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s'ils ont des autorisations suffisantes, avec la clause de sub spe rati.

Cependant, M. Ruffin, chancelier du consulat de France en Russie, est arrivé hier de Pétersbourg, et il apporte la nouvelle que par une suite d'un changement de ministres, par l'effet des nouveaux principes du gouvernement russe, et par l'ascendant extraordinaire que le parti anglais a su prendre dans cette circonstance sur le cabinet renouvelé, le traité du 20 Juillet n'a pas été ratifié.

Ainsi les hostilités entre la Frauce et la Russie doivent recommencer. Les hommes qui président aux discordes des peuples, et qui se font un jeu de prolonger ou de multiplier les époques fatales des guerres et bouleversement des états sont bien insensés. Les vainqueurs d'Ulm et d'Austerlitz sont encore réunis sous leurs drapeaux, et près du champ de leurs triomphes. Plus forts en nombre, plus redoutables que ja mais par cette organisation qui n'a pas été égalée, et qui n'aura jainais de rivale, ils attendent avec une impatiente espérance l'impulsion de la grande âme qui les anime: Mens agitat molem, etc.

Toutefois rien ne peut encore faire présumer le renouvelle ment de la guerre continentale. La destinée des états est le secret de la Providence. Leur bonheur et leur gloire sont dans la sagesse des gouvernemens.

Dans tous les cas, l'empereur, comme le peuple français, sont préparés à toutes les chances, et les armées de S. M. se trouveront partout où il sera nécessaire qu'elles combattent pour affermir le repos et une paix durable et glorieuse.

Pleins pouvoirs de M. Oubril.

Nous, Alexandre ler. empereur et autocrate de toutes les Russies. etc. etc. etc. (Suit le titre entier de S. M.)

Portant constamment notre sollicitude à la conservation en Europe du calme et de la tranquillité, et étant mu par un désir sincère de mettre fin à la mésintelligence, et de rétablir la bonne harmonie avec la France sur des bases solides, nous avons jugé bon de commettre ce soin à une personne jouissant de notre confiance. A cet effet, nous avons choisi, nommé et autorisé notre ami et féal Pierre Oubril, notre conseiller d'état et chevalier des ordres de St, Woladimir de la troisième classe, de St. Anne de la seconde, et de St. Jean de Jérusalem, comme nous le choisissons, nommons et autorisons par les présentes à l'effet d'atteindre ce but, d'entrer en pourparlers avec celui ou ceux qui y seront suffisamment autorisés de la part du gouvernement français, de conclure et signer avec eux un acte ou convention sur des basses propres à affermir la paix qui sera rétablie entre la Russie et la France, comme à la préparer entre les autres puissances belligérantes de l'Europe.

Promettons sur notre parole impériale, d'avoir pour bon, et d'exécuter fidèlement tout ce qui aura été arrêté et signé par notre dit plénipotentiaire; de même de donner notre ratification impériale dans le terme auquel elle aura été promise.

Donné à St. Pétersbourg, le 30 Avril, 1806, et de notre règne la sixième année,

(Signé)

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Paris, le 21 Septembre.

Discours de MM. les commissaires de S. M. I. et R. à l'as semblée des Français, professant le culte de Moyse, dans la séance du 18 de ce mois.

Messieurs,

S. M. l'empereur et roi a vu avec satisfaction vos réponses ; elle nous a chargés de vous faire connaître qu'elle avait ap plaudi à l'esprit qui les a dictées. Mais les communications que nous venons vous faire en son nom prouveront bien mieux que nos paroles, tout ce que cette assemblée doit attendre de son auguste protection.

En nous présentant de nouveau, Messieurs, dans cette enceinte, nous y retrouvons les impressions et les pensées qui nous agitèrent lorsque vous nous y avez reçus pour la première fois. En effet, qui ne serait saisi d'étonnement à la vue de cette réunion d'hommes éclairés, choisis parmi les descendans du plus ancien peuple de la terre? Si quelque personnage des siècles écoulés revenait à la lumière, et qu'un tel spectacle vint à frapper ses regards,ne se croirait-il pas transporté dans les murs de la cité sainte, ou ne penserait-il pas qu'une révolution terrible a renouvelé les choses humaines jusques dans leurs fondemens? Il ne se tomperait pas, Messieurs, c'est au sortir d'une révolution qui menaçait d'engloutir les religions, les trônes et les empires, que les autels et les trônes se relèvent de toutes parts pour protéger la terre. Uue foule insensée avait tenté de tout détruire; un seul homme est venu, et a tont réparé. Le monde entier et le passé, depuis son origine, ont été livrés à ses regards; il a vu répandus sur la surface du globe les restes épars d'une nation aussi célèbre par son abaissement, qu'aucun peuple le fut jamais par sa grandeur. Il était juste qu'il s'occupât de son sort, et l'on devait s'attendre que ces mêmes Juifs qui tiennent une si grande place dans le Souvenir des hommes, fixeraient l'attention d'un prince, qui. doit à jamais remplir leur mémoire.

Les Juifs, accablés du mépris des peuples, et souvent en bute à l'avarice des souverains, n'ont point encore été traités avec justice. Leurs coutumes et leurs pratiques les isolaient des sociétés qui les repoussaient à leur tour; et ils n'ont cessé d'attribuer aux lois humiliantes qui leur étaient imposées, le désordres et les vices qu'on leur reproche, Aujourd'hui même encore is expliquent l'éloignement de quelques-uns d'entr'eux pour l'agriculture et les professions utiles, par le peu de confiance que peuvent prendre dans l'avenir des hommes dont l'existence dépend depuis tant de siècles de l'esprit da moment et du caprice de la puissance. Désormais, ne pouvant plus se plaindre ils ne pourront plus se justifier.

S. M. a voulu qu'il ne restât aucune excuse à ceux qui ne deviendraient pas citoyens. Elle vous assure le libre exercice de votre religion et la pleine jouissance de vos droits politiques, Mais en échange de l'auguste protection qu'elle vous accorde, elle exige une garantie religieuse de l'entière observation des principes énoncés dans vos réponses. Cette assemblée, telle qu'elle est constituée aujourd'hui, ne pourrait à elle seule la Jui offrir. Il faut que ses réponses converties en décisions par une autre assemblée d'une forme plus imposante encore, et plus religieuse, puissent être placées à côté du Talmud, et acquièrent ainsi aux yeux des Juifs de tous les pays et de tous les siècles, la plus grande autorité possible. C'est aussi l'unique moyen de répondre à la grandeur et à la générosité des vues de S. M. et de faire éprouver l'heureuse influence de cette mémorable époque à tous vos co-religionaires.

La foule des commentateurs de votre loi en a sans doute altéré la pureté, et la diversité de leurs opinions a dû jeter dans le doute la plupart de ceux qui les fisent. Il s'agit donc de rendre à l'universalité des Juis, l'important service de fixer leur croyance sur les matières qui vous ont déjà été soumises. Pour rencontrer dans l'histoire d'Israël une assem blée revêtue d'une autorité capable de produire les résultats que nous attendons, il faut remonter jusqu'au grand Sanhedrin, C'est le grand Sanhedrin que S. M. se propose de convoquer aujourd'hui. Ce corps, tombé avec le temple, va reparaître pour éclairer par tout le monde le peuple qu'il gouvernait, Il va le rappeler au véritable esprit de sa loi, et lui en donner une explication digne de faire disparaître toutes les interprétations mensongères. Il lui dira d'aimer et de défendre les pays qu'il habite, et il lui apprendra que tous les sentimens qui l'attachaient à son antique patrie, il les doit aux lieux où, pour la première fois depuis sa ruine, il peut élever sa voix.

Eufin, selon l'ancien usage, le grand Sanhedrin sera composé de soixante-dix membres, sans compter son chef; les deux tiers, ou environ, seront des rabbins, parmi lesquels on verra d'abord ceux qui sont ici présens, et qui ont approuvé les ré ponses; l'autre tiers sera choisi par cette assemblée elle-méme,

dans son sein et au scrutin secret. Les fonctions du grand sanhedrin consisteront à convertir en décision doctrinale les réponses déjà rendues par l'assemblée, ainsi que celles qui pourraient encore résulter de la continuation de ses travaux. Car vons l'entendez, messieurs, votre mission n'est pas encore remplie; elle durera aussi longtems que celle du grand sanhédrin; il ne fera que ratifier et donner un nouveau poids à vos réponses. D'ailleurs S. M. a été trop satisfaite de vos intentions et de votre zèle, pour dissoudre cette assemblé avant d'avoir terminé le grand œuvre auquel elle l'a appelée à concourir.

Avant tout, il convient que vous uommiez au scrutin secret un comité de neuf membres, qui puisse préparer avec nous les matières qui doivent faire le sujet de vos nouvelles discussions et des décisions du grand sauhédrin. Vous observerez que dans la composition de ce comité, les Juifs portugais, italiens et allemands se trouvent également représentés. Nous vous invitons aussi à annoncer, sans délai, la convocation du grand sanhedrin à toutes les synagogues de l'Europe, afin qu'elles envoient à Paris des députés capables de fournir au gouvernement de nouvelles lumières, et dignes de communiquer avec

vous.

Réponse de M. Furtado, président de l'assemblée, au discours de M M. les commissaires de S. M.

. Messieurs,

Les nouvelles communications que vous venez de nous don❤ ner de la part de S. M. nous confirment de plus en plus dans les espérances que nous avions conçues de ses vues particulières à notre égard.

Tout homme, doué d'un esprit éclairé et d'une âme bienfaisante, peut avoir l'idée d'une réforme politique avantageuse à l'humanité; mais ses conceptions philantropiques restent le plus souvent sans exécution, reléguées parmi les rêves des gens de bien, soit parce qu'en voyant le but, leur esprit n'a pas assez d'étendue pour voir les moyens de l'atteindre, soit parce que l'usage de ces moyens est hors de la portée d'une condition privée.

11 n'en est pas de même d'un prince puissant et révéré, de l'un de ces hommes extraordinaires qui entraînent tout dans leur sphère, qui donnent leur nom au siècle qui les vit régner, et qu'un désir immense de faire le bien sollicite sans cesse.

Quand, pour la félicité des peuples, le ciel leur donne de tels souverains, il n'est pas de dessein inagnanime qu'ils ne conçoivent; il n'en est pas qui, par leur volonté aussi puissante que juste, ne puisse avoir une pleine et entière réussite.

L'ascendant de leur génie imprime à leurs établissemens un caractère de force et de permanence qui les rendent, pour ainsi dire, inaccessibles à l'inconstauce des opinions et des sions humaines.

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Tel est, messieurs, le prince qui nous gouverne; sa vaillance lui a fait donner le titre de grand; sa bonté paternelle lui fer donner celui de bienfaisant. Il n'appartenait qu'à lui de fes mer à jamais la plaie que dix-huit siècles de proscript on e d'anathème avaient faite aux malheureux enfans d'Israel.

Asservis depuis leur dispersion à une politique également fausse et incertaine, jouets des préjugés et des caprices da moment, on remarque avec surprise que parmi tant de princes qui ont régné dans les différens états; que parmi ceux même qui ont paru animés du désir d'améliorer notre condition, nul n'ait conçu avec force et grandeur l'idée et les moje d'arracher des hommes sobres, actifs, industrieux, à la nu lité civile et politique dans laquelle ils étaient retenus.

Toujours en dehors de la société, eu butte à la calomnie, ne times innocentes de l'injustice, se taire et souffrir; telle fut durant bien des siècles leur triste destinée.

S. M. n'a pu voir avec indifférence cet état de choses. A milieu des plus grands intérêts qui puissent absorber l'atte tion d'un mortel, notre régénération a été l'objet de ses pea sées, et les nouvelles communications qui nous sont données l'attestent assez. Elle a su tirer le bien de la source même da mal; elle a su trouver, dans l'un des effets encore subsistans de l'ancienne législation concernant les Juifs du nord, une occasion de faire la félicité des Israélites d'occident, C'est la verge de Moyse qui fait jaillir l'eau vivifiante d'un rocher aride.

Arrêtons-nous un moment ici, et considérons que, d'après les principes du droit politique, tout culte religieux doit être soumis à l'autorité souveraine, autant du moins qu'il peut re lever du pouvoir humain; d'abord, pour qu'il n'enseigne pont des dogmes nuisibles et ne dégénère pas en superstitions ab surdes; ensuite, pour qu'il ne se divise pas en sectes diffé rentes car si la nature des choses a voulu qu'il y eût plus d'une religion positive dans le même état, l'ordre public et la morale sociale veulent aussi que chacune de ces religions ne se subdivise point, et n'enfante pas des sectes particulières au grand détriment de la paix intérieure des empires.

Pour prévenir ce danger, la raison et le plus grand intérêt de tous exigent que chaque religion positive présente au sou verain une responsabilité et des moyens de surveillance. Elle doit avoir, pour cet effet, des hommes destinés par état à en étudier les principes, à en précher la morale, à en conserver la pureté, à en être en quelque sorte les dépositaires et les gardiens, et tel est le devoir imposé aux ministres de chaque culte.

Ces principes justifient et consacrent les premières communications qui nous ont été données.

D'abord il s'agissait de savoir en quoi nos dogmes religieux s'accordaient ou differaient avec les lois de l'état, si ces dogmes, trop long-tems regardés comme insociables ou intolérans,

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