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à exécuter était dans la partie supérieure du calcaire glauconieux, formé de couches relativement tendres alternant avec des couches fort dures d'étanchéité et de compacité généralement très satisfaisantes. Sauf dans une région, dont nous parlerons plus loin, il ne s'y produisait que peu de pertes d'air et aucune arrivée d'eau. Quelques glaisages réduisaient les fuites d'air à un faible débit, si bien que, sur la majeure partie de la traversée du fleuve, un seul compresseur a suffi à maintenir la pression.

A partir des naissances sur la rive gauche et jusqu'à 0,50 audessus du radier sur la rive droite, le calcaire glauconieux se trouvait remplacé par une couche granuleuse dite calcaire en formation sous laquelle se trouvait du sable fin d'Auteuil de couleur verte avec couches minces de lignite. Au voisinage de la rive gauche on découvrait sur une faible épaisseur l'argile sous-jacente.

Dans ces couches perméables l'eau arrivait avec quelque abondance. Il eût été facile d'assécher complètement le chantier en élevant la pression à 1 k. 600 ou 1 k. 800, mais on aurait de la sorte exercé une sous-pression notable sous le ciel du terrassement en cours et risqué de provoquer la formation de renards d'air par soulèvement de ce toit. Aussi la pression a-t-elle été maintenue, en général, voisine de la pression hydrostatique sur l'axe du souterrain, ce qui, en tenant compte du poids des terres, ne soumettait à peu près à aucun effort le ciel du terrassement. Le seul inconvénient de cette méthode était de laisser arriver un peu d'eau dans les sables. Outre la gêne causée aux ouvriers, cela risquait d'occasionner des affouillements sous le bouclier, mais en fait, ces affouillements ne se sont produits que dans des régions très localisées, quand les infiltrations se sont trouvées accrues pour des causes fortuites que nous indiquerons plus loin.

· L'eau était évacuée de la façon la plus simple en découvrant l'orifice d'un tuyau de 0,20 de diamètre plongeant dans la nappe à l'avant du bouclier (dénommé siphon sur la figure 2 planche 3). Ce tuyau était relié à la canalisation spéciale qui traversait le mur des sas et remontait dans le souterrain jusqu'à la chambre de montage du bouclier transformée en puisard des pompes. La pression de l'air s'exerçant sur la nappe d'eau à l'avant du bouclier, refoulait en

trombe le liquide jusque dans la chambre de montage sur une longueur variant de 150 à 300 mètres.

Les déblais étaient évacués vers l'arrière dans des wagonnets circulant sur une voie Decauville et remorqués au début du travail par un treuil placé contre le mur de sas, et plus tard, par un tracteur électrique à trolley, quand la distance devint plus forte. Ils étaient sassés trois par trois et repris par un autre tracteur à trolley qui les remorquait jusqu'à la chambre de montage du bouclier où une grue enlevait les caisses au jour et les chargeait sur des camions à vapeur assurant le transport en décharge sur bateaux.

Dès que le terrassement était exécuté sur 0m,90 environ en avant du bouclier et sans qu'aucun chemin de glissement fût préparé, on effectuait la poussée. Pour cela, on mettait en action tous les vérins de la partie inférieure du bouclier, un peu plus de la moitié des vérins latéraux, mais seulement deux ou trois vérins de la partie supérieure afin de remédier à la tendance qu'aurait pu avoir le bouclier à donner du nez, tant en raison de l'inconsistance relative des sables d'Auteuil sous le radier que du bourrage produit dans ces sables au cours de la poussée par la partie inférieure du

couteau.

Quatre ouvriers munis de réglettes divisées, placés aux extrémités des diamètres verticaux et horizontaux du tube, faisaient connaître à haute voix à chaque avancement d'un centimètre, la distance du corps du bouclier au dernier anneau du cuvelage. De la sorte, le chef de service contrôlait à chaque instant la marche de l'opération et pouvait la rectifier en mettant en action du côté voulu un ou deux vérins supplémentaires.

Afin d'éviter tout calcul, les réglettes dans les parties en courbe étaient partagées en divisions inégales, les divisions de la réglette å l'extérieur de la courbe étant plus grandes que celles de la réglette à l'intérieur, si bien qu'en fin de course le nombre des divisions parcourues devait être égal sur toutes les réglettes.

La durée de la course proprement dite était d'un quart d'heure environ; la longueur effective atteignait 0,75 correspondant à un anneau, mais la longueur apparente mesurée sur les réglettes était de 0,80 ou 0m,85. En effet, le cuvelage à l'arrière du bouclier se

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comprimait sur une dizaine de mètres, les joints en bois se resserrant fortement, souvent de moitié de leur épaisseur, ce qui d'ailleurs était excellent l'étanchéité.

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Immédiatement après la poussée, la position du bouclier, tant à l'arrière que près du couteau, était vérifiée en plan et en profil par des opérations très soignées pour lesquelles les agents de la Ville avaient soin d'employer des méthodes (méthode des cordes et méthode des tangentes) et des points de départ différents de ceux de l'entreprise afin d'éviter toute chance d'erreur systématique.

Si la position du bouclier était reconnue défectueuse, on le ramenait dans la bonne direction à la poussée suivante et on rectifiait le cuvelage en tant que de besoin en faisant usage des anneaux spéciaux dont nous avons parle plus haut.

En fait, le bouclier s'est remarquablement dirigé, les écarts d'alignement n'ont pas dépassé 0,08 et ceux de nivellement (m,066. Le raccordement avec le souterrain de rive droite s'est fait d'une façon absolument remarquable avec une erreur de 4 m/m en alignement et de 5 m/m en profil. La perfection de ces résultats est due non seulement aux heureuses dispositions de l'appareil, mais aussi au soin apporté par l'entreprise dans la conduite de l'opération.

Au cours du travail le bouclier a manifesté une certaine tendance à tourner autour de son axe. Il en serait résulté une inclinaison des plateformes, gênante pour le travail des ouvriers et pouvant même l'empêcher tout à fait, si l'on n'eût combattu cette tendance en chargeant avec 4 ou 5 tonnes de gueuses de fonte le côté du bouclier soulevé. La rotation avait toujours lieu daus le sens des aiguilles d'une montre. Ce phénomène déjà observé en d'autres lieux n'a pas jusqu'ici reçu d'explication satisfaisante.

Une fois la poussée terminée on rentrait les vérins et on montait l'anneau du cuvelage à l'abri de la queue, tout en reprenant les terrassements.

Par suite de l'élasticité de la fonte et surtout des joints en bois créosoté interposés entre les voussoirs, le cuvelage tendait à s'ovaliser au moment de la pose. L'abaissement de la clef atteignait environ 0,07. Pour obvier à cet inconvénient, des tendeurs à vis étaient placés un peu au-dessus des naissances et leur serrage raine

nait l'affaissement de la clef à 0m.03 environ. Ils étaient conservés pendant les cinq ou six poussées subséquentes jusqu'après prise complète de l'injection en arrière du cuvelage.

Enfin l'on garnissait les joints des voussoirs sur leur partie antérieure avec du ciment prompt et on exécutait les injections en arrière du cuvelage. On avait prévu pour cela l'emploi d'un mortier liquide de ciment Portland dosé à raison de 650 kgs de ciment par mètre cube de sable. En arrière du cuvelage posé à l'abri de la voûte de protection, on a substitué à ce mortier un coulis de ciment pur ou contenant 1.000 kgs de ciment par mètre cube de sable fin du Soissonnais, car il avait été reconnu fort difficile d'injecter une plus grande proportion de sable. Dans le souterrain exécuté à l'air comprimé, on a procédé tout autrement. Il y a grand avantage en effet à remplir aussitôt que possible l'intervalle laissé libre autour du cuvelage par la queue du bouclier, non seulement pour empêcher la déformation du cuvelage ou l'affaissement du terrain, mais aussi pour réduire les pertes d'air et les rentrées d'eau. Cependant, en injectant au fur et à mesure de l'avancement, le coulis vient ressortir dans la queue du bouclier le long du couteau; en outre, si la prise en est trop rapide, le bouclier risque de se trouver scellé dans le terrain qui l'entoure sans que les vérins puissent le faire avancer, ou s'ils y parviennent, c'est seulement en arrachant et en désagrégeant le sol, ce qui peut être fort dangereux. Pour éviter ces inconvénients, l'entreprise proposa de se servir de mortier de chaux, à l'imitation de ce qui avait été fait dans des cas analogues à Londres et à NewYork. La rapidité de prise de la chaux étant moins grande que celle du ciment, le bouclier devait ainsi pouvoir glisser dans le berceau de mortier constitué autour de lui par l'injection. Il fut reconnu en effet qu'un coulis de ciment pur avec 50% d'eau commence à prendre au bout de 5 heures et qu'au bout de 24 heures une plaque de tôle enrobée de ce coulis ne peut en être arrachée que par une traction de plus de 550 grammes par centimètre carré.

Après des essais de laboratoire sur des chaux de provenance étrangère ayant donné des résultats défectueux, on décida d'adopter pour les injections un coulis pur d'un mélange intimement fait à l'usine et composé pour 2/3 de chaux hydraulique de Beffes et pour

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