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manufacturière n'existe pas au Mexique), interdit tout commerce de détail aux étrangers dans toute l'étendue du territoire Mexicain. Un délai de six mois était accordé pour la fermeture des magasins et la clôture des opérations. Un autre décret interdit l'entrée du territoire de la république à une grande quantité de marchandises manufacturières. L'industrie parisienne, la quincaillerie allemande et anglaise se trouvèrent rudement frappées par ce tarif (voy. à l'Appendice, docum. hist., Étranger, part. offic.). Tels sont les moyens employés par Santa-Anna pour assurer sa popularité. Dans les différents pays atteints par ces mesures restrictives, le commerce s'émut ét le consul anglais protesta énergiquement contre de pareils abus.

BRÉSIL.

On a vu que, l'année dernière (voy. l'Annuaire), une alliance de famille avait été arrêtée entre la dynastie d'Orléans et celle de Bragance: conclu cette année, le mariage du prince de Joinville avec la princesse dona Francisca, sœur de l'empereur, pouvait faire espérer que des rapports plus fréquents et plus avantageux s'établiraient entre les deux nations. « J'ai donné avec d'autant plus de joie mon consentement à ce mariage, dit l'empereur, dans son discours d'ouverture de l'assemblée législative (3 mai), que je suis intimement convaincu que cette union rassurera davantage les liens d'amitié qui existent entre la France et le Brésil. » Les droits à la couronne du Brésil furent exclusivement réservés pour la princesse de Joinville, même à l'exclusion de sa sœur aînée, la reine de Portugal, si l'empereur don Pedro II et la princesse Januaria, héritière présomptive, venaient à décéder sans héritiers immédiats. Toutefois, la solution de la question des sucres dans le parlement français ne permit pas qu'un traité de commerce pût être conclu avec la France.

Une autre union dont les résultats politiques sont moins importants est celle de l'empereur lui-même avec la princesse Thérèse-Christine-Marie, sœur du roi des Deux-Siciles (voy.

ce pays).

Malgré les efforts de l'Angleterre pour amener le Brésil à la conclusion d'un traité de commerce, M. Ellis, le négociateur,dut revenir en Europe sans avoir rien conclu. L'Angleterre obtint seulement la prorogation j'usqu'en 1844 du traité de 1827, traité qui, d'après l'interprétation brésilienne, devait finir en 1842. Quant à un nouveau traité, le Brésil demandait que ses sucres, ses cafés, ses rhums et ses tabacs fussent admis en Angleterre moyennant des droits différentiels qui n'eussent pas trop excédé ceux que supportent les produits similaires des colonies anglaises. Il consentait à ce que les produits coloniaux de la Grande-Bretagne fussent favorisés par une protection modérée. En échange de cette concession, il ouvrait un marché aux manufactures britanniques. Mais les prétentions de l'Angleterre rendirent ces dispositions inutiles, et si M. Aranjo fut, au mois de juin, envoyé à Londres par le gouvernement brésilien pour continuer les négociations, ce fut plutôt dans l'intention de prouver de la bonne volonté que dans l'espérance d'arriver à une conclusion favorable.

Le Brésil, malgré l'état peu prospère de ses finances (1), est de tous les États de l'Amérique du sud celui dont les progrès sont les plus remarquables. Sa situation, qui le rend maître de presque tout le littoral oriental et du vaste plateau du centre, a fait naître dans ses ports un commerce de cabotage qui occupe plus de 1,800 navires et lui promet dans l'avenir une importante richesse agricole, lorsque la navigation de ses grands fleuves l'Amazone, l'Uruguay, le Parana sera convenablement exploitée. Rio-Janeiro, dont les échanges

(1) Il a fallu recourir à un emprunt pour remplir les conditions stipulées dans les art. 4 et 7 du contrat de mariage de la princesse Francisca ( 1 million de francs, plus 100 contos de reis, environ 600,000 francs).

n'allaient pas en 1835 au delà de 120 millions, en fait aujourd'hui plus du double et opère un mouvement de 450,000 tonneaux. L'afflux des travailleurs européens, des émigrants basques, espagnols, italiens, anglais, allemands, élève journellement le chiffre de sa population. Le commerce maritime de l'empire s'élève à 450 millions, effectué par une population qui n'excède pas 6 millions d'âmes, dont 1 million 200,000 noirs environ. Sur ces 450 millions, l'Angleterre figure pour 160, les États-Unis et la France, chacun pour 50 environ, les villes Hanséatiques pour 40, le Portugal pour 32, les ports d'Italie pour 25, la Belgique pour 10, etc. A ces rapides accroissements le Brésil oppose comme obstacle l'élévation de ses tarifs, qu'il a récemment aggravés en vue d'accroître les ressources nécessaires à l'extinction de la dette publique.

RÉPUBLIQUE ARGENTINE ET URUGUAY.

La lutte continue entre le parti unitaire qui représente les idées européennes, et le parti fédéral qui représente l'esprit américain. A Montevideo, capitale de l'État oriental, les émigrants, français pour la plupart, sont profondément mêlés à la guerre de parti et d'intérêts qui ensanglante le pays. De là de fréquentes réclamations et des plaintes adressées à la métropole, lorsque les chances diverses de la guerre compromettent leur existence et leurs propriétes.

C'est le président Riveria, l'antagoniste politique d'Oribes, qui continue la guerre contre Rosas, s'il faut en croire les récits toujours exagérés et la plupart du temps mensongers qui nous font connaître les différents épisodes de cette guerre. Riveira fut battu le 11 décembre 1842 par les troupes de Rosas.

La France et l'Angleterre, intéressées toutes deux au rétablissement de la paix, firent tous leurs efforts pour interrompre la lutte mais leur intervention ne pouvait réussir. Rosas est, comme on le sait, ennemi déclaré de la Grande

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Bretagne, et,' quant à la France, elle devait trouver les obstacles les plus sérieux à l'accomplissement de ses vues dans la position équivoque de ses émigrants eux-mêmes qui, ayant pris parti dans une cause étrangère, ne se rappellent leur nationalité qu'au moment du danger, et souvent de manière à compromettre la dignité et l'impartialité de la métropole.

Oribes, ancien gouverneur de l'Uraguay, bloquait Montevideo, et le général Paz s'y trouvait enfermé depuis quatre mois, lorsque, malgré les énergiques représentations de M. Pichon, consul de France, deux mille français environ s'enrôlèrent sous la bannière de Paz. Il est vrai de dire que les privations du blocus les avaient poussés à cette détermination désespérée. L'amiral français, M. Massieu de Clairval, reconnut le blocus, mais le commodore Purvis se refusa à le faire, malgré les ordres réitérés du représentant britannique à Buenos-Ayres, M. Mandeville. On s'expliquera cette conduite, si l'on réfléchit que les intérêts anglais sonten découvert de plus de 30 millions sur la place de Montevideo. Oribes vainqueur, tout recours devait être perdu. On donna à ce refus du commodore une autre cause tout-à-fait misérable, l'intention de procurer par là au commerce anglais l'alimentation de la ville bloquée.

Le 26 août, Riveira était de nouveau baltu par un détachement des troupes d'Oribes. Rien n'annonçait la fin de la guerre, et l'on ne pouvait savoir encore si le gouvernement anglais approuvait où non la conduite de son commodore.

PÉROU ET BOLIVIE

Quelques jours avant l'élection d'un nouveau président, en remplacement de Gamarra (voy. l'Annuaire de 1842), une révolution nouvelle a éclaté sous la direction d'un des candidats les moins favorisés, Torrico (16 août 1842). Le parti révolutionnaire a été vaincu le 17 octobre près de Pisco. Le

président nouveau, Vivanco, s'apprêtait à recommencer les hostilités avec la Bolivie.

VENEZUELA.

Le Venezuela a conclu, cette année, un traité d'amitié, de commerce et de navigation avec la France (avril) par l'intermédiaire de M. David, représentant français près de la république et de M. Francisco Aranda, ministre des relations extérieures. Déjà, en 1839, M. le baron Gros avait ouvert des négociations inutiles.

Le Venezuela est dans une bonne voie de tranquillité et de prospérité. Une colonie fondée, cette année, par le colonel Cadazzi, à la tête de 400 colons alsaciens et allemands, développera, sans doute, les germes de richesse que renferme le territoire de la république.

HAITI.

C'est la première fois que le nom de cette république trouve place dans l'Annuaire. Une révolution sanglante et des difficultés financières depuis longtemps créeés entre ce pays et la France nous font un devoir d'esquisser rapidement l'histoire de cette république et de raconter sommairement les événements de l'année.

La révolution de Saint-Domingue une fois accomplie, la république d'Haïti fut fondée, au Port-au-Prince, par Pétion, en 1806: mort en 1818, Pétion fut remplacé à la présidence par le général Boyer, président au commencement de cette année. A la mort de Christophe, en 1820, le gouvernement qu'il avait fondé de son côté fut réuni à la république de Pétion, qui se trouva ainsi comprendre toute la partie française de l'île. Enfin, en 1822, la partie espagnole s'étant séparée de la métropole et s'étant réunie au territoire Colombien, le général Boyer la conquit et réunit ainsi sous

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