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Se trouvant sans ressources, on le vit s'adresser aux différens chefs de Chouans qu'il avait connus, et à d'autres particuliers, pour solliciter du secours.

Charles d'Hozier a attesté, le 21 Germinal, qu'il l'avait vu venir souvent à l'auberge où il logeait à Rennes, pour en demander, et qu'il lui en avait administré lui-même."

Il a ajouté qu'il croyait lui avoir donné de l'argent lorsqu'il était parti de Rennes pour Paris.

Cet homme prétend qu'arrivé à Paris, il est devenu le commis d'un entrepreneur de bâtimens.

Il est possible que cet entrepreneur lui ait procuré quelques travaux; mais tout porte à croire qu'il s'est plutôt occupé de servir le parti des Chouans.

Un fait attesté par Charles d'Hozier lui-même, c'est qu'il l'a vu; c'est qu'avant même son arrivée, il avait été chez son frère. On a vu quelle a été la conduite de Charles d'Hozier.

.

On sait quels sont les motifs qui peuvent avoir déterminé de sa part de nouveaux rapports avec ceux qui avaient servi comme lui dans les Chouans.

Lenoble ne paraît pas, à la vérité, à raison de son indispo sition, susceptible de jouer un rôle dans une action; mais on peut s'en servir pour des actes particuliers; et son attachement bien prononcé au parti est une garantie de sa discrétion, C'est sous ce point de vue qu'il paraît avoir été considéréet employé par les agens de la conspiration.

Vers la fin de Fructidor dernier; il fut chargé de procurer de la poudre pour les conjurés.

Il était lié d'amitié avec un nommé Poulet, chez lequel il avait méine déposé ses papiers; il le pria de lui en acheter. Poulet, qui ne connoissait pas ses intentions, en acheta jusqu'à concurrence de trente-six livres.

Il lui acheta aussi une malle qu'il lui avait demandée. Prévenu par Poulet, le 4 Vendemiaire, qu'il avait la quantité de poudre dont on vient de parler, il témoigna le désir qu'elle lui fût livrée sur le champ.

A peine le paquet était-il entre ses mains, qu'il prit une voiture, rue du Temple, pour se faire conduire près de la maison d'Hozier, dans laquelle il alla,

La police instruite, le fit arrêter le 6, ainsi que Poulet, et ordonna une perquisition à son domicile.

On en fit une aussi dans la maison d'Hozier; toutes deux out été infructueuses.

Poulet interrogé, s'est expliqué avec franchise.

Il n'en a pas été de même de Lenoble.

Il a nié avoir acheté de la poudre de Poulet.

Il n'a pu cependant disconvenir qu'il avait loué une voiture le 4 Vendemiaire, qui l'avait conduit rue Saint François au Marais, et qu'il allait chez d'Hozier, vieille rue du Temple.

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Il n'a pu contester non plus ses relations avec Poulet. Ce dernier qui n'avait encore fait qu'une déclaration ver bale ayant été confronté avec lui, le 8, ne s'est point démenti, Lui, au contraire, a persisté dans ses dénégations.

Il a soutenu, malgré son aveu positif, qu'il n'avait pas été chez d'Hozier,

Il a voulu persuader qu'il s'était fait conduire à la Grève, et que là il avoit renvoyé sa voiture.

Comme si on pouvait croire qu'accoutumé à aller à pied, et se trouvant dans la plus grande indigence, il eût pris une voiture sans une cause extraordinaire.

Il a porté l'impudeur, le 9 Pluviose, au point de contester qu'il connut Charles d'Hozier.

Cette dénégation démontre qu'il n'achetait des poudres que pour faciliter l'exécution du complot formé pour mettre tout en combustion en France.

Il en fallait pour l'emploi des armes que s'étaient procurées les conjurés.

Il en fallait peut-être encore pour une nouvelle machine infernale dont le témoin Dujardin a parlé, et sur l'existence ou non-existence de laquelle il est impossible d'avoir des idées fixes,

Le noble proteste de son innocence.

Il prétend n'avoir été dans la maison d'Hozier que pour solliciter une place dans la banque d'intervention; mais cette banque n'a jamais existé qu'en projet,

Cette allégation mensongère ne peut que prouver de plus en plus qu'il est réellement un des hommes de la conspiration.

COSTER SAINT Victor,

Il était au mois de Janvier 1791, dans le haitième régiment de Chasseurs à cheval,

Il a déserté au mois d'Août suivant. Tout porte à croire qu'il a servi avec les emigrés.

Il a fini par se jeter dans la Chouanerie,

Il a servi sous Delbé, Charette, Puisaye et la Prévalaye, Il a commandé dans le pays de Vitré,

On prétend qu'il y a resté après la première pacification pour maintenir la disposition des esprits, et préparer une se conde insurrection,

Il paraît que c'est là qu'il reçut un brevet de chevalier de Saint Louis, daté d'Edimbourg, 15 Juin, 1796, signé Charles Philippe, et plus bas, par le comte de la Chapelle, pour M. le Maréchal, duc de Broglie, et en son absence par ordre de Mousieur.

En l'an 5 il fut traduit, devant un conseil de guerre,

établi à Saint Brive à raison de désertion, fabrication de faux passeports et de rébellion à la loi.

Il fut déclaré convaincu de désertion; il ne le fut pas de rébellion ni de fabrication de faux passeports et attendu la remise de la peine prononcée par une disposition formelle de la loi, il fut ordonné qu'il serait tenu de joindre le dépôt des militaires à Nancy, pour y servir la destination qui lui serait donnée par le commandant de la force armée de cette place. On avait tronvé sur lui lors de son arrestation, des pistolets et un stylet; on y avait aussi trouvé un ruban moiré ponceau, sans doute préparé pour porter la Croix

Il fut ordonné que ces objets demeureraient au greffe du conseil de guerre.

Il trouva à Avranches le moyen d'échapper aux gendarmes qui le conduisaient.

Il fit valoir auprès du ci-devant comte d'Artois, qui prenait alors la qualité de lieutenant général du royaume de France an nom de Louis XVIII, les services qu'il avait rendus, et les dangers auxquels il avait été exposé, et il obtint au mois de Juin 1798, le brevet de colonel, chef de division, dans l'armée catholique et royale, provinces de Bretagne et Bas Maine, pour prendre rang en la-dite qualité du premier Juillet 1795, parmi les colonels chefs de division de la dite armée, et en jouir aux mêmes titres, honneurs, droits, prérogatives et appointemens.

Il a servi dans la dernière guerre des Chouans,

Il a avoué avoir profité de l'amnistie après la pacification générale.

Il était à Paris à l'époque du 3 Nivòse an 9.

Il voyait Limoëlan, Joyaut, Soyer. St. Réjant et autres initiés dans le complot.

Une chose bien singulière, c'est que Bourmont qui_parais sait alors vouloir servir la police, l'avait indiqué pour faire rechercher et arrêter Limoëlan.

C'est qu'il lui fut même remis un mandat à cet effet, et qu'aussitôt l'arrestation de François Carbon, le 28 Nivose, il s'empressa d'aller prévenir Saint Réjant, et que ne l'ayant pas trouvé, il donna pour lui un billet à la veuve Jourdan, en l'invitant de lui recommander de le brûler dès qu'il l'aurait lu. On conçoit que d'après cette conduite il devait se cacher et tâcher de saisir l'occasion favorable pour fuir.

Les préventions résultantes de l'instruction le firent mettre en accusation le vingt-trois Ventose, an 9.

Ordonnance de prise de corps a été délivrée le même jour contre lui.

Le vingt-cinq du dit mois de Ventose elle lui a été notifiée rue Neuve St. Eustache, Maison de Pérou, et elle a été. aussi affichée à la principale porte d'entrée du tribunal criminel et aux principales portes d'entrées du palais de justice.

Cet homme lié en Angleterre avec les chefs et agens de la; conspiration, devait évidemment arriver avec eux en France. Il a fait partie du second débarquement.

Il a été plusieurs fois chez la femme Denand, chez laquelle il avait logé à une autre époque.

Il a vu Rubin Lagrimaudière il s'est réuni à Roger, auteur de la machine infernale.

Il a commaudé un sabre au citoyen Juste, marchand fourbisseur, qui le lui a livré le dix-huit Nivose dernier.

Il a commandé au citoyen Genty, marchand tailleur, un, frac et un pantalon de drap vert, boutons d'argent, un gillet en soie et un autre pantalon garni de tresses.

Il a commandé aussi une redingote de drap, vert dragon, boutous d'argent, et un charivary garni en peau.

Ces objets lui ont aussi été livrés; des quittances et des déclarations le prouvent.

On a d'ailleurs saisi chez Thibierge une malle qui contient des effets dont partie a été considérée comme lui appartenant.

On a trouvé chez Denand, depuis son arrestation, et son brevet de chevalier de Saint Louis, et son brevet de colonel, ce qui prouve qu'il existait toujours des rapports entr'eux.

Lorsqu'on l'arrêta rue Xaintonge, le dix-neuf Pluviose on le trouva logé avec Roger dit Loiseau, dans une chambre où avait couché Rubin de la Grimaudière.

Une des deux paires de pistolets qu'on y a saisis, était bien certainement à lui.

Conduit à la préfecture de police interpellé de dire d'où il venait et avec qui il était venu à Paris, on n'a pu tirer de lui d'autres réponses que celles qu'il ne voulait compromettre

personne.

Le lendemain, il a dit que ses effets avaient été déposés chez un marchand de vin, rue du Bacq.

Il a reconnu une partie des objets renfermés dans la malle, saisie chez le nommé Thibierge, marchand de meubles et logeur en garni, rue de Varennes.

Il a fait le même jour quelques aveux concordans avec tous les faits dont on vient de rendre compte.

Il a nié avoir vu à Paris au 3 Nivose an 9. Saint Réjant, Limoëlan et Bourmont.

Il a dit n'avoir jamais connu Lahaye, Saint Hilaire.

Il a tâché de colorer sa démarche chez la femme Jourdan. Il a prétendu qu'il n'avait aucun logement stable, aimant mieux en changer chaque jour que de compromettre personne. Il est convenu, le 18 Ventose qu'il avait connu Roger et son frère pendant les guerres de Bretagne.

Il a refusé d'indiquer le lieu où il l'avait retrouvé à Paris. La fille Jourdan, appelée pour rendre hommage à la vérité, l'a reconnu devant le magistrat chargé de l'instruction, et a

dit

que c'était de lui dont elle avait parlé dans sa déclaration à la préfecture de police, lors des recherches faites contre les auteurs et complices de l'attentat du 3 Nivose, et dans sa déclaration devant le directeur du jury.

Que c'était lui qui avait été vingt-trois ou vingt-quatre jours après la détonation de la machine infernale, chez sa juère pour y demander Soyer (Saint Réjant).

Que sa mère avait répondu que Soyer était absent;

Qu'il lui avait observé que François était arrêté, et qu'il fallait sauver Soyer son ami, dont le vrai nom était Saint Réjant.

Que François était capable de tout dire.

Elle a ajouté que Coster Saint Victor avait remis un billet

à sa mère.

Qu'elle avait été avec lui, rue du mail.

Qu'ensuite elle avait été avec sa mère où loge Soyer, que Soyer, après avoir lu l'écrit, avait frappé du pied, avait juré et pâli, qu'il avait reproché vivement d'avoir donné son adresse, et avait dit que Saint Victor était un mouchard de police.

Au

Que Saint Victor, dans la voiture, avait dit à sa mère. Gardez-vous bien de dire que Soyer loge chez vous. surplus, si on vous condamne à une amende je la payerai. Je repasserai sous quelques jours, pour savoir ce qui aura été fait. Coster a fait de nouveaux efforts pour justifier sa démarche, ́ mais toutes les nuances du crime sont restées.

Il a émigré.

RUBIN LAGRIMAUDIERE.

Revenu en France, il s'est rangé sous les bannières des rebelles de l'Ouest.

Il a été officier sous de la Prévalaye.

Malgré son opinion, il a réclamé le bénéfice de la loi du 6 Floréal, an 10.

Le deuxième jour complémentaire an 11, le préfet du département d'Ille et Vilaine lui a donné un passeport, pour venir à Paris pour affaires particulières, sous la condition qu'il y resterait sous la surveillance du préfet de police, auquel il serait tenu de se présenter à son arrivée.

Il a déposé ce passeport, le 3 Vendémiare, an 12, à la préfecture de police; a déclaré être logé rue de l'Oseille, No. 408, et a démandé uue passe, qui lui a été accordée pour deux mois.

Sa passe n'était pas renouvelée, et cependant il était encore à Paris, lorsque, le 18 Pluviose, au moment de l'explosion du coup de pistolet, de Picot, de son arrestation et de celle de Mérille, ancien officier de rebelles, il frappe, en signe

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