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devenir intermédiaire entre l'ex-général Pichegru et le général Moreau.

. Cetre conduite ne peut s'expliquer que par les motifs qu'on a été obligé d'attribuer à celle de Pichegru, à l'egard de Moreau, Lajolais a vu Pichegru l'été dernier, il en convient, et à ce moment, il était déjà l'agent de la conspiration, dont les plans ont pu successivement recevoir des modifications, mais dont le but était toujours l'assassinat du Premier Consul et l'envahissement du pouvoir.

- Il l'a vu et il ne dissimule pas qu'il s'était chargé de lui procurer une entrevue avec Moreau.

A quoi donc devait servir cette entrevue, si ce n'était pour s'expliquer avec plus de détail sur les moyens d'exécution?

Est-ce que sans un motif aussi fort, Moreau ait pu engager Pichegru à venir sur un territoire dont il était banni, et dans lequel, au premier pas, il devait trouver la mort,

C'est lui, (plusieurs conjurés en ont déposé) c'est lui qui, par son rapport sur la situation politique de la France, et sur l'assurance qu'il avait donnée de la disposition générale des esprits, les à déterminés à presser l'exécution des dernières résolutions.

Il a fait, avec Pichegru, partie du troisième débarquement, au-devant duquel Georges et d'autres conjurés ont été, et a suivi avec Rochelle une des lignes indiquées.

On l'a reconnu.

A peine fut-il à Paris, qu'il s'est empressé d'aller chez Morean, pour le prévenir de l'arrivée de Pichegru, et lui demander un rendez-vous pour l'ex-général,

Il était au boulevard de la Magdelaine, à l'heure marquée pour l'entrevue.

Il a conduit Pichegru à l'allée où était Moreau.

Il a su les démarches premières de Joyaut, près de Fres nières secrétaire de Moreau, il en a connu les causes.

Il était chez Rolland, lorsque Pichegru est monté en voiture avec Fresnières, pour aller conférer avec Moreau, dans sa propre maison.

⚫l a été dans la rue attendre la sortie de Pichegru et l'a rejoint aussitôt chez Rolland.

Accompagné de Couchery, il a conduit Pichegru chez Moreau, pour une conférence convenue.

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Il a eu l'attention de rester avec Couchery, dans une chambre particulière, pour qu'ils fussent plus libres pour s'expliquer.

Georges a été chez lui rue Culture Sainte Catherine.

Il a reçu Polignae (Jules), Rivière et Couchery.

Il a logé Pichegru, qu'il a conduit ensuite chez Rollandi C'est lui et Couchery qui ont accompagné Pichegru, lorsqu'il a été demeurer rue des Noyers, chez la demoiselle Gilles, Il sait tout ce qui s'est passé à cet égard.

Il ne peut contester qu'il était toujours près de ce chef de conspiration.

Il savait ce que pensaient, ce que faisaient, ce que tra maient presque tous les conjurés.

Ses réponses dans ses interrogatoires et dans ses confrontations sont précises.

Ses déclarations sur les projets sont positives.

Qui pourrait donc n'être pas convaincu qu'il est du nombre des conjurés?

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On a trouvé dans ses pièces un passeport du 6 Fructidor, an 11, supposé délivré, par le maire de la commune de Saint Romain arrondissement d'Amiens, et le citoyen de Frayfro court, maire de cette commune, auquel il a été représenté, a déclaré affirmativement qu'il n'avait point été délivré par lui. Il a soutenu également, qu'il n'avait écrit ni signé le visa qui est au dos.

Lajolais confondu sur ce projet, a prétendu que c'était Rochelle qui l'avait conduit à Saint Romain, où il avait des parens;

Rochelle a avoué avoir été avec lui dans cet endroit, mais a fortement nié qu'il se fût occupé du passeport.

Il devait en coûter peu à un conspirateur de devenir faussaire, Lajolais qui avait besoin de ce passeport pour voyager dans l'intérieur, et qui savait bien les moyens qu'il pouvait employer aux frontières, est évidemment le fabricateur ou le complice de la fabrication de ce passeport.

On n'avait pas besoin de ce trait pour être en mesure d'ap précier sa moralité; mais il est cependant bon à relever, pour que la France connaisse de plus en plus les hommes qui voulaient régler ses destinées.

Il soutient qu'il n'a jamais eu d'intentions criminelles.

MOREAU.

Lorsqu'il s'agit de conspiration contre l'état aucune consi dération ne doit arrêter l'homme de bien.

La dénonciation devient une obligation sacrée; s'y soustraire est un crime.

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Ce que l'intérêt national commande à tous, il le commande bien plus impérieusement encore à ceux qui occupent des places de haute confiance, et qui sont chargés de veiller au salut de la patrie.

Le général Moreau à la tête de l'armée du Rhin ne pouvait donc garder le silence sur la découverte des preuves que Pichegru était un chef de conspiration, sans se rendre coupable du crime de lèze-nation.

L'influence que Pichegru, devenu représentant du peuple, paraissait exercer sur une partie des membres du corps légis latif, était un motif de plus pour se hâter d'éclairer le gou

vernement.

Cependant il a été quatre mois et demi sans rien dire de cette découverte, et il n'en a parlé qu'au moment où il a su que le directoire avait arraché le masque du conspirateur, et que sa déportation avait été ordonnée.

Tout homme accoutumé à réfléchir sur les événemens et à juger, est donc obligé de se dire: si après le 18 Fructidor, Moreau a dénoncé Pichegru, ce n'a été que pour détourner des soupçons qui devaient le perdre lui-même, sans sauver son

ami.

Il faut, au surplus, examiner sa conduite après la dénonciation.

Dans sa lettre portant la date du 19 Fructidor an 5, adressée au citoyen Barthelemy, alors membre du directoire, Moreau avait présenté Pichegru comine très-compromis dans la correspondance de Klinglin saisie à Offembourg le 2 Floréal précédent.

Il l'avait présenté comme destiné à jouer un grand rôle dans le rappel du prétendant.

Il avait dit que la guerre civile ne pouvait qu'être le but de ses projets.

Dans une proclamation du 23, faite à l'armée de Rhin et Moselle, il s'exprime en ces termes.

Il n'est que trop vrai que Pichegru a trahi la confiance de la France entière.

J'ai instruit un des membres du directoire, le 17 de ce mois, qu'il m'était tombé entre les maius une correspondance avee Condé et d'autres agens du prétendant, qui ne laisse aucun doute sur cette trahison.

Dans sa lettre au directoire, en date du 27 Vendemiaire an 7, en parlant de Pichegru, il dit nous avons été amis pendant que nous avons défendu la même cause; et nous avons cessé de l'être, quand j'ai eu la preuve qu'il était l'ennemi de la république française.

Il ne devait donc avoir qu'un sentiment d'horreur pour Pichegru.

Pichegru, de son côté, ne devait avoir qu'un sentiment de haine contre lui.

Dès ce moment une barrière insurmontable devait donc les séparer pour jamais..

S'il est constant, malgré ces vérités, qu'une réconciliation ait été scellée;

S'il l'est que ces deux hommes aient eu des intermédiaires, pour s'entendre de Londres à Paris, et de Paris à Londres. S'il l'est qu'ils aient eu des conférences à Paris.

On doit le dire sans hésiter; la cause extraordinaire de cette violation de toutes les lois de l'honneur, ne peut se trouver que dans un pacte sacrilége formé entre eax, pour la réussite d'une conspiration.

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Eh bien! il existe des preuves irrésistibles de la réconciliation, de la correspondance et des conférences.

La réconciliation a été scellée par l'intermédiaire de David, un des complices de la conspiration.

Tout en dépose dans l'instruction. On en trouve l'aveu dans un interrogatoire par lui subi, devant le préfet de police de Paris, le 25 Frimaire, an 11.

On le trouve encore dans une lettre à un de ses amis, en date du 29 Octobre, 1802. Il a même l'attention d'inviter cet ami à se taire.

Lajolais a déclaré le 25 Pluviose, an 12, qu'il avait su, par d'intermédiaire d'un ami commun (l'abbé David) que Pichegru et Moreau, long-tems divisés, s'étaient enfin réconciliés. Moreau n'en voulait certainement plus à Pichegru, lorsque, postérieurement au 14 Messidor an 10, en parlant de lui, il disait à David, dans une lettre: au surplus, citoyen, sa situ ation me fait infiniment de peine et je saisirai toujours avec. plaisir l'occasion de lui être utile.

Il ne lui en voulait plus, lorsqu'il ajoutait: vous avez fait entendre à mon secrétaire, que je m'étais opposé à sa rentrée en France; soyez certain que cela est d'autant plus faux, que si l'autorité me faisait dire que je suis le seul obstacle à sa rene trée, je me haterais de le faire cesser.

A l'égard de la correspondance entre Moreau et Pichegru, de Paris à Londres et de Londres à Paris, par intermédiaire, elle est prouvée par les pièces saisies lors de l'arrestation de David, et par celles saisies lors de l'arrestation de Moreau.

On y voit clairement que c'est David qui a été chargé de la réconciliation honteuse qui a éte effectuée.

Qu'il envoyait à Pichegru copie des lettres qu'il recevait dè Moreau, et sans doute celles qui étaient pour lui;

Qu'il lui envoyait même copie de ses propres lettres à Mo

reau.

Qu'il envoyait à Moreau copie des lettres qu'il recevait de Pichegru, et sans doute celles qui étaient pour lui.

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Une lettre de Pickegru annonce nettement que c'est lui qui faisait partir David pour Londres, et qui avait envoyé l'argent pour le voyage. N

David, devait être, en se rendant à Londres, la correspondance vivante, comme Lajolais l'a été ensuite entre Pichegru et Moreau.

Lajolais a avoué dans son interrogatoire du 25 Pluviose, que l'été dernier, il avait eu des conférences à Paris avec Moreau, relativement à Pichegru; que Moreau lui avait témoigné le désir d'avoir une entrevue avec Pichegru, et qu'il s'était chargé de la procurer.

Que, passé en Angleterre, Pichegru lui avait exprimé le même désir.

Le 26, il a dit qu'arrivé à Paris avec Pichegru, il avait été prévenir le genéral Moreau.

Qu'il avait été une autre fois chez lui, un matin, pour luj. demander un rendezvous;

Qu'il lui avait indiqué le boulevard de la Madeleine, depuis la rue de Caumartin jusqu'à l'église de la Madeleine, pour neuf heures précises du soir;

Qu'il lui avait assuré qu'il y serait en habit bleu et chapeau rond; qu'il frapperait la terre de quelques coups de canne; qu'il viendrait par le boulevard, du côté de la rue Caumartin. Qu'il n'avait qu'à venir du côté opposé ;

Qu'en effet à neuf heures précises, il l'avait rencontré au milieu de ce boulevard.

Qu'il avait prévenu le soir même Pichegru, maison de Chaillot No. 6.

Que Pichegru lui avait dit qu'à la même heure il se trouverait en fiacre dans la rue Basse qui borde le boulevard.

Qu'une seconde avant de recontrer Moreau, quelqu'un qui l'avait reconnu, lui avait dit: le général est arrivé, il est dans ce fiacre-là, en indiquant du doigt la voiture;

Qu'à l'instant il avait rencontré Moreau, auquel il avait dit : Le général est arrivé.

Qu'alors Moreau lui avait indiqué l'allée du côté de la rue des Capucines, où la lune donnait moins, en le priant d'y faire passer le général Pichegru.

Qu'il s'était rendu à la portière, que Pichegru était precisé ment du côté par lequel il arrivait, qu'il lui avait semblé qu'il n'était pas seul.

Qu'à l'instant Pichegru avait ouvert la portière et l'avait suivi sur l'autre côté du boulevard.

Que, les ayant réunis tous deux, il s'était retiré sans savoir si Pichegru était ou n'était pas suivi de ceux qui pouvaient être avec lui dans sa voiture;

Qu'il n'avait pas eu la curiosité de demander, soit à l'un, soit à l'autre, le résultat de leur conférence.

Couchery (Victor) a dit dans sa déclaration, avoir eu connoisance de cette entrevue.

Il a ajouté qu'ayant été chercher Pichegru avec Lajolais, pour le conduire à une autre conférence, Georges lui avait dit: au jourd'hui Moreau ne se plaindra pas; je n'y serai point.

Bouvet de Lozier a déclaré que lorsque Lajolais avait été prendre Georges et Pichegru pour les conduire à Moreau, il était dans la voiture avec eux, boulevard de la Madeleine.

Polignac (Armand) qui a logé à Chaillot avec Georges et Pichegru, a declaré qu'il avait su qu'il y avait eu une conférence très-sérieuse à Chaillot maison no. 6, entre Georges Pichegru et Moreau.

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Moreau, confronté à Lajolais, a prétendu qu'il avait refusé

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