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mouillés; 10° on devrait supprimer tous les cachots souterrains c'est assez qu'ils soient placés au rez-de-chaussée; on aura soin, surtout, que ces lieux de punition soient bien aérés et bien ventilés; 11° enfin, on enjoindra à MM. les officiers des corps casernés, à veiller mieux qu'ils ne le font, à ce que la plus grande propreté règne dans les casernes.

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§ 6. SALUBRITÉ DES ÉGLISES.-Les églises ont plusieurs points de contact avec la salubrité; placées, pour la plupart, dans l'enceinte des grandes villes, et au cœur de quartiers très populeux elles ont des murs élevés qui peuvent entretenir dans des rues étroites, une grande humidité. Une foule, ordinairement très compacte, les encombre les dimanches et les jours de fête : il est donc important qu'elles aient des abords faciles, et de larges voies de dégagement. Ce n'est pas l'air atmosphérique qui manque dans leur intérieur, mais cet air est confiné et ne se renouvelle point suffisamment; les fenêtres ne s'ouvrent jamais, et leurs vitraux coloriés ne se laissent point traverser par la lumière solaire; enfin leur enceinte est souvent obscure et froide; leurs dalles sont humides et glacent, pendant l'hiver, les pieds des fidèles. Telles qu'elles sont, nos églises ne sont point un séjour salubre; mais rien ne défend de les chauffer et de les assainir.

Un exemple apprendra combien la ventilation est défectueuse dans les églises, malgré l'immensité de leurs dimensions, lorsqu'il y a encombrement. Lors de la cérémonie funèbre du duc d'Orléans, à l'église Notre-Dame, à Paris, plus de six mille personnes étaient réunies. Une grande quantité de bougies éclairaient la nef, des décors fermaient les fenêtres, et la ventilation n'avait lieu que par des doubles courants qui traversaient la grande porte d'entrée aussi, en peu d'instants, la température y devint insupportable. Les cierges qui environnaient le catafalque se courbaient de manière à faire craindre qu'ils ne missent le feu aux draperies, et, dans le chœur, où la température était le plus élevée, plusieurs personnes perdirent connaissance. Les architectes chargés de la décoration de l'église avaient eu le tort de ne point tenir compte de la foule et d'un si grand nombre d'appareils d'éclairage.

Mais, hors des circonstances exceptionnelles, ce n'est point par l'élévation de la température que les églises sont nuisibles: leur défaut ordinaire, pendant l'hiver, c'est le froid humide qui y règne. Très incommodes sous ce rapport aux fidèles, elles le sont surtout à leurs desservants, qui y demeurent un temps plus long, et ne peuvent supporter toujours cette atmosphère insalubre. Nous pourrions citer des églises très remarquables sous le rapport de l'art, dont le curé et les vicaires ont contracté, en peu de temps, des infirmités graves par l'action incontestée du froid humide. Très peu d'églises sont chauffées; nous n'en connaissons que deux qui le soient, celle de la Charité à Lyon, et celle de la Madeleine à Paris. L'église de la Madeleine est chauffée et ventilée par un calorifère à eau chaude construit par M. Léon Duvoir.

M. Péclet a donné de bonnes instructions sur la manière la plus convenable de chauffer les églises elles seront sans doute appliquées à la plupart de ces édifices. Les églises gothiques, à nefs élevées, dit ce professeur, sont toujours garnies de vitraux blancs ou coloriés, dont les parties, réunies par des lames minces en plomb, laissent entre elles des intervalles nombreux, qui occasionnent une ventilation naturelle, souvent très puissante, quand les portes sont ouvertes. La première chose à examiner, c'est l'influence de ces orifices sur le chauffage. Lorsqu'une pièce, fermée de toutes parts, reçoit par la partie inférieure un courant d'air chaud, on sait que cet air chaud s'élève d'abord assez rapidement, mais avec une vitesse décroissante à mesure qu'il se mêle à l'air environnant arrivé à la partie supérieure de la pièce, il s'étale en couches sensiblement horizontales, et si, à la partie inférieure se trouvent des orifices communiquant au dehors, l'air descend progressivement en se refroidissant, et toujours par couches horizontales, ayant dans toute leur étendue à peu près la même température. Mais, indépendamment de ce mouvement général de la masse, il y a toujours contre les murs des courants descendants, animés d'une vitesse d'autant plus grande, que les murs sont à une température plus basse. Dans cette circonstance, l'écoulement de l'air par les orifices pratiqués dans le sol, est dû à l'excès de pression résultant du mouvement ascensionnel de l'air chaud, avant

et après son introduction: par conséquent, s'il existait des orifices à la partie supérieure de la pièce, ils donneraient issue à une quantité plus ou moins grande d'air chaud, et, si leur étendue était assez grande, ils pourraient laisser échapper tout l'air chaud introduit. Mais, si l'air chaud arrivait dans la pièce par des orifices nombreux, également répartis sur le sol, dans l'axe du bâtiment; si, parallèlement et contre les deux murs, on avait établi deux rangées d'orifices d'aspiration communiquant avec une cheminée d'appel; si le volume d'air appelé différait peu de celui qui est introduit, et si les mouvements de l'air s'effectuaient à une faible vitesse, du moins à la partie supérieure, comme les orifices de communication avec l'extérieur sont très petits, les mouvements de l'air, à travers ces orifices, seraient très faibles. Mais, si le volume d'air appelé était beaucoup plus grand ou beaucoup plus petit que le volume d'air chaud introduit, il est évident que les orifices supérieurs laisseraient entrer de l'air froid ou sortir de l'air chaud. Selon M. Péclet, pour les églises dont les vitraux ont peu de fissures, le mode de chauffage qui convient le mieux, consiste dans une circulation d'air chaud, admis par des orifices pratiqués dans le sol et dans l'axe du bâtiment, et attiré par deux rangées d'orifices semblables, parallèles à la première, les volumes d'air introduits et appelés étant peu différents. S'il n'était pas nécessaire de produire de ventilation, on pourrait faire circuler le même air dans le calorifère; dans le cas contraire, il faudrait appeler l'air par une cheminée.

Les inhumations n'ont plus lieu dans les églises, même celles des dignitaires ecclésiastiques; la loi est inflexible sur ce point: c'est une grande insalubrité de moins. Des accidents terribles, que l'un de nous a racontés autre part (1), ont accompagné plusieurs fois ce déplorable usage de déposer des cadavres en putréfaction dans le séjour des vivants. Aucune disposition dans la discipline ecclésiastique ne défend de ventiler et de chauffer l'intérieur des églises: il ne s'agit point ici d'une commodité de luxe, mais d'une condition sanitaire d'une évidente nécessité.

(1) Article INHUMATIONS du Dictionnaire des Sciences médicales.

Dans tous les lieux où grand nombre de personnes se réunissent, la santé publique doit être protégée; c'est ce que veulent la salubrité et la religion.

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§ 7. SALUBRITÉ DES THÉATRES. Très peu de théâtres sont dans de bonnes conditions de salubrité; peu d'architectes se préoccupent, en les construisant, de la nécessité de bâtir des salles bien ventilées, point trop chaudes en été, point froides en hiver, et pourvues de larges voies de dégagement pour la foule qui s'y entasse pendant cinq ou six heures de la soirée. Il faut cependant tenir compte de la viciation de l'atmosphère, par les poumons de plusieurs milliers d'individus pressés dans un espace étroit, et par plusieurs centaines de quinquets et de becs de gaz. Grand nombre de spectateurs ont contracté des maladies ou des indispositions très graves dans des salles froides et humides; beaucoup ont eu à souffrir de l'incommodité des aménagements intérieurs, qui ne leur permettent d'être assis que dans une position extrêmement gênée; beaucoup, sortant de l'atmosphère embrasée et infecte d'un théâtre, ont été saisis par le froid extérieur, et frappés de fluxions de poitrine ou d'autres maladies aiguës. Dans la plupart des théâtres, la ventilation est très irrégulière, tantôt trop forte, tantôt insuffisante et insensible; dans plusieurs, la respiration est sensiblement gênée, et l'odorat est fatigué par des émanations désagréables.

:

Le problème à résoudre, quant à la température, est celuici il ne faut pas qu'elle varie de plus d'un degré pendant le cours d'une longue représentation; il faut qu'en été, la température intérieure de la salle reste sensiblement égale à celle de l'air extérieur. Le système de chauffage et de ventilation doit être établi de telle sorte, que ce but soit atteint; on le peut facilement, il ne s'agit que de vouloir.

Il faut que des émanations désagréables, celles des cabinets d'aisance, par exemple, ne fatiguent point l'odorat. La ventilation de la salle doit fournir une température moyenne et constante d'environ 16o, ne pas produire de courant d'air brusque, laisser à l'air à peu près la moitié de l'eau hygrométrique qui le saturerait pour la température donnée, et renouveler

l'atmosphère avec assez de promptitude et de régularité pour qu'elle ne soit jamais viciée.

en

M. D'Arcet a rempli toutes ces conditions à l'Opéra, profitant de la chaleur du lustre; son appareil est disposé de la manière suivante : une cheminée d'appel s'élève au-dessus du lustre et s'ouvre à la partie supérieure de la toiture que soutient la salle; une semblable cheminée est établie sur la scène. Des ouvertures passent des corridors sous les loges, débouchent dans leur devanture, et établissent entre chaque loge et la cheminée d'appel une communication au moyen de tuyaux de petit diamètre; un vasistas a été pratiqué à la partie supérieure de chaque porte de loge. Pour maintenir une température fraîche en été, on ouvre, pendant la nuit, les fenêtres et les cheminées d'appel, qu'on ferme dès la pointe du jour. On ventile la salle, au moment de son ouverture, d'abord avec l'air des souterrains, et ensuite avec l'air extérieur à mesure que la température s'abaisse.

C'est par l'air de ventilation que la salle doit être chauffée, selon MM. D'Arcet et Péclet; il suffit qu'il se trouve à une température peu supérieure à celle de 15o, pour fournir la chaleur transmise par les murailles. La déperdition de calorique est faible, parce que, d'une part, les spectateurs dégagent beaucoup de chaleur, et que, d'autre part, l'enceinte chauffée des couloirs environne la salle. On chauffe l'air dans des caniveaux à eau chaude, ou qui renferment des tuyaux à vapeur; cet air chaud se répand d'abord dans les couloirs, et pénètre dans la salle par des orifices pratiqués sous le plafond des loges, et par des plaques criblées de petits trous, ménagées sur divers points du parterre. La hauteur de la colonne d'air chaud contenue dans la salle serait suffisante, en hiver, pour produire un très grand appel d'air. Mais on emploie, dans toutes les saisons, la chaleur développée par les lumières du lustre, en plaçant, au-dessus de l'orifice du cintre, une cheminée en planches, s'élevant de quelques mètres au-dessus du toit, fermée en dessus, garnie sur les quatre faces de jalousies fixes et pourvues d'un registre tournant, destiné à régler le tirage. Selon M. Péclet, pour répartir l'air d'une manière plus uniforme, il serait nécessaire de faire communiquer les parties supérieures des dernières loges avec la

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