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PENDANT L'EXÉCUTION DU SOUTERRAIN SOUS LA RIVE GAUCHE ET SOUS LA SEINE.

Il avait été prévu que le bouclier serait monté dans une grande chambre de maçonnerie de 6,60 × 10,00, formant puits, à construire à 6,50 en amont du souterrain cuvelé. A la suite de cette chambre, devait être établi un souterrain en maçonnerie de 14,00 de longueur de section circulaire, à l'intérieur duquel s'insèrerait le souterrain cuvelé en fonte sur 7,50 de longueur. La jonction du cuvelage avec la maçonnerie devait être réalisée aussi intimement que possible à l'aide d'injections de ciment afin d'éviter toute infiltration dans ce joint particulièrement délicat.

Ces prévisions ont été réalisées de la façon suivante :

On a foncé à l'air libre, contre l'emplacement de la chambre de montage et à l'extérieur de cette chambre, un puisard de 16,00 de profondeur descendant à l'altitude 15.00, c'est-à-dire au-dessous du radier. La nappe avait été rencontrée à l'altitude 25,16, mais les épuisements, conduits au moyen de pompes électriques de 175 et de 200m de diamètre, ont suffisamment abaissé les eaux pour qu'il devint possible de faire le terrassement de la chambre de montage et de construire les murs au pourtour, puis le radier. Les terrassements et les maçonneries des voûtes des souterrains en amont et en aval de la chambre de montage, ont été ensuite exécutés au moyen de galeries boisées et d'abatages, d'après les procédés courants.

Il fut alors constaté que le niveau des eaux se trouvait suffisamment abaissé sous la rue de Constantine pour que l'emploi de l'air comprimé ne fût pas nécessaire. De plus, la nature du terrain (voir profil en long) constitué en calotte par des sables et graviers d'alluvion et au-dessous des naissances par du calcaire glauconieux, permettait de progresser dans des galeries boisées. On se décida en conséquence à exécuter avant la mise en marche du bouclier, une voûte de protection en maçonnerie de 0,50 d'épaisseur reposant sur le calcaire et s'étendant au minimum sur le tiers supérieur de la circonférence du tube. Cette voûte fut construite au moyen d'une

galerie boisée dont l'enfilage était fait au niveau de l'extrados de la voûte et dont l'avancement ne dépassait pas de plus de 3,20 l'abatage en cours d'exécution, afin de ne pas ébranler le sol. Comme le souterrain descendait vers la Seine avec une pente de 0,04 par mètre, les eaux se seraient accumulées vers l'avancement; pour remédier à cet inconvénient, le sol de la galerie était établi en contrepente et les eaux étaient évacuées vers l'arrière, dans une cunette creusée sous la voûte, vers des puisards établis de distance en distance et dans lesquels elles étaient reprises par des pompes électriques qui les refoulaient, soit vers la chambre de montage, soit ensuite vers des puits d'évacuation foncés sur le parcours du souterrain tous les 50 mètres.

Elles rejoignaient par ces puits l'égout de la rue de Constantine superposé aux ouvrages et, plus tard, la Seine en utilisant le collecteur du quai d'Orsay et une galerie spéciale établie par l'entreprise.

Cette voûte de protection put être ainsi exécutée sur une longueur de 153,45, c'est-à-dire jusque sous le quai d'Orsay. Il devint alors impossible de la pousser plus loin en raison du voisinage de la Seine et de l'abondance des venues d'eau. L'emploi de l'air comprimé s'imposait.

Pendant la construction de la voûte de protection, le bouclier avait été monté dans la chambre à l'origine du tube. On l'engagea dans le souterrain d'enracinement à la suite de cette chambre à la fin de février 1909. Puis, à l'abri de la voûte de protection, on exécuta le déblai de la cunette et on prépara au bouclier un chemin de glissement de 3,00 de largeur formé de 3 rails, un au centre et deux sur les côtés, noyés dans une couche de béton de 0,50 d'épaisseur. On fit alors progresser le bouclier, en se servant de la grue de montage pour poser les anneaux du cuvelage. Les eaux qui se rassemblaient à l'avancement étaient évacuées au moyen de rigoles vers les puisards intermédiaires qui avaient été aménagés pour l'exécution de la voûte de protection et qu'on supprimait et comblait en béton quand ils étaient atteints par le bouclier.

Au fur et à mesure de l'avancement, des coulis de ciment étaient faits en arrière du cuvelage en versant directement le coulis par un voussoir de clef enlevé tous les 5 ou 6 anneaux. Dans la partie

supérieure on glissait quelques meulières; puis, les voussoirs de clef une fois remis en place, on complétait le travail en injectant du coulis de ciment sous 3 kilogrammes de pression par les trous ménagés à cet effet dans les voussoirs.

L'opération méthodiquement conduite donna un bon résultat, sauf aux environs de l'extrémité de la voûte de protection où les infiltrations entraînaient les coulis de ciment. Dans cette région elle ne put être complétée qu'après mise en charge de l'air comprimé

Le bouclier arriva à l'extrémité de la voûte de protection à la fin de septembre 1909. Il avait donc mis 7 mois pour parcourir 160 mètres, ce qui correspond à un avancement moyen de 0,75 par jour.

La première phase du travail se trouvait ainsi terminée. Cependant on avait équipé l'usine de l'Esplanade des Invalides qui se trouvait prête à fonctionner.

Pour mettre en action l'air comprimé, on établit en travers du cuvelage déjà posé un solide mur-barrage en béton de 3m,00 d'épaisseur, placé à 14m,60 de l'extrémité de la voûte de protection. Ce mur barrage était soigneusement enduit sur sa face aval. Il était pourvu de 3 sas (voir élévation et coupe, figures 1 et 2 planche 3) en tôle d'acier de 12 /m: l'un de 7,60 de long et de 2m,00 de diamètre, servant à l'entrée et à la sortie des wagonnets, l'autre de 3m,00 de long ayant une section ovoïde de 1,80 de haut sur 1,50 de large, servant à l'entrée et à la sortie du personnel, tous deux au niveau du plancher de service placé à 1,20 au-dessus du radier du tube; le troisième, enfin, de 6,75 de long et de 1,25 de diamètre, dénommé sas de secours, placé à la partie supérieure du tube et devant servir à la sortie du personnel en cas d'envahissement du chantier par les eaux. Le mur barrage était encore traversé par les canalisations d'air comprimé à haute et basse pression, par la canalisation d'eau sous pression, par une canalisation d'eau pour la confection des coulis de ciment, par une canalisation de 0m,20 de diamètre servant à assurer l'évacuation des eaux d'infiltration, enfin par des canalisations de lumière et de téléphone.

Malgré ces multiples perforations le mur s'est toujours montré parfaitement étanche.

Dès son achèvement, le 15 octobre 1909, on commença à souffler de l'air comprimé. Malgré qu'on eût pris soin de glaiser très soigneusement l'espace compris entre le bouclier et le terrain d'une part, entre la queue du bouclier et le dernier anneau monté, d'autre part, des pertes d'air importantes se déclarèrent et pendant plusieurs jours il fut impossible de monter la pression à plus de quatre dixièmes d'atmosphère. L'air s'échappait en grande quantité en arrière du bouclier en revenant le long du cuvelage dont, comme nous l'avons dit, il avait été impossible de parachever les injections dans les derniers anneaux posés, en raison de l'abondance des infiltrations.

Pour arriver à faire monter la pression, il fallut remplir de glaise une partie des chambres de travail contre le front d'attaque de façon à arrêter les arrivées d'eau. Il devint alors possible de terminer les injections, de diminuer les fuites d'air et d'élever la pression à 1 k. 200.

Dès lors, le travail put se poursuivre dans des conditions normales qu'il nous reste à décrire.

Les tubistes dans l'air comprimé étaient partagés en 3 équipes travaillant chacune 8 heures consécutives sans autre interruption qu'un repos de 1/4 d'heure pour le repas. La composition normale d'une équipe était de 34 tubistes et un chef de poste. En outre, un chef mécanicien, un chef de pile et un chef de service étaient attachés au chantier et se relayaient toutes les douze heures.

Les terrassements étaient exécutés simultanément sur toute la hauteur du front d'attaque par les trois chantiers placés sur le radier et sur les deux plateformes (voir fig 2 pl. 3). Il était largement fait emploi de poudre Favier pour l'extraction du déblai, les trous de barre à mine étant simplement forés à la main. Sous le lit de la Seine, quelques restrictions furent apportées par prudence à cet emploi en vue de ne pas ébranler le ciel du terrassement, et on interdit l'usage de la mine dans toute la région du front d'attaque comprise jusqu'à 1,00 et même, dans certaines régions, jusqu'à 1,50 au-dessous de la visière.

Les chantiers placés sur les plateformes intermédiaires se trouvaient dans d'excellentes conditions pour travailler. Le déblai qu'ils avaient

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