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Page 292, ligue 20, après ces mots: mon indignation, ajoutez: respectueuse.

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LE

CHASSEUR RUSTIQUE.

CHAPITRE PREMIER.

Les Armes.

Les armes à feu sont de si peu d'effet, sauf l'étonnement des oreilles, que j'espère qu'on en quittera bientôt l'usage (1). MONTAIGNE.

J'OFFRE à mes lecteurs, non le produit limité de mon expérience, mais le résultat des travaux et des recherches auxquels se sont livrés les savants.

C'est par des épreuves spéciales, plus encore que par une analyse mathématique, qu'on peut espérer de convaincre les chasseurs, qui ne renoncent pas volontiers, comme on sait, à leurs vieilles croyances, à leurs anciennes habitudes.

(1) J'ai cité ces lignes pour prouver que nul de nous n'est infaillible, et que les grands génies se trompent dans leurs jugements comme les autres hommes.

Un jour, pardon de la digression, en assistant à un prix au fusil tiré dans un village, quel ne fut pas mon étonnement de voir apparaître un vieil amateur armé d'un fusil à rouet (1)! Juste ciel!... le rouet au dixneuvième siècle !... la lumière aux prises avec les ténèbres!... Ce tireur attardé, reconnaissant toutefois la supériorité de nos canons de fusil modernes, avait commis l'étrangeté de faire adapter sur le sien une vieille batterie à rouet, dont l'inflammation, selon lui, avait, sur tous les autres systèmes, l'avantage d'imprimer une moins forte secousse à l'arme.

Cet engouement n'était cependant pas le fait d'une

(1) L'arc est la première et la plus universelle des armes mécaniques. L'arbalète, qui lui succéda, a, dit-on, été inventée par les Siciliens; mais c'est seulement en 628 que nos ancêtres l'appliquèrent à la chasse; plus tard elle devint arme de guerre.

Il est à remarquer que, nonobstant l'adoption du bandage nommé guindar, qui a rendu les arbalètes bien supérieures à celles qu'on employait alors (arbalètes à main, à étrier, etc.), il est à remarquer, dis-je, que les chasseurs continuèrent encore longtemps à se servir des arcs pour le gros gibier; pareil fait s'est renouvelé à la guerre.

L'arbalète a été en usage jusqu'à la fin du seizième siècle, ce qui prouve que l'invention de la poudre ne l'avait pas discréditée; il est vrai qu'elle effrayait moins le gibier, et comme on ne tirait alors que posé, le chasseur s'en trouvait mieux.

L'arquebuse, qu'on a confondue longtemps avec les armes à feu, n'avait aucun rapport avec elles. C'était un arc monté sur un fût qui lançait des jalets ou des flèches, ayant en guise de pointe une balle. Cette arme a précédé les armes à feu et leur a transmis son nom.

La première arme à feu est l'arquebuse à croc : ce nom lui vient de ce qu'on la tirait sur une canne à fourche; elle représentait un fer creux, long de deux brasses (disent Brantôme et Dubellay, qui écrivaient en

ancienne habitude; le rouet, abandonné à la fin du règne de Louis XIII, ne lui était parvenu, comme à nous, que par tradition. Mais, homme de progrès, comme il aimait à le dire assez plaisamment, il avait cherché le mieux au milieu de ce conflit d'inventions nouvelles; et après bien des tâtonnements, il ent avait été réduit à exhumer de la poussière des temps passés le seul système qui lui offrît toutes les garanties désirables.

Le fait est que cet original remportait régulièrement

1600), dans lequel on introduisait la poudre et les balles; on mettait le feu à l'extrémité par une petite ouverture (lumière), et le coup partait.

On a fait des arquebuses plus petites (dites canons à main); mais elles étaient plutôt appropriées à la guerre qu'à la chasse.

L'arquebuse à mèche ou à serpentin a succédé à l'arquebuse à croc. Là commence l'arme à feu proprement dite, ayant crosse et platine. Cette dernière servait à supporter la mèche et à la diriger sur la lumière.

Cette arme, d'ordinaire très-pesante, ne se tirait que posée sur une fourchette piquée en terre.

L'arquebuse à rouet ne diffère de la précédente que par le mécanisme de la platine. C'est le commencement du silex, son enfance : cette invention nous est venue d'Allemagne en 1540. Enfin, rendue plus maniable, elle a pris successivement les noms de pétrinal, d'escopette, de mousquet et enfin de fusil, selon les différents changements opérés dans la forme de la crosse et la longueur du canon. Ce système a été continué jusqu'à la fin du règne de Louis XIII (1643).

L'arquebuse à focile ou à caillou, autrement dit le fusil à silex. Ce fusil était employé à la chasse bien avant l'époque où il a été introduit dans l'armée: on le connaissait dès 1630. Il n'a subi, pour ainsi dire, aucun changement jusqu'en 1824, époque de l'application de la poudre fulminante.

En résumé, il est prouvé qu'on a fait usage simultanément à la chasse et à la guerre de la mèche, du rouet et du fusil ordinaire à silex; toutes les chroniques en font foi; de là une grande confusion dans les dates.

tous les prix ce qui prouvait du moins une chose, c'est qu'il était beaucoup plus adroit que tous ses rivaux. J'ai enregistré ce fait à titre d'observation. A propos d'armes antiques, un acteur des boulevarts, voyant au Musée d'artillerie l'armure de François Ier, demande à l'employé sous quel règne ce conquérant faisait ses exploits : «< il faisait sous lui, » répondit l'employé.

Il ne faut pas trop s'étonner si l'on rencontre çà et là quelques fanatiques du silex qui, s'enveloppant dans les langes de la routine, préfèrent l'ancien système à pierre, et conséquemment les vieux canons de fusil à bandes creuses, qu'ils corrigent en leur donnant ce qu'on nomme encore dans les campagnes le tour du braconnier (1); s'ils les préfèrent, dis-je, au fusil moderne à percussion et aux canons à bandes pleines et relevées, simulant une hausse à l'aide de laquelle le but en blanc d'un fusil est à trente pas plus loin. Hélas! il faut les plaindre. Ils vous soutiendront très-sérieusement que la poudre fulminante comprimée dans la capsule détériore une arme; que sa force chasse hors du canon une plus grande quantité de poudre sans l'enflammer... que le fusil à pierre porte mieux, pique mieux, serre mieux que celui à percussion, etc., etc... Laissez-les dire, on ne raisonne pas des couleurs avec les aveugles. Bayard, si justement

(1) Légère courbe à l'aide de laquelle on fausse le canon à son extrémité pour faire relever le coup.

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