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tution du coke à la houille. Toutes ces conditions furent imposées à MM. Pètre et Duchon.

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$ 9. TANNEURS ET CORROYEURS. La peau du cheval, du bœuf, de la chèvre et du mouton sert à de nombreux usages, dont les principaux sont la sellerie et la chaussure; c'est un objet de consommation de première nécessité. Employée à l'état frais, elle n'aurait aucune durée, son tissu se laisserait pénétrer facilement par un liquide, et la putréfaction l'aurait bientôt détruite. Il faut donc lui faire subir une préparation pour lui ôter ces défauts et lui donner les qualités qu'elle n'a pas. Considérée chimiquement, la peau est composée en très grande partie de gélatine, qui, mise en contact avec le tannin, devient un tissu résistant, très peu perméable aux liquides, et imputrescible. Il faut parvenir à produire cette combinaison du tan avec la matière gélatineuse sans qu'il y ait altération de la peau; tel est le problème à résoudre dans l'opération du tannage, dont le but est de faire pénétrer intimement le tannin dans toute l'épaisseur du tissu cutané. Préparée ainsi, la peau des animaux est travaillée par le corroyeur, qui la soumet à diverses manipulations pour l'assouplir, l'unir et la rendre propre à ses divers usages: le maroquinier lui donne une grande finesse et la teint des couleurs les plus brillantes.

On tanne les peaux de cheval, de bœuf, de vache, de veau, de mouton et de chèvre; chacune a son emploi spécial: celle du corps d'un même animal n'a pas, dans toutes ses parties, la même épaisseur, et ne convient pas pour le même emploi. C'est de l'écarrisseur et du boucher que le tanneur reçoit les peaux fraîches, encore couvertes du poil et de parcelles de chair. Pour les en dépouiller et les faire gonfler, il les fait macérer pendant quinze jours ou trois semaines, selon la saison, dans une bouillie de chaux; l'action de la vapeur ou d'un courant d'eau tiède est un procédé plus prompt: cette partie de l'opération est ce qu'on appelle le travail en tripe ou le travail de rivière. On extrait ensuite l'eau dont les peaux sont imbibées, soit avec un couteau d'une forme particulière, soit avec une presse; puis on les étend dans de vastes cuves en bois enfouies dans le sol; on les recouvre l'une après l'autre de couches alternatives

d'écorce de chêne séchée et broyée qu'on nomme tan, et on remplit les fosses d'eau. Il faut une année pour que la combinaison du tannin avec la gélatine de la peau soit complète ; pendant ce temps, on renouvelle trois fois les couches de tan. Divers procédés, ceux de Vauquelin entre autres, abrégent beaucoup l'opération du tannage.

Le corroyeur fait préalablement macérer les peaux fraîches, c'est-à-dire à l'état de cuir vert, dans une eau de rivière, pendant quarante-huit heures en été, et trois ou quatre jours en biver: il se sert d'un bateau-lavoir pour cette première opération, qui s'accomplit sans qu'il y ait dégagement d'aucune odeur désagréable. Il étend sur un chevalet les cuirs ramollis, et enlève avec un couteau les poils et l'épiderme; après ces travaux préliminaires, il transporte les cuirs dans ses ateliers, pour les soumettre à l'opération de l'alunage et du suifage; l'alunage consiste à faire tremper les peaux dans une eau qui tient en dissolution de l'alun et du sel de cuisine, et qu'on a fait chauffer. On étend les peaux dans des baquets remplis de cette eau alunée, et on les foule sous les pieds une ou deux fois par semaine, pendant une journée entière. Cette eau n'est point renouvelée; on l'allonge lorsque sa quantité a diminué, et on y fait dissoudre de nouveaux sels lorsqu'elle s'est affaiblie. Elle est conservée d'une opération à l'autre ; et, si elle n'est pas renfermée dans des vases clos, elle exhale une odeur fort désagréable, fournie par les matières organiques putréfiées qu'elle tient en dissolution. La vapeur qui s'en dégage au moment où on la fait chauffer n'est pas moins fétide. Ainsi alunés ou habillés, terme d'atelier, les cuirs sont étendus et exposés à l'action de l'air, qui les dessèche; puis un ouvrier les assouplit avec un cylindre. Transportés du grenier d'étendage dans l'atelier, ils sont enduits, sur chacune de leurs deux faces, d'une couche de suif chaud, qui est renouvelée plusieurs fois, ou d'un mélange d'huile de poisson et de potasse ; c'est l'opération du suifage. L'indication des autres manipulations aurait peu d'intérêt.

On voit, d'après cet exposé sommaire des procédés du tannage et du corroyage, à quelles plaintes ils peuvent donner lieu. Toutes ont pour objet les émanations fétides de l'atelier,

qui ne sauraient être évitées d'une manière complète ; mais cette incommodité est rarement assez grande pour qu'il y ait lieu à faire cesser les travaux.

§ 10. CHANDELLES, BOUGIES STÉARIQUES.-Les fabriques de chandelles et de bougies stéariques ont été le sujet de nombreux rapports des Conseils de salubrité; elles n'ont rien d'insalubre, mais l'odeur fade et nauséabonde qui s'en dégage rend leur voisinage extrêmement désagréable: elles exposent en outre au danger de l'incendie. On ne doit permettre l'établissement des fondoirs que dans les communes rurales; on ne saurait les tolérer dans l'intérieur de la ville. C'est, comme on sait, avec la graisse du mouton ou suif que les chandelles sont faites es; on les fabrique de deux manières différentes, selon que l'on y veut avoir des chandelles moulées ou à la baguette. Si on emploie le premier procédé, on coule le suif fondu et chaud dans des moules en fer-blanc ou en verre, autour des mèches, qui sont suspendues à une petite tringle. Si on fait usage du second, on passe plusieurs fois dans un bain de suif les mèches qu'on a fixées à une baguette; puis on les plonge dans un bain de suif que renferme une caisse en bois. De nouvelles immersions les portent à la grosseur qu'on désire; il ne reste plus qu'à leur donner une longueur égale. Ces opérations diverses sont accompagnées du dégagement d'émanations assez désagréables. Si l'atelier est voisin d'un lieu habité, d'une rue ou d'une promenade, on n'accordera d'autorisation que sous la condition de l'entourer d'un mur d'enceinte de 8 à 10 mètres d'élévation, sans aucun jour du côté de la promenade ou de la rue. Au reste, pourvu que le local soit convenable, la fabrication des chandelles ne présente ni danger, ni inconvénients graves.

La confection des bougies avec les acides gras de la graisse de bœuf (bougies de l'Etoile, du Soleil, stéariques, etc.) s'accompagne de très peu d'incommodité; on sait sur quels principes elle est fondée. On soumet d'abord la graisse à l'action de la chaux vive, qui transforme en acides gras ses deux principaux éléments, la stéarine et l'oléine. Cette opération première se fait à vases clos. La saponification, celle qui suc

cède, a pour objet la décomposition, au moyen de l'acide hydrochlorique ou de l'acide sulfurique, du stéarate et de l'oléate de chaux, sels formés par l'action de la chaux sur la graisse. On sépare l'acide muriatique de l'acide oléique; puis on isole, au moyen de la presse hydraulique, l'acide stéarique solide, destiné à devenir bougie, de l'acide oléique liquide, qu'on recueille pour le faire servir à la préparation de savon à base de soude. Le moulage de la bougie se fait au bain-marie, et ne donne lieu qu'au dégagement, peu désagréable, d'une légère odeur de cire. On voit que cette fabrication n'a rien qui soit incommode ou insalubre. Il peut y avoir lieu à imposer à la fabrique l'obligation de saturer tous les résidus avec de la chaux, de renfermer ces matières dans un tonneau couvert, et de les exporter hors de l'atelier au moins une fois par semaine.

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$ 11. CHAPELLERIE. Plusieurs des opérations qui se pratiquent dans l'art de la chapellerie, sont fort incommodes pour les habitations du voisinage. Une poussière noire et abondante se dégage par le battage après la teinture du feutre; des buées d'une odeur désagréable s'élèvent continuellement des cuves, s'échappent par les croisées, et répandent au loin une vapeur épaisse et fade. Ces inconvénients ont fait ranger les fabriques de chapeaux dans la seconde classe des établissements incommodes ou insalubres; ils sont assez grands pour que les Conseils de salubrité ne tolèrent pas les foules de chapeliers dans une rue très fréquentée. Une ordonnance de police du 12 juillet 1818 veut que ces foules, à Paris, soient placées au rez-de-chaussée et dans le fond des cours; elle défend, en outre, de prêter ou de louer des foules à des ouvriers ou à des fabricants non pourvus de patente, et prescrit aux chapeliers d'appliquer, au moyen d'un fer chaud, leurs noms, en toutes lettres, dans l'intérieur des chapeaux qu'ils fabriquent. Les ateliers de chapellerie donnent lieu à des plaintes vives et fondées, lorsqu'ils envoient une masse considérable de vapeurs désagréables aux nombreuses fenêtres du voisinage. Ces inconvénients cessent si les buées sont recueillies dans une haute cheminée, qui les a portées au-dessus du toit des maisons les plus élevées des

alentours. Un peu de vapeur peut s'échapper encore par la porte, mais elle est en quantité trop minime pour qu'il y ait eu lieu à s'en occuper.

Les établissements de troisième classe sont ceux qui peuvent rester sans inconvénient auprès des habitations, mais que la police doit cependant surveiller. A cette catégorie appartiennent les fours à chaux ou à plâtre et les tuileries qui ne travaillent pas plus d'un mois dans l'année, les fours à briqueterie et à poterie, les fabriques de gélatine, les fonderies au creuset, les fonderies de cuivre, les ateliers de teinturiers, les fabriques de fourchettes de parapluies, les buanderies, etc. Ils ne peuvent jamais être insalubres, et leur incommodité ne saurait jamais être portée au point de devenir pour eux un motif d'exclusion; d'après cette considération, nous ne ferons d'aucun des arts industriels qui appartiennent à la troisième classe le sujet d'un examen particulier. L'indication de quelques précautions pour écarter la fumée ou prévenir le dégagement d'odeurs désagréables, suffit pour désarmer les oppositions ou les rendre sans objet.

CHAPITRE IX.

DE LA POLICE DES ALIMENTS ET DES BOISSONS.

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§ 1. FALSIFICATION DES ALIMENTS. La police des aliments et des boissons est un des premiers devoirs d'une administration municipale; beaucoup de considérations exigent qu'une surveillance attentive soit faite dans les marchés, chez les épiciers, les marchands de farine, les cabaretiers et autres marchands de vins, etc. C'est sur les objets les plus nécessaires à la vie que la mauvaise foi s'exerce avec le plus de ténacité; elle les altère et les corrompt de mille manières, et souvent avec tant d'art, qu'il est difficile de reconnaître le

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