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pillé notre frontière et la leur, se retirèrent à Luxembourg (*).

Le 25 juin, le jour même que cette convention eut verbalement lieu, M. le lieutenant-général Czernitchef, commandant l'avant-garde de l'armée russe qui marchait sur la Moselle, fit sommer le général Hugo, par un colonel, de

(*) Cette ville, qui contient une population de plus de dix mille âmes, et qui a fait partie de la France depuis 1795 jusqu'en 1814, est la capitale du grand duché de ce nom; elle est séparée en haute et basse par la rivière d'Alzette, qui la traverse.

La ville haute, qui est à proprement parler la forteresse, a dû être fondée en l'an 1000 située sur un roc très escarpé du côté de la rivière et du Pitous, ruisseau qui s'y joint, elle est défendue par douze bastions, cinq cavaliers, et de nombreux ouvrages extérieurs.

Outre le fort Saint-Esprit, qui est pour cette ville un réduit d'une haute importance, on y remarque un grand rocher dit le Bouc, tellement excavé qu'on le regarde avec raison comme un fort souterrain : c'est un ouvrage des plus extraordinaires, sans doute unique dans son genre, et qui peut servir de magasins et de logemens à l'épreuve.

La ville basse, dont la création est plus moderne, se compose de différentes parties bâties sur la rivière, et qu'on a renfermées dans l'enceinte par des ouvrages et des forts qui étendent à plus de six milles mètres le développement de cette forteresse.

par

remettre la place à S. M. l'empereur Alexandre. Sur la réponse négative qui lui fut faite, le lementaire se retira, et dès le jour même les communications de Thionville avec Metz furent totalement interceptées.

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CHAPITRE X.

DU 25 JUIN AU 18 JUILLET.

Arrivée des Russes.

Interruption des communications.

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Désertion dans la garnison de Rodemack. Désertion à Sierck et à Thionville. Organisation de la garde nationale sédentaire. Colonne du général Meriage. Défaite du prince de Hesse-Hombourg devant Longwy. — Soumission de Thionville à S. M. Louis XVIII.

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25 Juin.

La gendarmerie de Roussi se retira sur Thionville, ainsi que celle de Bouzonville, cette ville ayant été occupée par les Russes.

Le nombre des combattans, renfermés dans la place, était à cette époque de cent cinquante officiers et trois mille huit cent quarante-huit sous-officiers et soldats, non compris la gendarmerie et les préposés des douanes.

27 Juin.

Un parlementaire prussien, envoyé par le prince de Hesse-Hombourg au général russe Czernitchef, obtint la permission de traverser la place les yeux bandés. Sa mission avait pour

objet de s'informer du parti que ce général voulait prendre sur la proposition d'armistice du général Hugo.

Les Russes, sur l'indication qui leur fut donnée par quelques paysans faciles à effrayer, passèrent la Moselle au gué entre Uckange et Richemont. Alors plusieurs militaires qui croyaient encore sûre la communication entre Metz et Thionville, furent faits prisonniers et conduits en Russie.

Quelques individus employaient tous les moyens imaginables pour faire déserter les gardes nationaux, et faire tomber la forteresse au pouvoir des coalisés.

Depuis plusieurs jours les sentinelles des postes extérieurs de la place, et les garnisons de Sierck et Rodemack étaient harcelées par des reconnaissances ennemies; mais la vigilance et le courage des soldats français, rendaient toutes ces attaques inutiles.

Le prince de Hesse, commandant lui-même une de ces attaques contre Rodemack, fut vivement repoussé.

28 Juin.

Les deux compagnies de grenadiers des bataillons d'élite, qui avaient si valeureusement résisté à l'attaque du général prince de HesseHombourg, désertèrent presque en entier de

TOM. III.

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Rodemack, épouvantées par les insinuations de quelques habitans qui ne cessaient de leur répéter qu'on allait les attaquer de nouveau, qu'elles seraient prises, et qu'on pendrait les hommes qui les composaient, parce qu'ils n'étaient point vêtus d'uniformes. Le commandant de Rodemack demanda du renfort à Thionville, et le général lui envoya une compagnie de grenadiers du 6 bataillon de la Meurthe, avec un détachement de préposés des douanes.

On travaillait cependant la garnison, même de Thionville, par tous les moyens qui avaient causé la désertion totale de celle de Rodemack, et le général fut obligé de prendre des mesures fortes pour les rendre nuls.

Ces moyens avaient réussi à Sierck, en même temps qu'à Rodemack, la garnison en était presque entièrement partie, et le reste menaçait d'abandonner le poste, si Thionville n'y faisait, sur-le-champ, passer. des renforts. Le général Hugo y envoya également une nouvelle garnison, prise moitié dans les préposés des douanes, et moitié dans les bataillons d'élite. On voit combien ces détachemens devaient affaiblir la garnison, qui était sous ses ordres immédiats.

La viande devenait rare; il fit retirer sous le canon de la forteresse tout le bétail des villages

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