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Desolles avait été placé depuis environ quinze mois, par Charles d'Hozier.

Cette maison était le rendez vous de presque tous les af fidés..

C'est vers ce tems qu'il l'a quittée, pour aller habiter, quai Chaillot, une maison No. 6, que Bouvet avait fait louer.

Il demeura ensuite rue de Carême-prenant, No 21, dans un logement loué à l'instigation de Spin, un des agens de Charles d'Hozier par la femme Dubuisson, sous le nom de femme de Berry.

Ce Spin avait présidé à l'arrangement du local, avait eu l'attention d'y travailler seul à la construction d'une cache qu'il prévoyait pouvoir, étre utile à George Cadoudal et aux autres conjurés

Des motifs de crainte déterminèrent sans doute Georges à abandonner cette habitation, pour en choisir une près du Jardin des Plantès, rue du Puits l'hermite No. 8 chez Ver det.

Il y était encore lorsque Picot, son domestique, arrêté le Pluviose dernier chez Denand, tira un coup de pistolet, pour tâcher de s'évader et pour donner le signa! aux conspi

rateurs.

Il se hâta d'abandonner cette retraite et d'en faire chercher une autre; Charles d'Hozier lui en céda une trouvée pour lui par la fille Hizay, rue et montagne Sainte Geneviève, maison No. 32.

C'est là qu'il était encore avec Joyaux et Burban, deux de ces complices, lorsque, le 8 Ventôse, se disposant, sans doute, à chercher un autre asyle, parce qu'il s'était aperçu qu'il était cerné de toutes parts, il monta, armé de pistolets, muni de cartouches et d'un poignard, dans un cabriolet conduit par Leridan.

A peine y fut-il, qu'il entendit des cris qui le signalaient, Il commanda à Léridan de fouetter et d'aller au hazard, et le plus vite possible.

Poursuivi par les agens de la police qui étaient partout en embuscade, deux se précipitèrent sur le brancard du CabrioJet, rue de l'Egalité, près celle des quatre vents. Il tenait ses deux pistolets armés. Il dirigea le premier coup à droite sur l'un d'eux, nommé Buffet, qui fut tué

Descendu il tira son second coup sur l'autre agent nommé Caniolle, qui recut la balle dans les viscères du côté gauche. Deux officiers de paix le saisirent par devant, l'un à droite l'autre à gauche.

Plusieurs Citoyens le saisirent en même tems par derrière. Une grande réunion de forces se forma, bientôt il fut conduit à la préfecture de police.

Traduit à l'instant même devant le magistrat chargé de

Pinstruction, il déclara comme on l'a vu, qu'il était à la téte de la conspiration.

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Il a été reconnu pour être anglais, et lui appartenir un poignard trouvé sur lui.

Il a assisté de sang froid à la reconnoissance du corps de l'agent qu'il avait assassiné

Les déclarations des témoins de son crime ne l'ont point intimidé.

Il a repété qu'il était vrai qu'il avait tiré deux coups de pistolet, et qu'il était possible qu'il eût donné la mort à l'individu dont le corps lui était représenté.

Il eût assisté sans aucun frémissement aux opérations des officiers de santé, peur extraire la balle, afin de vérifier le calibre, et de savoir si elle n'avait pas été machée.

Il entendit avec sang froid la lecture du rapport fait par ces officiers, relativement à l'assassinat de l'autre agent.

La férocité de cet homme avait droit d'étonner, autant que l'audace de la conspiration, à laquelle il appartenait. Il est inutile, sans doute, de s'occuper en ce moment de toutes ces relations avec les sicaires soudoyés par l'angleterre, arrivés aussi pour l'assassinat du Premier Consul, et le renversement du gouvernement.

Ses aveux sont assez expressifs. Sa présence à Paris parle assez haut. Il en sera question d'ailleurs, à mesure qu'on s'occupera des conjurés qui correspondaient avec lui.

Il n'en est qu'un dont il puisse être question dans cet instant, c'est l'ex-général Pichegru, qui, comme si le crime avait aussi quelquefois sa justice, ne voyant plus que l'image de ses trahisons, et que la masse accablante des preuves de ses forfaits, s'est suicidé, tour du Temple.

C'est Georges qui a été au-devant de cet homme infâme, 'qui conspirait contre son pays, dans le moment où il était élevé aux plus hautes dignités, et y recevait les témoignages du plus grand attachment; de cet homme, dont le tableau des faits, mis sous les yeux du tribunal, présente avec modération la série des crimés, jusqu'à l'instant où il revenait en France pour se mettre à la tête des brigands qui devaient y allumer la guerre civile.

L'union de ces deux hommes devraient étonner l'Europe entière, si leur turpitude, déjà connue, ne se trouvait pas aujourd'hui entièrement dévoilée.

On ne peut le contester, puisque des témoins respectables l'ont unaniment attesté, et que des conjurés l'ont eux-mêmes déclaré.

Pour être plus en mesure d'exécuter le plan infernal qu'ils avaient adopté, ils ne se sont pas contentés d'avoir des agens actifs, intelligens et initiés. On les a vas habiter ensemble, maison de Chaillot, et à Paris, fues de carême-prenant et du Puits thermite,

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La crainte seule des foudres de la justice les avait séparés; on les a saisis dans les mêmes détérminations, tous deux armés de pistolets, tous denx armés d'un poignard pareil, fabriqués en Angleterre, qu'ils avaient reçus du gouvernement britannique, par les mains des ci-devant princes français.

L'existence à Paris de ces deux chefs de brigands, leurs re lations, leurs réunions dans les mêmes domiciles, effaceraient tous les doutes sur la conspiration s'il pouvait en être resté.

Ils le seraient encore par le contrat de ces deux chefs avec les autres conjurés,

Ses aveux sont clairs. S'il a mis en avant un fanatisme d'opinion, c'est sans doute pour tâcher d'affaiblir les sentimens d'indignation et d'horreur que ses crimes inspirent.

BOUVET DE LOZIER,

C'est un ancien officier, qui a été mis sur la liste des émigrés. Il s'est rangé à Londres sous l'étendart de ceux qui conspiraient contre la France.

On savait qu'il pouvait rendre de grands services en France, on l'y envoya, avec le grade d'adjudant-général de l'armée royale.

Il s'occupa de disposer les esprits.

C'est lui qui recevait la correspondance anglaise, Picot le déclare formellement.

C'est lui aussi qui a fait préparer une partie des stations pour les conjurés.

Il a fait louer, par la dame de Saint Léger, la maison de Chaillot, No. 6, où Georges a demeuré,

Le concierge choisi n'y est entré que de son aveu.

Il a fourni l'argent pour payer six mois d'avance.

Il a été fréquemment y voir Georges Cadoudal, Pichegru, et les autres conjurés qui ont pu y loger ou y venir.

Picot dit que c'est lui qui devait aller au-devant du prince. Il n'a pas contesté ses relations avec les conspirateurs, dont plusieurs l'ont reconnu. Il a été arrêté le 19 pluviose, dans une maison rue Saint Sauveur, No. 36, où il a un logement,

On a arrêté en même tems la femme Verdet, chez laquelle se trouvaient encore logés Georges et autres conjurés rue du Puits l'hermite, près le Jardin des Plantes. Elle lui apportait, sous le nom d'Hyacinthe, un billet par lequel Saint Vincent l'invitait, au nom de ses amis, de vouloir bien se rendre de suite à l'endroit où il les avait vus la dernière fois,

Picot avait été arrêté la veille rue du Bac, maison de Depand, marchand de vin. On avait à craindre ses révélations; il fallait aviser au parti le plus sage, et s'entendre, surtout; la réunion était d'une nécessité frappante.

Ce billet, l'état dans lequel se trouva la femme Verdet, sa déclaration qu'elle ne dirait rien, crainte qu'il ne lui arrivât de

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plus grands malheurs, ne pouvaient que confirmer l'opinion que la police s'était formée de lui.

Interrogé à la préfecture de police, ses réponses furent éyasives;

La dame de Saint Léger avoua qu'elle avait conçu les plus violens soupçons sur sa conduite, d'après ses allées et ses ve'nues, et qu'elle s'était fortement douté que lui et plusieurs autres machinaient quelque chose contre le gouvernement, sans avoir néanmoins rien su de positif.

Conduit à la tour du Temple, il essaya de se détruire; une circonstance extraordinaire fit entrer dans sa chambre un porte-clefs, qui lui sauva la vie.

Ayant repris ses sens, il a annoncé qu'il avait des révélations importantes à faire. Il a demandé à parler au grand juge.

Transféré au ministère de la police et de la justice, il a fait la déclaration, mise sous les yeux du tribunal comme devant concourir à administrer la preuve de la conspiration.

Il n'y a point dissimulé qu'il était venu d'Angleterre en France pour y soutenir la cause des Bourbons, qu'il était daos la voiture avec Georges et Pichegru, sur le boulevard de la Madelaine, lors de leur première entrevue avec le général Moreau.

Sous sa signature, il n'a pas hésité d'ajouter sa qualité d'adjudant-général de l'armée royale.

Interrogé le 30 Pluviose par le conseiller d'état Réal, il a donné de nouveaux renseignemens sur les projets des conjurés. Ils ont été aussi présentés au tribunal, dans le recueil des preuves de la conspiration.

Devant le magistrat chargé de l'instruction, il a persévéré. Confronté avec Lajolais, il ne s'est pas démenti.

Il n'a jamais cherché à se justifier sur l'intention de contribuer à un changement du gouvernement.

Il ne s'est occupé que de tâcher d'imprimer l'idée qu'il n'entendait se mêler que d'une attaque loyale, sous les yeux d'un ci-devant prince français.

Lié avec les chefs, avec les agens, et les complices, il est bien difficile d'admettre qu'il n'ait point partagé leurs sentimens.

Il ne l'est pas moins d'admettre qu'il fut délicat sur le choix des moyens pour la réussite de la conspiration.

RUSILLION.

Il fut arrêté en Suisse en l'an 6, et conduit à Paris.
Il était accusé d'être recruteur Anglo-Bernois.

De favoriser les émigrés qui faisaient des voyages continuels de France en Suisse.

De protéger la correspondance des agens de Louis XVIII.

De leur servir de bureau d'adresse et de correspondance. Des notes reçues d'Helvétie étaient concordantes sur ce point,

Il n'avait pas dissimulé qu'il recevait des émigrés.

Envoyé au Temple, il parvint à faire faire des démarches en sa faveur par les plénipotentiaires de Suisse.

Les circonstances politiques lui étaient favorables; les preuves ne furent pas jugées suffisantes, il fut mis en liberté. Il retourna en Suisse.

Des désagrémens le déterminèrent à passer à Londres.

Il avait connu Pichegru, et avait eu beaucoup de rapports avec un de ses confidans.

Il alla voir l'ex-général qui, sachant quelle était son opinion, ne manqua pas de l'accueillir.

Avec la fortune dont il jouit il lui fut facile de se procurer à Londres une existence assez agréable.

On le vit d'ailleurs faire de fréquens voyages en Allemagne, à Munich, à Francfort et autres endroits de la Souabe.

Instruit par Pichegru du plan formné pour s'emparer de T'autorité en France, et de l'intelligence qui existait entre lui, Moreau et Georges il n'hésita pas de se réunir,

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Il fut présenté au ci-devant comte d'Artois qui l'en

couragea.

Plein de confiance dans la bienveillance du prince et dans les chefs de la conspiration, il se disposa à la traversée.

Il fit avec Pichegru partie du troisième débarquement qui s'effectua à la falaise de Beville, le 16 Janvier dernier, à l'aide d'un cutter anglais dont le capitaine était Thomas Right.

Sa route pour arriver à Paris fut celle marquée pour tous les conjurés.

Il fut reçu aux mêmes stations.

Il a été généralement reconnu.

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A Paris il a va habituellement Georges, Pichegru, Rochelle, l'ex-marquis de Rivière, Lajolais, les frères Polignac, et presque tous les agens et complices de la conspiration.

Il a logé dans quelques-uns des repaires préparés pour les conjurés.

Il a logé trois à quatre jours avec Pichegru chez Georges à Chaillot.

Si on l'en croit, il a souvent couché chez les filles.

Signalé à la police, à force de recherches, on l'arrêta le 15 Ventôse dernier, rue du Murier Saint Victor, chez la dame veuve Avril, ancienne gouvernante de l'abbé de Bourbon.

Il y était avec Rochelle, qui soutient connaître le fils de cette femme pour avoir fait ses études avec lui.

Mené à la préfecture, il a avoué, comine on l'a vu, qu'il > était du nombre des conspirateurs; et que c'était Pichegru qui l'avait décidé; il s'est expliqué nettement sur les intentions criminelles des conjurés.

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