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atmosphères la tension de la vapeur; puis on multiplie ces deux nombres l'un par l'autre. Si ce produit dépasse 15, on place les chaudières dans la première catégorie; elles appartiennent à la seconde si ce même produit surpasse 7 et n'excède pas 15, à la troisième s'il est supérieur à 3 et n'excède pas 7, et enfin à la quatrième si le produit ne dépasse pas 3.

Toute chaudière à vapeur de la première catégorie doit être établie en dehors des maisons d'habitation et des ateliers. Elle pourra cependant être tolérée par le préfet, dans l'intérieur d'un atelier qui ne fera point partie d'une maison d'habitation, toutes les fois qu'il y aura moins de 10 mètres de distance entre une chaudière de la première catégorie et les maisons d'habitation ou la voie publique. Il sera construit, en bonne et solide maçonnerie, un mur de défense de l'épaisseur d'un mètre. Ce mur de défense sera, dans tous les cas, distinct du massif de maçonnerie des fourneaux, et en sera séparé par un espace libre de 50 centimètres de largeur, au moins; il devra également être séparé des maisons voisines. Lorsqu'une chaudière de la première catégorie sera établie dans un local fermé, ce local ne sera point voùté; on le couvrira d'une toiture légère, sans liaison avec les bâtiments contigus, et placées sur une charpente particulière.

Les chaudières à vapeur de la seconde catégorie pourront être placées dans l'intérieur d'un atelier, s'il ne fait pas partie, toutefois, d'une maison d'habitation ou d'une fabrique à plusieurs étages: si elles sont situées à moins de 5 mètres de distance, soit des maisons d'habitation, soit de la voie publique, le mur de défense sera construit de ce côté.

Il n'est pas exigé pour les chaudières de la troisième catégorie, qui peuvent être placées dans l'intérieur d'un atelier isolé des habitations. Les chaudières de la quatrième catégorie pourront être autorisées dans l'intérieur d'un atelier quelconque, lors même que cet atelier ferait partie d'une maison d'habitation. Les fourneaux des chaudières à vapeur comprises dans la troisième et dans la quatrième catégorie, seront entièrement séparés par un espace vide, de 50 centimètres au moins, des maisons d'habitation appartenant à des tiers.

L'ordonnance du 22 mai 1843 supprime les rondelles fusi

bles, qui avaient des inconvénients graves: en effet, elles ne se fondent et ne se ramollissent pas généralement au degré que leur timbre accuse, et même à des degrés plus élevés, lorsque la tension de la vapeur augmente rapidement. Elles s'altèrent d'ailleurs avec le temps. Quant aux soupapes, au manomètre, et aux indicateurs du niveau de l'eau dans les chaudières, ce sont des moyens de sûreté dont l'efficacité est bien établie.

Les appareils à vapeur appartiennent aux attributions d'un Conseil de salubrité sous deux rapports : l'insalubrité, par le danger d'explosion; l'incommodité, par le double inconvénient du bruit et de la fumée.

C'est cependant aux ingénieurs qu'appartient exclusivement l'examen des conditions auxquelles doivent satisfaire les appareils, comme garanties contre les chances de rupture et d'explosion, et un Conseil de salubrité n'a, strictement, à s'enquérir que de la question d'incommodité des machines à vapeur.

Cette incommodité ne saurait être que rarement une cause de rejet d'une demande en autorisation. Le bruit de la machine même n'est généralement pas susceptible d'être entendu en dehors des ateliers, et, si les circonstances de localité sont telles que la fumée de la houille puisse incommoder les habitants du voisinage, il sera le plus souvent facile de parer à cet inconvénient, en imposant l'obligation d'élever la cheminée au-dessus de la toiture des maisons situées, dans un rayon déterminé, autour de l'usine.

Il conviendra, encore, de rechercher si les conditions de localité prescrites par l'ordonnance du 22 mai ont été exactement remplies; et il faudra, en conséquence, déterminer, dans chaque cas, la catégorie à laquelle appartient la chaudière objet de la demande en autorisation.

Le Conseil de salubrité du Rhône a été consulté quarantedeux fois pour des chaudières à haute ou à basse pression, et n'a repoussé que trois demandes en autorisation. Dans deux de ces cas particuliers, la machine à vapeur aurait frappé les maisons voisines d'une incommodité intolérable; dans l'autre, au lieu d'être isolée, la chaudière était contiguë immédiatement à un atelier, et était placée au-dessous d'appartements

habités.

$ 3. ECLAIRAGE AU GAZ HYDROGÈNE.

- Vers la fin du dix

septième siècle, un médecin, physicien célèbre, et fondateur de la physique expérimentale en France, faisait brûler du gaz dégagé au moyen de l'acide vitriolique (sulfurique) de l'eau et du fer, par l'extrémité d'un tube de verre effilé à la lampe. Ce petit appareil a conservé son nom; on l'appelle encore lampe ou chandelle philosophique de Polinière (1). On était loin de se douter alors que cette expérience faite, dans les démonstrations de physique et de chimie comme simple objet de curiosité, conduirait les savants à proposer le gaz hydrogène comme moyen d'éclairage, et à rendre son usage universel dans des établissements publics et dans beaucoup de maisons particulières. L'introduction en France de l'éclairage au gaz est récente encore.; il y a bien peu d'années que nos rues et nos places publiques recevaient la lumière, pendant la nuit, de réverbères clair-semés, dont la flamme terne et rougeâtre était à peine aperçue à quelques pas de distance. Paris était une des villes les plus mal éclairées de l'Europe; c'est ce qu'on ne pourrait dire aujourd'hui. Accueilli d'abord avec quelque défaveur, l'éclairage au gaz a surmonté, en peu de temps, toutes les préventions et tous les obstacles adopté dès ses débuts par quelques usines, il s'est rapidement propagé dans les cafés, dans les théâtres, dans les magasins, et s'est enfin emparé des ponts et de la voie publique. On le rencontre partout, dans les maisons particulières comme dans les établissements publics, non-seulement dans les grandes villes et dans leurs faubourgs, mais encore dans les villes de troisième ordre. Non-seulement les becs de gaz par lesquels nos rues sont éclairées, donnent une lumière infiniment plus blanche et plus vive que celle de l'huile à quinquet; ils surpassent encore de beaucoup, en nombre, les anciens réverbères. On a éclairé, au moyen du gaz, des rues et des quartiers entiers qui ne l'avaient point été encore; les ponts se sont couverts, ainsi que les quais, de candélabres, et des becs à gaz se sont multipliés sur les avenues des grandes routes: jamais méta

(1) Voyez les traités de chimie, notamment ceux de Bouillon-Lagrange, de notre savant confrère, le professeur Alph. Dupasquier, etc.

morphose n'a été plus prompte et plus complète : vues de nuit, de l'une des hauteurs qui les dominent, les grandes villes semblent illuminées comme pour un jour de fête.

Cependant, partout où la nouvelle industrie a voulu s'établir, elle a rencontré des oppositions et donné lieu à des plaintes, quelquefois très fondées. Une courte indication des procédés de l'éclairage au gaz fera connaître la nature des inconvénients dont son exploitation peut être accompagnée.

Le gaz dont la combustion produit la lumière est du gaz hydrogène, plus ou moins carboné, et mêlé souvent d'oxyde de carbone; on le dégage, au moyen de l'action d'une forte chaleur, de diverses matières, dont les plus ordinaires sont le bois, les huiles, les résines et surtout la houille. Comme la fabrication du gaz de houille est celle qui paraît avoir le plus d'inconvénients pour la salubrité, lorsque ses procédés sont défectueux, nous nous en occuperons d'une manière spéciale.

Cette industrie n'est autre chose qu'une distillation de la houille à vases clos, au moyen d'une forte chaleur qui sépare les éléments de ce corps combustible, et chasse le gaz hydrogène carboné, auquel on met le feu. Des cornues ovoïdes sont remplies de houille et fortement chauffées; la houille se décompose, et la séparation de ses éléments donne pour produits principaux, d'une part, du coke, de l'autre, du goudron, une matière grasse, liquide, extrêmement fétide, qui est la naphtaline, des sels ammoniacaux, de l'acide hydrosulfurique, du sulfure de carbone et le gaz hydrogène carboné. On sépare assez facilement le gaz du goudron, en faisant passer le tube de dégagement dans un cylindre incliné et rempli d'eau ; mais il est moins facile de se rendre maître de l'acide hydrosulfurique et du sulfure de carbone. C'est ce qu'on cherche à faire le plus complètement possible, en faisant traverser au gaz, des couches superposées de mousse ou de paille et de chaux éteinte, ou en le lavant dans du lait de chaux. La chaux retient l'acide carbonique, le sulfure de carbone et le gaz hydrosulfurique: ainsi épuré, l'hydrogène carboné est reçu dans un réservoir nommé gazomètre, et il est prêt pour la consommation.

D'après cet exposé des principaux phénomènes de la distillation de la houille, on prévoit quels doivent être les inconvé

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nients, quant à la salubrité, de la fabrication du gaz hydrogène carboné; ce sont les émanations très fétides d'une partie des produits, les infiltrations d'eaux ammoniacales ou chargées de matières grasses, l'incommodité qui résulte du dégagement très abondant de la fumée de la houille, l'odeur très désagréable du gaz qui n'a pas été bien épuré, l'action nuisible, sur l'argenterie, les dorures, les vernis, de ce gaz mêlé à l'hydrogène sulfuré, enfin le danger d'explosion du gazomètre et celui d'incendie. Tous ces inconvénients sont réels; mais ils disparaissent en très grande partie lorsque le gaz a été préparé d'après de bons procédés.

Le danger d'explosion du gazomètre a été fort exagéré; il est difficile à expliquer en théorie, et a été vu si rarement et dans des circonstances tellement exceptionnelles, qu'il n'y a pas, en quelque sorte, à en tenir compte. Pour que l'hydrogène carboné d'un gazomètre puisse faire explosion, il faut qu'il contienne au moins sept fois son volume d'air atmosphérique, ce qui est impossible dans toutes les éventualités. On sait que la quantité d'oxygène nécessaire pour faire détoner de l'hydrogène carboné, dépend de la proportion des éléments de ce gaz pour être complètement brûlé, le bi-carbure d'hydrogène exige trois fois son volume d'oxygène; mais l'oxygène n'entre que pour un cinquième dans la composition de l'air atmosphérique. Les circonstances sont changées lorsque le gaz, s'échappant par quelque fissure ou d'un robinet mal fermé, s'accumule dans un appartement bien clos le mélange qui résulte de son union à l'air atmosphérique peut faire explosion au contact d'une lumière, et c'est ce qui est arrivé assez souvent. Il n'y a d'autre conséquence à déduire de ces faits très réels, que la nécessité de porter un prompt remède aux fuites de gaz, et de bien fermer les robinets. D'autres accidents bien autrement graves ont accompagné l'accumulation, dans une chambre trop bien fermée, du gaz échappé d'un fissure ou d'un robinet ouvert; quelques personnes ont été asphyxiées et ont péri. Plus le gaz contient d'hydrogène sulfuré, et plus son action sur les organes respiratoires est délétère. Il ne faudrait certainement pas conclure de ces faits, malheureusement trop bien constatés, qu'on ne doit point se servir, comme éclairage, du gaz hydro

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