Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

Cet actif est composé d'effets de la nature de ceux que la loi et les statuts de la banque l'ont autorisée à recevoir. Leur solidité est celle des meilleurs effets. Pour chaque billet de 1,000 francs qui est en circulation, il existe réellement dans la banque une valeur en espèces et en lettres de change montant incontestablement à 1750 francs.

Il faudrait que la banque perdit 54,621,504 francs avant que la valeur des billets en circulation pût subir la moindre diminution. En supposant même qu'ainsi que dans tous les établissemens de ce genre il y aura une très-petite portion d'effets mos solides que les autres, il n'en doit résulter aucune inquietude, je dis pas la moindre inquiétude, sur la situation de la banque, qui présente toujours un actif infiniment supérieur à son passif.

La somme en espèces d'or et d'argent est supérieure à celle qui a été suffisante daus les tems ordinaires pour les opérations de la conversion à volonté des billets en espèces. La banque échangeait ordinairement, par jour, pour 3, 4 ou 500,000 fr. de billets; et depuis un mois, elle y a employé tous les jours près de 600,000 fr. et quelquefois au-delà,

Je n'ai fait aucune mention des immeubles appartenant à la banque; ils ajoutent encore à sa solidité. Je ne connais aucun établissement de ce genre, soit dans l'Europe, soit dans les Etats-Unis d'Amérique, qui présente aux actionnaires et au public des motifs plus réels de sécurité.

C'est d'après l'examen des renseignemens qui m'ont été fournis par les régens de la banque à ma première demande, que j'ai formé cette opinion; et j'ai eu de fréquentes occasions de reconnaître qu'elle est partagée hors de la banque même par les négocians, les commerçans, les banquiers les plus éclairés, et par toutes les personnes qui ont quelque connaissance des opérations de ce genre. Les caisses du trésor ne reçoivent ce billet an pair de l'argent partout où s'étend sa circulation lé gale, que parce que le trésor ne distingue aucunement le billet des espèces.

J'en ai même fait recevoir fort loin de Paris, toutes les fois que, sur le compte qui m'a été rendu, je n'ai point vu dans les paiemens faits aux caisses du trésor, une intention de spéculer pour obtenir un profit illicite. Je dis avec une entière coufiance que le billet de la banque ne peut, dans aucun cas, éprouver un centime de perte. J'ai été informé que ceux qui se livrent à l'agiotage des billets, se sont en même tems appliqués à faire craindre que le papier de la banque ne devînt forcé. La solidité de cet établissement rend cette inquiétude absolument vaine; et, d'ailleurs, il faut être dans une entière ignorance des principes qui nous gouvernent, pour supposer jamais la circulation forcée d'un billet de banque, ou de tout autre papier. BARBÉ-MARBOIS.

Le Ministre du trésor.

21 Novembre, 1805.

On vient de traduire un discours prononcé dans la diète de Hongrie, par un des magnats de ce royaume; ce discours peut faire connaitre les sentimens qui animent une grande partie de la noblesse hongroise. L'auteur (le comte André Palfi) a développé avec beaucoup d'énergie et de courage les vices et les dangers de l'alliance impolitique, contractée par la maison d'Autriche avec l'Angleterre et la Russie. Il a prouvé clairement que ces deux puissances n'ont d'autre but, dans la guerre actuelle, que de conserver l'une Malte, l'autre Corfou; et que ces deux usurpations sont également fuuestes pour le commerce et la navigation des provinces maritimes de l'Autriche. Venise et Trieste, débouchés géographiquement nécessaires de la Hongrie, sont menacés d'une ruine prochaine si les alliés de l'Autriche sont victorieux.

"Si

Des seuls résultats possibles de la guerre, l'orateur passa à l'examen de la conduite de ceux qui l'ont provoquée. "les ministres de S. M. dit-il, n'ont pas vu l'abime où cette "alliance entraîne la monarchie, l'ignorance qui perd les états

[ocr errors]

ne se juge point comme celle des simples citoyens; mais si, "prévoyant les suites d'un traité si dangereux, ils ont volontairement trompé leur maitre et préparé la ruine de leur pays, je demande à quel sentiment ils ont cédé, quel a été le motif de leur conduite, quelle doit en être la récompense ?

"Ici s'élèvent mille voix accusatrices et les doutes les plus humilians. D'un côté, le général Mack, qui jusqu'à présent n'a tenté de conquêtes que pour aller rendre son épée aux ennemis qu'il croyait surprendre, a déclaré daps Ulm, à l'empereur des Français: que l'Autriche ne voulait point la guerre, qu'elle y a été forcée par la Russie ; à quoi le monarque étranger a fait cette réponse si énergique et si simple: vous n'êtes done plus une puissance? Palatins! qui de vous n'a pas frémi d'indignation en écoutant ces paroles! Qui n'a pas senti que l'aveu du général, choisi par le ministère, accusait le ministère lui-même, et toute la nation, de la plus insigne lâcheté?

"Ah! cet étrange aveu d'un sentiment qui n'est jamnais entré dans le cœur de nos princes, ne serait point sorti de la bouche du brave archidue Ferdinand! S. A. R. qui, dans ses nobles revers, a inspiré, tant de confiance à l'armée et tant d'estime à l'ennemi, n'aurait pas compromis l'honneur national, par une capitulation sans combats, et par des discours sans dignité; ni lui, ni l'archiduc Charles qui soutient avec tant d'éclat la gloire de la famille impériale, ni aucun des princes de son auguste maison, ne soupçonnent que l'Autriche en faisant la guerre, obéisse aux menaces de ses alliés; mais le général Mack a les secrets du cabinet; il est le confident et le héros du ministère : il en a reçu le pouvoir de commander même aux archiducs; et c'est lui qui l'accuse d'une lâcheté

[ocr errors]

jusqu'à ce jour inconnue parmi ceux qui ont tenu les rênes de notre gouvernement.

"D'un autre côté l'Allemagne ne voit plus dans nos ministres que les agens et les pensionnaires du cabinet de Londres. On calcule publiquement les sommes qui ont éte données; on nomme ceux qui les ont reçues; on cite cette famille étrangère qui, sans aucun titre, sans aucun service militaire, s'est fait en si peu de tems une si grande fortune et un si grand crédit. On croit reconnaître l'influence de ce vieux directeur de la diplomatie autrichienne, dont les négociations ne furent jamais utiles qu'à lui-même, et qui ne fut puni que par une disgrace apparente du crime d'avoir vendu si honteusement à l'Angleterre les restes de notre armée et la foi jurée à Campo-Formio! Oserai-je tout dire ! M. Pitt se vante d'avoir le tarif des ministres russes et autrichiens, comme un de ses prédécesseurs se vantait d'avoir celui de tout le parlement britannique. On sait à Londres ce que coûte un grenadier hongrois, comme un nègre de la côte de Guinée; on y discute si les gages des facteurs titrés qui exploitent la monarchie autrichienne au profit de l'Angleterre, ne sont pas plus chers, vu le resultat de leurs services, que le salaire des commis de la compagnie des Indes, qui vont opprimer pour elle les peuples de l'Indostan. Ainsi, les hommes qui nous gouvernent, au nom du souverain le plus brave et le plus vertueux, sont placés entre le soupçon d'une lâcheté sans exemple, et celui d'une corruption sans pudeur.

17 Décembre, 1805.

Extrait d'un bulletin daté Austerlitz, le 14 Frimaire,
an 14.

L'aide-de-camp de l'Empereur, le général Savary, aveit accompagné l'empereur d'Allemagne après l'entrevue, pour savoir si l'empereur de Russie adhérait à la capitulation. Il a trouvé les débris de l'armée Russe sans artillerie ni bagages, et dans un égouvantable désordre; il était minuit; le général Meerfeld avait été repoussé de Godding par le Maréchal Davoust; l'armée Russe était cernée; pas un homme ne pouvait s'échapper. Le prince Ozartorinski introduisit le général Savary près de l'empereur. Dites à votre maître, lui cria ce prince, que je m'en vais; qu'il a fait hier des miracles; que cette journée a accru mon admiration pour lui; que c'est un prédestiné du ciel; qu'il faut à mon armée cent ans ponr égaler la sienne. Mais puis-je me retirer avec sùreté? Oui, Sire, lui dit le général Savary, si V. M. ratifie ce que les deux empereurs de France et d'Allemagne ont arrêté dans leur entrevue. Eh qu'est ce ?-Que l'armée de V. M. se retirera chez elle par les journées d'étape qui seront réglées par l'em

pereur, et qu'elle évacuera l'Allemagne et la Pologne Aurtrichienne. A cette condition j'ai l'ordre de l'empereur de me rendre à nos avant-postes qui vous ont déjà tourné et d'y donner ses ordres pour protéger votre retraite, l'empereur voulant respecter l'ami du premier Consul. Quelle garantie faut-il pour cela ?-Sire, votre parole.-Je vous la donne.Cet aide-de-camp partit sur le champ au grand galop, se rendit auprès du maréchal Davoust, auquel il donna l'ordre de cesser tout mouvement et de rester tranquille. Puisse cette générosité de l'empereur des Français ne pas être aussitôt oubliée en Russie que le beau procédé de l'empereur qui renvoya six mille hommes à l'empereur Paul avec tant de grâce et de marques d'estime pour lui. Le général Savary avait causé une heure avec l'empereur de Russie, et l'avait trouvé tel que doit être un homme de cœur et de sens, quelques revers d'ailleurs qu'ils ait éprouvés. Ce monarque lui demanda des détails sur la journée. Vous étiez inférieurs à moi, lui dit-il, et cependant vous étiez supérieurs sur tous les points d'attaque. Sire, répondit le géneral Savary, c'est l'art de la guerre et le fruit de quinze ans de gloire; c'est la quarantième bataille que donne l'empereur. Cela est vrai, c'est un grand homme de guerre. Pour moi, c'est la première fois que je vois le feu. Je n'ai j'amais eu la prétention de me mesurer avec lui.-Sire, quand vous aurez de l'expérience, vous le surpasserez peut-être. Je m'en vais donc dans ma capitale. J'étais venu au secours de l'empereur d'Allemagne ; il m'a fait dire qu'il est content. Je le suis aussi.

A son entrevue avec l'empereur d'Allemagne, l'empereur lui a dit: "M. et Mme. Colleredo, MM. Paget et Rasumowski ne font qu'un avec votre ministre Cobenzl: voilà les vraies causes de la guerre, et si V. M. continue à se livrer à ces intrigans, elle ruinera toutes ses affaires et s'aliénera les cœurs de ses sujets, elle cependant qui a tant de qualités pour être heureuse et aimée."

Un major autrichien s'étant présenté aux avant-postes, porteur des dépêches de M. de Cobenzl pour M. de Stadion à Vienne l'empereur a dit: "Je ne veut rien de commun avec cet homme, qui s'est vendu à l'Angleterre pour payer ses dettes et qui a ruiné son maître et sa nation, en suivant les conseils de sa sœur et de Mme. Colloredo."

L'empereur fait le plus grand cas du prince Jean de Lichtenstein: il a dit plusieurs fois: "Comment, lorsqu'on a des hommes d'aussi grande distinction, laisse-t-on mener ses affaires par des sots et des intrigans? Effectivement le prince de Lichtenstein est un des hommes les plus distingués, non-seulement par ses talens militaires, mais encore par ses qualités et par ses connaissances."

On assure que l'empereur a dit, après sa conférence avec l'empereur d'Allemagne : "Cet homme me fait faire une

faute, car j'aurais pu suivre ma victoire, et prendre toute l'armée russe et autrichienne; mais enfin quelques larmes de moins seront versées.

Armistice conclu entre L L. M M. II. de France et d' Au

triche.

S. M. L'empereur des Français et S. M. l'empereur d'Alle magne, voulant arriver à des négociations définitives pour mettre fin à la guerre qui désole les deux états, sont convenus au préalable de commencer par un armistice, lequel aura lieu jusqu'à la conclusion de la paix définitive ou jusqu'à ́la rupture des négociations; et dans ce cas, l'armistice ne devra cesser que quinze jours après cette rupture; et la cessation de l'armistice sera notifiée aux plénipotentiaires des deux puissances et au quartier général des deux armées. Les conditions de l'armistice sont.

Art. 1er. La ligne des deux armées sera en Moravie, le cercle d'Iglau, le cercle de Znaim, le cercle de Brünn, la partie du cercle d'Olmutz sur la rive droite de la petite rivière de Trezeboska en avant de Prosnitz jusqu'à l'endroit où elle se jette dans la Marck, et la rive droite de la Marck jusqu'à l'embouchure de cette rivière dans le Danube, y compris cependant Presbourg.

Il ne sera mis néanmoins aucune troupe française ni autrichienne dans un rayon de cinq à six lieues autour de Holitch, à la rive droite de la Marck.

La ligne des deux armées comprendra en outre, dans le ter ritoire à occuper par l'armée française, toute la basse et haute Autriche, le Tyrol, l'état de Venise, la Carinthie, la Styrie, la Carniole, le comté de Goritz et l'Istrie; enfin, dans la Bohème, le cercle de Montabor, et tout ce qui est à l'est de la route de Tabor à Lintz.

2. L'armée russe évacuera les états d'Autriche ainsi que la Pologne autrichienne; savoir: la Moravie et la Hongrie, dans l'espace de quinze jours, et la Gallicie dans l'espace d'un mois. L'ordre de route de l'armée russe sera tracé, afin qu'on sache toujours où elle se trouve, ainsi que pour éviter tout mal-entendu.

3. Il ne sera fait en Hongrie aucune espèce de levée en masse, ni d'insurrections; et en Bohème, aucune armée étrangère ne pourra entrer sur le territoire de la maison d'Autriche.

Des négociateurs se réuniront de part d'autre à Nicolsbourg, pour procéder directement à l'ouverture des négociations, afin de parvenir à rétablir promptement la paix et la bonne harmonie entre les deux empereurs. Fait double entre nous soussignés, le maréchal Berthier, ministre de la guerre, major-général de la grande armée, chargé des pleins-pouvoirs de S. M. l'empereur des Français et roi d'Italie; et le prince Jean de

« PreviousContinue »