusqu'ici avait disparu tout-à-coup, et que

M F.:

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! Grille, avec la hommes de leur nit appelis, a composer le cabines anglais. qié cos dest minutes. le premier murvient pour la paix, et la con lance s'accrut 1 sprès leur nomination, il qeta & etabli ondance active entre les rivernemens Lierre et de frince. Fotfitle premier a la commensen, en mettant a profit un incident qui favorsait sos dess. Les negociations durerent pleurs mois, ** les korda Yarmouth et Lauderdale se rendirent mène à Paris en qualité de plenipotentiaires. Un accommodement anaré des dent parties etait chose diffole x cette époque. Napoleon, dans les pourparlers, mostra pen d'égards pour l'Espazne; car, entre anfres propositions, il fit celle de livrer aux Anglais File de Puerto-Rico, et à Ferdinand IV de Naples les Palares, en echange de l'ile de Sicile, que ce dernier cedemiltà Joseph Bonaparte.

Le ris dat répondit à la nature de pareilles proposi lons, auxquelles venaient se joindre le placement successif des membres de la famille Bonaparte à la tére de différens états et royaumes d'Europe, ainsi Ge Tetablissement de la nouvelle et famense confédération da Klin. Les négociations furent ainsi rompes, et Napoléon en donna comme raison principale la maladie de Fox et sa mort survenue au mois de septembre 1865. An même terme aboutirent celles qui avaient été également entamées avec la Russie, fempereur Alexandre ayant désapprouvé publiquement le traité conclu en son nom à Paris par son plénipotentiaire M. d'Oubril.

Dans le méine temps qu'on était en pourparlers de paix, chacun, doutant de sa conclusion, et peu désireux pent-être de l'obtenir, se préparait déjà à continuer la guerre. La Russie et la Prusse se liguaient en secret et voulaient que d'autres états s'associassent à leur

cause. Napoléon ne négligeait rien de son côté, et bien qu'il conservât du ressentiment contre le cabinet espagnol pour ce qui s'était passé au sujet de Naples, il dissimulait son mauvais vouloir, et ne cherchait qu'à tirer le meilleur parti possible de la soumission de son allié.

Au commencement de l'année 1806, il demanda tout d'un coup que des troupes espagnoles passassent en Toscane pour remplacer les garnisons françaises qui s'y trouvaient. En flattant ainsi les deux cours, celle de Florence, parce qu'elle regardait comme siennes les troupes espagnoles destinées à sa garde, et celle de Madrid par la preuve de confiance qu'il lui donnait par une pareille démarche, Napoléon arrivait, par ce moyen, à dégager davantage ses propres forces, et accoutumait en même temps le gouvernement espagnol à se priver insensiblement de ses soldats. Celui-ci accéda à la demande du cabinet français, et, les premiers jours du mois de mars, quatre à cinq mille Espagnols, commandés par le lieutenant-général Gonzalo O'Farril, entrèrent à Flo

rence.

Comme Napoléon avait également besoin d'une autre espèce d'assistance, il tourna ses regards, pour se la procurer, vers les agens espagnols résidant à Paris. Parmi eux, se faisait remarquer Don Eugenio Izquierdo, homme adroit, esprit fin et remuant, aux soins duquel étaient confiées, sous le masque d'au

es commissions, les affaires particulières de Don Manuel Godoy, prince de la Paix. C'était en vain que cet agent s'était appliqué jusqu'alors à sonder, à l'égard de son protecteur, les pensées de l'empereur des Français. Jamais il n'avait reçu d'autre réponse que de va: gues promesses. Mais arriva le mois de mai de l'année 1806, et les embarras du gouvernement français, pour faire face aux immenses dépenses qu'entraînaient

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