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La passe d'Arenc est habituellement libre pour la navigation; on ne la ferme que pour livrer passage à des rames de wagons; le pont n'est pas ouvert au charroi.

Dans la position de fermeture, les points d'appui du tablier sont distribués de la même façon que pour le pont des bassins de radoub; mais les extrémités du chevêtre sont supportées par des coins. Pendant la rotation le tablier repose sur une presse-pivot et sur quatre galets groupés par deux sous chaque poutre principale.

Les appareils de manœuvre sont analogues à ceux du pont tournant du Pollet à Dieppe; ils en diffèrent toutefois sur les points suivants :

La presse-pivot n'ayant pas un diamètre suffisant pour soulever le tablier à la pression de régime de la canalisation d'eau comprimée, on fait usage d'un multiplicateur pour y envoyer de l'eau comprimée à 134 kilos; le gel étant peu à craindre à Marseille, on n'a pas jugé nécessaire de remplacer l'eau par la glycérine à l'intérieur de la presse.

Les extrémités du chevêtre étant calées dans la position de fermeture, au lieu de rester libres, des presses hydrauliques spéciales servent à manoeuvrer les coins de calage correspondants, dont les mouvements sont d'ailleurs conjugués au moyen d'un système de leviers qui les rend solidaires (Pl. 2, fig. 27).

Des coins sont également disposés dans l'encuvement pour caler les extrémités de la culasse et de la volée lorsque le pont doit rester longtemps dans la position d'ouverture; cette opération ne se fait généralement que le soir pour la nuit.

Les butoirs destinés à arrêter le mouvement de rotation sont formés par de simples tampons en bois.

L'ouverture du pont comporte la série des opérations suivantes : 1° Soulever le tablier de 0 m. 04 environ au moyen de la presse-pivot, fonctionnant à la pression de 134 kilos;

2o Décoincer les extrémités du chevêtre;

3o Relever la culasse au moyen des presses de soulèvement et décoincer l'extrémité de la culasse;

4o Abaisser l'extrémité de la culasse, jusqu'à ce que l'extré- \

mité de la volée se dégage de ses appuis et que les galets portent sur leur voie de roulement;

5o Remettre la pression normale dans la presse-pivot, pour que le plongeur vienne reposer sur le fond du pot;

6o Actionner les presses de rotation.

La fermeture comporte, en sens inverse, la même série d'opérations.

Certaines de ces opérations peuvent s'effectuer simultanément, notamment celles portant les numéros 1 et 2, ainsi que les numéros 4 et 5; la manœuvre n'en reste pas moins assez compliquée et assez lente.

Le tabliers et les appareils de manœuvre ont été calculés pour pouvoir supporter pendant la rotation:

1o Une surcharge verticale de vent ou de neige de 50 kilos par mètre carré sur toute la surface du tablier;

2o. Un vent exerçant une pression horizontale de 10 kilos par mètre carré sur les poutres principales, lorsque les presses fonctionnent au faible pouvoir et un vent de 40 kilos lorsque les presses fonctionnent au grand pouvoir; les poutres étant à treillis, on a admis, d'autre part, que la première seulement supporterait l'action totale du vent et la seconde les deux tiers du même effort.

La durée d'une manœuvre d'ouverture par temps calme est de 5 minutes; celle d'une manoeuvre de fermeture de 3 minutes 25 secondes. Une manœuvre complète, comprenant l'ouverture et la fermeture, absorbe 1 333 litres d'eau comprimée à la pression de 52 kilos lorsque les presses de rotation fonctionnent au faible pouvoir et 2 173 litres lorsqu'elles fonctionnent au grand pouvoir, ce qui représente une dépense d'énergie de :

693 160 kilogrammètres dans le premier cas et 1 129 960 kilogrammètres dans le second, soit respectivement :

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533 kgm. par tonne de poids du tablier, par

temps calme.

869 kgm. par tonne de poids du tablier, par

vent fort.

Le tablier du pont tournant d'Arenc a coûté 494 000 francs et les appareils de manœuvre 184 000 francs.

Pont tournant de Missiessy, à Toulon (Pl. 2, fig. 28). — Le pont tournant de Missiessy, construit en 1897, est situé dans l'arsenal de Toulon; il couvre une passe de 50 mètres d'ouverture; la longueur totale du tablier est de 99 m. 95, dont 56 m. 90 pour la volée et 33 m. 05 pour la culasse; le tablier, composé de deux poutres principales à treillis entretoisées haut et bas, a une largeur de 5 m. 20 d'axe en axe des poutres principales; il porte une voie ferrée et un trottoir de 0 m. 90 de largeur, placé à l'extérieur en encorbellement; il pèse 436 tonnes.

Ce pont effectue deux sortes de mouvements: il peut d'abord tourner, à la façon des ouvrages du même genre, pour permettre aux bateaux mâtés de franchir la passe, ou bien il peut basculer d'une quantité suffisante pour permettre aux bateaux non mâtés, tels que les sous-marins et chaloupes à vapeur, de passer sous la volée dont le dessous ne se trouve qu'à 2 m. 20 en contre-haut du niveau des plus hautes mers; dans ce dernier cas, l'extrémité de la volée peut être relevée de 3 m. 35.

Dans la position de fermeture, le tablier repose sur trois points d'appui respectivement situés à l'extrémité de la culasse, au droit du chevêtre et à l'extrémité de la volée. Pendant la rotation, le tablier repose sur une presse pivot et sur une paire de galets situés dans l'axe de la culasse; il est équilibré, en outre, transversalement par deux appuis latéraux pouvant glisser sur une couronne fixe qui entoure la fosse de la presse-pivot.

Le pivot se compose d'un pot de presse et d'un plongeur pouvant tourner dans ce pot de presse; le plongeur est surmonté d'une tête hémisphérique pénétrant dans une crapaudine de même forme ménagée sous le sommier du chevêtre.

Les appuis latéraux sont à rotule; les parties inférieures formant les parties mâles des rotules font corps avec une couronne à gorge de 6 m. 40 de diamètre sur laquelle s'enroule la chaîne de rotation, la couronne est centrée au moyen de galets autour de la presse-pivot et peut glisser sur la couronne fixe dont nous avons parlé plus haut; les parties supérieures formant les

parties femelles des rotules font corps avec le dessous du chevêtre. Le centre des rotules est placé sur la même ligne horizontale que le centre de la tête du pivot (Pl. 2, fig. 29).

Les presses de rotation, au nombre de deux, sont placées audessous du tablier, du côté de la culasse; elles sont à double pouvoir, conjuguées et à deux brins; le faible pouvoir a été calculé en vue d'un vent de 15 kilos par mètre carré; le grand pouvoir en vue d'un vent de 60 kilos.

L'appareil de calage (Pl. 2, fig. 30), qui forme les appuis de l'extrémité de la culasse, se compose d'une poutre pouvant se déplacer sur des glissières disposées de chaque côté de la fosse dans laquelle se loge la culasse du pont pendant le basculement. Pour décaler le tablier, cette poutre est ramenée en arrière à l'aide d'une presse hydraulique de manière à démasquer complètement ladite fosse. La poutre de calage supporte les pièces d'appui, dont la surface supérieure, venant s'appliquer sous les poutres principales, est horizontale; mais ces pièces sont munies de galets qui s'engagent sous les poutres et facilitent leur entrée.

Pour le décalage, l'effort initial dépassant celui que peut exercer la presse centrale, on a disposé au droit de chaque glissière une presse supplémentaire qui n'agit que pendant une partie de la course.

Les extrémités de la poutre de calage sont attelées, à l'aide de bielles, à deux manivelles calées sur un même arbre de manière à forcer le déplacement de cette poutre à rester parallèle à lui-même, quoiqu'elle ne soit actionnée qu'en son milieu, dans le cas où les résistances aux extrémités ne seraient pas égales.

Pour ouvrir le pont, on commence par décaler la culasse, de manière à dégager les appuis de l'extrémité de la volée et à faire reposer la culasse sur ses galets de roulement; on introduit ensuite l'eau sous pression dans la presse-pivot afin de soulever légèrement le tablier et de soulager les appuis latéraux ; ce mouvement est limité automatiquement à quelques millimètres ; puis on actionne la chaîne de rotation qui entraîne le tablier par l'intermédiaire des rotules. Pour la fermeture, on procède, en

sens inverse, aux mêmes opérations. De simples tampons en fonte et en bois arrêtent le tablier à la fin de sa course.

Les appareils spéciaux appelés à fonctionner pour le basculement comprennent :

Un chariot de ripage de la portion du chemin de roulement située au-dessous des galets de culasse, avec la presse à double effet qui l'actionne;

Une presse de basculement à double effet, placée dans l'axe de la culasse, entre les galets et les presses de rotation;

Une manœuvre de basculement comporte le déplacement du chariot de ripage, le décalage de la culasse et la descente sur la presse de basculement, puis les mêmes opérations en sens inverse pour le relevage du tablier.

La durée d'une manœuvre d'ouverture ou de fermeture est de cinq à six minutes; encore est-on obligé, même par temps calme, de faire fonctionner les presses de rotation au grand pouvoir, sauf au début et à la fin du mouvement, afin d'accélérer un peu la vitesse qui reste malgré tout extrêmement lente. La durée d'une manœuvre de basculement est de 1 minute 30 secondes à la descente et de 2 minutes 10 secondes à la montée

Une manœuvre complète, comprenant l'ouverture et la fermeture, absorbe 1 360 litres d'eau comprimée à 56 kilos, ce qui représente une dépense d'énergie de 761 600 kilogrammètres, soit :

761 600 436

=

1 747 kgm. par tonne de poids du tablier.

Une manœuvre complète de basculement n'absorbe que 175 litres d'eau.

Les dépenses faites pour la construction du pont tournant de Missiessy se sont élevées aux chiffres suivants :

Tablier...

170 000 fr.

Appareils de manœuvre.

112 000

Total... 282 000 fr.

Une usine spéciale a, en outre, été établie pour produire l'eau

comprimée nécessaire à la manœuvre du pont.

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