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A 32 km. en aval du débouché, on ne pouvait plus déceler l'influence de l'égout; mais, en réalité, la discussion approfondie de ces expériences à laquelle s'est livré FRÜHLING conduit à des contradictions telles qu'on ne peut guère en conclure qu'une chose, et encore c'est qu'au bout de 32 km. (parcours effectué en 15 heures), le mélange est à peu près réalisé. Quant à l'autoépuration, elle est à peine possible à déceler.

A une conclusion analogue aboutissent aussi les expériences de PRAUSNITZ (1889), HAUBENSCHMIED et B. HOFER sur l'Isar à Munich. Elles se rapportaient à des parcours de 33 à 45 km. correspondant à des durées de 12 à 16 heures.

Sur les eaux de l'Elbe en aval de Dresde, on a procédé en 1900 à des recherches spécialement intéressantes en ce qu'elles ont été conduites à peu près de la manière compliquée qui a été indiquée plus haut comme la seule susceptible de donner

des résultats certains.

Dans chacune des deux sections A et B placées l'une à 4 km. 5, l'autre à 55 km. en aval du débouché des égouts, on prenait d'heure en heure 12 échantillons. L'expérience conti-* nuée pendant 14 heures, a donc comporté pour chaque section 168 prélèvements dont les moyennes sont données ci-après :

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L'autoépuration est ici insignifiante, les écarts sont de l'ordre de grandeur des erreurs d'expérience.

L'étude entreprise en 1886-1887 paR FRANK sur les eaux de la Sprée entre Berlin et Sacrow, sur 45 km. de longueur, a donné les résultats suivants :

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Ici l'épuration est indéniable, au moins en ce qui concerne les matières organiques dissoutes (oxydabilité) et le nombre de bactéries. Mais il y a une circonstance sur laquelle il faut attirer tout spécialement l'attention, c'est que par suite de l'existence d'un bassin lacustre à l'amont de Sacrow, la vitesse de l'eau est très ralentie et la durée du trajet entre Berlin et Sacrow correspond à un temps considérable (plusieurs semaines).

Avant l'établissement des champs d'épandage, des observations ont été faites sur la Seine à l'aval de Paris. Entre Bougival et le confluent de l'Oise, sur une distance de 20 kilomètres, en évaluait à 10。° la réduction des matières organiques.

Enfin une contribution des plus intéressantes à l'étude de l'autoépuration est fournie par la ville de Chicago. Celle-ci a déversé ses caux d'égout dans la rivière des Plaines, affluent de l'Illinois qui se jette lui-même dans le Mississipi. La ville de Saint-Louis qui s'alimente de l'eau de ce fleuve craignit que malgré la longue distance de 575 kilomètres qui la sépare de Chicago, le Mississipi fùt gravement pollué, et on procéda à une enquête dont le résultat fut entièrement rassurant: il disparaissait dans le parcours, qui durait, il est vrai, 13 jours environ, 96% de la matière organique et 99 %, des bactéries. 99%

Lenteur et faible intensité des phénomènes d'autoépuration. - Quelles conclusions peut-on tirer de ce qui précède? D'abord il est établi que dans les eaux calmes des étangs et des lacs,

les phénomènes d'autoépuration sont importants. Les matières en suspension se déposent rapidement et le limon qui tombe ainsi au fond des étangs subit des actions chimiques et biologiques qui le transforment peu à peu. En même temps des organismes vivants plus élevés que les bactéries, tels que les vers, y pullulent et servent à leur tour de nourriture aux poissons. Les matières dissoutes sont oxydées assez rapidement, soit directement par l'oxygène dissous, soit, plus probablement, par l'intermédiaire d'infiniments petits végétaux ou animaux.

Cette autoépuration se poursuit lentement et sans qu'en général rien vienne la troubler.

Au contraire, dans les rivières, il semble bien que le courant de l'eau entrave considérablement les phénomènes de désintégration des substances polluantes. A première vue, on pourrait croire que le courant est un facteur utile de l'épuration, et cela est soutenable jusqu'à un certain point, parce qu'un courant rapide contribuera à la dissémination des dépôts des matières en suspension et au mélange des substances organiques. La pollution semblera diminuée, mais ce ne sera le plus souvent qu'en apparence; ce qui est vrai c'est qu'elle sera répartie sur de plus grandes étendues. Mais en revanche, les courants troubleront et, par suite, réduiront les phénomènes d'épuration. Ils entraineront les dépôts déjà constitués où les actions biologiques, microbiennes, végétales et animales, commençaient à se développer, pour aller les abandonner en un autre point où ce processus de désintégration sera à recommencer en partie. Ils gênent la croissance des divers végétaux, du plankton et des algues dégageant de l'oxygène, dans lesquels trouvent des refuges les animalcules, tels que les petits crustacés qui servent de nourriture aux poissons; et par conséquent, le développement de toute la faune aquatique sera diminué.

La vitesse du courant aura un autre inconvénient. L'épuration est un phénomène lent qui réclame beaucoup de temps.

Or, très souvent, ce qui est intéressant, c'est que l'eau, après une pollution, se trouve ramenée, par le jeu des agents naturels, à son état primitif, à une distance aussi faible que possible

du point de pollution. Cela ne sera réalisé qu'avec des vitesses de courant réduites puisque le temps parait être le facteur principal de l'épuration.

Par conséquent, si une vitesse sensible a l'avantage de répartir sur de plus grandes étendues les inconvénients de la pollution, elle a en revanche, dans une certaine mesure, l'inconvénient de retarder et d'entraver les phénomènes d'autoépuration. On aboutit en somme aux conclusions suivantes :

Dans les étangs l'épuration est active. Dans les rivières c'est un phénomène très lent.

Il a été exagéré bien souvent par des auteurs qui ont vu de l'épuration là où il n'y avait pour ainsi dire qu'un mélange bien réalisé de l'eau de rivière avec des substances polluantes dont la dilution rendait les inconvénients moins sensibles en les disséminant.

Il semble bien que l'autoépuration porte surtout sur les matières en suspension, et qu'elle soit beaucoup moins sensible pour les matières en dissolution.

L'épuration est d'autant plus active que la température est plus élevée, car la chaleur favorise le développement des organismes épurateurs et des bactéries en particulier. Cette circonstance est d'ailleurs particulièrement heureuse, car c'est justement en été, lorsque les eaux sont basses et que par suite la dilution des eaux polluées est moindre, qu'on pourrait craindre les conséquences de la pollution.

Enfin, il serait très désirable qu'on entreprit de nouvelles expériences dans des conditions rigoureuses telles que celles qu'on a cherché à préciser plus haut.

IV. — MESURE SUIVANT LAQUELLE L'ÉPURATION ARTIFICIELLE DES EAUX DÉVERSÉES POLLUANTES EST NÉCESSAIRE.

Si l'importance des pollutions occasionnées par des déversements d'égouts et la lenteur des phénomènes d'autoépuration

ne permettent pas de compter sur les seuls agents naturels pour faire disparaitre l'infection du tout à l'égout, on devra épurer artificiellement les effluents avant leur renvoi à la rivière.

Il ne s'agira plus alors seulement de cette amélioration très facile, mais très sommaire, qui consiste à recueillir les matières dont le poids accélère le dépôt dans des fosses à sable, et les substances flottantes sur des grilles, mais bien aussi de supprimer ou de diminuer considérablement les matières légères en suspension et les matières dissoutes. Cela exigera toujours des traitements difficiles et coûteux, et on sera conduit par conséquent à chercher à réduire au strict nécessaire ces traitements.

On va donc se demander maintenant en quoi consiste ce strict nécessaire et on exposera les diverses solutions qu'on a données à cette question.

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Premières recherches en vue de définir les conditions à exiger d'un effluent pour qu'il puisse être envoyé au cours d'eau. On a d'abord cherché à préciser à quelles conditions devait satisfaire une eau d'égout brute ou plus ou moins améliorée, pour que son rejet au fleuve fût admissible.

La première tentative nette de ce genre se trouve, croyonsnous, dans les prescriptions de la « Rivers pollution Commisanglaise, formulées en 1870, et qui comportaient les

sion >>>

conditions suivantes :

Il ne fallait pas qu'un litre d'eau rejetée à la rivière contint plus de :

30

10

3

20

0,5

10

0,5

20

mgr. de matières minérales en suspension.

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de matières organiques en suspension.
d'azote organique en solution.

de carbone organique en solution.

d'arsenic.

de soufre en combinaison soluble ou gazeuze.
de matières huileuses.

de sels métalloïdes autres que ceux de potasse,
soude, chaux et magnésie.

de chlore libre.

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