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commandement à son successeur, et partit pour se rendre dans ses foyers.

Quelques personnes attribuèrent à la proclamation de M. le préfet de la Moselle, ainsi qu'au rapport de M. l'abbé de Montesquiou, la mise hors d'activité du généra!, et de tous les chefs (sans exception) qui concoururent à la défense de Thionville en 1814. Sans doute c'est une particularité remarquable qu'aucun d'eux n'ait été conservé; cependant ce serait blesser la justice du roi que d'oser croire que jamais S. M. ait rien su de cette disposition ministérielle.

Le général Hugo a défendu Thionville, mais il n'avait pour commander cette place qu'une commission de M. le maréchal duc de Valmy, il n'avait point été confirmé dans son grade en

d'elles. Ce digne Français est M. Mayer-Lévi. Une dame étrangère voyant des mendians se presser autour de la porte de ce bon citoyen, à certains jours réglés de la semaine, lui demanda si ces pauvres gens étaient de sa religion. « C'est ce dont je ne m'informe point, Ma

dame, répondit-il; il me suffit qu'ils soient dans le ◄ besoin. » Qu'on ne croie pas que de pareils traits de patriotisme et de vertus privées soient rares chez les juifs français ils ont parmi eux un grand nombre de familles très respectables, et dont le nombre s'accroîtra de jour en jour, puisque nos lois ne font pas de différence entre les hommes d'un culte et ceux d'un autre.

France, quoique officier-général depuis le 20 août 1809; et l'on assure que quand le 12 septembre on lui envoya un successeur, la division de la guerre, qui fit le rapport, ignorait qu'il y eût un général à Thionville, quoiqu'il se trouvât plusieurs régimens de ligne en garnison dans cette place, et que depuis le retour du roi, on eût laissé, lors de la rentrée des garnisons du Rhin et de l'Allemagne, plus de soixante bataillons sous les ordres de ce général. Au reste le roi n'a pas voulu qu'une action aussi honorable que la défense de cette place, appartînt à un général étranger à son service, et il a confirmé M. Hugo dans son grade, à dater du 11 septembre 1813, époque où il avait quitté l'Espagne.

S. E. M. le général comte Dupont, alors ministre de la guerre, a lui-même proposé au monarque et contresigné cet acte de justice; il a fait réparer, envers presque tous les officiers qui se trouvaient frappés par des mesures générales, le tort qu'elles leur avaient causé, en obtenant pour eux la confirmation dans leur grade, ou dans le grade immédiatement inférieur, selon leurs droits ou leur ancienneté.

Le général Hugo, militaire au sortir du collége, n'avait jamais connu les douceurs du repos sa vie entière avait été consacrée à remplir

les devoirs nombreux dont on l'avait en quelque sorte surchargé (*); aussi l'inaction eût-elle été pour lui le comble de l'infortune, s'il n'eût pas su se créer du travail et bien partager son temps; pendant qu'il occupait utilement ses loisirs, les événemens extraordinaires de mars 1815 eurent lieu; mais il est probable qu'ils n'eussent point influé sur sa position, si d'autres événemens qui se passèrent à Thionville, et les nouveaux dangers qui menaçaient cette place, ne l'eussent pas fait réclamer pour le commandement supérieur, par les autorités, par les habitans et surtout par M. le comte Durutte, toujours commandant de la 3a division militaire.

(*) Il s'est à la fois trouvé, comme on l'a vu dans ses Mémoires, majordome du palais, aide-de-camp de Joseph, aide-major général des armées françaises en Espagne, sous les ordres de S. E. M. le maréchal Jourdan; commandant de Madrid, et inspecteur général (unique) de tous les corps formés et à former dans la Péninsule.

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BLOCUS ET DÉFENSE

DE

THIONVILLE, SIERCK ET RODEMACK,

EN 1815.

CHAPITRE VIII.

Evénemens de mars 1815. — Le général Hugo est de nouveau appelé au commandement de Thionville.

La nouvelle du retour de Napoléon avait causé ȧ Thionville, dans tous les esprits, une fermentation générale. Le soldat avait donné des marques d'une joie excessive, et par ses cris avait manifesté des vœux que le départ du monarque ne fit que rendre plus hardis.

Le général Curto crut pouvoir opposer à la manifestation de ces vœux, les siens pour la fidélité aux sermens prêtés au roi; il le fit avec l'éloquence d'un soldat, c'est-à-dire avec une franchise dépouillée de toute politique, peutêtre même de quelque prudence. Alors, dans un tel conflit d'opinions, la confiance qu'on avait en lui se perdit tout à coup. Un complot

tendant à le jeter hors des remparts, fut médité dans le secret, et bientôt après exécuté pendant la nuit, avec un silence qui ne permit aux chefs de connaître l'événement que lorsqu'il cut cu lieu. Le commandant d'armes, M. le colonel Dubreuil, fut le seul informé de cet acte de sédition, parce qu'on mena le général à sa porte, quand on vint chercher les clefs pour l'expulser de la place.

Thionville venait d'être déclarée en état de siége, par S. Exc. M. le maréchal duc de Reggio. Cette déclaration, nécessaire au milieu d'un ébranlement général, avait jeté les habitans dans l'inquiétude. Leur ville, à la veille du plus grand des dangers, se trouvait sans général. On pouvait en envoyer un de Metz, mais il n'aurait peut-être pas été connu! aucun ne l'était à leurs yeux par de plus honorables services que l'officier distingué qui, lors du blocus de 1814, avait donné tant de preuves d'activité, de valeur, et de désintéressement. Chacun prononça son nom; ce nom devint un vœu unanime, et de toutes parts le général Hugo fut réclamé. Ce qu'il y a de plus étonnant dans cette circonstance, c'est que le même accord de sentimens se soit trouvé dans la demande faite par M. le comte Duruite, et dans celle de Thionville; cependant ces demandes n'avaient point été rédigées de concert.

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